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Ахмет Байтурсынов
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Maïline Beïmbete «Aux jours d’aïte»

23.11.2013 1332

Maïline Beïmbete «Aux jours d’aïte»

Язык оригинала: «Aux jours d’aïte»

Автор оригинала: Maïline Beïmbete

Автор перевода: not specified

Дата: 23.11.2013

Bonne fête! Que la fête d’aïte soit bénie!

-Ainsi soit-il! Que ton âme se réjouisse!

-La fête d’aïte désirée vient une fois par an, une fois par douze mois. Il y a celui qui l’a vue, qui ne l’a pas vue. Chacun qui a vécu jusqu’à ce moment-là est heureux...

 

I

Le temps est d’avant le dîner. Il ne fait pas de vent. Il fait chaud. Le bétail peu nombreux s’est égaré dans l’ombre près des étables, plus près des feux fumés. Les taons, les moustiques, les moucherons, il y en a une nuée qui tourne, bourdonne – on ne peut pas se sauver d’eux.

Il est animé dans l’aul. Tous s’agitent en avant, en arrière, se pressent en foule, se trémoussent. Tous sont endimanchés. Les visages rayonnent dans l’attente de la joie inconnue. Au dessus des chadières la vapeur s’élève en nuages dans les jer-ochaks, les poêles de terre oblongs. La viande grasse cuit, glougloute dans les chaudières. Les vieillards et les vieilles cacochymes sont assis en deux dans l’ombre.    

-    Oh mon Dieu! On a vécu enfin jusqu’à ce jour-là...

        Les gens oisifs se sont attroupés près de la maisonnette de bousillage au milieu de l’aul. Et quelques vieilles et vieillards se mettent dans les jambes ici et là.

Quelqu’un affile le couteau. Un jiguite tient le jeune taureau rouge bien nourri par la bride. 

Un homme est venu de côté et a dit:

-    Que le Dieu bénisse votre sacrifice!

-    Amen! – les vieillards ont répondu, - Ainsi soit-il!!

-    Pourquoi est-ce que vous êtes en retard?

 

-On vient de se procurer du bétail...Le temps a changé pour abattre facilement...

Jumagazy et Zaïkul parlent à l’écart.

-Va, prends part dans le supplice. Je n’en ai pas besoin...

-Qu’est-ce que tu dis, oïbaï?! Va toi-même...Je ne me vexerai pas...

-Va, la vieille, va...Le Dieu va accepter ton sacrifice – il te comblera de bienfaits...

-Laisse... ne persuade pas.

-Pourquoi?

-Je ne sais pas comment on saigne le bétail...Et je ne sais pas aucune prière.

 

Une jolie femme est sortie, en balançant la taille, de l’otaou blanc du premier rang. Elle avait un jaulyk bleu sur la tête avec des arabesques sur les bouts et avec des glands. Le pourpoint de peluche bleu était tout couvert d’ornement précieux, de pendeloques multicolores, de galons et de hochets.

Elle est restée debout devant la yourte, a regardé tout autour et a appelé:

-Erkejan! Ma chérie!

Une jolie jeune fille frêle de seize ans est sortie. Elle était endimanchée, attifée dès pieds jusqu’à la tête. La jeune a souri:

-Allons prendre de l’eau. Voilà est Aïdarly, mon brave, qui se traîne avec peine...

Deux farauds sont approchés. L’un a pincé la jeune femme d’une manière enjouée par derrière.

-Laisse-moi tranquille, oïbaï...C’est hon-teux...

-Où est-ce que toi, tellement élégante, s’est rendue?

-A la maison...pour souhaiter la bonne fête...

-Le mari n’est pas à la maison, et elle a eu envie d’aller à la soirée, - le deuxième a souri malicieusement.

A l’ombre de la maisonnette de bousillage, en haletant, en étant en nage, Moldagaly enlevait la peau de son bouc gris. Uali s’est approché.

-Que la fête d’aïte soit généreux!

-    Dieu merci...

-    As-tu vendu ta petite brebis?

-    Non.

-    Alors vends-moi la brebis. Je vais l’abattre et dira une messe pour ma grande-mère.

-    Donne de l’argent!

-    Tu vas le recevoir en automne.

-    Ça ne va pas.

        Uali est parti, et Moldagaly, en écorchant furieusement la peau du bœuf, a fait des «hum» de réticence:

        -Il crève de faim, et continue la même chose... il parle du sacrifice. Il ment, le vicieux... Il a voulu me tromper, il a décidé de s’empiffrer de la viande pour rien!  

