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Aouezov Moukhtar «Un homme cultivé»

23.11.2013 1569

Aouezov Moukhtar «Un homme cultivé»

Язык оригинала: «Un homme cultivé»

Автор оригинала: Aouezov Moukhtar

Автор перевода: not specified

Дата: 23.11.2013

1

Un jour froid sans nuages. Le soleil brillait autant que ça faisait mal aux yeux. Si vous regardez par la fenêtre de la maison chaude vous voyez le soleil tout à fait d’été. Et dehors ça faisait mal au nez et aux joues. Un leger vent oriental pinçait le nez.

L’hiver a tout couvert du vetêment duveteux. Une petite ville sibérienne s’est noyée aux vastes espaces de steppe blanche. Les congères montaient jusqu’aux toits. Et les maisons plus petites et les buchers ont été complètement couverts, au lieu d’eux il y avaient des chaines des collines blanches. Les rues étaient vides, la neige foulée craquait sous les pieds des piétons rares.Cette petite ville se trouvait au bord de la rivière sibérienne rapide et froide. Plutôt les Khazakhs habitaient là. Une ville peu attrayante, il n’y avait aucun ordre là. С’était de plus au moins beau au centre-ville: il y avaient des rues, la rue principale était Zemskaya qui allait du marché jusqu’à la rivière. Et les périphéries ressemblaient au carapaçon du chameau déchiré. Les huttes khazakhs étaient dispersées pêle-mêle.

Aujourd’hui il était vide sur la rue Zemskaya. On voyait rarement un marchand qui traînait sur la neige une liasse de la pelleterie ou qui geignait sous le colis lourd avec de la laine.  Une autre fois la neige craquait sous les patins du traineau. Ce Khazakh bronzé – le visiteur de la steppe – a dirigé le chameau vers le marché. Et de nouveau tout était calme, les rues sont devenues désertes.

Et voilà au bout de la rue on a vu un petit traîneau. Le cocher s’est dirigé vers le marché. Le voyageur, un des cultivés de la ville, Meirkhan, a froncé les sourcils. Il était préoccupé de quelque chose.

Le traîneau s’est arreté près du marché, à coté de la petite maison sous le toit vert. Meirkhan est tout de suite descendu en sautant, il a couru vers la maison.

-Quoi, Khadicha, c’est si mal?-  il s’est alarmé, se rencontrant avec une jeune femme éplorée dans l’antichambre.

- Très mal, chaque heure cela devient pire, c’est pourquoi on a envoyé vous amener. – Khadicha a baissé la tete, essayant de cacher les larmes, et elle a ouvert la porte dans la chambre. On a entendu les soupirs enroués. Meirkhan est entré dans la petite chambre seul.

Maksut était couché sur le haut lit. Levé dans les oreillers, ce visage tellement blanc d’habutide semblait tout à fait noir. Les joues se sont creusées et de lourds sacs ont apparu sous les yeux. Les cheveux noirs peignés en arrière se sont collés à la tête comme s’ils n’étaient pas vivants. Il respirait péniblement, en palpant chaque fois sa poitrine avec les doigts de cire desséchés. Ses lèvres desséchées bougeaient faiblement. Meirkhan s’est penché vers son ami, en essayant de comprendre ce que celui demandait mais quelque chose ralait, bouillonnait dans la gorge du malade, et Meirkhan a pu à peine comprendre quelques mots.  

Les amis se regardaient comme s’ils faisaient leurs adieux. Bientot Maksut  est tombé dans l’évanouissement, il a commencé à délirer. Il se rappellait son travail – l’école, des enfants kazakhs. Les mots se livraient passage à travers le ralement: «Les enfants...la ville d’orphelin...je n’ai pas eu le temps» Le malade passait les mains sur la poitrine et répétait: « Je n’ai pas pu... Maintenant entre la vie et la mort». Il a serré la main de son ami: « Ne vous en faites pas, ce n’est pas ma faute...»

La vieille mère et la femme sont entrées en silence, elles se sont mises près du lit. Khadicha serrait l’enfant contre sa poitrine, regardait le mari mourant avec anxiété. Et la mère – Maksut est son seul fils – a demandé Meirkhan avec les yeux, comme si ça dépendait de lui, la vie de son fils.

Mais comment pouvait Meirkhan la consoler? Ce matin le médecin était venu et avait directement dit: « Il ne reste pas longtemps, il va bientôt mourir».

