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Aouezov Moukhtar «Trois jours»

23.11.2013 1433

Aouezov Moukhtar «Trois jours»

Язык оригинала: «Trois jours»

Автор оригинала: Aouezov Moukhtar

Автор перевода: not specified

Дата: 23.11.2013

1

Il a passé de l’eau sous les ponts...

Kolbaï était de mauvaise humeur. Il était assis une heure entière, en se penchant au-dessus du foyer, et soufflait de toutes ses forces, en essayant d’allumer le feu. Les fumiers séchés gris se consumaient, et la kibitka tricuspide fumée du forgeron se remplissait lentement de la fumée. Après la pluie battante d’hier tout était mouillé dans la maison. Combien de jours déjà essait-il d’amener du ravin la spirée, il y a longtemps coupée, mais est-ce que c’était possible de mendier un chariot du baï?.. Kolbaï irrité s’est couché près du foyer, et soufflait sur les fumiers séchés encore et encore. Il s’égosillait à cause de la fumée amère, les larmes coulent des yeux irrésistiblement. Mais il n’y avait pas de feu comme un fait exprès.

-         Eh, la vie de chien! – Kolbaï a rejeté avec irritation les soufflets de forge de main, il a pris quelques morceaux de fumier séché du foyer et, en se détournant de la fumée grise suffocante, il a commencé à les émietter de ses doigts.

-         Quel malheur, il traîne encore là! – il a détourné avec dépit son regard de la porte, où il y avait une chaudière trouée, envoyée à l’aube de la yourte de baï. 

-         Il n’a pas laissé gagner un sou pendant tout l’été! Il trouvait un travail sitôt chez lui, sitôt chez ses parents chaque jour. Et pourquoi est-ce que je dois faire tout pour rien à l’œil? – Kolbaï  s’est demandé et est resté pensif pour longtemps. – C’est parce que j’habite près de lui. Tu ne peux devenir personne sans le baï...

-         Oh Allah, c’est une moquerie outrageuse! Aujourd’hui c’est une chaudière trouée, hier c’était un très vieil étrier avec un appui cassé, et là un arba avec l’axe surchauffé, - Kolbaï grondait, sans pouvoir s’arrêter. – Tenez, il a répagné du goudron, il n’a lubrifié les roues aucune fois pendant tout l’été. Et le coffre pourri avec les pentures enlevées, avec la serrure cassée? A vrai dire, elle s’ouvrait avec le son mélodieux autrefois, mais c’était quand? Ce coffre est arrivé dans la maison de baï il y a quarante ans avec la baïbichet...

-         Quelles vieilleries interminables? – Kolbaï a poussé un soupir triste. – Est-ce que ça va terminer un jour? Et s’ils donnent du matériel pour le revêtement ou les fers-blancs pour les pièces, mais non – ni les instuments, ni un clou rouillé. Cherche tout toi-même, ne dors pas les nuits, souffre. Et tout ça se passe, parce que le baï donne les bêtes de trait pendant le déménagement. «Tu seras complètement pauvre sans moi. Je ne t’ai laissé aucune fois sans aide. Je te trimbalais, je te nourrissais». Il me nourrissait... Une seule tasse de koumis et un peu de soupe par jour, les tripes, quand on pouvait abattre un brebis pour un invité de baï... 

Les fumiers séchés humides ne s’allumaient pas, tant qu’il les émiettaient. Bien que le tunduk soit rejeté, la fumée ne sortait pas dehors, elle tournait en mèches bleues lentes, descendait plus bas, en l’enveloppant plus fortement. Et Kolbaï n’apercevait pas qu’il devenait plus difficile de respirer... La suie éternelle et les rogatons... Toute sa vie, tous les efforts et les aspirations lui ont soudain ressemblé à cette décomposition  du foyer à peine visible. Et il parassait que ce n’était pas la fumée âcre, mais la vie amère à cause de laquelle les larmes coulaient de ses yeux, et l’étouffaient, pas les pensées accablantes tristes, mais les difficultés de la vie oppressaient et inclinaient son jeune corps solide... Kolbaï a souri malicieusement d’une manière triste, il a jeté les fumiers séchés, a levé la tête. En portant la théière bouillie, couverte par une couche épaisse de suie, sa femme Jamal est entrée. Elle portait sur les épaules de la femme tout à fait jeune sa seule toilette – la robe usée jusqu’aux trous. Le corps maigre bronzé se voyait à travers les déchirures sur l’épaule et sur le flanc. Kolbaï regardait tristement et longtemps le visage émacié et sombre de Jamal.

