Jusqu'à ce que la femme se lève,
'homme ne se réveille pas.
... tout cela fut, et tout se passa comme en un jour et une nuit.
- Esseney, à cheval, de la crête d'une haute colline dans le massif de Karshygaly regardait de loin ses troupeaux de chevaux descendre en un afflux lent sans fin. Après les pâturages d'été complètement broutés, gisaient à présent sous les sabots des chevaux, des herbes intactes légèrement couvertes de neige. Il est vrai que chercher le meilleur endroit pour l'hivernage s’avère inutile ... Il y a des creux où tu peux toujours à temps, mettre les chevaux à l’abri des tempêtes féroces locales. Non loin de là, il y a aussi une protection sûre contre les intempéries, une forêt d’arbres à longues crinières hirsutes, qui n'ont pas totalement perdu leur feuillage. Il lui semblait même que d’ici, à partir de la colline, on entendait le bruit apaisant le cœur, de l'herbe juteuse croustillante entre les dents fortes de chevaux. On n’a pas à craindre, semble t-il cet hiver, pour le sort des troupeaux de chevaux. Ce n’est donc pas en vain qu’on dit: pour tuer un homme riche, il suffit simplement d’un jute, et pour vaincre un guerrier – d’une seule balle. Et lui, c’est un riche et un guerrier. Et comme pour confirmer ces pensées et dans l’attente d’éloge des nouvelles terres, il se retourna sur la selle vers ses compagnons.
- Il y avait avec lui sur la colline encore quatre personnes.
- L’un d’entre eux s’appelait, à cause de l’origine d’un ancêtre récent, Mousrep-le Turkmène. C’était l’allié le plus proche de Esseney. Le deuxième, également appelé Mousrep, et on ajoutait habituellement – le chasseur – à son nom, était un descendant de la tribu Aldaï Immobile, assis sur la selle, se trouvait le silencieux Bekentaï-le guerrier. Et le quatrième avec eux était Kenjetaï le petit frère de Mousrep-le Turkmène, le palefrenier permanent de Esseney.
- Ils étaient très différents - les deux Mousrep. Mousrep-le Turkmène avait l'oreille fine, et la flûte de steppe de Kouraï reprenait vie, quand il la portait à ses lèvres. Il a lui-même composé quelques mélodies qui enchantaient les auditeurs dans plusieurs aouls. Il marchait toujours avec un cheval de sélection. Mousrep-le Turkmène avait un penchant pour les vêtements dandy et menait une vie facile de djiguite privé de soins familiaux, bien que dans ses moustaches soignées et sa barbe on pouvait, après avoir bien observé, remarquer – pour l’instant – seulement quelques cheveux blancs.
- De la passion de son homonyme, témoignait le mieux son surnom – le chasseur. Il était simplement impossible de le présenter sous un autre aspect – sur la main droite un aigle royal noir renfrogné dans une capuche, au surnom «l'orage des renards», au dos – un long fusil Berdan sur le bipied. Resté longtemps silencieux dans la solitude à la chasse, ce Mousrep aimait parler, mais il ne se distinguait pas par son éloquence.
- C’est bien lui qui a montré ces sites à Esseney et maintenant, ayant attiré son regard, tâchait de rappeler son mérite:
- - Oh, agha-sultan! Qu’est-ce que je te disais? Maintenant tu vois de toi-même … Allah lui-même a créé ces pâturages d'hiver pour tes chevaux! Jusqu'à présent, personne ne possède Karshygaly. Pour l’instant, Karshygaly n'appartient pas à personne. Une fois tu passeras l'hiver, et on l’appellera le massif d'agha-sultan, et il reviendra en héritage à tes enfants et petits-enfants!
- Esseney le regardait la bouche bée. Mousrep-le chasseur ne se distinguait pas non seulement pour son éloquence, mais aussi pour son intelligence et sa finesse d’esprit… Pas trop de mots prononcés, mais il a deux fois blessé douloureusement Esseney. Le titre et le rang élevé d'agha-sultan n’est qu’à présent un rêve qu'il essaie de réaliser depuis plusieurs années, mais l’obtiendra-t-il ou non – nul ne le sait. «A tes enfants et petits-enfants …» Comment cela doit être perçu par celui-là dont les deux fils sont morts le même jour, et la femme ne donne plus naissance il y a vingt ans de cela… De la bouche de tout autre, cela sonnerait comme une offense, une moquerie! Mais Mousrep-le chasseur un tel flatteur maladroit, veut coûte que coûte lui faire plaisir.
- L’hiver passé, s'étant rencontré à la chasse, il offrit à Esseney deux renards roux et trois furets et depuis ce temps-là se tient quelque peu librement. Et depuis l'été indien passé il est devenu en général inséparable de Esseney, il entraîne ses jeunes chiens d’arrêt de race arabe. C’est pourquoi Esseney lui permettait parfois ce qu’il ne permettrait à personne d’autre, et maintenant secoua la tête, comme pour chasser une mouche importune.
- Mousrep-le Turkmène, qui toujours comprenait tout, a décida de mettre en garde Esseney.
- - Ainsi, on voit du premier coup d'œil, dit-il, qu’ici l’herbage est riche, les pâturages ont été préservés, ils sont restés intactes durant l'été, et l'automne… Mais où trouveras-tu maintenant des terres neutres? Tout cela appartient à quelqu'un...
- Mousrep-le chasseur, mécontent, l'interrompit:
- - Tu sais trop! C'est la plus neutre de toutes les terres neutres! Y a-t-il vraiment dans cette région au moins un coin où je n’ai pas été? Je peux par le museau et la fourrure déterminer quel renard ou quel loup sort de quel bassin … Et combien sont-ils là-bas… Dieu en est témoin – à Karshygaly il y a maintenant trois milles loups, cinq milles renards, douze mille murets et sept mille lièvres!...
- Mousrep-le Turkmène ironisa:
- - Pauvres loups, pauvres renards … ils resteront affamés, puisqu’il y a si peu de lièvres... Mais peut-être Museke,[2] nous diriez-vous alors, combien y a-t-il ici de perdrix blanches et noires?
- - Exactement, soutint Esseney la plaisanterie. – S'il y a tant de loups affamés ici, alors ils dévoreront en hiver tous mes troupeaux de chevaux, et je resterai à pied, et sans nourriture…
- Le temps passait au soir, et pour une première fois, le ciel couvert de gros nuages sombres, filtrait les grains fins de neige, et ensuite criblait de flocons lourds.
- Kenjetaï toucha son frère par la manche et hocha la tète en direction de la forêt. Mousrep-le Turkmène examina aussi et s'adressa à Esseney:
- - Il me semble qu’on n’est pas seuls ici… de la lisière monte la fumée des feux de bois… Ah les voici, les cavaliers!
- Trois personnes en provenance de la forêt se dirigeaient vers eux. Un en avant, dont le cheval marchait l'amble. Le djiguite, arrivé aussi près, retint son cheval et sans aucun embarras, s'écria:
- - Assalaoumalikem, respectables! On a été envoyé pour vous transmettre la demande de trois aouls de la tribu des colons Kourleouts… Nous avons laissés les pâturages à Karshygaly intactes durant tout l'été et l'automne, espérant trouver recours ici en hiver. Nos aouls ne peuvent pas par la force défendre Karshygaly… On a été envoyé dans l'espoir que la requête des défavorisés sera favorablement entendue par les puissants, mais honnêtes.
- Mousrep-le chasseur qui se prenait lui-même presque pour le propriétaire du bassin, interrompit l'adolescent d’un cri grossier:
- - Ne dis pas de bêtises, chiot! Regarde … Transmets à tes Kourleouts qu'ils ne s'en tiennent pas à des disputes pour une terre qu’ont foulée des sabots les chevaux d'agha-sultan Esseney!
- Mais l'adolescent ne fut pas timide, il ne se tut pas:
- - Peut-être que vous ne prenez pas pour des hommes, ceux qui n'ont pas leur Esseney… Mais nous demandons quand même de faire retourner les troupeaux de chevaux… Ils passeront sur notre terre comme un incendie!
- Mousrep-le chasseur bouillit de colère:
- - Avec qui tu parle, salaud? S’ils n'ont pas réussi à t'éduquer au respect des aînés … Moi maintenant … Tu veux qu’on te fouette les fesses nues?!
- Il donna même un coup de bride, mais Esseney l’arrêta d’un mouvement dominateur.
- Le jeune homme attendit.
- Mais le garçon plut à Esseney… Les yeux du djiguite, n'ayant probablement pas franchi un vingtième printemps, brûlaient de courage et de détermination. Ses fils, emportés par la variole en un jour, auraient pu être pareils. Et dans sa tribu – la tribu des Sibans, composée de dix grands aouls, – il observait discrètement mais attentivement les jeunes djiguites et tentait de les soutenir, s'il était nécessaire et possible… Esseney hocha discrètement la tête à Mousrep-le Turkmène, l'appelant à atténuer la grossièreté du chasseur.
- Mousrep-le Turkmène a lui-même entendu que le garçon a appelé les siens Kourleouts-migrants. Des gens dépourvus de terres natales… Il en est donc que les aouls l’ayant envoyé, à peine arrivent à joindre les deux bouts. Ils n’ont probablement même pas un aksakal, un juge d'appel influent – la bouche d'or, qui dans les litiges pourrait défendre les droits des gens de sa lignée.
- - Écoute, mon fils, une telle demande comme la votre, ne peut pas rester sans attention - dit-il avec douceur. - Transmets cela à tes siens dans l'aoul… Te concernant, je ne saurais dire que tu es malotru. Qui est beau de visage est beau et d'âme. Tu t’es peut-être énervé, mais nous comprenons, c’est à cause du désespoir...
- Esseney écoutait avec approbation Mousrep-le Turkmène, et l'adolescent, non effrayé par les menaces de Mousrep-le chasseur, n’était guère embarrassé par les mots de gentillesse qu’il venait à peine d’entendre.
- - Très chers… Ceux qui m’ont envoyé, n’ont pas demandé que je m’énerve ou manifeste de la fierté. S'il en a été ainsi, alors j'en suis le seul coupable. La parole vraie, comme une flèche, atteint la cible. Mais la fausse, frappe dans la poitrine de celui qui l'a prononcée. Voici ma compensation!..
- Il sauta du cheval et par incurie, lâcha la bride à Kenjetaï.
- - Si tu es palefrenier, tu maitriseras celui-là...
- Tout s'est produit aussi vite qu'ils n'ont pas eu le temps de s’en remettre. Le garçon dépêcha l'un de ses compagnons, sauta sur son cheval et lança comme adieu:
- - Pardonnez-moi, si j’ai dit quelque chose de mal...
- Ses compagnons s’installèrent sur un cheval, et tous se redirigèrent vers la forêt.
- Esseney toujours silencieux les regardait s’éloigner, mais il semblait à Mousrep-le Turkmène qui le comprenait sans mots, qu'il était presque prêt à suivre le jeune djiguite.
- - Pourquoi ne m'avez-vous pas permis? - prononça Mousrep-le chasseur, offensé. - On aurait dû fouetter les fesses nues de cet insolent! - Il se fâcha de nouveau et, s’imaginait certainement, comment décollerait son fouet en punissant le garçon.
- Mousrep-le Turkmène le regarda avec un sourire, regarda Esseney.
- - Je me demande la fille de qui cela pourrait être? - demanda-t-il, comme s’il se parlait soi-même.
- - La fille ..? - seulement la deuxième fois que broncha Esseney durant tout ce temps.
- – Bien sûr! Mousrep-le chasseur connaît tous les renards ici, mais il n'a pas remarqué la plus belle d'entre elles. Et toi-même? Quand elle a dit: «Voici ma compensation!», elle avait le regard non seulement déterminé, ouvert… Elle regarda Esseney d’une curiosité purement de jeune fille.
- - Voilà Turkmène, voilà Turkmène... - ria Esseney. - Mais tu es jeune pourtant! Et aucune n’échappera à ton regard. On t'appellera peut-être – Mousrep-le chasseur?
- Mais le chasseur lui-même était simplement abasourdi:
- - Une fille..? Si c’est exact, alors le Seigneur m'a donné un coup de gourdin à la tête! Je suis couvert de honte ... Eh bien, c'est la fille d’Artykbaï, c'est Oulpan! Et cela fait moins d’un mois que j'ai passé la nuit avec eux. Comment n'ai-je pas reconnu leur amblier moreau? Oulpan a passé toute la journée à la chasse avec moi, et je lui ai offert deux oies grasses … Ah toi, ma douce… Comment vais-je maintenant te regarderai dans les yeux?
- - Tu ne réussiras, certes, pas à fouetter – termina Mousrep-le Turkmène.
- Il n'y avait rien à répondre au chasseur, il avait totalement baissé la tête, et Esseney lui demanda pour dissiper définitivement tous doutes :
- - Tu es sûr? Est-ce vraiment la fille d’Artykbaï-le guerrier?
- - Eh bien, agha-sultan! Tu ne rencontreras point ici une autre jeune fille pareille … C’est elle, Oulpan. Et son cheval… Voilà, Kenjetaï tient l'amblier moreau. Regarde toi-même – des anneaux blancs identiques aux paturons des jambes arrière, et une étoile sur le front. Quand un tel cheval marche l’amble – aucune goutte d'eau ne se répandra d’un bol posé sur sa croupe.