Maksut a repris conaissance, il a reconnu sa mère. Il la regardait longtemps avec angoisse, puis il a fermé les yeux tristement. Peut être il s’est imaginé la vieillesse solitaire de sa mère pas réchauffée par quelqu’un.

Il a fait un effort et a commencé à parler:

-Que vas-tu faire, maman,  qui va prendre soin de toi?... Les jeunes vont trouver leur voie, et toi ?... Ça serait mieux que tu meures avant moi...

Il s’est tu, s’est retourné vers le mur. La mère a commencé à pleurer à voix haute sans retenir ses émotions. Khadicha sanglotait à côté. Les amis de Maksut Jumagul et Aktaї sont aussi venus. Ils se sont assis en silence. Maksut regardant la mur a repris la parole:

- Khadicha... elle ne périra pas...Elle a beaucoup de proches...Mais elle n’est pas ta propre fille...Elle va partir toute seule si quelque chose se passe, et toi?... Elle peut même te faire pleurer...

La vieille a sangloté encore plus hautement:

- Ma lumière, mon seul fils, pourquoi tu dis des choses pareilles?

Maksut a demandé d’une voix à peine audible:

-Ne pleure pas, maman, ne pleure pas...Le coeur me fait mal...Va-t’en, s’il te plaît.

Les amis se sont approchés de la mère, ils ont commencé à la persuader:

-         Ne le faites pas. Vos larmes lui font plus mal. C’est mieux que vous partiez, que vous restiez un peu dans une autre chambre.

-        Mon seul, mon soleil! Sois couché, je m’en vais. – La vielle est sortie, en déplaçant les jambes à peine. Khadicha est aussi sortie en silence après la femme.

Meirkhan était assis abattu. Vraiment, Maksut avait raison. Il ne lui restait pas longtemps. Le malheur viendrait chez la mère. Est-ce que la jeune femme se souviendra de son mari? Elle ne restera pas la veuve pour longtemps. En plus elle était de ville...

Maksut n’a pas tenu longtemps. Le jour est venu quand il n’a meme pas pu bouger, il n’ouvrait presque pas les yeux. Il respirait souvent et d’une voix enrouée.

La mère s’est laissée abattre. Tous ces jours elle ne se levait pas des genoux, elle priait au Dieu pour son fils. Et maintenant elle a compris – c’était la fin.

La vie quittait le corps de Maksut. Et voilà la respiration a disparu, les mains sont devenus froids et les jambes aussi. Les proches et les amis étaient autour. On a décidé que la fin était venue. Et soudain le mourant a lourdement ouvert les yeux vitreux, il a demandé:

-        Est-ce que je suis vivant ou non? – et il a de nouveau fermé les yeux. La paleur se répandait lentement sur son visage. Maksut est mort.

La même journée toute la ville a appris le décès du jeune professeur. Et tout le monde a partagé l’opinion: « C’était un bon jeune homme, la parure de la ville, on a eu pitié de ce pauvre homme». Et on a aussi ajouté: «  On a pitié de la vieille mère, que se passera-t-il avec elle?»

Il y avait beaucoup de monde à l’enterrement. Les élèves de Maksut sont venus, ses amis, ses proches. Il n’y avaient pas d’indifférents. Toutes les têtes se sont laissées abattre quand on a apporté le corps de Maksut vers la petite colline fraîche faite de l’argile près de la fosse noircissante. Seul les mollahs n’oubliaient pas ses besognes quotidiennes dans ce moment solennel. Ils bougonnaient, disputaient en partageant le tchapan et les foulards de ceinture du décédé entre eux.

 

 

2

 

Les jours passaient....Les mois difficiles passaient et s’oubliaient. Chaque jour le soleil réchauffait, réveillait la nature. Et tout rajeunissait autour. Voilà déjà les arbres se sont couverts du feuillage épais, ils ont commencé à chuchoter quelque chose sans arrêt. Les oiseaux se trémoussaient du soir au matin, en saluant avec les chansons une saison magnifique. Et les gens ont repris courage, ils se sont mis au travail plus joyeusement.

Le printemps est venu chez tout le monde. Seulement il n’est pas venu dans la maison de Maksut. Il faisait sombre là-bas. On ne parlait presque pas. On entendait seulement la vieille mère soupirer péniblement. Il semblait que ses paupières sombres étaient taillées de pierre, elles ne se levaient pas, le visage s’est desséché, il s’est obscurci. Il faisait difficile à Khadicha de se trouver dans la maison abandonée. Le silence navrant l’oppressait. Elle pourrait etre completement malade si elle n’avait pas Jamilia. La petite fille de Maksut parfois meme forçait la vieille à s’oublier.