-         Ces deux, tes proches, se querellent de nouveau près du piquet, - elle a dit avec dépit, en s’asseyant près du foyer. Ayant pris les tenailles, elle a vite mis la cendre au-dessus des fumiers séchés fumants. – Que tu disparaisses, on ne peut même pas prendre du thé calmement dans  ces fumées!  Et qu’est-ce qu’ils ne peuvent pas partager? – elle a continué, en mettant la théière sur les tisons. – Ils se querellent pour faire plaisir au baï... Qu’ils se querellent à propos de leur propre chose, mais...

-Qu’est-ce qu’il y a encore? – Kolbaï marmonnait d’un air mécontent.

-Talpak a vu que les chevaux se sont rassemblés près du puits et crie à Saryaouz: «Pourquoi est-ce que tu ne les donnes pas à boire? Est-ce que cela ne te concerne pas?» Celui-là a montré les dents: «Et toi quoi, tu as mal au ventre, que tu ne peux pas le faire? Tu vois, j’attèle les juments!»  Est-ce qu’ils peuvent parler comme les gens? Ils ont agoni d’injures comme ils pouvaient, et maintenant,  probablement, ils se battent déjà...

-         Et qu’est-ce que le baï fait?

-         Il les regarde et rit...

Jamal a étendu un petit sac rayé, qui servait du dastarkhan, a jeté sur lui quelques morceaux de kurte et s’est mise à verser du thé.

Alors, il a excité de nouveau? Il aiguillonne pour sûr: « Tu es fort, tu es inexorable, tu es invincible?..» 

-     Et vraiment!  - Jamal a défendu son opinion avec empressement. – Dès le matin jusqu’au soir il ne fait que s’amuser avec eux, et ceux-là ne comprennent rien. Qui sont-ils? Talpak est un gardien de chevaux, Saryaouz, tu sais toi-même, est adjoint à aider les trayeuses à veiller les juments, et le baï appelle l’un un batyr et l’autre un hercule. Il y a une querelle chaque jour, et ils ont encore appelés les parents...

-      Que la malédiction tombe sur vos têtes! – Kolbaï n’a pas tenu. – J’en ai incroyablement assez de vous! Attendez, je vais vous dégoûter de vous battre!.. Vous allez vous rappeler pour toute la vie!..

Kolbaï continuait à menacer, quand Talpak est entré dans la kibitka. Il était furieux, il poussait de longs soupirs. Jamal a regardé son mari d’une manière troublée et elle s’est figée de l’étonnement:  en souriant, Kolbaï préparait une place à Talpak en toute hate.

-      Eh, Talpak! Cher batyr! Tu es venu? Passe au tor!.. – Il semblait que sa mauvaise humeur récénte a disparu. En un instant Kolbaï s’est transformé en maître accueillant.

Talpak était étonné encore plus. C’était un jeune homme dans la plénitude de ses forces, à la constitution solide, mais un peu stupide. Il a atteint la place d’honneur, ayant fait deux larges pas. Il s’est assis, a regardé autour. Le parent l’accueillait aujourd’hui d’une manière insolite. S’informant de sa santé, il prenait soin de lui avec agitation: il a avancé le dastarkhan plus près, a donné une tasse de thé fumant. Cette attention a donné de l’assurance à Talpak. Toujours silencieux et indépendant, parmi ses parents Kolbaï avait la réputation  d’un homme rusé, pas tout à fait simple. En plus le métier de fergeron était rare dans la steppe, et Kolbaï était connu comme un maître habile. Et s’il accueillait si cordialement son invité et lui montrait son respect, alors, il avait sa raison pour ça! Talpak s’en est vraiment fait accroire comme un invité. Il a mis les mains sur les hanches, il s’est mis même à regarder Jamal d’un air hautain. 

-    Que tes enfants aient, et tes petits-enfants...- les jurons indécents de Saryaouz ont retenti maintenant du dehors. Il jurait sans une audace particulière, bien qu’à très haute voix, - probablement, il allait seul. Sa voix s’approchait. Comme si Saryaouz se dirigeait aussi vers la maison du forgeron.

Kolbaï s’est tu, il a froncé le front, est devenu plus sérieux, et en penchant la tête, s’est mis à suivre Talpak des yeux, en passant. Ayant entendu Saryaouz, celui-là s’est mis à d’abord remuer avec inquiétude sur sa place, puis il s’est redressé fièrement, s’est assis plus étroitement, et a éclairci sa voix bruyamment, comme si en prévenant l’adversaire, qu’il était là.

Saryaouz  s’est approché déjà de la kibitka, quand Kolbaï s’est exclamé brusquement et à haute voix:

-    Oui!.. On dit qu’ils se sont querellés aujourd’hui, à dieu ne plaise, ils vont se mettre à se battre de nouveau.

