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Maïline Beïmbete «Koulpache»

25.11.2013 1217

Maïline Beïmbete «Koulpache»

Язык оригинала: «Koulpache»

Автор оригинала: Maïline Beïmbete

Автор перевода: not specified

Дата: 25.11.2013


I

Les derniers jours Kulpach se sentait particulièrement mal. Tout était vieux, rapiécé, troué sur elle et la pelisse courte déchirée et pourrie ressemblait au peau de mouton rude. La tête était enroulée par un foulard usé, décoloré, d’angora jadis. Et le visage était enflé, fripé, gris – tout à fait un seau à traire de cuir. En se pliant du froid, en s’adossant contre le poêle refroidi dans le coin de la maisonnette de bousillage, elle était assise, plongée dans les pensées tristes. A côté, en se courbant, le petit fils Kali, enveloppé dans la même fourrure en peau de mouton trouée, était couché.   

Le vent glacé, en pénétrant dans toutes les fentes, se promenait librement à travers la maisonnette de bousillage. Elle voudrait allumer le poêle, mais il n’y avait pas de bois. Et on ne savait pas d’où le prendre. Il n’y avait rien à manger à la maison. Cela faisait déjà six longs mois d’hiver que la faim les faisait souffrir, et maintenant ils n’avaient que d’eau depuis déjà trois jours. Le mari Maktyme était le soutien de famille et le seul espoir, - il marchait à travers le auls et demander l’aumône. Il partait tôt le matin et rentrait tard. Et le plus souvent vide...Mais tout de même toute la journée Kulpach se divertissait ayant l’espoir que peut être ce jour-là de bons gens lui donneraient au moins quelque chose. Ces espérances sont devenues son habitude. Ses joues se sont déjà creusées, le visage s’est fané et a jauni, elle a déjà commencé à s’enfler, mais elle espérait encore quelque chose.

Jusqu’à ce moment elle prenait plus soin de son fils que de soi. Tout ce qu’il réussissait à mendier, à obtenir à force de supplications des habitants d’aul et des voisins – soit du brouet, soit du bouillon, - elle le donnait avant tout à l’enfant. Mais dernièrement elle ne faisait même cela. 

Dans l’aul presque tous, comme on dit, n’étaient pas de bonne santé. Maintenant il y avait peu de ceux qui partageaient comme auparavant le dernier morceau. Quand tu passais par hasard chez quelqu’un pendant le repas, tous se récroquevillaient tout de suite, te regardaient de travers.  Elle se sentait surtout gênée à cause de ces regards. Les jours rassasiés, ainsi que affamés, elle avait toujours honte de regarder dans la bouche d’autrui. C’est pourquoi maintenant elle ne visitait presque pas les voisins. Oui...Voilà déjà le troixième jour qu’elle n’a rien mangé. Il lui semblait que les intestins se sont attachés à l’épine dorsale, elle avait des ronds noirs devant les yeux, le cœur pesait sur la poitrine. La stupeur de l’agonie s’est emparée d’elle. Mais sa propre faim l’inquiétait moins que celle de son petit fils. De temps en temps elle jetait stupidement un coup d’œil sur lui et alors elle poussait un gémissement:

            -Oh, mon Dieu!..Pour quels péchés est-ce que tu nous punit comme ça?!

Les sanglots l’étouffaient. De grandes larmes chaudes coulaient sur le collet de la pelisse courte indure et usée...

II

Mais sauf la faim il y avait encore une pensée obsédante qui poursuivait Kulpach instamment. Elle la tourmentait surtout la deuxième journée. Au début de l’hiver les voleurs ont ravi son seul cheval, il n’y avait rien à se nourrir, et alors Maktyme est allé à pied pour demander de l’aumône.  Ces jours là, la petite sœur utérine de Kulpach, étant venue chez elle, a commencé cettte conversation.

Tu t’es déjà fatigué avec ce mauvais sujet, - a-t-elle commencé. Il est temps pour toi de vivre sans gêne et privations. L’année qui vient est difficile. Prends soin de toi, pense du chaud et du repas.