Et les amis de Maksut apportaient encore un peu de joie – c’étaient Jumagul et Aktaї. Meirkhan, celui ne venait presque pas, comme s’il évitait la rencontre. Mais Jumagul et Aktaї vennaient la voir, ils essayaient de dissiper les pensées sombres de Khadicha.   

Les derniers temps Jumagul venait assez souvent. Il venait maintenant seul, sans Aktaї. Il inventait beaucoup de choses pour distraire Khadicha un tout petit peu. Parfois il racontait de telles fables! Et il assurait que cela s’était passé avec lui. Et il ne disait rien à propos de Maksut. Jumagul en parlait avec la vieille. Et la vieille était contente. «C’est un bon homme» - disait-elle.    

Et Khadicha s’est tellement habituée à Jumagul que s’il ne le voyait pas longtemps, il lui manquait, ses récits amusants lui manquaient. Et quand elle se couchait, de certains rêves venaient dans la tête, elle espérait quelque chose. Le temps passait et la maison semblait peu attrayante à la jeune femme, elle en avait assez d’écouter les soupirs de la belle-mère. «Je n’ai pas encore vu la vie, il est temps de la goûter un peu», - elle pensait de telle manière et soudain comme si la main osseuse la saisissait et tenait. Et le visage du mari était en face d’elle.

La jeune veuve a perdu la paix. C’était un signe sûr – il fallait attendre les changements...

Une fois Meirkhan est venu du travail. Il s’est couché pour se reposer. Soudain on lui a apporté une courte lettre. Meirkhan l’a lue et ne pouvait pas croire ses yeux:

 « Cher ami!

Je t’attends demain à midi. Mon mariage aura lieu. Viens. Tu as du entendre dire déjà que je prends Khadicha pour la femme. C’est la volonté du Dieu.

                                                                                                           Jumagul».

Meirkhan a lu la lettre quelques fois, il ne voulait pas croire. Il a enfin tout compris, et a ajouté furieux en bas: «Je ne viendrai pas. Disparais avec ton mariage».

Le lendemain deux amis sont venus prendre Meirkhan, cela se voyait de loin qu’ils s’étaient habillés pour le mariage: ils se sont nettoyés, se sont parfumés, ils ont fait sortir les cols blancs par-dessus leurs vestons. Ils l’appellaient d’aller avec eux.

Meirkhan s’est indigné, il a commencé à dissuader:

   - Il faut avoir de la conscience! On a fait les adieux à notre ami seulement hier et aujourd’hui on va s’amuser au mariage de sa femme!

-Cesse, - répondaient les amis. – Ne sois pas idéalist! Viens avec nous. On va prendre quelques coups, manger quelque chose. Dis donc, à qui cela fera pire?

Malgré tout Meirkhan est allé. Il a décidé de jeter un coup d’oeil sur ce mariage.

Les invités s’amusaient, la fete battait son plein. Le fiаncé était content. La fiаncée rayonnait comme si ce n’était pas elle qui sanglotait sur le tombeau de son mari. Personne n’a rappelé Maksut. Les invités ont été éméchés. Ils félicitaient les jeunes mariés, plaisantaient, riaient. Meirkhan a aussi pris un petit coups. Il s’est levé, a pris le petit verre et a demandé l’attention. Les invités se sont tus, ils attendaient un nouveau toast. 

- J’offre de boire pour Maksut. Que son ame vive!...

Quelqu’un a renaclé. Jumagul et Khadicha ont souri. Tous ont bu sans comprendre le sens du toast. Les amis ont remis Meikhan à sa place: « Laisse, ça ne fait rien, assieds-toi».

C’était la fin pour l’essai de Meikhan d’intervenir en faveur de la mémoire de son ami.

Quelques jours après le cortège bruyant passait sous les fenêtres de la maison de Maksut. Les amis accompagnaient les jeunes mariés, Jumagul a décidé d’aller avec Khadicha et le beau-père dans la steppe pour rester un tout petit peu dans l’aul natal. La troika vive avec les grelots a passé en coup de vent la maison calme. Jumagul a louché sur une des fenêtres et il a vu la vieille. 