C’était assez pour que le grand Saryaouz, sans réfléchir longtemps, a forcé la porte. Mais les paroles de Kolbaï ont aussi excité Talpak.

-        Eï, merde... – il a rencontré l’adversaire voilemment. – Comment est-ce que tu oses entrer dans la maison, où je suis assis!

-        Ah, merde à tous tes proches – Saryaouz n’est pas resté en arrière. – Tu es saint, eh, est-ce que je ne peux même pas entrer ici? – Et il a regardé Talpak fixement avec méchanceté.

Kolbaï a regardé l’un, l’autre et a secoué la tête d’un air triste:

-    Eh, j’ai dit, - ils vont se battre...

-    Tu menaces qui? – Talpak a commencé à se lever.

La bagarre n’était pas loin, et Kolbaï, sans leur laisser temps à reprendre leurs sens, a poussé sa femme dans le flanc.

-    Eï, femme, ramasse tes tasses! Est-ce que tu ne vois pas, qu’elles nous empêchent? – et, en écartant de côté la vaisselle et le repas, il a préparé un petit champ de bataille pour ses parents.

Les adversaires se sont jetés l’un sur l’autre.

-    Quels hercules, est-ce que c’est facile de les séparer! Il faut bien avouer, que moi-même, par malheur, je ne peux pas faire un pas, et Kolbaï a boité vers la sortie, en geignant d’un air coupable, a grimbé avec difficulté sur le vieux coffre de bois avec les pieds courts et s’y est assis ayant l’air du spectateur étranger. 

Jamal, qui jusqu’à la bagarre était assise silencieusement, sans rien comprendre, s’est mise à crier avec acharnement.

Talpak et Saryaouz se bourraient des coups de toutes leurs forces, - ils faisaient des bonds en arrière, puis allaient au devant de nouveau voilemment, comme les moutons qui ont pris la clé des champs. 

Kolbaï, en admirant ce spectacle impassiblement, a tiré sa femme par la manche.

- Personne ne pourra ler séparer dans notre aul. Cours à l’aul voisin, amène Mussa aux longues jambes. Et reviens plus vite! – il a crié en réponse au regard perplexe de sa femme. – Tu crois, qu’ils vont se séparer eux-mêmes? Jamais! Tu vois toi-même qu’il n’y a aucun sens en ce que je fais, je suis assis à peine...

Ayant envoyé la femme, Kolbaï a sorti de sa poche une tabatière, il a envoyé posément deux pincées de tabac derrière deux joues. Il a craché à travers les dents d’une manière sonore et longue, et s’est mis à observer de nouveau calmement les gars comme s’ils ne se battaient pas, mais ont entrepris un jeu leger inoffensif. Le temps passait. Les adversaires se battaient silencieusement, le silence était troublé seulement par la respiration lourde et le piétinement des pas de ceux qui se battaient. Leurs forces étaient pareilles, l’un ne pouvait vaincre l’autre, et, un peu plus tard, ils ont commencé à se pousser tout simplement, en essayant de se saisir par le col. Tout était en désordre dans la kibitka étroite. Kolbaï a veillé seulement sur les tasses – une seule valeur dans la maison. Il ne ménageait plus rien, même la chaudière de baï qui se trouvait près de la porte.

Entre temps les bagarreurs épuisés ont commencé à regarder Kolbaï en tapinois. Leurs cols étaient déchirés en lambeaux, les yeux ont été bouffis, ils sont devenus troublés, le sang a apparu sur les pommettes éraflées. Le moment est venu quand les bagarres habituelles venaient vers leur fin. Kolbaï devait seulement prononcer: «C’est assez», - pour que les gars s’arrêtent, mais, évidemment, il a eu une autre idée.

- Ba! Et on disait que tu es un batyr! – comme si rien ne s’était passé, il a répondu au regard éloquent de Talpak exténué.

L’autre retournait d’un air suppliant. 

-     Et c’est tout dont l’invincible est capable? – «le support» a suivi tout de suite. – Et on disait n’importe quoi à ton propos... 

Bien sûr, après les paroles pareilles, les adversaires faisaient de nouveau le diable à quatre, en enfonçant les poings en air d’une manière maladroite et faible. Mais maintenant ils ne pouvaient pas tenir longtemps. Encore une demi-heure a passé... Il semblait que Kolbaï en avait assez déjà de son entreprise. Il était assis, en penchant la tête, comme s’il pensait à quelque chose. Et Talpak, ainsi que Saryaouz éreintés ne détachaient pas les yeux de lui. Kolbaï les enveloppait rarement du regard morne et alors les ailes de ses narines commencaient à trembler, il riait sans bruit.