Raouchan avait déjà trouvé l’homme qui devait combler de bienfaits sa sœur malhereuse. C’était Jumagazy.

Il a une cinquantaine de têtes de bétail, - a-t-elle dit à propos de lui, - il n’y a pas de personne plus riche que lui dans l’aul. La femme est morte. Il n’a pas d’enfants. Cette année il a eu quarante ans. Tu deviens sa femme, et tu seras la maîtresse de tout – disait Raouchan.

            Alors, au début de l’hiver, la faim n’était pas tellement grande, ils n’étaient pas oubliés par les voisins et les habitants d’aul, et c’est pourquoi d’une seule pensée de quitter le mari – Kulpach ne se sentait pas bien.

            -Qu’est-ce que tu dis, Raouchanjan! – s’est-elle exclamé en terreur. – Comment as-tu osé dire cela?

            Mais deux-trois mois plus tard la faim enfonçait les griffes dans toute la famille plus douleureusement. On n’avait rien du tout à manger. Le petit Kali pleurnichait plus souvent. Et en regardant le pauvre mioche, Kulpach devenait tellement désespérée qu’elle se rappelait la proposition de sa sœur. Elle n’a pas encore décidé si elle pouvait ou non devenir sa femme, mais pourtant elle ne pouvait plus éluder cette pensée.

Et voilà Raouchan est venue à l’improviste, elle a vu la sœur et a commencé à pleurer.

-Tu vas vraiment mourir de faim, ma pauvre...Qu’est-ce que je te disais?!

Kulpach a gardé le silence. Les doutes se combattaient dans son âme. Une idée lui a traversé l’esprit: «Je vais devenir la femme de Jumagazy, je serai chaussée, habillée, rassasiée...Et Kali, mon garçon, oubliera la faim...» Et encore elle pensait: «Comment est-ce que je vais quitter mon mari? Est-ce que je ne serai pas puissamment châtiée à cause de cela?» Sans ça la tête tournait, et de ces pensées on pouvait dérailler.

En voyant que Kulpach était fatiguée et ne disait pas non avec toute la fermeté précedente, Raouchan s’est mise à parler d’une manière plus persévérante:

 -Tu ne tiendras pas longtemps avec un tel mari. Nous ne pouvons pas t’aider, on ne jure que par Jumagazy...Alors, décide-toi, tant qu’il n’est pas encore tard.

Kulpach a respiré:

-Et comment je vais agir avec Kalijan?

-Oïbaï, ma sœur, est-ce qu’il s’agit de l’enfant? Tu penses d’abord à toi. Tu vas prendre le garçon d’une manière quelconque plus tard.

Le fait que Kulpach ne s’est pas souvenue du mari mais du fils, signifiait qu’elle était surmenée, désespérée, inconsolable. Raouchan (Jumagazy l’avait envoyée lui-même), en remarquant que sa sœur avait hésité, a commencé à faire l’éloge de sa vie future de différentes manières:

-Le baï a tout ce que ton âme désire dans la maison: de la viande fumée, et du saucisson de cheval, et le kazy pas intact... Sans pain le dastarkhane¹ n’est pas servi. Quand mon mari commence à parler de toi en présence de baï, celui-là ne peut même pas tenir en place dans son impatience, il clappe ds lèvres. «Moi, - dit-il,- je n’ai pas besoin de meilleure femme». 

Seulement à cause de tous ces mots-là – «la viande fumée», «le kazy intact» -   les lèvres de Kulpach ont même contracté. La faim insupportable a troublé tous ses sens et la volonté. Les larmes lui sont montées aux yeux, elle a presque crié: «Je suis d’accord...» Et sans tenir, elle a eu une crise de nerfs.

 -Aï, chérie!.. Ma chère!.. Faites tout ce que vous voulez avec moi...Je ne peux plus...Je ne peux pas, - sanglotait-elle.

Kali s’est mis à se tourner sous la fourrure déchirée.

-Maman, - il a appelé d’une voix faible.

-Qu’est-ce qu’il y a mon pupille? – a répondu Kulpach.