La mère de Maksut regardait tristement avec les yeux haїssants quelque part au loin...

 

 

3

 

 

Le mai a été abondant cette année. La steppe a verdi impétueusement, elle a réjoui les yeux avec les herbes hautes savoureuses. Ce tapis n’avait pas de bout, les fleurs jaunes de printemps le couvraient.

Les vallées et les montagnes se sont aussi renovées et la même chose s’est passée avec la rivière bavarde qui sautait sans fatigue de pierre en pierre au pied de la montagne.

Les bouleaux se sont ouverts et ont embelli au bord de la rivière, le buisson qui accompagnait la rivière en bas a verdi. Même les pierres sombres - les gardiens riverains – eux – mêmes sont devenues plus joyeuses.Les oiseaux voltigeaient dans le buisson et chantaient à toute voix. Et la yourte élégante a grandi ici à temps. Elle attendait l’arrivée de la jeune belle-fille.

Les auls, qui se sont déplacés à jaylyaou – les paturages de haute montagne, se sont dispersés sur la colline sud de la montagne Tchingis. Les yourtes blanches, si on regardait de loin, ressemblaient aux oeufs mis dans l’herbe. Non loin le lac – il y avait beaucoup d’eau cette année, - maintenant il jouait sur le soleil, jettait les rayons de lumière tout à fait comme le miroir. Les troupeaux se promenaient autour  du lac, ils ne serraient pas les uns contre les autres – il y avait assez de place pour tout le monde. Et les gens s’agitaient joyeusement dans les aules.

Les troupeaux étaient beaux ce printemps, les troupeaux de chevaux étaient beaux, on ne pouvait pas arracher les yeux. Après l’hivernage rassasié, les chevaux étaient lisses, ils s’amusaient dans la steppe. Les jiguites se vantaient. Dès qu’ils se réunissaient en deux, en trois – ils entreprenaient les jeux, les concours. Mais c’était le temps du koumis. Les chevaux sont entrés dans leurs forces, les poulains ont grandi, c’était le temps d’attacher les juments», - ont dit les vieux. C’est porquoi on préparait les brides et les harnais, on allait bientôt attraper les juments qui paturaient en liberté.

  L’aul de Jumagul en était occupé depuis déjà quelques jours. La mère de notre héros cultivé – la femme ménagère, économe, elle n’aimait pas perdre le bien en vain. C’est pourquoi tout a été arrangé plus tôt que chez les autres. Aujourd’hui l’aksakal Amré a amené et a attaché la jument. Comme d’habitude les gens se sont réunis chez lui, pas beaucoup de gens, seul les voisins les plus proches et les passants fortuits. Il n’y avait personne d’autres auls. Amré était un peu avare en ce qui concernait la collation, les gens le savaient et ne venaient pas chez lui très volontiers.

Le gardien de chevaux continuait d’attraper les chevaux. Ils sont devenus sauvage pendant l’hiver, ils se sont habitués à se promener en liberté et maintenant ils ne se donnaient pas dans les mains, ils ne laissaient pas s’approcher. Mais le vieux gardien savait son affaire, il a ordonné de commencer avec les poulains.

Le troupeau passait en coup de vent avec un bruit de pas sauvage. Mais le lasso effilé et solide avait le temps pour attraper le poulain. Et il pouvait se cabrer tant qu’il voulait, mais il ne pourrait pas s’échapper des mains fortes et tenaces du chasseur expérimenté. Le poulain ne pourrait pas tenir, il tomberait par terre. Et le coeur d’Amré est tombé. «Bismilla!», - l'aksakal chuchotait la prière et en sautant de sa place, a crié: «Sois calme, ne lui casse pas le dos, sois plus prudent, tu vas lui casser le cou!».  

Enfin tous les poulains étaient attrapés, les femelles étaient attachées. Et comme d’habitude les femmes ont apporté dans le champs le kurt et du beurre sur les grands plats. Les gens fatigués se sont mis au repas avec plaisir. Amré s’est installé silencieusement près d’eux. 