Enfin Jamal essoufflée est revenue.

-Mussa n’est pas à la maison, que le diable l’emporte!

Talpak et Saryaouz se tenaient au milieu de la yourte, en s’appuyant mollement l’un contre l’autre. Quand Jamal est entrée, ils ne s’étaient pas encore mouchés du pied, ils ont levé leurs poings encore une fois. Pour que Jamal sache, comment ils attendaient Mussa maintenant...

-     Аh, oui, vraiment. Il est allé dans la ville, - Kolpaï a répondu  calmement. Kolbaï lui-même avait accompagné Mussa, après qui il avait envoyé sa femme,  en route hier.

Un soupir amer lourd a échappé de deux bagarreurs .

 

Kolbaï, qui ne faisait pas attention à eux depuis longtemps, a sauté lestement du coffre et, en s’approchant tout contre eux, a dit d’un ton perçant:

-Alors, c’est assez maintenant! Terminez!..

Talpak et Saryaouz ne l’ont pas fait répété.

-     L’ordure maudite! – Le visage du forgeron s’empourprait de haine et d’indignation réprimée bien longtemps. Même Jamal voyait Kolbaï ainsi pour la première fois. Il dévorait du regard les visages confus des gars. – Ils se sont enorgueillis, et ils avaient leur raison pour cela: ils sont devenus les chiens de garde de baï.

Est-ce que vous avez jamais pensé à votre vie? Vous gardez la richesse, la paix de qui? Qui a besoin de cela?.. Les maîtres se moquent de vous, et vous êtes contents! Allez-vous en!..

Et Kolbaï a commencé à chasser les parents de sa maison.

Les gars surmenés n’ont pas tenu, ils se sont mis à pleurer de honte. En les regardant, Jamal a aussi versé quelques larmes. Talpak et Saryaouz étaient partis il y a longtemps, et elle ne pouvait pas encore se calmer, elle ne pouvait pas comprendre son mari. En mettant tout en ordre dans la kibitka, dévastée  pendant la bagarre, elle a demandé presque en pleurant:

-Qu’est-ce qu’il se passe avec toi aujourd’hui? Pourquoi est-ce que tu as suscité tout ça?..

-On est encore ignorant... – Kolbaï a répondu d’une voix sourde. – On erre dans les ténèbres...

Il traînait déjà les soufflets de forge vers le foyer, en ayant l’intention de se mettre au travail.

 

 

2

 

Et après cela il a passé de l’eau sous les ponts...

Mille neuf cent vingt-un. Kolbaï, Talpak et Saryaouz revenaient en trois du congrès régional  de l’union «Koschy».  Il était clair selon tout leur air que de grands changements s’étaient passés dans leurs vies. Ils n’avaient plus de rosses sans force sous les selles, qui déplaçaient les pieds à peine, mais de bons chevaux forts. Et les chevaliers n’étaient pas vêtus dans les anciennes guenilles.  

Le vieux fusil Berdan noirci se trouvait derrière l’épaule de Talpak. Il ne tirait pas, mais Talpak ne la quittait pas, il lui semblait qu’il avait l’air plus imposant avec le fusil. Ces jours-là tous les deux – Talpak et Saryaouz ont tout à  fait perdu la paix. Il y avait un très grand choix devant eux, les yeux étaient éblouis...

-          Je vais devenir un milicien.

-          Il vaut mieux devenir un garçon de course dans le comité exécutif de volost!

-        Et peut être directement l’adjoint du juge et du juge d’instruction? – Ils se vantaient l’un devant l’autre.

Kolbaï, qui s’était bien installé à l’union, les regardait avec chagrin.

Il y a bien longtemps qu’ils ne se réunissaient pas ensemble, Talpak et Saryaouz ont décidé, probablement, de se montrer devant Kolbaï  pendant ce voyage. Ils ont échangé des regards significatifs, comme s’ils s’étaient accordés sur quelque chose.

-        Près de la source Froide, - Talpak a dit négligemment, - l’aul du baï Jaman se trouve. Arrêtons-nous chez lui, reposons-nous un peu...

-        Vraiment, que Kolbaï regarde notre vie d’à présent, - Saryaouz a ajouté. En se trémoussant impatiemment dans la selle, il semblait pousser son cheval. – Allons! – Et il a tiré résolument la bride, en fouettant son cheval bai.

-        Et ce n’est pas encore assez pour vous? – Kolbaï a laissé tomber d’un air indifférent. – Est-ce que ce n’est pas déjà temps de finir de frapper dans toutes les portes de baï.