- Maintenant chacun d'eux était particulièrement perplexe – comment n'a-t-il pas reconnu du coup en ce jeune djiguite une fille… D'ailleurs, le jour était pourtant sombre et le soir proche, et tombaient toujours par dessus de grands flocons … Et qui enverra une fille pour une importante affaire! On pouvait ne pas la reconnaître, mais en tout cas Mousrep-le chasseur soupira tristement, Esseney plissa les yeux, Kenjetaï regarda respectueusement son frère aîné. Et seul Bekentaï-le guerrier, imperturbable, comme beaucoup de gens forts, attendait tranquillement ce qui arrivera ensuite.
- Oulpan pressait le cheval.
- Les gens de sa lignée – les Kourleouts – ont été informés que les troupeaux de chevaux d’Esseney revenaient des pâturages de steppe d'été. Et ils furent troublés. Surtout que les patrouilleurs avaient reconnu Esseney lui-même parmi quelques cavaliers.
- Et Oulpan le reconnut, assis sur un grand cheval sombre-bai. Elle le reconnut bien que sa tête fût couverte d’un capuchon de tissu noir épais. Elle le reconnut et se souvint comme elle eut peur quand elle vit Esseney pour la première fois. Quel âge avait-elle alors? Cinq ans au plus.
- Son père décida qu'elle aille parler aux envahisseurs inattendus, et Oulpan se rhabilla et tâcha de se comporter de sorte que personne d'entre eux ne devine qu’ils discutent non pas avec un jeune djiguite…
- Il semblait maintenant à Oulpan qu'elle avait réussi, et elle était très contente d'elle-même.
- Après son départ soudain, les compagnons d'Esseney et lui-même ne savaient pas quoi faire maintenant. Ils ont perçu la compensation de la fille! Le cheval moreau qui creusait la neige de ses sabots, se tenait debout près de Kenjetaï comme reproche vivant de leur manque de perspicacité. Peut-être, à ce moment-là Esseney se souvint du dicton populaire: «Sacrifie le bétail pour sauver la vie, sacrifie la vie pour sauver l'honneur».
- Mousrep-le Turkmène attira son attention:
- – Nous devrions déjà avoir honte pour avoir fait irruption sur les terres d'Artykbaï le guerrier, dit-il. – Mais la plus grande honte - nous avons permis à sa fille de laisser son cheval pour une faute imaginaire!
- Il continuait de regarder dans le visage grêlé d'Esseney, corrodé par une variole passée.
- Esseney lui-même n'a jamais eu à payer de compensation durant toute sa longue vie. Et depuis que - il y a très longtemps - il est devenu juge d'appel, il a toujours exigé une punition sévère pour les personnes responsables de violations des lois de la steppe, pas toujours justes mais fermes... Et maintenant, il se sentait gêné et ridicule de s'être lui-même - par un stupide accident - rendu coupable. D'autant plus qu'Artykbaï, quoiqu'ils ne se rencontrèrent pas durant très longtemps, l'a aidé à plusieurs reprises, sauvé de du déshonneur, et d'une mort certaine.
- C'est pourquoi il fut embarrassé, se considérant pas même en droit de décider comment procéder. Mousrep-le Turkmène dit:
- – A mon avis, le meilleur serait de rendre le moreau à sa propriétaire. En sus - un autre cheval.
- Mousrep-le chasseur se réjouit le plus car il savait bien comment guetter et coincer la bête, mais n'avait aucune idée de comment s'en tirer de la situation désagréable, dans laquelle ils se trouvaient non sans sa participation.
- – Oh, homonyme! Oh mon cher! - s'écria t-il. – Sultan-agha n'a pas d'autre meilleur ami et conseiller! Allez donner aux pauvres Kourleouts mon cheval blanc...
- Mais le cheval blanc était vieux et Esseney acquiesça d'un signe de tête à Kenjetaï sur son bai surnommée Mouzbel, ce qui signifie - échine de glace, il avait de la tête à la croupe une bande gris-clair. Et quand Kenjetaï, à peine maintenant le moreau qui se précipitait à la maison, bougea, Esseney dit ensuite:
- – Transmets mes salutations à Arteke... Dis-lui que je viendrai moi-même demain lui faire les courbettes...
- Kenjetaï, tenant les chevaux à la bride, disparut sous un voile de neige, et Esseney rendit sa décision:
- – Pour cette colline... Pour qu'aucun sabot de cheval ne foule ce lieu... Exceptée la harde de Sadyr. Deux hardes, à paître en direction de Kousmouroun, et la quatrième - dans nos pâturages à Akkousaka, Karaemen et au lac Elaman. Vous les deux Mousrep, restez avec moi, et toi Bekentaï, va avec les hardes de Kousmouroun...
- Bekentaï hocha la tête et donna un coup de bride, et ainsi, ils ne savaient pas ce qu'il pensait de tout ce qui leur était arrivé sur cette colline.
- Esseney dans la solitude et sans se presser, allait vers le lac non encore couvert de glace. Là, dans la matinée, il ordonna de monter les yourtes.
- "Semble t-il que je vieillis, pensait-il. – Et tout récemment j'entendais le premier, le vol d'une flèche tirée par la main de l'ennemi et réussissais à la dévier... Comment ais-je pu offenser Artykbaï-le guerrier? Ne pas y penser - si c'est l'aoul des Kourleouts, alors il est avec eux... Ou bien je commence à mal réfléchir? Pourtant avant, je choisissais toujours le lieu d'hivernage des troupeaux de chevaux. Et là je me suis fié au chasseur, comme si je ne connais pas le coût de son bavardage ... Et que ce ne fut pas moi qui remarquai que nous parlons avec une fille, mais Mousrep-le Turkmène... "
- Cette rencontre fortuite a profondément conduit Esseney dans un passé de quinze ans en arrière. Alors, ils ne se séparait presque jamais d'avec Artykbaï et les akynes dans différentes voix louaient les exploits de ce guerrier. Artykbaï a montré la force de ses mains et son inflexibilité d'esprit dans la lutte contre les soldats Kenesary-Tore, qui ont fait raid après raid dans le nord de la steppe kazakhe.
- Et passèrent dans les aouls des tribus Kerey et Waq qui avaient un lien étroit de parenté.
- D'abord arrivèrent les envoyés qui exigèrent que tous les aksakals et tous les qarasaqals se rendirent à l'endroit indiqué où Kenesary devrait être élu Khan de tous les Kazakhs. Pour la réflexion - vont-ils aller ou non, saisiront-ils ou non le bord du tapis en feutre blanc sur lequel il devait être élevé - on leur accorda trois jours et trois nuits.
- Mais les Kereys-Waqs avaient de quoi réfléchir.
- Cinq de leurs cantons avaient une étroite frontière avec Tobolsk, Baglan, Stap, Kpitan - les deux dernières appellations sont une adaptation des mots - état major et capitaine par les Kazakhs eux-mêmes s provenant de Russie. Il y avait aussi d'autres villages cosaques, des villages, des campements...
- Les marchés bruissaient dans la circonscription d'Amankaragaï. Le thé et le sucre, le pain au four poreux, les serviettes, le savon, le calicot, le velours, la soie, le cuir de corroyage fin - tout cela diversement en fonction des revenus, faisaient néanmoins partie de la vie des yourtes des aouls. Il y a vingt ans de cela («Et maintenant il y a trente-cinq ans de cela, pensait Esseney, plus de la moitié de la vie») le khanat s'effondra chez eux, dans le nord de la steppe kazakhe, et il fut beaucoup moins d'affrontements fratricides, d'échauffourées, de batailles... Les gens commencèrent à s'habituer au fait qu'on peut dormir tranquillement la nuit, sans nécessairement placer des sentinelles.
- Kenesary voulait mettre un terme à tout cela. Le peuple a une mémoire... Il suffisait de proclamer Khan l'un des descendants de Gengis Khan, et chacun faisait ce qu'il voulait dans son patrimoine, ignorant les fondements, piétinant facilement les lois tribales.
- C'est pourquoi un jour et une nuit, encore un jour et une nuit, et encore trois jours se sont écoulés, mais Kenesary n'obtint pas la réponse qu'il attendait. Alors, ses fantassins entrèrent en action. Les fantassins emportaient les troupeaux de chevaux, emportaient les filles et les jeunes femmes. Ce qui était impossible de piller ou d'embarquer était brûlé. Les aouls qui ne souhaitent pas reconnaitre Kenesary comme Khan eurent beaucoup de mal... Mais il n'arriva ni à les briser, ni à les conquérir.
- Plus Esseney y pensait, moins il comprenait Kenesary. Il n'est pas stupide, semblerait-il... Mais à quoi s'attendait-il? Et pourtant les villes russes à l'est , à l'ouest comme au sud du territoire kazakh résistent fermement... Ouralsk, Orenbourg, Tobolsk, Tioumen, Petropavlovsk, Omsk ... Entre elles s'étendaient des villages cosaques. Mais où Kenesary espère t-il créer son khanat? À Betpak-Dala? Dans le désert aride de la faim? Quel destin prépare t-il, insatiable dans sa soif de pouvoir, aux tribus et aux clans qui l'ont rejoint? Rien d'autre que de grands désastres et la misère? Certains de ceux qui l'ont suivi il y a deux ans de cela, ont commencé à comprendre et fuient ses campements ... Justement, un sous-officier russe prendra le dessus dans l'aoul, il n'en manquera pas, mais quand même le voisinage avec les Russes a de nombreux avantages. Mais tu n'obtiendra même pas une écume mousseuse de ce qui tombera dans le chaudron de ton Khan...
-
-
- Esseney connaissait l'humeur de ses proches - les Sibans, il savait ce que pensent les autres, et commença à résister obstinément Kenesary. Cinq cantons peuplés de Kereys et de Waqs, le soutenaient dans la lutte avec une volonté désespérée .
-
- Dans les conflits kazakhs il y a beaucoup de blessés, mais rarement des tués. Les archers tirent le plus souvent de loin, c'est pourquoi les flèches n'atteignent pas mortellement Un fantassin armé de gourdin, de matraque de guerre, avec l'habileté connue peut facilement dévier les coups des lanciers et même par une bonne riposte - briser la lance ou la pique. Et si cela lui réussit, son adversaire devient complètement impuissant et sans défense. Mais la bataille de sabre n'était presque pas pratiquée. Ainsi, après trois années de combats entre Esseney et Kenesary, il n'y eut même pas trois cents personnes tuées. Et pourtant, dans chaque deuxième famille il y avait homme mutilé sur qui aucun des proches ne pouvait plus compter comme nourrisseur et un défenseur.
- Esseney fut informé que Kenesary regroupait les cavaliers sur la rive d'Ichim, pensant à les traverser et aborder chez eux, chez les Kereys-Waqs. Mais Esseney réunit dans les cinq cantons des hommes capables de porter les armes, et les dispersa sur les rives des lacs, dans les pâturages d'été. Il plaça à la tête des détachements des guerriers éprouvés et des fidèles aksakals, et prit lui-même la route, accompagné de quarante cavaliers - pour rencontrer Gengis Valikhanov, le chef de la circonscription d'Amankaragaï.
- Gengis, le fils du dernier de Khan local, nommé agha-sultan par les autorités russes , était de même sang que les parents de Kenesary, aussi Tore... Il n'a pas rejoint la rébellion, comme on pouvait s'y attendre, mais ne prit aucune mesure pour arrêter le brigandage. Les aouls vont-ils du côté de Kenesary? .. Qu'ils aillent... Ses fugitifs reviennent-ils? Qu'ils reviennent... Et cela fut ainsi pendant trois ans. Agha-sultan se retranchait dans sa horde, appelée habituellement état-major, et se souciait plus de ce que les habitants de la circonscription, ruinés par les raids, lui fournissent régulièrement quarante chevaux gras pour l'abattage d'hiver, et quarante juments laitières pour l'été et une centaine de brebis... Esseney avait l'intention d'éclaircir en fin de compte, et ses humeurs, et sa relation avec lui.
- Agha-sultan ménagea sa tente pour l'été, et Esseney entra chez lui avec son compagnon fidèle Mousrep-le Turkmène et en compagnie de deux guerriers - Artykbaï et Sadyr.
- Gengis se leva pour saluer le juge d'appel, le plus influent de son conseil. Agha-sultan regardait Esseney toujours avec une part d'admiration, mais aussi de prudence – dont le visage noir-bronzé, grêlé, devenait féroce lorsqu'il trouvait quelque chose d'injuste.
- - Asseyez-vous. À votre place. Elle est toujours la vôtre, il montra près de lui-même.
- A l'entrée d'Esseney, tous ceux qui étaient dans la yourte se tinrent sur leurs pieds. Se leva aussi l'envoyé de Kenesary – le juge d'appel Tleoumbet. Se leva aussi Janaï-le guerrier, venu avec lui.
- Esseney reçut leurs salutations respectueuses comme un dû et s'assit aux côtés d'Agha-sultan à sa droite, coinçant à cette place plus honorable le juge d'appel Tleoumbet. En s'asseyant, Esseney le heurta du genou, et celui-ci recula brusquement en grimaçant de douleur.