Le premier faim a été apaisé et la conversation a commencé elle-meme. On  s’est mis à se partager les nouvelles. Et la nouvelle la plus intéressante était le mariage de Jumagul. Comment le fils s’était marié, ni Amré, ni sa femme vieillie Kamaria ne savaient.Bien qu’ils ne le montrent pas, ils écoutaient avec intéret ce que les hôtes fortuits racontaient. Les gens de ville sont venus dans l’aul voisin. On louait Jumagul. Il s’était bien marié. Il a pris la fille de Kondibaї. On a entendu dire qu’elle avait beaucoup de dot, et il y avait de la fortune qui était restée après la mort de son premier mari.  Maintenant on disait que Jumagul pensait d’adopter la fille – la fille de sa femme. Et s’il prenait l’enfant, tout le bien du mari mort lui appartiendrait d’après la loi. Il y avait encore la vieille, la mère du décedé. Est-ce qu’elle avait besoin de beaucoup de chose? «Votre fils est devenu un homme riche, il a changé sa vie en quelques jours».

Amré et Kamaria écoutaient, remerciaient Dieu dans leur âme, et à haute voix, comme rien de spécial ne s’était passé, ont dit:

-           Dieu merci, on a vu le résultat. Combien on a dépensé pour lui, on l’a envoyé dans la ville pour les études! On a pensé – il va terminer ses études et ne nous oubliera pas, il nous enverra un peu d’argent. Il est temps de se souvenir de nous. C’est le fils qui doit aider ses vieux. Il a très bien fait quand il a choisi une femme aisée. 

Et les invités ont continué la conversation, ils ont discuté. Comment va-t-on accuillir les jeunes mariés? Est-ce qu’on a le temps de préparer assez de koumis? Parce que cette fois-ci le fils va venir avec la belle-fille, ils seront les hôtes de marque. Les autres s’intéressaient si les jeunes mariés ameneraient la vieille. Il faudrait amener. Elle est restée toute seule, il n’y avait personne qui puisse prendre soin de cette pauvre femme, c’est elle qui était la maîtresse de tout le bien quand même.

      - Pourquoi la vieille a besoin de toute cette fortune! – répliquaient les autres.

Et Kamaria, la mère de Jumagul, pensait mentelement: «La vieille ne pourrait pas trouver le meilleur gendre que mon Jumagul. Il la nourrira jusqu’aux derniers jours. Elle n’est pas sotte, elle retiendra les jeunes auprès d’elle. Et ce ne sera pas mal... » C’étaient les pensées de Kamaria, mais à haute voix elle n’a rien dit. Si elle mentionnait cela, seul à l’oreille de son mari. Et Amré ne voulait pas écouter, l’a interrompue:

- Laisse bavarder en pure perte la vieille. Ne pense pas en avance. C’est le Dieu qui décide!

Les parents de Jumagul cachaient ses espoirs de tout le monde. Et quand même quelqu’un a appris, a surpris une parole accidentelle, et la rumeur sur la fortune innombrable du fiаncé et de la fiаncée a commencé à se traîner dans l’aul.

Quelques jours ont passé. Un soir Amré a été retenu avec le troupeau à l’aubrevoir. Ce temps-là Kamaria était près de la yourte, elle parlait avec les femmes – ils allaient traire les brebis. Les brebis et les agneaux, en se bousculant et en belant bruyamment, couraient vers l’aul. Le garçon-berger est arrivé près des femmes et a crié:

- Suyunchi, suyunchi! L’oncle Jumagul est arrivé! L’aul s’est animé, a commencé à chahuter. Pardi: tout le monde mourrait d’envie de voir le fiancé chanceux.

Les femmes ont commencé à courir d’une yourte à une autre. Les enfants sont allés à toute vitesse autour de l’aul en informant tous du cri fort. Les vieilles se sont alarmées, leur conversation paisible près du puits s’est interrompue.

Amré a réuni tout l’aul près de la grande yourte blanche. On a entendu le son des grelots au loin. Et bientot le troika hardi a apparu, elle volait comme un oiseau. Le peuple s’est écarté, et le cocher a cranement asiégé les chevaux. Les embrassements, les questions sur la santé, sur les proches, sur les connaissances ont suivi. Jumagul passait d’un parent à un autre. Khadicha a été entourée par les femmes. Kamaria l’a embrassée, et les autres qui étaient plus agées ont fait la même chose. Les premières agitations de la rencontre se sont calmées, et les gens ont commencé à étudier plus attentivement les étrangers. Ils se distinguaient beaucoup des habitants de l’aul de leur vue.

Jumagul et Khadicha étaient les vrais citadins. Ils étaient vetus proprement, légèrement et joliment, d’après la saison. Et ils ne parlaient pas comme des locaux. Jumagul mettait dans son langage les mots inconnus, même drôles pour l’oreille d’ici. Et Khadicha ressemblait à un oiseau curieux dans la foule des femmes et des filles d’aul.