-        Comment ça – frapper dans toutes les portes? – Talpak s’est levé brusquement. – Comment est-ce qu’on doit comprendre tes paroles?

-        Ce sont les baïs qui doivent maintenant frapper dans toutes les portes. Laissons-leur cette affaire. Et nous ne perdrons rien, si on s’arrête chez Jaman, - Saryaouz a repris d’un air excité.

La possibilité de passer la nuit et se régaler dans les yourtes de baï était pour Talpak et Saryaouz un signe d’indépendance, d’égalité et même une sorte de châtiment pour les anciennes privantions. Ils jouissaient de ce droit chaque bonne occasion.

Aujourd’hui ils ont décicé de montrer leur nouvel état à Kolbaï.

Kolbaï écoutait sans interrompre, en baissant la tête, comme il le faisait toujours, quand il ne voulait pas disputer ou quand il croyait, qu’il était inutile d’objecter. On pouvait croire de côté qu’il regardait attentivement les brosses sur les pieds de son cheval, et ses narines ne cessaient pas de vibrer du rire insonore.

-    Mais non, j’ai tout simplement... – il a répondu au regard perplexe de Talpak. – Je voudrais dire qu’il faudrait se désolidariser du tout des baïs.

Bien sûr, ses paroles ont passé les oreilles de Talpak.

-    Quoi, tu veux nous interdire de régler les comptes avec eux? – celui-là a crié, en s’enflammant. – Est-ce que tu as oublié comment ils se moquaient de nous?

Saryaouz a aussi froncé les sourcils et, en se courbant, a regardé Kolbaï fixement en dessous, comme s’il demandait: «Est-ce que tu ne vas pas défendre les baïs?» Ses épaules massives se sont soulevées d’une manière éveillée, comme d’un loup qui avait remarqué un chasseur.

Kolbaï ne se dépêchait pas de répondre ?

-    Alors, on va régler les comptes avec les baïs ainsi... Hm... Donc, regardons, - il a prononcé dans un instant, en regardant quelque part ailleurs.

Il était l’après-midi passé. Il faisait chaud.

La viande cuisait sur le feu dans une vieille chaudière. Trois anciens valets de ferme de Jaman, qui avaient bien bu du koumis, ont eu déjà le temps de prendre le thé. Kolbaï, qui ne prenait presque pas part à la conversation, s’est tu du tout après le thé. Bientôt il s’est couché, s’est retourné  vers le mur, et, en pliant en chien de fusil, s’est calmé. Selon une vieille habitude Talpak et Saryaouz ont eu envie d’aller au piquet et vers les puits.

Le baï est allé avec eux, en les accompagnant, comme des invités de marque. On sentait maintenant la servilité et la peur dans ses paroles. Il répondait aux questions trop en détail, bougeait les sourcils obséquieusement, en parlant des soucis et des difficultés de son économie. Et de quoi qu’il ait parlé, il finissait toujours par la même chose:

-Nous sommes les parents, nous avons les mêmes ancêtres... Vous êtes devenus de grands hommes, Allah merci... je suis ravi pour vous...

Kolbaï était couché, jusqu’à ce qu’il a entendu la voix de la baïbichet:

-    La viande est cuite, il est temps d’enlever la chaudière du feu. Appelez les invités, - elle a ordonné, en entrant dans la yourte.

Quelqu’un a couru vers les puits.

Kolbaï a levé la tête, s’est retourné autour. Les femmes ont apporté la chaudière.

-           Baïbichet! Est-ce que vous avez préparé cette régalade pour nous? – Kolbaï a demandé.

-           Chérie, et pour qui encore? – la vieille femme s’est étonnée. – Bien sûr, pour vous.

-           Alors laissez-moi faire asseoir les invités. – Kolbaï s’est levé brusquement, en souriant.

La baïbichet étonnée a consenti.

Kolbaï s’est mis à courir à travers la yourte. Récemment taciturne et mécontent, il est devenu méconnaissable.

Le bechbarmak était déjà préparé dans deux grandes coupes de bois, quand Saryaouz, Talpak et Jaman sont revenus à la maison et ils sont restés bouche bée, en voyant Kolbaï rayonnant qui courait sur la pointe des pieds à travers la yourte, en déplaçant quelque chose d’une place à une autre, refaisait quelque chose, comme si en se préparant à une rencontre joyeuse avec les invités longtemps attendus.

-     Passez, passez!.. Passez au  tor, chers hôtes! – il a invité ceux qui sont venus.