-Est-ce que mon père est venu?

-Ehh, mon cher...Qu’il disparaisse, ton père!..

III

Maktyme est parti le matin et n’est pas encore revenu. Le soleil s’est déjà couché, le vent s’est calmé et le vent rasant s’est abattu. Les rayons du soleil ont émergé de dessous des nuages, et en passant à travers la fenêtre mat, ont éclairé  pour quelque temps la maisonnette de bousillage sombre jusqu’au seuil, mais le mari n’était pas encore venu.

1 une nappe.

            Kulpach était assise près du poêle. En se recroquevillant, Kali s’est serré contre elle. Et comme s’éveillant des pensées pénibles, elle a soupiré profondément. D’habitude les femmes soupirent comme ça le soir, quand il est temps d’allumer le poêle et préparer le dîner. Mais ce n’étaient pas ces souvenirs qui inquiétaient et faisaient souffrir maintenant la pauvre Kulpach. L’angoisse et le chagrin l’ont paralysée et la tourmentaient comme une maladie incurable. Raouchan a su troubler le cœur pur et fidèle de Kulpach. Et encore la faim a agriffé à son gorge impitoyablement. En désespoir elle s’est décidée à faire ce à quoi elle n’osait même pas penser il n’y a pas longtemps: elle a donné son consentement à quitter le mari et à se marier avec un autre homme qu’elle n’avait jamais vu ailleurs, même dans un rêve terrible. Alors, demain elle partira. Mais comment? Est-ce qu’elle va juste quitter la maison? Est-ce qu’elle quittera son mari pour toujours? C’était ce que Kulpach ne pouvait même pas imaginer.

Dès que Raouchan est partie, elle pensait sans cesse à son mari. Elle s’est rappelé comment il était venu la rechercher en mariage. C’était en été et alors elle l’avait vu pour la première fois. Maktyme était beau et d’une belle prestance: un jiguite un peu courbé au visage gris, au nez pointu, au corps enveloppé et  au sourcils épais. Il lui a plu tout de suite. Et ainsi tout a continué.

Ils vivaient en bonne harmonie et en paix. «Seulement la mort peut nous séparer», - se disaient-ils. Quand Maktyme sortait de la maison pour un peu de temps, Kulpach ne savait pas où se mettre. Il arrivait qu’elle s’ exténuait  en attendant. Et voilà maintenant elle a décidé de quitter son Maktyme. Eh, le sort méchant! Eh, la pauvreté maudite! Combien de larmes ont été versées à cause d’elle! Combien de chagrin a été enduré!

Kulpach s’est mise à sangloter de nouveau, Kali a bougé sous la fourrure.

-Maman!

-Qu’est-ce qu’il y a mon pupille?

-Est-ce que le père est venu?

IV

On a entendu les pas derrière le mur, puis la porte a grincé. Un homme vêtu en courte fourrure usée, qui est devenue rigide, dans un vieux treukh durci au froid, dans les bottes éculées, bordées, délabrées jusqu’à blancheur. Une musette plate pendait sur son cou. Les joues se sont creusées. Ce n’était pas un homme, mais son ombre pitoyable et futile.

 Kulpach a vite regardé le mari et s’est laissée abattre. Kali a sorti la petit tête de la fourrure:

-Tu es venu, papa?

-Je suis venu, mon cher, je suis venu...

 La mâchoire de Maktyme a commencé à trembler. En traînant les pieds à peine, en grondant avec les bottes glacées, il a boité jusqu’à l’étai au milieu de la maisonnette de bousillage et s’est mis à genoux sans forces.

En trébuchant Kali s’est dirigé vers lui. Les petits yeux palpaient avidement la musette plate sur le cou de son père. Il s’est approché et a tendu les mains. Maktyme s’est mis à pleurer:

-Mon fils, mon cher!...Il n’y...a...rien...

Kulpach s’est mise à pleurer aussi.

Le garçon a soupiré comme un adulte, en chancelant, il s’est traîné jusqu’au poêle, s’est enveloppé dans la fourrure, et sans rien dire s’est serré contre sa mère.