Les hôtes sont entrés dans l’aul, se sont assis sur les places de marque. Et en ce moment-là beaucoup de gens n’ont pas aimé la conduite de la citadine. Elle se penchait vers l’oreille de son mari tout le temps et chuchotait. Comme si elle était mécontente ou désapprouvait ce qui sont venus l’accueillir. Les femmes mordantes ont tout de suite remarqué sa «culture». De petits rires ont commencé, les gens ont commencé à chuchoter. Les citadins ne devaient pas se monter le cou, les gens dans la steppe n’étaient pas si naifs.

Amré était assis maussade, silencieux, louchait sur les hôtes qui sont devenus gais d’un air mécontent. Et Kamaria, bien qu’elle remarque tout, ne le montrait pas, continuait de caresser et régaler Jumagul.   

La belle-mère et la belle-fille ne s’étudiaient pas longtemps. La «culture» de la citadine ne les ai pas empechées de se lier. La même chose s’est passé avec Amré et son fils cultivé. Tous les quatres ont très vite trouvé le langage commun. Parce que tous s’intéressaient à la question importante et difficile de la division du bien. Les jeunes  n’étaient pas moins acharnés que leurs vieux parents. En ce qui concerne l’écomonie avare la belle-fille et le fils «cultivé» ont même dépassé les vieux.  Et il n’y avait pas parmi ces quatre des jeunes et des vieux, des cultivés et des ignorants, la pensée de la richesse a fortement uni tous. Quelques jours ont passé et sans se gêner ils ont découvert leurs âmes, ils ont ouvert le secret, qu’ils cachaient de tout le monde. Kamaria ne se fatiguait pas de rappeler:

- Les dépenses augment et il n’y a pas de profit. Le nombre du bétail continue de diminuer. Il vous faut déjà prendre soin de vos vieux. Vous le faites comme vous voulez mais donnez-vous de la peine. 

Les appétits grandissaient: si dès le début la dot de la fiancée semblait du profit considérable, maintenant on a oublié d’en penser. Comment empaumer l’héritage de Maksut, l’enlever de la vieille – ça, c’était ce qu’ils avaient dans la tête maintenant. 

Avant Jumagul et Khadicha n’avaient même pas commencé la conversation à ce propos. Chacun en pensait mentalement. Et ici, dans la steppe on a oublié toute honte. Les vieux ne faisaient pas de cérémonies, ils disaient directement. Les jeunes ne restaient pas en arrière. Kamaria a bientôt compris sa belle-fille. Elle a compris: il ne fallait pas la sermonner. Mais chaque fois quand l’occasion le permettait elle se mettait à parler de l’héritage, rappelait dès que l’occasion tombait sous la main. Et s’il n’y avait pas de prétexte, elle prenait la petite fille de Maksut, Jamilia, dans ses bras et disait:

- Ma chère petite fille, est-ce que cela arrive  bientôt quand tu nous consoles, tes vieux grands-parents, quand tu deviens la maîtresse de tout le bien. On attend avec impatience ton aide. Prends tout de la vieille, prends tout! – Et elle tirait doucement Jumagul et Khadicha par les oreilles.

Et Amré avait ses propres plans. Il a même inventé un moyen d’accroître la fortune. Il avait un copain riche Jangosi dans l’aul. Une fois la petite Jamilia est tombée sous ses yeux.

- Tu as une bonne petite-fille – il l’a vantée. – Tu sais, c’est juste la fiancée pour mon cadet, qui est né l’année passée. Je vais la rechercher en mariage, Amré, qu’ en penses-tu?

Amré a bien aimé cela. Il a raconté tout à Jumagul. Et celui s’est entêté, on ne sait pourquoi.

-           Ce n’est pas encore le temps. Qu’est-ce que les gens vont dire? Si on parle de la division de l’héritage que la vieille possède, c’est juste pour sa petite-fille. Elle donnera tout à sa chère, à la fille de son fils, il n’y a rien à penser. Et dans ce cas-là? Si j’accepte la recherche en mariage, comment je me débrouillerai avec cette division? Et les gens...J’ai honte.

-          Les gens, les gens! – grondait Amré. – Si tu écoutes ce que les gens disent, tu vas rester pauvre. On déteste toujours ceux qui ont du succès. Fiche-toi du peuple. Et on n’a pas besoin de ta conscience...