Mais le tor avait l’air accablant. Là, au lieu du tapis riche et des couvertures de soie, il y avait un feutre, bariolé de trous, un vieux  tunduk enfumé et la peau pelée de bœuf. Le tapis et la couverture se sont déplacés vers le seuil et passaient par toutes les couleurs, à droite de l’entrée, où d’habitude les pauvres parents se mettaient, les invités les plus appauvris.

-         Que ce soit le jour de notre vengeance aujourd'hui, jiguites! – Kolbaï a proclamé solennellement, en s’adressant à Talpak et à Saryaouz qui se sont attardés sur le seuil. – Venez enfin!.. – Et il est allé lui-même avec eux.

-         Si on règle les comptes, alors il faut le faire comme il faut. Eï, les maîtres! Vous avez passé assez de temps sur le tor, mettez-vous près de la porte... Et nous, puris près de votre seuil, nous allons nous asseoir sur les places de marque!..

Tous se sont tenus cois et éxecutaient les ordres de Kolbaï docilement, en attendant avec embarras ce qui suivrait.

La baïbichet, qui s’est assise sur la couverture, s’est mise à marmotter des lèvres sans bruit. Talpak et Saryaouz n’avaient pas tout simplement le temps pour réfléchir: tout se passait trop vite pour eux. Déroutés, ils se sont assis près de Kolbaï.

-        Le feutre pauvre et la peau pelée, voilà que vous avez atteint le coin rouge, - Kolbaï a remarqué gaiement, en s’installant plus commodément.

-        La tête du mouton, le filet, que tous les meilleurs morceaux restent près de l’entrée, - il continuait. – C’est assez! Je vais leur montrer comment se pavaner devant les invités!.. Donnez-nous ici le plat avec des os, des tripes, des poumons, de la rate...

Ayant reçu un des plats les plus profonds, qu’il avait préparé d’avance, Kolbaï l’a mis devant ses compagnons et s’est mis à couper tout droit la viande, sans oublier d’envoyer un morceau après un autre dans sa bouche. Talpak et Saryaouz, en ayant faim, ont tendu leurs mains vers le repas.

-    Et tu règles tes comptes avec le baï, le grêle. Tu ne t’es jamais trouvé au sommet tellement élevé dans cette yourte. – En mangeant vite l’intestin gros, Kolbaï roulait le grêle amer et régalait «les invités de marque».    

Talpak et Saryaouz, perdus, mangeaient silencieusement, sans savoir s’ils devaient se fâcher contre Kolbaï ou bien se moquer. En écoutant ses paroles, tantôt ils rougissaient jusqu’à la racine des cheveux, tantôt ils pâlissaient. Mais le plat devant eux se vidait vite.

-    Etre assis sur la place de marque dans la maison du baï ne signifie pas encore qu’il faut se venger des offenses précédentes. On va mêler le seuil avec le tor, oui, mes amis?

Les jiguites savaient bien ces paroles. Kolbaï les avait dites hier, en prenant la parole à la réunion des pauvres. Et maintenant il les prononçait avec bon sens calme, comme si en donnant un bon conseil à Talpak et à Saryaouz. Ils ont regardé de nouveau Kolbaï d’un œil scrutateur. Non, on ne voyait même pas une sorte de sourire moqueur sur son visage. Jaman et la baïbichet étaient assis complètement cois...

On a sellé les chevaux. L’aul de Jaman est resté derrière. En se taisant un peu, Kolbaï s’est adressé à ses camarades, qui allaient de deux côtés de lui.

-     De quelle vengeance on peut parler, tandis que le baï a encore toutes les maisons et tout le bien... – il a souri malicieusement. – Quelle bêtise! Cela ressemble à la victoire de la peau et des tripes, qui se trouvaient au seuil pendant des années, qui ont apparu maintenant sur le tor. Voilà!

Il s’est tu et est allé un certain temps, en penchant la tête comme d’habitude, comme s’il réfléchissait lui-même sur ses paroles. Et peut être, le forgeron se rappelait de longs jours sans joie de son ancienne vie?

-     Non, les amis, si on veut régler les comptes avec les baïs, cela de doit pas se passer au moyen des amusements d’aujourd’hui, - il continuait. – Est-ce que vous avez compris? Cela ne doit pas être la discussion du seuil et de la place de marque. Il est temps de sortir sur une vraie baïga lointaine.

Et seulement maintenant il s’est mis à rire, en enveloppant les compagnons d’un regard content.

Découragés, comme si on leur avait versé de l’eau froide derrière le cou,Talpak et Saryaouz ont marmotté d’un ton offensé:

      -Pourquoi est-ce que tu ne nous as pas donné à manger comme il faut?

-     On n’a pas vu de bonne viande depuis bien longtemps?