- Quand tous furent assis, Gengis continua:
- – Sois la bienvenue, Eseke ... Je suis content de vous voir, mais vous êtes arrivés un mois avant la date fixée. C'est pourquoi je veux seulement vous demander - tout va bien chez vous?
- Esseney renifla avec colère:
- – Oh, mon Dieu!... Si tout allait bien, aurais-je pris la route? Votre parent furieux laissera t-il vraiment en paix la population sous ton autorité? Chaque jour - des raids! C'est pourquoi je suis venu car on ne peux continuer à vivre ainsi.
- Esseney parlait sciemment de ce que tout le monde savait, il parlait fermement afin de heurter Tleoumbet, et chaque mot frappait comme un coup de fouet bien mesuré.
- Gengis essaya d'adoucir la conversation:
- – Mais nous ici - dans la horde - vivons en paix grâce à vous... Nous espérons que tant que Esseney se trouve parmi les siens, personne n'oserait attaquer les Kereys-Waqs...
- – Cela fait déjà trois ans, trois ans, que les Kereys-Waqs dormaient sur leurs selles - répliqua Esseney, en regardant agha-sultan dans les yeux.
- – Oh, notre Eseke, parait-il, est arrivé en colère... Et je n'ose pas ouvrir la bouche quand Eseke se met en colère... - Gengis sourit, et ce sourire pouvait être considéré comme tentative de tout transformer en plaisanterie, mais également comme un rappel à Esseney qu'il se trouve malgré tout à état-major d'agha-sultan, et il serait bien qu'il s'en souvienne, - là maintenant - je n'ose même pas faire appel à sa patience afin de ne pas mener l'affaire à une querelle ouverte.
- Ayant remarqué que les nœuds ne se tissent pas dans leur conversation, le juge d'appel Tleoumbet prit la parole. Comme toujours, solennellement, émaillant son discours d'allusions, d'une voix légèrement chantante, comme s'il lisait un poème:
- – Depuis le temps où les Kazakhs sont devenus Kazakhs, depuis le temps
- où ils ont leur propre pays,
- et ils ont acquis leur propre terre...
- Si nous perdons maintenant le khanat,
- cela signifie tout perdre!
- Le malheur s'installera dans leurs aouls,
- et ils cesseront d'exister en tant que peuple!
- Cela sonnait comme une adjuration, et ensuite Tleoumbet mit en garde:
- – L'outre noire,
- dans laquelle un yearling pouvait nager librement,
- cette énorme chaudière de Boukhara, pouvant accueillir la carcasse d'un poulain de deux ans, -
- sera toute vide,
- tout restera sans propriétaire.
- Et celui
- qui voudra du pain
- cuit dans les grands fours,
- Mais celui
- qui dénigrera son Khan, -
- qu'il soit juge d'appel ou esclave, -
- n'échappera pas au châtiment!
- Tleoumbet s'étouffait réellement dans son ressentiment et termina par une vague menace:
- – On n'a jamais vu de tels prospérer!
- Il aurait fait bonne impression si on l'écoutait pour la première fois et dans une autre circonstance. Mais Esseney le connaissait, Esseney ne daignant pas répondre lui-même, à Tleoumbet, regarda indirectement Mousrep.
- Celui-ci commença d'un air pensif:
- – Maître de foyer!... Peut-être à force de jeunesse, de déraison et de légèreté d'esprit je n'ai pas compris notre honorable juge d'appel Tleoumbet. De quel khanat, de quel Khan, de quel temps parle t-il? Il y a vingt ans que Valikhan, le père de notre agha-sultan, présent parmi nous, a quitté ce monde des mortels. Depuis lors, je ne savais pas que les Kazakhs de six circonscriptions dans le gouvernement général de Sibérie disposaient de leur propre Khan! Et si un groupe indigne de renégats et de vagabonds appellent Kenesary, Khan - alors, qu'ils l'appellent ainsi! Pourquoi devrions-nous nous préoccuper de cela? Quel homme raisonnable le reconnaîtra t-il comme Khan? Pourquoi? Pour piller et tuer ceux qui refusent de reconnaître Kenesary? Vous Tleouke, vous êtes venus deux fois chez nous - et deux fois ils ont répété la même chanson... Mais que vous ont-ils alors répondu les Kereys et les Waqs, formant cinq cantons? Quoi? Vous ne vous souvenez pas?
- Le juge d'appel Tleoumbet, les yeux bien fermés, se figea la tête baissée. Il ne voulait ni voir Mousrep, ni entendre un seul mot de lui. Une insulte inouïe - Esseney, juge d'appel du canton, ce protégé russe, fidèle au pain cuit dans de grands fours, ne souhaita pas répondre personnellement au messager de Kenesary, son juge d'appel, et confia cela à un certain Turkmène qu'il traîne partout avec soi...
- Mais Mousrep n'avait pas encore terminé.
- – Vous souvenez-vous de votre première visite chez nous? - continua t-il. – Tout s'est très décemment passé... Mais la deuxième fois? – Il attendit un peu et sans prêter attention qu'Esseney fronça les sourcils d'un air désapprobateur, il conclut: – Vous vous êtes retournés à la maison sans cheval!
- Retour sans cheval, surtout pas une personne simple, mais un juge d'appel - il n'y a pas plus grande honte pour les Kazakhs. Et tous ceux rassemblés dans la maison d'agha-sultan savaient bien ce que voulait dire Mousrep, et ils savaient que c'était de la pure vérité.
- Kenesary envoya alors de nouveau, le juge d'appel Tleoumbet, convaincre les Kereys-Waqs de se soumettre à sa volonté. Kenesary savait qui envoyer... ce n'est pas en vain qu'en louant l'éloquence du célèbre juge d'appel, on dit à son propos - la gorge fendu, le ciel de cuivre... il a charmé l'auditoire par une abondance de proverbes et de dictons prononcés à l'endroit d'un discours mélodieux et passionné... Il enflamma les représentants de cinq cantons de Kereys-Waqs et ils hochaient la tête d'un air approbateur, s'écrièrent: "Oh Degen-aï - voici qui est dit!..", conquis non seulement par le sens de ses paroles, mais aussi par sa manière de parler. "Oh Degen-aï!.. Seul Edige, protecteur du peuple, pourrait parler ainsi!" – commencèrent-ils à faire l'éloge du juge d'appel.
- “Je n'ai pas besoin de louanges, pourvu simplement que mes paroles atteignent les gens de ma lignée”, - répondit modestement Tleoumbet et d'un air satisfait s'assit sur le coussin de duvet.
- Tout se passait, semblait-il, comme prévu.
- Mais là, de la foule s'avança et se tint devant Esseney un homme âgé aux cheveux presqu'entièrement blancs.
- "Esseney, - s'adressa t-il. – Ce n'est peut-être pas le moment... Mais je te présente une plainte puisque tu es juge d'appel... Demande à ce saint Chrysostome, demande au juge d'appel Tleoumbet: mais à qui appartient l'amblier jaune-pie, avec lequel il est venu te voir?"
- "Probablement le sien... - répondit Esseney. – Penses-tu que le juge d'appel Tleoumbet montera un cheval qui ne lui appartienne pas »?
- Le coussin de duvet semblait au juge d'appel Tleoumbet comme une pierre à angles vifs. Il s'exclama en sautant:
- "Tu m'as tendu un piège ici, semble t-il?!"
- Esseney ne répondit pas, attendant ce que dirait ensuite ce solliciteur inattendu.
- "Je ne sais pas, montera t-il ou pas, - poursuivi ce dernier. – Mais l'amblier jaune-pie, célèbre dans toutes les courses, m'appartient. Il y a deux semaines... Des maudits voleurs - et cet homme, ton invité, était leur chef, - ont volé mon troupeau de chevaux jaunes-pie. Ils auraient pu laisser au moins un cheval pour continuer la race! J'ai quitté le lieu habité et j'ai transhumé hier à la périphérie de Kpitan... »
- Les gens qui venaient à peine d'écouter respectueusement Tleoumbet, murmuraient d'un air désapprobateur, mais Esseney les arrêta d'un mouvement de la main:
- "Et toi, qui seras-tu?"
- "Pour l'un, la gloire vient par son cheval, et pour l'autre - par son chien ... Saoutbek, garde de la tribu Atygaï fut célèbre pour ses chiens jaunes-pie, mais moi je suis l'un des vieillards bons à rien de Koïly-Atygaï. – Mon amblier jaune-pie que j'ai maintenant perdu".
- "Dans ce cas, es-tu Jamanbala?"
- "Peut-être..."
- Esseney gardait le silence. On attendait toujours longtemps avant qu'il prononce le dernier mot. Et maintenant, il a préféré s'adresser à Tleoumbet:
- "Honorable juge... je vous prie de donner vous-même le verdict..."
- "Quarante coups de fouet!" - répliqua t-il à la hâte.
- "À qui?"
- "Bien entendu, à celui qui a osé se plaindre du juge d'appel!"
- Après réflexion - pas trop longuement cette fois-ci - Esseney s'adressa à Jamanbala:
- "Ton cheval..."
- Alors, c'était à la deuxième visite du messager de Kenesary aux Kereys-Waqs.
- Le juge d'appel Tleoumbet toujours assis, immobile comme un bélier de pierre, dont plusieurs pareils étaient plantés dans le désert depuis des temps immémoriaux, ne dit aucun mot, n'ouvrit pas les yeux.
- Puis, Esseney, ne lui prêtant aucune attention comme toujours, se retourna vers Gengis:
- – Agha-sultan, vous avez dit que je suis venu en colère... Mais n'ai-je pas de raisons pour cela? Et maintenant, combien ai-je entendu de gros mots! L'outre noire, le yearling pouvait y nager librement dans le koumis comme dans notre lac Elaman... La chaudière dans laquelle on peut cuire un poulain entier de deux ans... Tout cela - que des paroles vaines! Sans aucune foi! Mais dénigrer le pain - c'est prendre un grand péché sur son âme. Le pain est devenu pour le Kazakh pareil que la viande. Quand est-ce que les Khans qui possédaient une outre noire et une chaudière-Bouhar , ont-ils nourrit la populace?.. Je t'ai déjà dit... Eh bien, Kenesary fut élevé sur tapis en feutre blanc. Eh bien, il est devenu Khan. Où sera son khanat? À Betpak-Dala? Ces aksakals qui, il y a deux-trois ans, se déchiraient la gorge en criant pour lui plus fort que tous, aujourd'hui font retourner leurs hommes à leur patrie. Discrètement... Mais si les fantassins de Kenesary les interceptent, les premières coups de fouets recevront ces aksakals eux-mêmes... Je ne suis pas né hier, et je n'ai pas encore perdu la raison! Mais souviens-toi de mes paroles - Kenesary ne deviendra jamais Khan de six circonscriptions. Encore peu de temps et il fuira dans la steppe de Saryarkinsky, car il ne peut retourner à la maison dans son pays natal.
- Esseney dit tout ce qu'il voulut pour l'instant, et se tut.
- Et tous les juges d'appel, les aksakals réunis en conseil se turent, attendant ce que dirait agha-sultan.
- Mais Gengis aussi restait silencieux.
- Il comprenait la bonne raison d'Esseney, mais n'en parlait à haute voix. Quoi - Kenesary... En Europe, personne n'ose aller à l'encontre des armes russes, ayant réprimé l'orgueil des États occidentaux. Kenesary conduit le peuple au malheur, et sa révolte ne saurait conduire à quelque chose de bien.
- Mais, si on réfléchit - et si les dirigeants de canton et les juges d'appel influents de toutes les trois jüz élisent soudainement Kenesary comme Khan. Peut-être, le gouvernement du roi le reconnaît-il également? Et alors le contrôle de la steppe lui reviendra t-il? Cela pourrait pourtant se produire ainsi. Bien que peu probable. Le pouvoir actuel du Khan n'est pas un pouvoir très viable. Le peuple est épuisé des raids sanglants incessants, conduit au désespoir... Les gens sont prêts à renoncer à Kenesary, mais pour l'instant répètent les paroles amères de quelqu'un: "Au plus, Kenesary vivra jusqu'à cent ans, et après, si Dieu le veut il crèvera."
- Le géant noir au visage creux, avec son intelligence comprend tout cela et sans équivoque met agha-sultan, descendant de Gengis Khan, face à un choix: soit tu diriges entant que agha-sultan, la lutte du peuple contre Kenesary, soit tu passe ouvertement du côté des membres de la tribu. C'est dans le but d'imposer une telle exigence, qu'Esseney et arriva à l'état-major avant le temps prévu.
- Mais agha-sultan a continuait à hésiter. Bien sûr, une personne nommée à son poste, et ayant en plus le grade de major, devrait être le premier à se soulever contre le rebelle Kenesary. Mais comment en venir?.. Et le juge d'appel Tleoumbet, également assis à une place honorable, insiste, une murmure insinuante lui tombe à l'oreille: Toi Tore, tu es de la lignée des Khans, ta place est près de Kenesary... Mais comment s'y prendre?
- Esseney jugea nécessaire d'ajouter:
- – Ton parent Kenesary a réuni des milliers de fantassins sur les terres des Kerey-Waq. Il veut lancer l'offensive d'un jour à l'autre. Je ne crains pas de dire que nous aussi, nous ne resterons pas les bras croisés, et on va voir qui gagnera. Une chose est claire, cette fois-ci l'une des parties demande la clémence. Je suis venu te dire afin que tu le saches.