Amré grondait, mais il n’a pas insisté. On a remis la recherche en mariage.

L’herbe séchait. La steppe ne verdissait plus, elle est devenue brune et grise. Les gens parlaient de la récolte de plus en plus souvent: comment la terre va remercier ceux qui se sont occupés d’elle?

Le bétail est devenu plus fort sur les paturages libres, près des pièces d’eau fraîches. La progéniture a grandi. C’était le temps de penser à l’hiver. Dans les auls on a commencé à se préparer au territoire de campement d’automne. Et l’aul de l’aksakal Amré était occupé de la même chose.

Les jeunes ont fait un trop long séjour dans la steppe. Ils se sont bien reposés, ils sont devenus plus frais. On ne reconnassait plus des citadins pales,faibles, qui rencontraient le printemps ici. Les gens étaient amicaux dans la steppe. L’été a passé en gaieté et en rire avec les hôtes et les fêtes. C’était le temps de revenir.

La veille du départ Jumagul et Khadicha sont restés longtemps dans la soirée. L’aul dormait d’un sommeil paisible et de travail. La lune luisait. Le feu de bois couvant jaillissait partout.  

Les jeunes étaient assis l’un auprès de l’autre, en couvrant les jambes par une grande couverture de duvet. Ils causaient tranquillement. Kamaria s’est approchée. On a continué de parler de la même chose – l’héritage. Jumagul gardait le silence. Sans rien dire il a pris la décision définitive – d’agir à l’aide de Jamilia. Elle était la maîtresse de tout le bien. Il fallait le légitimer de n’importe quelle manière. La maison avec tout le bien devait appartenir à Jamilia. C’était avec cette pensée que les jeunes sont rentrés dans la ville. Ils se sont vus avec les amis, les connaissances, ils ont appris ce qui s’était passé pendant l’été. Les amis ont aussi parlé de la mère de Maksut: la vieille était encore vivante. Elle restait à la maison, elle a pris une parente boiteuse chez elle. Elle s’ennuyait sans son fils. Elle priait et pleurait.

La mère de Maksut s’est aussi informée du retour de Jumagul et Khadicha. Elle n’a pas éteint la lumière toute la nuit, elle était triste. Dans l’après-midi Khadicha et Jamilia ont passé la voir. La vieille a embrassé la petite-fille, elle pleurait avec amertume, la serrait contre sa poitrine desséchée. Est-ce que Jamilia rappellait son père?

C’était regrettable pour Khadicha, elle ne supportait plus cela et voulait emmener  Jamilia. Et, étant restée un peu par décence, elle est partie de la vieille avec la fille.

Khadicha ne se préoccupait pas du chagrin de la vieille belle-mère. A la maison tout de suite elle a commencé à braquer le mari.

- Ne perds pas le temps en vain, mets-toi à cette affaire plus vite. Tu as beaucoup d’amis, ils vont tout arranger, ils vont aider.

Et les tracas ont suivi! Où que Jumagul et Khadicha ne s’addressent avec leur affaire. Ils ont appris de quelqu’un: auprès du collège il  y avait un conseil qui s’occupait spécialement de la protection des mineurs. C’était juste ce qu’il fallait! Khadicha y a envoyé une demande. Elle s’est fait une pauvre orpheline. Elle a décrit tout de façon que la mère de Maksut soit presque une malfaiteuse. Et le conseil a pris une décision: « la seule et la légale maîtresse de tout le bien laissé par Maksut est sa fille Jamilia. Comme Jamilia est en bas âge, la surveillance de son bien est chargée à son beau-père et son tuteur Jumagul».

Entre temps dans cette affaire Jumagul a été aidé par son ami commun avec Maksut – Aktaї. Aktaї lui-même convoitait la fortune de Maksut. Il disait à son frère célibataire: «Tu ne fais rien, tu perds le temps, où encore vas-tu trouver une  fiancée telle que Khadicha!» Mais cela n’a pas marché. Jumagul a advancé. Aktaї a vite changé ses idées. Maintenant Jumagul deviendrait un homme influent, il fallait mériter sa gratitude. C’est pourquoi l’ancien ami de Maksut est devenu un avoué des affaires de Khadicha et Jumagul.

Et la vieille mère de Maksut ne savait rien. Elle continuait de pleurer et de rappeler son seul fils. Et soudain un nouveau malheur est venu.

Un jour Kondibaї est passé chez elle et a apporté la décision du conseil.