- Nous traitons encore les baïs avec la douceur et avec trop de tolérance, - Kolbaï a répondu, sans prêter attention à leurs paroles. – On a juste ouvert les yeux, - quoi faire! Mais la lumière s’enflamme déjà...

Les chevaux allaient au trot  vers le col.

 

3

 

 

Et ce n’est pas un ancien temps, mais actuel. Pas d’hier, mais d’aujourd’hui...

Vers le soir le local de l’école de kolkhoze a été bondé. Les membres de trois équipes qui luttaient, sont tous venus. Ayant pris les engagements, encore au printemps, à la réunion commune de kolkhoze, en automne les équipes sont arrivées à la fin de la compétition, comme on dit, sans une grande différence. Les travailleurs de choc notables Kolbaï, Talpak et Saryaouz les dirigeaient.

La réunion, pendant laquelle on faisait la somme de la compétition, s’est transformée en fête. La nouvelle joyeuse que le kolkhoze avait occupé la première place non seulement dans le district, mais aussi dans tout l’arrondissement, a répandu encore dans l’après-midi, quand les chefs de district et nombreux hôtes des kolkhozes voisins sont venus. Et dans la petite salle basse maintenant une animation gaie régnait, les gens se tenaient libres et sûrs, - cela arrive quand une grande victoire difficile a été obtenue.

Talpak parlait le premier de la part de son équipe, en débitant tout d’un trait  son rapport.

- Déjà en septembre notre équipe était la première qui a executé le plan de stockage de blés d’état et a cueilli le fonds de semences. Aucune machine n’a pas été mise hors de service et n’a pas été cassée. Le transport travaillait sans à-coups. Toute l’équipe travaillait avec un grand enthousiasme: tous le savaient dans le kolkhoze. Les meilleurs travailleurs de nous ont fait trois cent jours de travail, les pires, si on pouvait les appeler comme ça, faisaient deux cent jours.

Pour aujourd’hui on a eu le temps de battre la dernière meule de celles qui sont restées après la livraison de pain. Les derniers sacs de blés ont été rangés dans la grange de kolkhoze avant l’ouverture de notre réunion.   

Les gens dans la salle se sont mis à vrombir approbativement. Et quoi encore: brièvement, à haute voix et clairement!

Saryaouz a commencé son discours aussi d’une manière sûre. Il a donné libre cours aux paroles et a continué sans accroc et sans défaillance.  Il s’est arrêté seulement une fois pour mentionner que son équipe est venue à bout de la dernière meule vers la réunion d’aujourd’hui.

Mais puis Saryaouz a parlé du succès que Talpak n’avait pas: l’équipe a mis en pratique une méthode novatrice pendant la récolte. On a utilisé pour la première fois de l’eau à la transmission de deux batteuses, - et on est venu à bout du battage plus vite, et on a libéré les chevaux. 

Et voilà que la voix basse de Kolbaï a retenti:

-    Bravo! Il pouvait au moins souffler mot que c’était moi qui a fait cette transmission d’eau.

Les membres de kolkhoze ont éclaté de rire. Saryaouz a confirmé précipitemment les paroles de Kolbaï et l’a remercié poliment. Bien sûr, il considérait Talpak son adversaire principal, et c’est pourquoi, sans ménager les mots d’approbation pour les autres, c’était lui qu’il essayait de surpasser. Kolbaï l’a compris, il a chancelé la tête, et a souri malicieusement.

Saryaouz triomphant a sorti de la poche le journal avec la résolution du comité d’arrondissement.

-    Les délégués des meilleurs membres de kolkhoze du pays se réunissent les jours de novembre à Moscou. Les représentants de l’étranger vont aussi arriver... Comme nous avons pris le premier prix dans l’arrondissement, probablement il y aura des travailleurs de choc de notre kolkhoze à Moscou.

L’animation dans la salle, les sourires approbatifs des chefs dans la présidence ont donné encore plus d’assurance à Saryaouz.

-    Et si vous voulez, je vais dire tout à fait exactement: dans ce cas-là votre serviteur ira à Moscou! – il s’est frappé dans la pointrine d’un air suffisant et s’est mis à rire avec tous les autres.

Les deux chefs d’équipe, sains, énergiques, qui savent en plus se montrer en public, étaient prêts à soulever les montagnes, comme on disait autrefois.

Et là Kolbaï s’est levé avec l’air impassible.

-        Encore trois meules sont restées sur notre tok. – il a commencé. – On a été un peu en retard avec notre battage. On peut dire  qu’on est resté un peu en arrière...