- Agha-sultan ne répondit rien encore une fois, et le juge d'appel Tleoumbet décida qu'il est temps de rompre le silence et de dire un mot. Il s'adressa à son principal adversaire:
- – Une nouvelle nous est parvenue, et on ne savait pas s'il fallait se réjouir ou se lamenter... Comme quoi le juge d'appel principal de la circonscription d'Amankaragaï, Esseney est devenu un porte-étendard russe... On s'en fout, pourvu que tu te sentes bien!
- Après avoir silencieusement écouté Tleoumbet, il répondit:
- – Eh bien... Je peux être reconnaissant envers mon minable porte-étendard. Il a supporté deux cents fantassins de Kenesary... Mais c'est étrange de vous entendre... Vous étiez un honorable juge d'appel des tribus Atygaï et Karaoul, et maintenant vous êtes un agile commissionnaire de Kenesary, il lui suffit d'acquiescer d'un signe de la tête et vous filerez là où ordonnera en vous cassant la tête. Je vous félicite également pour votre nouveau poste honorifique.
- On n'avait pas besoin d'expliquer à ceux qui étaient présents, la causticité de leurs mots. Et Esseney obtint également le titre de porte-étendard durant les combats - en trois ans - il fit prisonniers environ deux cents soldats et les rendit à Stap. Mais Tleoumbet lors des dernières élections fut dépourvu de son titre de juge d'appel et resta près de Kenesary pour exécuter ses tâches.
- Gengis maudissait en son âme et Esseney et Tleoumbet... Il fallait dont qu'ils se croisent dans sa maison! Le mieux est de tirer, comme il réussissait à tirer jusqu'ici. Mais s'il ne dit pas maintenant à ce géant entêté "oui", celui-ci portera plainte au gouverneur général de Sibérie, que la bonne moitié d'une grande circonscription est constamment attaquée par les rebelles. Une fois là, à Omsk, il exposera tout purement et simplement. Et il y a quelqu'un auprès de qui se plaindre: Tourlybek, conseiller en charge de l'ensemble des six circonscriptions kazakhes, il apparait être un cousin à Esseney du côté maternel. La plainte commencera clairement par les mots: "J'ai été personnellement plus d'une fois chez Agha-sultan, j'ai parlé avec lui, je l'ai averti du danger, mais il n'a pas écouté mes paroles..."
- Et Gengis à ce moment-là réfléchissait principalement, comme toujours, comment sans dire «oui» ou «non» aux deux parties belligérantes, essayer d'interrompre cette rencontre qui était sur le point d'éclater en querelle ouverte.
- Sans même le soupçonner, vint à son aide le major Bergsen, surnommé par les Kazakhs, Bersen, ce qui signifie - donné, qui a été placé... Soit allemand ou suédois de naissance.
- – M. Agha-sultan, tout est prêt aux jeux sportifs équestres, indiqua t-il clairement . – Et les flèches sont également prêtes. Vous ordonnez de commencer?
- Gengis s'en réjouit comme un frère:
- – Un instant, un instant... - Et il s'adressa à son conseil: – Chers juges d'appel... Lorsque les mots coulent à flots, la vérité finit par se noyer à l'intérieur. Nous savons où vers où est attirée la fumée des feux dressés par les uns et les autres. Le dernier mot sera dit, mais à présent je vous invite à admirer l'art de la guerre de nos peuples...
- Dit-il alors, contaminé par l'éloquence de Tleoumbet, et se leva.
- Les invités se levèrent également et le suivirent à l'extérieur.
- Bersen, le placé - fut nommé ainsi non par hasard. Le gouverneur de Sibérie envoya vingt cosaques armés à Agha-sultan Gengis. Pour sa sécurité. Mais, bien sûr pour une surveillance vigilante également.
- Les cosaques ont commencé par la djiguitovka et ont fait leurs preuves de maîtres. Ils décollaient des selles en plein galop, sous le ventre du cheval en plein galop, passaient d'un étrier à l'autre. Mais comme les chevaux étaient dressés! Ils galopaient à peine - et soudainement s'arrêtaient sur place, comme cloué au sol, à la commande, ils se renversaient et se couchaient tous facilement de façon simultanée sur le côté et restaient immobiles.
- Esseney pensait envieusement que les chevaux kazakhs dans un tel cas se désorienteraient, courront dans tous les sens, effrayant les uns les autres sans écouter le cavalier...
- Gengis a sciemment conduit ses invités, ses conseillers à regarder les jeux...
- Après la djiguitovka, les cosaques sortirent en tenue complète de combat. Il y avait la coupe du cep, quand le soleil arrivait à peine à briller dans la lame froide, et il était impossible d'observer la lame pendant longtemps - le sabre décollait et se rabaissait d'une telle vitesse. Il y avait le tir en mouvement sur les épouvantails. Il y avait un combat d'entrainement - avec des piques, et bien que les cosaques s'attaquèrent furieusement, personne ne fut même égratigné.
-
-
- Mousrep, se trouvant à proximité, remarqua comment Gengis regardait Tleoumbet d'un air significatif. Il lui donne une leçon concrète afin que celui-ci la transmette à Kenesary. Agha-sultan espère peut-être qu'après un spectacle pareil, Tleoumbet cessera d'insister... Qui d'eux serait capable de faire face à de tels combattants si entraînés et parfaitement bien armés?
- Mais le disciple s'avéra lent d'esprit. Au début, il faisait semblant d'observer simplement comme tous les autres, mais ne résista plus ensuite et s'adressa à Mousrep d'une voix moqueuse:
- – Mais si on s'était rencontré ailleurs, regarderions-nous la bouche bée comment ils font coucher et lever leurs chevaux?..
- Non, ça ne sert à rien... Tu ne peux convaincre Tleoumbet, Kenesary non plus. Eux et quelques autres juges d'appel, les aksakals n'arrivent plus, ni à contrôler la résistance, ni se détourner de cette voie pernicieuse.
- Les cosaques s'arrêtèrent soudainement, les sabres dans les fourreaux, et s'en allèrent en marche, laissant la place aux compétitions suivantes, organisées en l'honneur du juge d'appel Tleoumbet.
- En transversale entre deux poteaux, des pièces de monnaie pendaient, accrochés sur des fils: brillaient au soleil deux pièces polies de cinq kopecks en cuivre, grosses, anciennes; deux pièces en argent d'un rouble; et deux pièces en or de cinq roubles. Bersen annonça les conditions: le tireur qui atteint une pièce de cuivre reçoit une fourrure de renard, celui qui atteint une pièce de rouble - une fourrure de loup, et celui qui atteint une pièce d'or recevra une peau de martre.
- Par les compétences, la vue aigüe, l'habileté, il était clair que du côté d'Esseney, Artykbaï-le guerrier prendrait l'arc en main; et du côté de Tleoumbet - Janaï-le guerrier. Ils se tenaient côte à côte à une distance de cinquante pas délimitée à l'avance, et retentirent comme prévues, les salutations courtoises.
- – Le meilleur tireur des Kereys ne devrait pas céder la place, vas-y tire, - suggéra Janaï.
- – Non, - objecta Artykbaï. – Argyn, votre ancêtre, fut le premier-né de notre aïeul, que votre flèche vole en premier.
- – Je cède ma place...
- – Mais je ne peux pas accepter...
- – Meilleur tireur des Kereys, tire!
- – Vous êtes plus âgé que moi, tu es mon frère aîné...
- Après trois propositions et refus, Janaï mit une flèche à son arc et visa, mais il dût chasser une mouche posée sur ses cils, et frotta son œil droit.
- – Vous avez fait cela en vain, - dit sympathiquement Artykbaï.
- Janaï tira la corde avec force et lâcha soudainement la flèche. La flèche vola sans couper le fil, sans atteindre une pièce. Janaï, bien sûr, visais l'or.
- Mais la flèche d'Artykbaï tirée ensuite fendit le fil avec précision, et l'or tomba au sol en brillant faiblement Le juge chargé de suivre les flèches apporta aussitôt au guerrier d'Esseney la peau de martre...
- Janaï se jeta comme un milan sur son adversaire:
- – Pourquoi bavardais-tu quand j'ai commencé à viser?
- – Je voulais amicalement te mettre en garde... Si tu te frottes les yeux avant de tirer, la flèche atteindra la lumière blanche et non la cible. N'est-ce pas ce que tu as obtenu?
- – Qu'est-ce que tu as à te soucier de mes yeux? Quoi, ai-je tué ton père, pour que tu réclames une compensation pour cela?
- Artykbaï commençait également à s'emporter:
- – Artykbaï-le guerrier, personne ne pardonnerait non pas seulement pour le père, mais, même pour un chevreau moche!
- – Ignoble!
- – Vieux hongre flairant sa jument lascive, suis-je vraiment plus ignoble que toi?
- Ils se connaissaient depuis longtemps et savaient beaucoup de choses l'un sur l'autre... La sœur de Kenesary nommée Bopaï était réputée entant que femme insatiable. Descendante de Gengis Khan, elle ne pouvait pas épouser une simple Kazakh, mais elle n'avait pas l'habitude de laisser passer les guerriers sympathiques ou autres personnes en vue. Les traces de son cheval dans la steppe, loin de l'aoul, ne restaient presque jamais solitaires. Il y avait des fois où Janaï l'accompagnait...
- Janaï rebondit, leva son arc. Mais Artykbaï avait aussi son arc en main...
- Gengis s'écria:
- – Allez, arrêtez!
- Les guerriers se séparèrent avec un regard comme s'ils avaient décidé de ne jamais boire l'eau du même lac, de ne plus vivre ensemble dans ce monde, et par leurs regards, s'étaient promis de se rencontrer dans un autre lieu, pas à l'état-major d'agha-sultan, mais quelque part d'autre sur le champ de bataille, et très bientôt ...
- Gengis comprit que les compétitions n'apporteront pas la paix et le calme, et les ayant arrêtées, il rentra chez lui.
- Les guerriers-lanciers et des archers des deux côtés n'avaient rien d'autre à faire que de se séparer et retourner dans leurs yourtes.
- Après le copieux festin, Gengis en tête à tête avec Esseney essayait de le persuader:
- – Eseke, vous avez bien fait d'être venus nous rendre visite... Vous pourriez rester quelques jours. Après tout, en une seule visite on ne peux vraiment pas discuter et ne résoudra quelque chose. Hein?
- Mais Esseney n'était pas d'accord:
- – Je ne peux pas un seul jour... Ce que j'ai dit, ce n'est pas de la boutade Kenesary me marque le cœur... J'attends ta décision, agha-sultan. Et alors, je m'en irai aussitôt. Je dois encore en chemin visiter le Stap et Kpitan.
- Gengis savait pourquoi il s'y préparait et qu'allait-il dire là-bas, et tenta d'expliquer, bien qu'il comprenne que ce fut inutile:
- – Tu dois te mettre à ma place... - commença t-il. – Je suis entre deux feux, et chacun d'eux pourrait m'enflammer. Alors, est-ce moi qui dois attiser le feu? Que le peuple lui-même décide comme il veut... - constata Gengis. – Si je suis le agha-sultan, toi tu es un des sept beys... Nous servons tous le roi. Kenesary est-il ennemi seulement à toi et moi? Mais le roi n'a pas fourni de troupes pour le combattre. Je pense que le roi ne nous fait pas vraiment confiance... Tu vois, je partage le plus secret avec toi... Toi et moi, ne contrôlons qu'une seule circonscription. Mais les partisans de Kenesary, j'aurais entendu, se mettent d'accord dans toutes les trois jüz pour l'élire Khan. Je ne saurais m'en mêler. Tout se passera comme prévu par le destin. Mais concernant le roi... - Gengis baissa la voix jusqu'au chuchotement, bien qu'ils soient à deux dans la yourte. – Il me semble qu'il n'est pas contre le fait que nous n'arrêtions pas de nous exterminer les uns les autres...
- Esseney, d'une franchise de Kazakh, de guerrier ne murmura pas:
- – J'ai compris... Nous n'avons pas à attendre d'aide de la part du chef du la circonscription? N'est-ce pas?
- – Votre force est supérieure à celle de l'adversaire, je le sais. Et en tête - notre Eseke! - le réconforta Gengis. – Quel air aurais-je si je me mêle de cette affaire? C'est complètement absurde!.. - essaya t-il par la flatterie et la plaisanterie d'atténuer son refus.
- Vers le soir, Esseney rentra chez lui avec ses cavaliers.
- Il dit brièvement à Mousrep-le Turkmène, sans vouloir entrer dans les détails de la conversation avec agha-sultan, que les Kereys et les Waqs devront se défendre eux-mêmes. Il n'y a personne sur qui compter.
- Esseney et ses hommes furent partis, mais le juge d'appel Tleoumbet continua durant quelques jours encore de faire pression sur Gengis, mais il n'obtint également pas de résultat. Mais au moins, tira au clair qu'il n'agira pas du côté d'Esseney.
- Agha-sultan restait fidèle à lui-même.
-
- Esseney et ses compagnons voyagèrent toute la nuit d'Amankaragaï et arrivèrent à l'aube dans le village du juge d'appel Jazy, qui passait l'été sur les rives de Petit Tengiz, comme on appelait l'embouchure de la rivière Oubagan.