-          La maison et tout le bien est la propriété de Jumagul et Jamilia maintenant. Ne vous inquiétez pas, vous allez vivre auprès d’eux. C’est la volonté du Dieu.

La vieille n’attendait pas que quelque chose de pire pouvait se passer avec elle. Evidemment le pressentiment de Maksut s’est réalisé. Elle a bien compris comment le ménage de sa belle-fille et de son nouveau mari la ménaçait. Et voilà, quand le vrai orphelinage est arrivé! A qui est-ce qu’elle pouvait s’adresser, à qui demander de l’aide?

Elle a essayé de discuter avec Kondibaї:

- Comment cela peut etre comme ça? Le bien est à moi, je l’ai reçu comme l’héritage de mon mari et mes parents. Pourquoi est-ce que je dois donner le bien de mon mari et de mes ancetres pas à mes proches mais à mon ennemi, à Jumagul détesté?  Il n’y a pas de tel droit! Je préférerais donner tout aux pauvres mais lui, il n’obtiendra rien d’après ma volonté!

Elle a réuni ses dernières forces, elle a poussé Kondibaї hors de sa maison.

Kondibaї est parti et la mère de Maksut a commencé à réfléchir: qu’est-ce qu’elle peut faire? Elle a compris: c’était son ennemi Jumagul qui avait un avantage, il s’est assuré du papier de l’établissement d’Etat. Elle n’a pu rien imaginer, elle s’est mise à prier. Et en ce moment-là elle s’est rappelée Meirkhan. Ça, c’était le vrai ami de Maksut, il va l’aider dans le malheur. 

Elle a raconté tout à Meirkhan. Qu’est-ce que Khadicha voulait encore? Elle a pris toutes ses choses il y a bien longtemps. Pourquoi est-ce qu’elle voulait déposséder la vieille personne de la dernière chose, de la priver de l’abri? Elle pleurait et suppliait Meirkhan. «Aide-moi» - adjurait - elle au nom de son ami.

Le jour suivant Meirkhan est allé chez Jumagul.  

- Qu’est-ce que tu as entrepris? Tu es jeune, sain, et en plus «cultivé»! Est-ce que tu as perdu la conscience, réfléchis bien, qu’est-ce que tu veux faire? Tu t’es marié avec profit, tu n’as rien payé comme rançon! Tu n’es pas pauvre, toi, tu as ajouté la richesse de ta femme, ce n’est pas assez pour toi? Tu as décidé de piller la vieille!.. 

Jumagul a tourné le dos à cette idée:

-Ce n’est pas moi qui a décidé de faire ça - c’est Khadicha. Elle ne veut même pas m’écouter. Cela la concerne, elle décide elle-même. Et toi, tu laisse de faire de l’esprit, tu ne sais que critiquer les autres. Veille pour ne pas t’attirer un malheur.

Les paroles de l’ami n’ont pas gagné le coeur de Jumagul. Meirkhan est parti, il a seulement dit en faisant les adieux:

-On dit la vérité: plus riche la personne est, plus avare elle devient! Et Jumagul a répandu la rumeur que Meirkhan enviait la chance d’autrui et se mèlait aux affaires des autres, c’était fâcheux pour lui.

La mère de Maksut a appris cela. Elle a compris: Meirkhan n’avait pu rien faire.

C’est ainsi que le dernier espoir a disparu. La vieille mère a bien vite changé. Bien que avant elle désole, mais la tête gardait la clarté, et le visage glacé au chagrin semblait même majestueux. Maintenant elle s’agitait, le regard était inquiet, préoccupé. Parfois quelque chose se passait avec elle – elle s’agitait dans la chambre, saisissait les choses, criait...

-Je ne donnerai pas, tue-moi!.. Je vais l’emporter...Je vais partir chez mon Maksut.

Et Jumagul ne perdait pas le temps. Il s’est assuré du support légitime. Un jour inattendu il est venu à la maison de Maksut avec trois policiers, s’est présenté devant la mère de l’ami mort. Elle a jeté un regard étrange aux policiers armés et Jumagul, s’est levée et, en chancelant, est allée vers le lit pas rangé. Elle a commencé à saisir tout en s’aggripant aux choses avec les mains minces.

-Je ne donnerai pas...Tuez-moi...Maksut! – elle a crié et soudain elle est tombée à la renverse, écartant les mains.

Et elle est partie chez Maksut...

1922