On se taisait bien longtemps. La pauvre maisonnette de bousillage a été eveloppée en obscurité épaisse. Maktyme était encore assis en s’appuyant contre l’étai, complètement déprimé et pitoyable.

Kulpach s’est plongée dans ses pensées interminables et tristes. Soudain elle a semblé s’éveiller, a levé la tête, saisie de frayeur.

-Eh! –a-t-elle appelé le mari.

Sa voix était étrange, comme d’autrui. L’écho sifflant a répondu dans la maisonnette vide et froide.

-Quoi?

Kulpach s’est tue de nouveau. Elle ne savait pas quoi et comment dire...

Les larmest ont commencer à tomber goutte à goutte de ses yeux.

-As-tu voulu dire quelque chose?

-Oui...et non... Raouchan est venue aujourd’hui.

-Pourquoi?

Kulpach ne pouvait pas parler, les larmes l’étouffaient. Un peu plus tard elle a appelé le mari de nouveau.

-Eh!

-Quoi? Dis donc!

-Comment allons-nous vivre?

-Je ne sais pas...

-On va crever.

-Probablement...

 -Alors peut être... – elle s’est arrêtée. – Peut être... il est mieux pour nous... de nous séparer?

Maktyme s’est mis à se tourner. Puis de nouveau le silence effrayant s’est établi. La jeune lune a regardé avec indifférence dans la petite fenêtre brisée.

-Qu’est-ce que tu viens de dire?

-Je dis: peut être... nous devons nous séparer?

-Est-ce que c’est Raouchan qui a offert cela?

-Oui.

-Et qu’est-ce que tu vas faire avec le garçon? –

La gorge de Maktyme a commencé à faire glouglou, il a grincé des dents.  

Oh, mon Dieu!..Quel supplice pour nous?! – s’est-elle exclamée.

Kali, qui s’est tapi dans un coin entre le poêle et Kulpach, a doucement appelé:

-Ma-man...

-Qu’est-ce que tu veux mon cher?

-Il fait froid.

V

Le milieu du mars. La tempête  de neige enrageait toute la semaine. Seulement aujourd’hui elle a enfin perdu ses forces et s’est calmée. Le soleil se tournait vers le printemps. Il est visiblement devenu plus chaud.

Le froid mort perçant ne venait plus de la terre. Le bétail, maigri de la disette de fourrage, errait autour les cours, flairait chaque botte de paille, les tas de fumier.

La jeune femme cheminait par le sentier à peine visible vers la maisonnette de bousillage, qui était comblée par des congères jusqu’à la cheminée et qui se trouvait à l’écart, au bout de l’aul bien élargi. C’était Kulpach. Ça faisait déjà vingt jours qu’elle habitait dans la maison de son nouveau mari, Jumagazy. La faim violente l’a obligée à faire ce pas. Elle  s’est délivrée de  la mort par la famine, pourtant l’air maussade ne quittait pas son visage. Vingt jours dans la maison de Jumagazy semblaient longs et pénibles. Elle manquait surtout le petit Kali. Elle l’a même vu en rêve pendant la première nuit chez Jumagazy. En quittant la maison Kulpach s’est approchée du fils et avec les mots: «Mon pupille!» , - l’a couvert des baisers. Et lui, il s’est gonflé d’une manière vexée, s’est figé et a détourné les yeux. Justement comme ça il a apparu dans son rêve. Triste, avec une offense pas infantile au petit visage surmené. Il regardait quelque part loin sans cligner. Dans le rêve Kulpach le caressait, le serrait contre elle, mais le garçon ne bougeait pas obstinément de sa place, comme s’il était pétrifié. Puis elle a vu Maktyme en rêve. Elle a essayé de parler avec lui, mais il ne répondait pas à son habituel «Eh!Eh!». Et il avait l’air affligé et vexé. 