- Ce juge d'appel, Jazi, de la descendance des Argyns, prit part une fois à la préparation de la démarcation des terres des provinces de Orenbourg et de la Sibérie, il était très écouté, mais ses dires étaient toujours à l'encontre de Kenesary. À vrai dire, il n'a encore pas positionné ses cavaliers sur leurs chevaux et lancé le cri de guerre: "Attan!", mais dans tous les cas il était un partisan fidèle, un adhérent, l'acolyte d'Esseney. Jazy eut la chance d'étudier un peu dans un école russe, il était un homme raisonnable, et considéré dans la circonscription d'Amankaragaï comme le juge d'appel, le plus influent après Esseney .
- Il reçut son ami avec honneur, mais ils n'arrivèrent pas à parler à cœur ouvert, comme le nécessitait la pénible situation . À peine Esseney descendit de la selle et se dirigea vers la grande yourte blanche, il aperçut au loin deux cavaliers qui galopaient à toute vitesse en direction de l'aoul.
- – Ce sont les miens, - dit-il, lorsque les cavaliers se rapprochèrent. Et c'était en fait les messagers des éclaireurs d'Esseney qui le cherchaient de partout. Il arriva ce qui devrait arriver - les troupes de Kenesary ont franchi l'Ichim et atterris sur cette côte.
- Esseney les écouta silencieusement. Il était prêt à cette nouvelle, il espérait seulement rentrer avant l'attaque.
- – Jazy... - il se tourna vers son ami. – Prête-moi quarante chevaux. S'ils restent intacts, je te les retournerai mais s'ils périssent, je paierez le dû...
- Les invités eurent juste le temps d'entrer dans la yourte et étancher leur soif au koumis, quand des bruits de pas de chevaux se firent entendre de l'extérieur. C'est sous l'ordre de Jazy que quarante chevaux en provenance de son troupeau furent déjà réunis.
- – Quels dû peut-il y avoir entre nous, - dit Janaï en adieu. – N'y pense pas, Eseke, et ne rembourse rien...
- Après avoir changé de chevaux, ils s'en allèrent sans s'arrêter...
- Ils interrogèrent brièvement ceux qu'ils rencontraient... Mais il était évident même sans aucun questionnement: ce n'était pas une simple sortie des fantassins de Kenesary. C'était une tentative de mettre fin à la résistance des Kereys-Waqs par une frappe décisive. Certains aouls - par négligence, en pensant être en sécurité - n'ont de loin voulu quitter les pâturages d'été avant le temps et restèrent dans leurs anciens campements d'été. Les chevaux y étaient volés. Les filles et les jeunes femmes. étaient emportées. Des yourtes, les tapis en feutre et tous les ustensiles de ménage jusqu'au dernier bol étaient volés.
- Au lever du jour suivant, Esseney rejoint les siens. Les fantassins de Kenesary se saisirent des djiguites Kereys et Waqs. Les chevaux ayant perdu leurs cavaliers filaient en ronflant... Le front avant de la bataille se déplaçait tantôt vers le sud, tantôt vers le nord, et chez les uns comme chez les autres, on pouvait voir des persécuteurs et les persécutés. Car, les persécuteurs rebroussaient chemin et ceux qu'ils venaient à peine de persécuter se jetaient sur eux en retour...
- Esseney éclaircit immédiatement la situation. Chez Kenesary, on comptait cinq fois moins de chevaliers, mais c'était des fantassins pour qui la guerre était devenue chose habituelle. Mais ses djiguites qui hier encore vaquaient à des occupations pacifiques, et bien que supérieurs en nombre, s'entassaient en vain sans réaliser qu'il fallait se déployer pour attaquer, tout en sécurisant les bords. Dans un désordre total, des affrontements violents éclataient là-où apparaissaient les guerriers et les lanciers les plus courageux guerriers, connus pour leur force et leur agilité.
- Esseney ne pouvait également pas prendre le contrôle de la bataille... Il était un homme fort, intrépide, mais personne ne l'aurait appelé chef militaire. Et pourtant, il savait quoi faire. Pour commencer, il courut d'un bout de la bataille à l'autre, tout en criant d'une voix forte, le cri de guerre des Kereys, leur cri de guerre général.
- – Oshibaï!.. Oshibaï! Oshibaï! Oshibaï!
- Il faut que ses djiguites sachent: Esseney est ici, Esseney est avec eux, et cela leur procurera force et détermination. Il encourageait tout guerrier qu'il rencontrait en route, ensuite il fit lui-même irruption au dépotoir, obligeant les fantassins à se replier, sans oublier pour autant, où, sur quelle ligne ou dans quelle vallée ses hommes s'affaiblissaient, et il se précipitait immédiatement à leur secours. Cinq ou six guerriers le suivaient sans relâche, en traînant avec soi les Kereys et les Waqs, et là où ils apparaissaient, l'ennemi était obliger de se replier.
- Le soleil se leva à midi, et les chevaux furent épuisés chez les uns comme chez les autres. Et il ne restait plus assez de flèches dans les carquois. Pendant la marche dirigée par Esseney, cinquantaine hommes de Kenesary furent densément encerclés et furent de se rendre.
- Lorsqu'ils se dispersèrent, il s'avéra que trois fois plus d'hommes de la milice d'Esseney avaient été faits prisonniers de guerre... Et on pouvait voir comment ils étaient conduits, les mains liées derrière le dos... Furent capturés en particulier ceux qui essayaient d'attraper les chevaux restés sans propriétaires.
- A cette époque, Esseney lui-même fut blessé. Par hasard, de manière stupide! Il filait pour arrêter ses djiguites qui fuyaient le champ de bataille, et avec eux essayer de délivrer les prisonniers de guerre, mais une flèche transperça le cou de son cheval, et celui-ci tomba couché au sol. Et Esseney tomba à plat, le visage égratigné. Essuyant le sang, il saisit la bride des mains de Bekentaï-le guerrier qui était à côté des chevaux secours, et mit son pied à l'étrier d'un nouveau cheval, et il fut atteint par une flèche ennemie, qui s'enfonça entre les omoplates. Esseney saisit la crinière, il était incapable de bouger...
- Mousrep, Sadyr et Artykbaï qui combattaient côte à côte avec lui, l'entourèrent, et le soignèrent à l'aide d'une vielle méthode, éprouvée. Ils retirèrent d'abord la flèche, puis en l'imbibant du sang jaillissant de la blessure, ils effectuèrent le rituel de "oushyk-taou" pour expulser la maladie.
- On entendait l'adjuration:
- – Oushyk! Oushyk! Oushyk! Aider à guérir, prophète Youssouf! Oushyk!... Oushyk! Oushyk!... Ce n'est pas nous qui guérissons, mais le guérisseur noir de la tribu d'Aldaï! Oushyk! Oushyk! Oushyk!
- Mousrep ordonna:
- – Maintenant, plus vite! Chez le docteur, à Stap! Bekentaï! Guide le cheval du juge d'appel!
- Bekentaï en avant, Mousrep et Sadyr maintenaient Esseney sur la selle des deux côtés. Artykbaï-le guerrier les couvrait de l'arrière.
- – Eh bien, silence, marche, marche... - gémissait Esseney, de leur place, ils mirent les chevaux au galop.
- Mais marcher signifiait se faire capturer, Mousrep s'écria:
- – Galope, Bekentaï! Ne t'arrête pas! Galope! Les fantassins qui repliaient remarquèrent qu'Esseney quittait le champ de bataille avec les guerriers les plus dangereux pour eux, et furent pris de courage, ils commencèrent à les encercler, et une partie les suivaient de l'arrière.
- L'affaire aurait pu mal se terminer, mais heureusement, la sotnia de cosaques arriva à temps, de Stap. Les cosaques se dispersèrent en chaîne, certains d'entre tenaient leurs piques prêtes, les rayons du soleil faisaient fondre les sabres nus... Les fantassins ayant presque rattrapé Esseney et ses guerriers commencèrent raisonnablement à retarder, mais à la fin, sifflaient encore dans l'air quelques flèches d'adieu. Et l'une d'elles atteignit Artykbaï-le guerrier qui comme toujours galopait derrière tous, elle l'atteignit tout droit au sacrum...
- S'arrêter pour effectuer le rituel de oushyk-taou - on n'en était pas là... En plein galop, il retira par la main la flèche, la jeta sur le sol - et a continua à presser le cheval sans prêter attention à la douleur. Il ne dit aucun mot au sujet de sa blessure, jusqu'à ce qu'ils aient rencontré les cosaques. Même, comme si de rien n'était, il salua en russe le sotnik: "Dyrasti..." Et c'est seulement maintenant, lorsque Esseney et tous étaient en sécurité, il tomba de la selle.
- Esseney et Artykbaï furent transportés sur des bâts de chameau, à Stap dans un hôpital militaire. Un mois plus tard, Esseney retourna à la maison à cheval. Mais Artykbaï-le guerrier fut gardé pendant six mois et conduit à l'aoul sur un traîneau. Depuis lors, et pour toujours ses deux jambes étaient sans vie - même avec l'aide étrangère, il ne pouvait pas marcher. Les gens disaient que s'il n'avait pas lui-même retiré la flèche et jetée dans la steppe, si avec cette même flèche ses camarades avaient effectué le rituel pour chasser la douleur - oushyktaou, alors il n'aurait pas perdu les jambes. Pourtant en premier, Esseney fut blessé également, mais tout se termina bien pour lui...
- Ce mois-là Esseney resta couché à l'hôpital, mais sans être inactif. Il avait des projets secrets, qui semblaient prêts à se réaliser maintenant, après un long moment sans reconnaître Kenesary, il lui résista obstinément et contraignit finalement à s'en aller. Kenesary comprit que les sotnias de cosaques soutiendraient les Kereys-Waqs contre lui, et cessa de déranger les aouls qu'il n'avait pas conquis. Il migra vers le sud, en direction du piémont d'Ala-Too.
- Esseney plaçait tout cela sous son mérite et réfléchissait comment utiliser au mieux ses avantages. Ce ne fut pas par hasard qu'il alla rencontrer l'agha-sultan, sachant d'avance que Gengis n'accepterait pas d'agir contre son parent... La progéniture des Khans ne peuvent s'empêcher de rêver au khanat. Gengis Valikhanov n'a pas refroidi contre Kenesary, il permit à celui-ci de piller la circonscription pendant longtemps, permettant ainsi une scission parmi les tribus kazakhes et trahit les intérêts du gouvernement russe... Si ces idées étaient suggérées au gouverneur de la Sibérie, ils l'auraient brûlé, comme brûle le plomb fondu!..
- Gengis ne craignait pas en vain - Esseney a en effet un tel homme pour qui les oreilles du gouverneur sont toujours ouvertes. Une personne non étrangère, un parent maternel, un frère, Tourlybek Kochen-ouly, un fonctionnaire éminent, conseiller du gouverneur pour les six circonscriptions kazakhes.
- Esseney, pour ne pas perdre le temps, envoya chercher Tourlybek, et celui-ci arriva à Stap. La plaie d'Esseney ne guérissait pas, elle suppurait, et tourmenté par la douleur, il rencontra son parent avec irritation:
- – Qu'est-ce que tu as à te prélasser là-bas, chez toi à Omsk? Combien pouvez-vous supporter que les salauds de Tore s'asseyent sur nos cous? Les gens de chez vous n'ont-ils pas encore vraiment compris qui est Gengis? Qu'il a apporté une aide immense à Kenesary, en refusant de m'aider, à m'exprimer contre lui.
- Tourlybek répondit respectueusement:
- – Eseke... Cette opinion prend de l'ampleur dans le bureau du gouverneur... Cependant...
- – Cependant, ils n'osent pas le toucher, que ce tu veux dire? - interrompt-il. - Je sais tout, sans que tu me le dises! Alors, laissez-moi au moins les mains libres. En cinq jours, je vais vous le livrerai à Omsk, ligoté, et il ne pourra même pas bouger le bras!
- Diplômé du séminaire de Omsk, un citadin, déjà pas seulement en vêtements - une troïka noire, un col relevé fortement amidonné - Tourlybek, contrairement à Esseney têtu et orgueilleux de la steppe, était agile comme un bon cheval de renfort... Il savait bien ce que coute Gengis, il voulait aider son cousin à qui il devait beaucoup, mais une chose fut impossible.
- Il maitrisait la situation d'Omsk dans toute ses subtilités. Il savait que: depuis que le khanat cessa d'exister et que furent créées les circonscriptions dirigés par des aghas-sultans, la première épreuve majeure pour le gouverneur fut la révolte de Kenesary. Tourlybek ne cachait son attitude négative envers Kenesary, il fut un temps où il insista pour des actions décisives, mais n'obtint pas de soutien. Certains hauts fonctionnaires considéraient sincèrement les simples Kazakhs comme des sauvages perfides sur qui il était impossible de compter, et donc ils ne se décidaient pas à mettre un terme une fois pour toutes aux privilèges de la génération Khan, de la priver de tout espoir de retour du passé.
- Tourlybek comprenait aussi autre chose: Kenesary voulait exploiter le mécontentement des Kazakhs ordinaires pour les amener à se proclamer eux-mêmes Khan. Mais Esseney, impuissant, couché maintenant sur le ventre, le réprimandait, espérant utiliser le refus de Gengis de s'opposer à Kenesary pour obtenir lui-même le titre même d'agha-sultan.