-        Alors, c’est assez, - Talpak l’a interrompu. – Qu’est-ce qu’il faut encore expliquer? – et en riant d’un air excité, a retroussé les manches machinalement, comme avant le combat.

-        Aga, quel garçon intelligent, tu as enfin perdu! – Saryaouz ne s’est pas retenu. – Est-ce que tu avoues toi-même?

Comme si le vent a passé à travers la salle. Les membres de kolkhoze se sont mis à chuchoter, à bouger, on entendait de petits rires ici et là. Le président, en hochant la tête, a expliqué quelque chose aux invités. Il semblait que l’opinion commune s’est formée elle-même – l’équipe de Kolbaï a essuyé une défaite. Et sa modestie, avec laquelle le chef d’équipe se tenait, la voix, à peine entendue dans la salle, confirmaient qu’il s’est résigné à sa défaite lui-même. Entre temps Kolbaï parlait lentement du travail de l’équipe, de ses résultats de travail. Bien sûr, il sentait l’état d’esprit des gens dans la salle, mais il continuait à parler calment et doucement. Les membres de toute son équipe étaient assis de côté gauche de la salle et écoutaient attentivement, avec dignité. Jamal a souri             approbativement à son mari. En se préparant déjà à terminer son discours, Kolbaï a regardé ses camarades et a souri soudain.

-     Bien sûr,  nous avons encore des inachèvements, mais notre équipe est en avant dans une seule chose. Il est probable que seulement dans notre équipe l’ignorance est vraiment liquidé, - Kolbaï a fini.

Talpak et Saryaouz se sont lancés au combat en même temps:

-         Ce sont nous, les ignorants?

-On a lu tous les journaux et toutes les revues!

Tous les deux, en s’interrompant, ont voulu déjà exposer quoi et comment ils ont lu, mais Kolbaï les a posément interrompus:

                -Je ne parle pas de la formation personnelle.

Seulement maintenant il a tourné son regard avec précaution vers le président et les chefs de région. Il a prononcé ces mots-là aussi calmement. Les ailes de ses narines ont seulement tremblé du rire, caché quelquel part loin, tout à fait comme ce jour lointain, quand il régalait Talpak et Saryaouz des tripes à la maison du baï de Jaman.

-         А-а-а, tu parles de l’équipe! – Talpak a traîné, en baissant la voix. – Tu devais l’expliquer tout de suite.

                -Des masses, alors... – Saryaouz a remarqué.

      -Oui, camarades, juste des masses! – Kolbaï a dit fermement, en attirant complètement l’attention des gens dans la salle. –Tous savent lire et écrire dans notre équipe. Mais on a appris à lire et à écrire non seulement pour être nommés les hommes calés. Je parle du véritable niveau de développement, qui permettra d’assimiler les connaissances nécessaires. Nous tous, on tend à la culture. Et qu’est-ce que nous avons, - c’est une question! Est-ce que je dis bien, camarades?

-         Bien!

-         Tout est bien, chef!.. – on a défendu son opinion dans la salle.

-         Nous sommes venus à la réunion directement du tok. – Kolbaï a jeté un regard circulaire sur la présidence apaisée.  – Nous avons aujourd’hui beaucoup d’invités. Je voudrais les introduire à toute l’équipe – Il s’est retourné dans la salle. – Camarades, passez ici et n’oubliez pas de prendre les livres. – Quelques femmes et environ trente hommes, en sortant les livres de sein et des poches, se sont approchés de la présidence.

-         Montrez vos livres? Qui lit quoi? – Kolbaï a demandé.

-         Moi, la décision de la septième conférence, - Jakyl komsomol a voulu commencer, mais on l’a interrompu:

-         Le rapport sur la culture nationale...

-         Je lis le poème «La steppe»... 

-         Jai «Le cheval rouge»... 

-         Et je lis un livre intéressant sur Taltanbaï, - Jamal a annoncé, en riant d’une voix sonore. Les années l’ont beaucoup changée: il y avaient de petits plis sur le visage bronzé, mais elle était joyeusement animée.

Soudain la voix élevée de Kolbaï a couvert le bruit de voix agitée de la réunion:

-     Il faut donner la possibilité à tous de faire leurs études! Le comité de district de Parti doit y prêter plus attention. La lumière des connaissances... Elle doit éclairer notre voie vers le communisme!..  

Ses paroles résonnaient avec tant d’assurance que Jamal a pensé: «J’avais peur pour lui en vain. Ce n’est pas possible que Kolbaï cède en quelque chose à Talpak et Saryaouz». 

Les gens dans la salle ont reçu l’appel de Kolbaï avec de vifs applaudissements. Le président s’est approché de lui et l’a embrassé fortement.