 

II

Il y avaient trois masures noires à l’écart, au vent, près du marais. Il n’y avait pas de bétail, pas de gens autour, pas de chaudière sur le poêle de terre. Même les moustiques n’arrivaient pas ici. A l’ombre de la dernière masure, en se courbant, une fille sale d’une douzaine d’années et une femme entre deux âges en loques étaient assises. Leurs visages étaient jaunes, les yeux émaciés étaient enflés. Elles poussaient de longs soupirs, d’un air excité: «Ouf... La fête d’aïte dont tous se réjouissaient tellement, leur semblait un supplice. On n’entendait que:

-Nous sommes pauvres, pauvres...Malheureuses...

Du côté de l’aul, en boitant, un homme est venu. Il était aussi en guenilles. Il avait une musette sur le cou.

- Comment vas-tu, Baket?

- Pourquoi est-ce que tu demandes?...Malheur à nous, malheur...

-Quoi? Est-ce qu’il est mort?

-Il a décedé.

L’homme est tombé, foudroyé, et s’est mis à pleurer.

-Il est bien dit: Si Dieu punit, lui-même, il peut crever de faim...Et comment est Zeïnep?

-Ses cils bougeaient tantôt. Maintenant je ne sais pas.

-Alors, elle a aussi trépassé...

Il a enlevé la musette de son cou et l’a jetée par terre. Il semblait qu’il y avait quelque chose là-dedans.

-Est-ce que tu as procuré quelque chose?

-Rien de pertinent.

Un garçon et une fille de six-sept ans, complètement nus, maigres, sont sortis en courant de la masure. Ayant vu la peau pliée, dans les taches de sang, ils se sont jetés et ont suscité une bagarre.

-Cessez, les diables! Tenez, voilà.. l’oreille, les cœurs...

-Est-ce que c’est tout...pour toute la journée?! – a demandé la femme.

-Et qu’est-ce qu’on peut faire...si on ne donne pas?! Voilà sont les bourses du bouc...et c’est l’oreille, les cœurs... C’est ce que j’ai trouvé à la fosse aux ordures... Je l’ai soufflé des chiens...Les gens n’ont pas de pitié. J’ai demandé à la baïbichet-Ulnalu: « Donnez au moins le sang du bétail de sacrifice». Et elle a poussé un tel rugissement! C’est assez que je vous nourrisse toute l’année. Je ne me rappelle pas quand elle a donné quelque chose...

-Tu es un tel empoté...Le malheureux! Si j’allais, j’aiderais à laver les intestins, au moins j’aurais les tripes...De nouveau, la maladie maudite n’a pas laissé le faire. Oh, mon Dieu!..

 

III

De tous les côtés les gens affluaient vers l’aul. En groupes et à part. A cheval et aux arbakhs.

Il y avait une foule près de la yourte blanche au milieu de l’aul. Les télègues, les chevaux...partout de jeunes gens. La bande d’adolescents allaient d’une maison à l’autre, ramassaient des friandises, des cadeaux. L’aul faisait du bruit et hurlait.

-Que la fête d’aïte soit abondante!

-Que la chance ne te passe pas!

Cinq personnes se sont réunies près du poêle de terre. Ils parlaient de quelque chose, hochaient les têtes d’un air accablé.

-Aï-aï!..Il est dommage!.. Un tel homme a péri...

La nouvelle qui passait d’une personne à l’autre, a atteint la foule près de la yourte blanche...

-   Baken est mort...Avec sa femme.

-   Quand?!

-    Aujourd’hui.

-    Oï, les pauvres!..

-    Et c’est bien qu’ils soient morts, parce qu’ils ne vivaient pas déjà, ils souffraient.

-    Les malheureux... Apparemment, leur âme était pure, innocente, si le Dieu les a pris au jour d’aïte.

-    C’est la vie, les jigutes...- le vieillard à la barbe blanche a proféré d’une manière judicieuse. – Je me rappelle, c’était il y a beaucoup d’années... Les courses avaient lieu pendant la fête d’aïte sur la plaine «où le taureau avait crevé». Il y avait beaucoup de monde, Et Baken a donné assez de koumis à boire...Et voilà qu’il est mort de faim avec sa femme...Les jiguites, tous, qui ont connu le décédé, a goûté sa régalade, dites de bien du défunt. Après le repas, priez pour que l’âme de l’esclave de Dieu se console...

 

***

On a mangé de la viande, on a bu le koumis et on est allée ensemble vers la colline derrière l’aul où le lé se détordait. Les jeux devaient avoir lieu. Personne ne s’est rappelé la demande de l’aksakal de dire de bien du défunt...

Les courses-baïga, la lutte, la gaieté...Si quelqu’un a mentionné Baken et Zeïnep, morts de faim, c’était seulement «qu’ils avaient des pensées pures, parce que Dieu les avait pris, les pauvres au jour de la fête sacrée».

 

1922