-
-
- Il en savait plus. Pour se protéger contre son adversaire, Gengis avait l'intention d'écarter Esseney aux prochaines élections en élisant un autre juge d'appel plus accommodant et plus sociable. Un autre, malgré la victoire d'Esseney sur Kenesary. Malgré le fait que les arguments de la fourberie et la perfidie de Gengis soit indéniables... Il sera malheureusement difficile de l'en empêcher. Gengis jouit d'un respect immuable auprès du gouverneur. Celui-ci, évoqua en riant, une citation de Shakespeare, concernant directement Gengis - il passe les nuits dans les ribotes, et après il reste cloué au lit toute la journée... Il n'a peut-être pas besoin d'un autre agha-sultan!
- Et l'assistant de Gengis, le major Bergsen se plaignait de lui, il fit un rapport qu'agha-sultan reçoit dans son état-major la visite des envoyés de Kenesary, à la tombée de la nuit, ils discuteront longuement loin de l'aoul, échangeront de précieux cadeaux qui prouvent le respect, la compréhension mutuels. Mais les doutes, les mécontentements, même les indices de preuve - tout se dissipe en poussière, se heurtent contre un solide rocher. Et Tourlybek n'est pas en mesure de le secouer, sans même espérer le briser. En fin de compte, je suppose que Gengis prendra le dessus. Et Esseney sera renversé, il perdra son poste de juge d'appel. Sans même parler du fait qu'il ne sera pas agha-sultan - un homme de la steppe, inexpérimenté, homme d'un autre cercle...
- Mais Tourlybek ne partageait pas tout ceci avec Esseney - il estimait que cela ne servirait à rien. Mais celui-ci, toujours couché, s'appuyant sur son menton à l'aide de sa main forte, continua d'une puissante voix basse et autoritaire:
- – Pour quoi t'ai- je enseigné..? Tu aurais pu trouver un autre orphelin et l'envoyer à Omsk! Montre que ce n'est pas en vain! Gengis est au bord du gouffre, il faut qu'on le pousse un tout petit peu. Je sais, je sais comment le faire, mais voilà - je suis contraint ici à rester couché et je ne peux même pas lever la tête! Sinon, il me suffirait d'un seul coup pour que la maison de Gengis s'effondre!
- Esseney dans le feu de l'action, pouvait se décider à cela. En fin de compte, même les cosaques de Stap auraient pu... pour eux, tout est considéré comme "horde"! "Bari bir" - disent-ils. Que ce soit Kenesary ou Gengis... Et Tourlybek savait bien cela. Il décida d'essayer de calmer les passions, de garder et Esseney et Gengis. Après tout, s'ils se disputent ouvertement, il n'y aura pas de tranquillité dans la circonscription bien que Kenesary semble ne pas avoir l'intention de revenir.
- Tourlybek dit raisonnablement:
- – Eseke, maintenant le moment est en effet favorable. Vous êtes fortement apprécié à Omsk. Ils estiment que c'est vous - vous, et non Gengis, qui avez préservé la circonscription d'Amankaragaï, l'avez empêché de joindre la rébellion. J'étais récemment chez le gouverneur général, a reçu la permission d'une visite chez vous. Il m'a demandé de transmettre un grand salut à Esseney Estemesov... Il a aussi dit qu'il n'oublierait pas vos mérites et réfléchissait quels honneurs rendra t-il au juge d'appel Esseney...
- Cette nouvelle réjouit nettement Esseney qui parla calmement:
- – Laisse un rapport en mon nom à la commission des frontières. Décris en détail, sans lésiner sur les mots, mon combat de trois ans avec Kenesary. Souligne que je lui ai créé une situation sans issue, et qu'il fut contraint de partir. Je l'ai expulsé. Il devra passer l'hiver à Betpak-Dala, il ne s'en remettra plus de ses forces pour revenir ici! Lui, comme son père... Kassh fut un laquais embauché chez le khan de Khiva, et mena dix ans de combat avec les Russes. Celui-là suit la voie de son père et ira même loin... - Esseney garda le silence, et confiant que Tourlybek lui dois beaucoup et qu'il tâchera d'exécuter sa volonté avec exactitude, il continua: – Je ne dirai plus rien... Tu sais toi-même ce qu'il faut, ce qu'il est préférable de dire au gouverneur. Il serait suffisant pour moi - le meilleur honneur pour moi, si tu renverses Gengis cette fois-ci!
- Tourlybek pris congé et était sur le point de s'en aller, mais arriva soudainement chez Esseney le sotnik de cosaques, Kotsoukh, et avec lui - Tlemis, le garçon vivait à Stap et exerçait à l'occasion la fonction de truchement.
- – Aman, Esseney-bey Estemesovich... - Kotsoukh souhaita la bienvenue en kazakhe, en toutefois appelant Esseney par son patronyme, ajoutant "bey" à son nom - ce qui chez les Turcs, sonne très honorable.
- – Aman, Efim-Tore Kotsouk, aman... - répondit Esseney. Peut être qu'il n'arrivait réellement pas à prononcer le son "ts" dans le nom de famille du sotnik, ou qu'il faisait exprès, mais il ne pouvait s'imaginer la signification du mot bafouant mortellement sa dignité masculine, peut-être faisait-il semblant de ne pas le savoir.
- – Eh bien, Esseney-bey, peut-on considérer l'affaire du maudit de Kenesary comme résolue?
- – Tu penses qu'il ne reviendra pas?
- – Non! Où ira t-il! Comment peut-il revenir si Esseney lui-même a commencé et Kotsoukh a terminé!
- Ils étaient quelque peu semblables - en audace peut-être, c'est pourquoi ils se plaisaient l'un l'autre, se partageaient les secrets et les projets, et quand à l'un manquaient des mots russes, et à l'autre des mots kazakhs, Tlemis leur venait en aide.
- – Cela veut dire qu'il ne viendra plus? – Esseney voulait encore et encore parler de la défaite de Kenesary. Il n'a pas encore eu le temps de savourer la victoire. – C'est dommage que j'ai été blessé... Je l'aurais lui-même traîné jusqu'à vous par un lasso!
- Le sotnik écouta Tlemis en hochant la tête et se pencha vers Esseney:
- – Il essayera de se fourrer - il en serra ainsi... Seulement, il ne voudra pas, il a déjà goûté au sabres de nos cosaques! C'est dommage que nous sommes arrivés en retard... Mes cosaques ont abandonné la fenaison, sorti les sabres - et en avant... En avant! Et Tlemis fouilla ensuite avec eux, toute la circonscription - allèrent quatre jours à cheval, et rentrèrent la veille. Sur cette rive de l'Ichim, il ne resta aucune âme vivante, à gauche, tous se dispersèrent. Avant-hier, les miens ont traversé de l'autre côté de la rive, ils marchèrent quarante miles verstes. Pas une seule âme. Les vieillards infirmes, leurs vieilles femmes affirment tous que Kenesary s'en alla vers le sud...
- – Tu as dit premièrement qu'il n'y avait pas une seule âme...
- – Je voulais dire - pas une seule personne qui pourrait prendre les armes, Esseney-bey...
- La conversation se poursuivait, mais Esseney répondait brièvement, il ne pensait pas au sotnik, mais à Tlemis.
- Une fois, quand Tlemis n'avait que dix ans, Esseney ordonna de fouetter son père - il était embauché à paître des porcs dans le campement. Le garçon se tenait planté comme un piquet, et quand sa mère en sanglotant, se jeta aux pieds de Esseney, son fils la força à se relever et la conduisit dans la maison. Mais Esseney fut enchanté du fait qu'une belle femme tomba à ses pieds, la fermeté et la retenue du garçon l'impressionnèrent aussi - il la gracia de cinq coups... Le maître de la maison n'était pas laid du tout, et sa femme attirait les regards des hommes. "Eh-eh, - pensa Esseney. – Ce homme stupide n'est-il pas le père de ce gamin. Son père, le bijoutier Circassien au nez bossu, il va souvent chez eux à l'aoul... Elle n'a certainement pas pu résister, elle fut séduite par l'éclat des broches et le carillonnement des boucles d'oreilles..."
- Plusieurs années passèrent, et Tlemis - djiguite tout à fait adulte - ressemble vraiment à un Caucasien, on ne saurait cacher cela. Il vit à Stap, et semble parler russe pas moins que le kazakhe. Par son visage, Esseney voyait que Tlemis n'avait pas oublié la flagellation qu'il infligea à son père.
- – Tes parents sont-ils vivants et en bonne santé? - demanda gentiment Esseney.
- – Mon père est mort, mais ma mère est vivante, - répondit froidement Tlemis. Esseney suggéra:
- – Il y aura bientôt une foire à Irbit... Et, comme tu vois, je suis couché, je ne peux pas me lever. Peut-être tu resteras en visite chez moi dans l'aoul et tu iras à cette foire? Je n'ai personne qui envoyer... - soupira t-il.
- – Qu'il en soit ainsi, Eseke, accepta Tlemis, sans d'ailleurs manifester un quelconque enthousiasme, et sans montrer sa gratitude. – Quand voulez-vous?
- – Il serait bien que dans deux jours au plus tard, tu sois déjà chez nous. Tu veilleras toi-même sur le bétail à sélectionner pour la vente.
- – Bien, Eseke...
- – Viens me rendre visite avant ton départ. Tlemis acquiesça de la tête.
- Mais le sotnik n'avait pas encore fini la conversation:
- – Esseney-bey Estemesovich... Demain, je pars pour l'état-major d'agha-Sultan. On doit lui retourner les cosaques qui assurent là-bas sa sécurité. De qui se protège t-il désormais? Mais les femmes cosaques ne me laissent aucun répit, elles sont furieuses sans les siens... Et tout de même, le gouverneur est un homme étrange! Il ordonna de combattre contre un sultan, et de protéger l'autre. Comprenez-vous quelque chose? Pourtant, tous les deux... s'envoient régulièrement des émissaires l'un à l'autre, partagent de la courtoisie... Vraiment, lors de ce voyage, j'enfoncerai à agha-sultan une bonne gousse de piment rouge quelque part!
- Esseney fut ébranlé de rire, tout en gémissant de douleur. Il tremblait de sa tête noire, de la taille d'un bon chaudron, les duvets du coussin volaient en éclats.
- – Enfonce-lui une deuxième gousse pour moi, - demanda t-il.
- Un mois plus tard, Gengis quitta l'état-major pour s'installer dans son aoul. Il s'inquiétait le moins du fait qu'en ce temps, la circonscription était laissée sans gouvernance. Et les habitants de la circonscription s'inquiétaient le moins l'agha-sultan, pourvu qu'il ne revienne plus.
- Tout fut ainsi, il y a quinze ans de cela...
-
- Et maintenant tout est fragmenté, confusément, mais Esseney s'en souvenait clairement. Il a même pressé son cheval, comme si de nouveau blessé, s'échappait d'une poursuite... Lancinait la cicatrice tubéreuse entre ses omoplates ... Oui, à cette époque-là, sa gloire était forte et stable, et lui-même, chaud, vif et sûr de des décisions, et plus d'une fois le bout de son fouet suintait de sang. Maintenant il a environ soixante ans... C'est le temps de le réflexion, de la repentance, des œuvres de charité, où il ne pouvait admettre la violence et l'injustice... Mais qu'est-il arrivé? Convoitant le riche massif, où s'installa pour l'hiver son premier ami ,qui une fois, le couvrit de son propre corps contre flèches ennemies. Le cheval bai que Kenjetaï apporta aux guerriers est-il suffisant comme compensation de la faute? Cette compensation est-elle suffisante? Toutefois, demain tout sera clair. Demain, il se rendra lui-même chez Artykbaï. Il serait gênant de se justifier et tout imputer à Mousrep-le chasseur, qu'il avait cru en ses paroles, comme quoi le massif n'appartient à personne...
- Il allait en direction d'un nouveau campement près du lac. En direction du lac, de l'ouest comme du sud, se rapprochait la foret de bouleaux et de trembles. Au nord et à l'est, des broussailles de genêts et de saules hérissaient la vallée, en descendant dans la steppe. Le bord du lac était densément couvert de roseaux et la glace n'avait pas encore recouvert la surface propre, légèrement ridée par le vent comme si elle avait des frissons au pressentiment de l'hiver proche.
- Et il serait bien de passer l'hiver! Les forêts sont pleines de bêtes sauvages. L'eau de ce lac est douce, non salée. Du combustible à portée de main, autant que possible pour les arbres secs. Et le bétail a un endroit pour s'abriter: Il ne saurait demander quelque chose de lui-même. Il serait bien qu'Artykbaï-le guerrier devine, propose de conduire ici au moins une des quatre hardes.
- Non loin de la rive, sous les arbres, à l'abri du vent, il y avait deux yourtes blanches et trois noires. Les traîneaux de bois, sans couverture de fer, les brancards aux patins pointés vers le haut, dans une pièce séparée étaient rangés harnais et selles. Près de la yourte blanche, la plus grande, où vivait Esseney lui-même, il y avait deux niches pour deux chiens de race arabe, ceux mêmes que Mousrep-le chasseur avait entrainé.