Maintenant Kulpach avait constamment des remords. Pour son propre bonheur, elle a abandonné dans le malheur ses proches les plus chers dans tout le monde – son mari et son fils. Elle a commencé à penser de plus en plus souvent: « Ce serait mieux que je soit morte avec eux, que vivre comme ça». Le malheureux Maktyme ne sortait pas de sa tête. Le pauvre hère, dès le bon matin, en accrochant une musette rayée sur son cou, se rendait pour trouver de la proie – demander l’aumône et le soir il ne manquerait pas de revenir à la maison. Donc, avant tout il ne pensait pas à soi, mais à sa femme et son enfant, il essayait de rendre leurs souffrances moins pénibles, tant qu’il le pouvait  et voilà elle a trahi un homme pareil, -

je suis partie pour vivre dans l’aisance chez un autre homme, chez un étranger, chez un mal aimé...

La satiété dans la maison de baï aggravait son chagrin, les jours et nuits passaient dans l’angoisse indestructible, et enfin aujourd’hui, en profitant de la situation que Jumagazy était parti quelque part,  Kulpach s’est vite mise en route. Elle avait un espoir dans son âme: si Maktyme la pardonne, elle reviendra au foyer abandonné.

Elle marchait et touchait le baluchon secret dans son sein de temps en temps. Il y avaient deux morceaux de viande dans le baluchon – pour Maktyme et pour Kali. Elle l’a faite cuire en cachette, en se réjouissant qu’il apporterait un cadeau à la maison.

 «Mon cher, - pensait-elle au fils, - qu’est-ce qu’il dira quand il voit la viande?»

Près de l’aul trois chiens l’ont rencontrée avec l’aboiement. Elle les a chassés. La maison d’Ibraï était la première à l’entrée dans l’aul. Son maître en personne se tenait au monticule haut et neigeux. Kulpach l’a vite salué et a continué à marcher. Ibraï a semblé vouloir lui dire quelque chose, il a même fait quelques pas à sa rencotre, mais il s’est arrêté tout de suite. 

Voilà est la maison! Elle a regardé la porte conue et fauchée, elle s’est refroidie tout de suite. La tempête de neige a amoncelé une grande congère, mais il n’y avait pas du tout de pas. En tombant, elle a atteint la porte et a commencé à enlever la neige, en sentant la peur et l’obscurité dans les yeux qui s’emparaient d’elle de plus en plus. Elle ne comprenait pas encore d’où elle avait ce pressentiment, mais elle tremblait toute.D’ailleurs, elle ne comprenait rien...

En réunissant les restes des forces, Kulpach a tiré fortement la porte grinçante. L’air glacé et relent de remugle l’a frappé au visage. Même un rayon minuscule ne pénétrait pas dans la petite fenêtre. Et il faisait sombre dans la maisonnette de bousillage comme dans une tombe.

Kulpach a reculé involontairement, elle est restée près du seuil. En se tenant à la porte par la main, elle a appelé d’une voix enrouée:

-Mon pupille!

Aucun bruit...

Elle ne savait que faire. Elle a regardé en arrière, a couru vers la fenêtre – tout était comme dans un rêve – et elle a commencé à enlever la neige. Enfin elle a enlevé la moitié, et le soleil est entré à torrents dans la chambre en éclairant le poêle, le plancher, les murs.

Elle est tombée face contre la congère, s’est serrée contre la fenêtre et a regardé au dedans. Près du poêle, en s’embrassant fortement et en repliant les jambes, le père et le fils dormaient. La pitié l’a percée. En comprenant mal comme auparavant, en trébuchant, en tombant, en pleurant, elle s’est jeté dans la maison, en criant:

-Mon pupille! Kalijan! Réveille-toi!..

  Et, en accourant, elle s’est mise à genoux d’une manière brusque devant son fils pour le lever, le serrer contre sa poitrine, pour embrasser le petit visage et soudain elle a vu Maktyme. Ses yeux sont déjà devenus vitreux, la bouche a été ouverte, les dents ont été montrés.

Kulpach a tressailli, s’est levée brusquement et a crié:

 -Eh!..

Mais ce qui suivait, elle ne le rappelait pas. Quand les gens sont entrés, elle était couchée, ayant perdue connaissance, en embrassant les corps engourdis du mari et du fils...

1922 г.