- Les chiens n'aboyèrent pas quand il se rapprocha, ne cajolèrent pas leur maître. Ils sortirent seulement à l'extérieur, s'étirèrent et le regardèrent comme s'ils attendaient ce qui se passerait ensuite.
- Esseney ne s'occupa guère d'eux, alla immédiatement dans sa chambre. Accoudé au coussin, il écoutait - Kenjetaï n'est-il pas de retour? Pourquoi s'attarde t-il? Juste pour rendre le cheval, et c'est tout.
- Kenjetaï arriva avant le jour.
- – Eh bien, comment? - demanda Esseney, sans remarquer d'impatience.
- – J'ai Mouzbel près de la yourte du guerrier. Le guerrier est très content.
- – Et qu'est-ce qu'il a dit?
- – Il dit - je ne sais pas pour l'instant qui est coupable et de quoi... Petite Oulpan... Elle grandissait, personne ne la contredisait, elle faisait ce qu'elle voulait. Qui sait ce qu'elle vous a dit. Si Esseney a offert un cheval, ce n'est peut-être pas en signe de culpabilité mais par générosité, comme un vieil ami. Il a dit aussi - que Allah le bénisse...
- – Mais comment va t-il? Probablement au lit, toujours couché?
- – Toujours couché, oui... On raconte que parfois il demande d'ouvrir la porte et ainsi, sans se lever, tire à l'arc sur le vieux peuplier. À une centaine de pas. Je n'ai rien dit, et il vous a lui-même invité pour demain. Il dit que vous avez certainement oublié les goût des beignets que cuisinait votre tantie Nesibeli.
- Esseney garda le silence. Après toutes ses affaires, la lutte, les divertissements, déjà treize ans que son cheval n'a pas laissé de trace sur le seuil d'Artykbaï-le guerrier...
- – Qu'est-ce que Arteke a encore dit?..
- Kenjetaï n'avait pas vraiment envie de retransmettre une conversation qui rappellerait de nouveau à Esseney ses gaffes, mais il ne pouvait non plus taire cela, sachant que Esseney lui-même s'y rendra... Artykbaï interrogea sa fille sur ce qui se passa entre elle et Esseney, pourquoi elle lui laissa elle-même en signe de culpabilité - quelle culpabilité? - lui laissa-t-elle l'amblier. Pourquoi Esseney n'a t-il pas seulement retourné, mais a envoyé un autre cheval en sus?
- Oulpan expliqua: "Je leur ai dit que notre massif de Karshygaly est suffisant pour l'hivernage des bétails de dix aouls de Sibans, mais pour les hardes d'Esseney, il n'est pas assez grand. Alors, ils m'ont accusée de parler trop insolemment. Je n'ai pas discuté, j'ai lâchée la bride et je suis partie. Et si Esseney a rendu le cheval et offert un autre en sus, cela signifie qu'il a donc assumé la faute!"
- Esseney demanda si la famille d'Artykbaï vivait pauvrement et, semble t-il, fut content que non - pas pauvrement. On ne remarque pas de richesse particulière , mais ils ont tout le nécessaire à la maison. Et, aux grilles à l'intérieur de la yourte, sont suspendus des lances - longues comme courtes, des arcs suspendus et des carquois de flèches, des sabres et des couteaux, une arme qui jadis faisait la gloire d'Artykbaï-le guerrier...
- Esseney n'entendit pas tout ce qu'il voulais savoir, mais en tout cas, il estima que c'était suffisant pour une première fois.
- – Bien, dit-il. – Il est temps de faire la salât...
- Kenjetaï n'était pas que le palefrenier d'Esseney, mais aussi imam, ou plus précisément - souffleur. Il entonnait les prières, et Esseney les répétait intérieurement, tout en remuant les lèvres. Il ne pouvait d'aucune façon - une longue vie durant - les apprendre par cœur jusqu'à la fin. Peut-être qu'il ne se donnait vraiment pas la peine de mémoriser quatre prononciations différentes de la lettre "a", trois "s", deux types de "kh", dans deux cas sonnaient différemment la lettre "g"... C'est pourquoi Kenjetaï était toujours à ses cotés, prononçant chaque mot, mais en répétant après lui, Esseney transformait ces mots, seul Dieu sait en quoi...
- Peut-être, Esseney avec tant de diligence - cinq fois par jour, comme se doit un musulman pieux - faisait la salât, car il n'avait pas mal de péchés sur sa conscience.
- Sur lui, pesait surtout un péché, car après cela sa vie commença à rouler en descente, malgré toute sa puissance, son influence, sa richesse... Une fois, il arracha les terres et chassa loin dans le désert de steppe, le pauvre aoul paisible de Nouraly, qui se forma à côté des villages russes. Les aksakals de cet aoul le maudirent d'une terrible malédiction, et l'année suivante, les deux fils d'Esseney moururent le même jour de la variole.
- Après les avoir enterrés, Esseney une fois à la maison, s'aperçut que son corps le démangeait commençait à se recouvrir d'escarres. C'était à la fin de l'été, mais les jours demeuraient toujours torrides. Esseney, sans tarder aucune minute, monta à cheval et partit pour le lac d'Aouliekol - le lac sacré, salé, il était célèbre pour ses propriétés curatives. Il jeta ses vêtements sur la rive et plongea jusqu'au cou dans l'eau. Ils ordonna aux siens de lui apporter une yourte en ce lieu, du koumis, et il passa un long moment dans le lac. Il fit preuve d'une patience inimaginable - il ne toucha pas les escarres, ne se gratta pas, pourtant la démangeaison pourrait mener un homme atteint de variole à la folie! N'admettait pas que les guérisseurs s'approchèrent de lui, il ne demanda pas à ce que les mollahs prient pour sa santé.
- Difficile de dire si l'eau du lac sacré possédait des propriétés curatives ou non, mais Esseney fut guéri. En souvenir de cette rude épreuve, il lui restaient sur le corps, de grandes taches de la taille d'une pièce de monnaie de cinq kopecks.
- La malédiction de l'aoul hostile n'avait pas cessé d'apporter de troubles. Cette année-là, sa femme cessa d'enfanter. Esseney se résigna au destin, se résigna au fait qu'il restera sans héritiers, et inclina sa fière tête sur tapis de prière, espérant: peut-être Dieu entendra t-il ses prières. Et maintenant, le soir, il se souvint à nouveau des paroles flatteuses du stupide Mousrep-le chasseur: «Une fois tu passeras l'hiver, et on l’appellera le massif d'agha-sultan, et il reviendra en héritage à tes enfants et petits-enfants».
- Esseney ne pouvait se concentrer pour la prière, les mots arabes mélodieux ne lui venaient pas à l'esprit . Et se leva sans terminer la salât - il est pur en pensée, et Dieu lui pardonnera.
- Bien qu'il se coucha tardivement hier et se leva aujourd'hui avant l'aube, Esseney ne pouvait se rendormir.
- Rampant comme un serpent, pénétra dans la yourte une anxiété vague, ambiguë. Au départ, il se mettait à l'esprit que c'était la repentance rejetée de l'offense involontaire qu'il porta à Artykbaï. Mais le deuxième Esseney, qui parfois suivait attentivement le premier et lui disait ce que personne d'autre n'oserait dire, même Mousrep-le Turkmène, l'interrompit: "Ne te trompe pas soi-même, Esseney... Avec Artykbaï tout ira bien demain..."
- Quoi alors?.. On ne saurait comprendre les pressentiments de quelques changements, sont-ils heureux ou tristes. Ça suffit! Chasser ce pressentiment loin à plusieurs longs passages de chevaux! Il sembla même y réussir, et il se retourna avec soulagement sur le côté, ferma les yeux, appela Dieu en aide... Mais, non. Tantôt il s'imaginait les yeux d'un chamelon âgé d'un an, protégés du soleil par de longs cils... Tantôt sur un pré vert apparaissait en provenance de la forêt, une jument impétueuse blanche comme la neige, louchant avec plaisir d'un œil noir, et ne se laissait pas approcher...
- Esseney eut chaud, et pour d'échapper aux visions importunes, il se mit activement à réfléchir, où, dans quels massifs envoyer les troupeaux de chevaux, il comptait les chiens de chasse, les chevaux de courses nécessaires pour la chasse d'hiver... Mais rien ne pouvait le calmer.
- Il se souvint l'unique fois quand il arriva chez Artykbaï-le guerrier. Oui, il y a treize ans de cela. Esseney entra dans la yourte du propriétaire en le saluant avec de grands cris, et à sa rencontre se précipita une fillette prise de frayeur âgée de cinq ans au plus... La pauvre fillette ne savait certainement pas qu'il existe dans ce monde des gens si énormes, et sa voix dût lui paraître comme un grondement de tonnerre.
- Durant trois jours, elle ne pouvait pas risquer d'apparaître au chevet du lit de son père, il suffisait de l'appeler et elle épiait à travers une fissure et disparaissait instantanément. Cette fois-là, Esseney revenait de la foire d'Irbit et fit un tour chez son ami non sans les mains vides. Il lui offrit un bon cheval, deux juments avec leurs poulains, un chameau chargé de balles de thé et de sucre, d'abricots secs, de raisins secs, de robes pour femmes et d'articles ménagers.
-
-
- Les raisins secs et les abricots secs, les perles brillantes ont fait leur travail. Oulpan commençait à s'habituer à Esseney. Il lui semblait toujours énorme, mais déjà pas si effrayant. Il avait toujours dans sa poche des bonbons... Et il ne les épargne pas, quelque soit la quantité qu'on lui demande... Le visage noir, noir, en plus perforé par une variole cruelle, mais quand il la regarde, c'est un visage de bonté. Oulpan lia une amitié avec lui.
- Elle ne le laissait pas de répit, même pendant la salât. Elle grimpait par derrière - les talons sur ses épaules - et commençait à donner des ordres: «Je vais sur un chameau, loin, très loin... et toi, tu restes à la maison!» Elle aimait, et se balançait réellement comme sur un chameau. En fait, pendant l'accomplissement de la salât, le priant s'accroupit, tantôt s'incline vers le sol en se courbant, tantôt lève la tête en arrière. "Maintenant redresse-toi, et maintenant assieds-toi, et maintenant courbe-toi à nouveau." Cela lui procurait du plaisir que le "chameau" exécutait volontiers ses ordres, et elle éclatait gaiement de rire.
- Il y a si longtemps qu'Esseney n'entendit pas des rires d'enfants. Il dut oublier, s'avère t-il, que les enfants de cet âge sont raconteurs inépuisables, ils parlent leur propre langue drôle, peuvent se fâcher pour le prétexte le plus insignifiant et en même temps, sans transition aucune, se réjouir impétueusement d'une bagatelle.
- Oulpan se réveillait tardivement - après avoir couru toute la journée, elle dormait comme un loir. Mais, une fois réveillée et après avoir mangé, elle s'en prenait à Esseney, et dans ses oreilles retentissaient à nouveau sa voix: "Tonton... Lis la salât...» Et bien qu'il ait déjà fait la prière matinale, il étalait docilement le tapis. «Assieds-toi d'abord...» Et il sent comment de fines mains le saisissent à l'arrière par le cou. «Et maintenant - lève-toi».
- Un jour, alors qu'elle était assise sur ses genoux et se câlinait contre lui, Oulpan demanda:
- "Tonton, mais qui t'a griffé au visage?"
- «J'ai été griffé par un loup noir quand j'étais petit... Je n'obéissais pas, je me suis éloigné de l'aoul et il m'a attrapé. Mais toi, ne joue pas loin de la maison, c'est compris?"
- "D'accord, d'accord... Mais tu es noir et gros comme notre taureau dans le troupeau." Elle grandit dans l'aoul et ne savait pas qu'il existait aussi des lions et des éléphants, sinon elle l'aurait comparé à eux.
- "Non, je ne suis pas un taureau. Je n'ai pas de cornes. Et je ne bute pas les enfants quand ils m'approchent."
- "Ah!.. Je sais qui tu es! Tu es un chameau noir, voilà qui tu es. Mais je n'ai pas peur de toi. Tu es un gentil chameau, non?"
- "Je suis gentil..."
- Et une fois, pendant la salât, Oulpan se mit à pleurnicher:
- "Aïe, aïe, Tonton! J'ai été piquée! Au dos! Ça doit être une fourmi!"
- Elle sursauta, et Esseney, l'attrapant d'une main, souleva sa robe de l'autre, lui baissa la culotte de velours et saisit par ses ongles la fourmi accrochée à sa peau, tout près du grain de beauté noir-velours juste en dessous du hanche.
- La jeune fille qui rencontra Esseney sur la colline était le même Oulpan... Treize ans se sont écoulés! La petite fille espiègle, avec ses gamineries et son grain de beauté tendre a grandi. Ce chasseur se préparait à la fouetter! Et même si... même si... Le grain de beauté ne pouvait pas disparaître...
- "Oh Créateur, qu'est-ce qui m'arrive! La haouli elda-belda, galy bin kazym... - et il se souvint sans l'aide de Kenjetaï les paroles apaisantes de la prière. – Il faut que je me repose, j'essayerai de m'en dormir..."
- Elle l'appelait chameau noir et disait qu'elle n'avait pas peur. Et semble t-il que ce soir même, elle n'avait pas peur... Elle le regardait droit dans les yeux, sans le fuir du regard. Elle lui cracha ses vérités et s'en alla sans défaite. Elle était une fillette corpulente, bien nourrie par sa mère, et comme elle est devenue élancée, svelte...
- Et Esseney essaya à nouveau d'arrêter le flot de pensées troubles, et ne réussit pas à nouveau. Diable de chameau, vieux chameau noir!.. Demain il devra faire la courbette à Arteke, réconforter le guerrier, lui dire que les troupeaux de chevaux seront évacués vers un autre endroit pour l'hivernage, demander pardon... Oulpan servira certainement le thé, qui d'autre le ferait. Quand elle était petite, elle le faisait avec joie quand sa mère lui autorisait à prendre place près du samovar. Elle avait les lèvres écarlates et juteuses comme la fraise sauvage, ses yeux rayonnaient. Heureusement, la variole n'avait pas touché son visage. Mon Dieu, garde-la...
- Il était impossible qu'une fille pareille reste jusque là inaperçue. Quelqu'un l'a probablement depuis longtemps demandée en mariage, et ce malotru a dû payer à l'avance le prix de la fiancée. Ah, le chien! Un tel chien, et il est né sous si une bonne étoile! Quelle stupide coutume des Kazakhs - le demander en mariage lorsque l'enfant est encore au berceau. Ayant perdu sa puissance, le guerrier appauvri avait depuis longtemps dépensé le prix de fiancée reçue pour sa fille!
- Sa mère Nesibeli était dès son jeune âge d'une beauté impeccable. Oulpan lui ressemblait de visage, et semble t-il de comportement - généreuse, gaie, directe. Et comment devait-elle mettre le couvre-chef que la jeune femme mariée porte sur la tête pour la première fois! Avec quelle dignité et quelle élégance sera-t-elle assise, remuant le koumis dans un bol sculpté! Il ferait immédiatement plus clair dans la grande yourte blanche.
- Il se souvenait de sa femme, qui déjà sept ans, s'installa séparément de lui. Rien à dire - sa Kanikey était également une belle femme, seulement, elle était sans doute froide et médisante. Après l'élection d'Esseney entant que juge d'appel, sans lui demander son avis elle se mêlait volontairement des affaires des autres, donnait des ordres, provoquant un mécontentement parmi le peuple, ce qui apporta la discorde entre les aouls. Elle estimait qu'il devrait en être ainsi - elle n'est qu'une simple femme de l'aoul, elle est de la famille d'un riche propriétaire terrien très connu... Et elle essayait de tout faire au mépris d'Esseney, se querellait avec celui, se moquait de lui. Après la morts de leurs fils, elle crut en la puissance de la malédiction, elle croyait que Esseney avait irrité Dieu et qu'il ne serait jamais pardonné. Et commença elle aussi à maudire son mari. En fin de compte il se lassa, il devint impossible pour eux de vivre ensemble, et Esseney lui donna sa part, l'installa dans le massif de Kirkoylek, et déjà sept ans qu'il contournait cet aoul de plusieurs verstes.
- Depuis lors, il ne permit à aucune femme de s'approcher de lui. Il s'occupait de sa ferme, de son bétail, de la chasse, réglait les affaires judiciaires. Et ainsi, il n'avait pas de famille. Semblait-il que le chameau noir s'était calmé! Mais voilà que le diable tentateur le tourmente toute la nuit, et si ne lui vient en aide et ne le ramène pas à la raison le Tout Miséricordieux Allah, alors tout pourrait arriver...
-
- Le lendemain, Esseney consacrée toute la journée à l'expédition des troupeaux de chevaux, et avant le soir tourna bride en direction de la yourte d'Artykbaï-le guerrier. Avec lui allèrent Mousrep-le Turkmène, Sadyr et Kenjetaï. Il ne prit pas Mousrep-le chasseur.
- – Tu te souviens de ce que tu as promis à la fille d'Artykbaï? Mais voilà que j'ai payé la compensation pour tes menaces. Dès que la neige tombera un peu plus, attrape, toi et ton aigle, deux ou trois renards, apporte-les à Arteke comme cadeau et demande pardon. Mais aujourd'hui, tu n'as rien à faire à sa table. Reste ici...
- Artykbaï-le guerrier fut illuminé de joie à la vue de ses chers amis, ses chers invités.
- – Alors, tu as tout de même retrouvé le chemin de la maison de ton frère! - s'exclama t-il. – Toi mon lion... Mon ami... Viens vers moi! Je ne peux moi-même me lever pour vous rencontrer! Tu t'es souvenu tout de même... - Salutation et accusations - tout était mélangé. Il tint longtemps Esseney à la main et le laissa après avoir serré la main contre sa joue.
- Ses yeux brillaient de larmes lorsqu'il s'adressa à Mousrep:
- – Et tu es là aussi, mon Turkmène... Toi qui ne connait pas la peur! – Et il tenait également longtemps la main de Mousrep dans la sienne, comme s'il avait peur de le lâcher, et que celui-ci s'en ira. – Les gens disent que j'ai protégé Esseney de la mort. Mais c'est toi qui m'a sauvé la vie, tu es mon ange gardien...
- Et ils étaient en effet presque tous réunis - comme au jour de la bataille décisive contre les fantassins de Kenesary. Esseney, Artykbaï, Mousrep et Sadyr... Seul Bekentaï n'y était pas. Et se souvint le vieux guerrier qu'il passa six longs mois couché à l'hôpital de Stap. L'aoul de Mousrep se trouvait non loin, et chaque semaine Mousrep lui envoyait de la nourriture pour la maison, du koumis. Enfin, le médecin militaire lui déclara en soupirant que plus la médecine est impuissante. Mousrep est arrivé sur un traîneau et conduisit dans un froid farouche Artykbaï à son domicile.
- Artykbaï salua aussi longuement Sadyr. Ils pleuraient et riaient, se tapaient le dos l'un à l'autre. Et Artykbaï le réprimanda avec joie:
- - Et toi, mon guerrier, le célèbre lancier! Je n'arrive pas à croire que le jour est venu où je te revois? Ah toi, le vieux chien! Pourquoi en quinze ans tu n'as même pas une seule fois attaché ton cheval à près de ma pauvre yourte? Je me demandais bien si tu étais encore vivant?
- Sadyr s'agenouilla près du lit d'Artykbaï et y resta tandis que celui-ci saluait les autres invités, puis il dit à son vieil ami:
- – Quand viendras-tu ici en visite? Bon sang! Les temps où les guerriers et leurs lances avaient de la valeur sont révolus. Ton Sadyr a depuis longtemps remplacé sa pique par un lasso et est devenu un gardien de chevaux.
- Artykbaï soupira. Il savait mieux que quiconque que les prouesses de combat et la richesse ne coexistent pas toujours dans la vie sans guerre. Et Sadyr, comme beaucoup d'autres, était sous la dépendance de longue date d'Esseney.
- Ensuite, les invités saluèrent tour à tour la femme d'Artykbaï par la main et jetèrent un coup d'œil bref sur Oulpan - elle se tenait debout à côté de sa mère. Un coup d'œil rapide car regarder la jeune fille plus longuement serait indécent. Et elle répondait du coin des yeux à chaque salutation et s'activait aux tâches ménagères, elle alla à l'extérieur en prenant le samovar en cuivre poli.
- Il était temps pour Esseney d'expier la gêne causée par l'apparition soudaine de ses troupeaux de chevaux à Karshygaly.
- – Arteke..., dit-il. – Nous sommes coupables envers vous, mais, croyez-moi, nous ne savions pas que vous vous étiez installés dans ces régions. Après tout, votre ancien campement se trouvait un peu plus haut.
- – Oui, à une centaine de verstes environ. Aksouat... Et après nous nous sommes déplacés vers ici. Je le raconterai avec le temps. Tu connais le dicton? Quand l'âne sauvage tombe dans un puits, les crapaud lui pénètrent dans les oreilles. Quelque chose de ce genre m'est arrivé.
- – Mais dès que j'ai appris que vous étiez ici, que vous occupiez ces terres, j'ai expédié la majeure partie des troupeaux de chevaux en direction de Kousmouroun, et une partie vers d'autres pâturages.
- – Tu les as expédiés en vain. Si les hommes vivent en paix et en harmonie, alors l'eau du lac suffit à tous...
- – Non, Arteke, non! Je ne voudrais pas passer pour un ingrat! Pour que les gens racontent que Esseney a arraché la terre à son sauveur.
- - Mais serait-il mieux qu'ils disent que Esseney voulait passer l'hiver et que le vieil infirme ne le laissa pas pénétrer son foyer...
- – Je ne permettre à quiconque de vous calomnier, Arteke!
- – Voilà quoi... Tu passeras cet hiver-là à mes côtés, alors tu pourrais installer ton frère aîné dans un traîneau, le conduire à la steppe et lui montrer comment tu chasses les loups. Voici déjà quinzaine d'années, je suis devenu un chien en laisse, et maintenant toi au moins... Ordonne à ce qu'on monte tes yourtes près de la mienne.
- Et sur ce ils tombèrent d'accord. Esseney fut convaincu qu'une harde pourrait passer l'hiver à Karshygaly. Artykbaï-le guerrier se rendit compte que si Esseney est à ses côtés, alors il passera lui-même un hiver sans soins soucis particuliers.
- Esseney détourna la conversation sur la chasse:
- – Bien sûr qu'on ira à la steppe! Préparez l'arc et la lance. On m'a raconté que vous tirez à travers la porte ouverte sur un vieux peuplier planté à cent pas. Si Dieu le veut, votre flèche attendra un loup à la steppe.
- – On verra... Mais quoi que je tire parfois sur un peuplier... Aurais-je vraiment encore quelques autres distractions? Je passe le temps - j'affile les pointes pour les piques, je confectionne des flèches. S'il n'y a personne à côté, alors je tire sur une cible. Il arrive des fois où je fais des tirs parfaits, mais il y a des fois où la flèche manque complètement la cible...
- Quand ils arrivèrent à la yourte d'Artykbaï, ils attachèrent à la hâte les chevaux et Kenjetaï sortit pour les mettre en accalmie. Ils ne partiront pas sitôt d'ici. Oulpan sortit de la yourte voisine avec un samovar en main.
- Kenjetaï l'appela:
- – Chérie... Pose le samovar, je le porterai... Elle laissa le samovar.
- – Écoute, djiguite... Ne m'appelle pas chérie. J'ai un nom - Oulpan. Et maintenant, après le thé, tu selleras pour moi le bai que tu as toi-même envoyée hier. Il pâture non loin, le-voilà près des arbres. Au lasso! La selle est ici. Ici... Maintenant porte le samovar... - Ses paroles résonnaient de sorte qu'il était impossible de ne pas obéir, et Kenjetaï la prit par la main.
- Il entra en premier dans la yourte, Oulpan après lui.
- Esseney remarqua discrètement leur apparition conjointe. Comme son frère, Kenjetaï aime s'attifer, c'est un homme éminent, jeune... Quoi que Oulpan... Esseney les regardait tous deux d'une manière suspecte. Non, apparemment rien de tel... Kenjetaï ne s'assit pas à table, il se rendit immédiatement vers la porte en expliquant:
- – Il faut conduire les chevaux en repos...
- Artykbaï essaya par une plaisanterie d'égayer la modeste régalade:
- – Monsieur Esseney, nos juments ont cessé de produire du lait et maintenant nous tenons à la maison une jument rousse surnommée «samovar». Gloire à Allah, cette jument se laisse traire à tout moment. Femme! - appela t-il sa femme à haute voix comme le maître de maison. – Trais bien la jument rousse!
- Esseney s'éclata presque: "Sois patient, sois patient, Arteke, je te ferai boire du koumis tout l'hiver" Mais il dit encore:
- – Nous sommes tous habitués au thé, que diable! Il suffit d'en boire dès le matin, et on a des maux de tête toute la journée. Nous aurions nous-mêmes demandé du thé si vous n'aviez pas mis le samovar. Et les beignets?.. Il y a longtemps que je n'ai pas gouté de beignets des mains de notre chère tantie...
- Autour du thé, Esseney tant qu'il le pouvait, ne regardait pas en direction la jeune fille, mais ses yeux se reposaient d'eux-mêmes sur elle. Un chapeau de velours cramoisi et d'astrakan noir, un léger manteau de fourrure de pattes de furet, couvert par ce même velours cramoisi, des chalvars de velours cramoisi. Aux pieds, des bottes chromées sur de hauts talons et au-dessus, des galoches en cuir, appelées dans cette région «galoches obliques». Tous ses vêtements étaient quelque peu froissés, il est clair qu'elle les retirait d'une malle lors d'occasions solennelles.
- Elle servait le thé, sans lever les yeux sur les invités. Seules les mains sont visibles, le visage... Il semble qu'elle fait partie des filles discrètes qui n'affichent pas leur beauté... Ou même comprend-t-elle que la beauté cachée frappe encore plus profondément les djiguites? Sous des tresses serrées de l'épaisseur d'une paume blanchoyait son cou. Et ses mains - confiantes, agiles, habituées au travail.
- Esseney soupira, se détourna, mais la regarda de nouveau. Elle est adulte... Elle ne demandera plus maintenant qu'il lui retire une fourmi, une fourmi la piqua... Il s'est retenu toute la nuit: «Ne t'énerve pas, chameau noir, ne t'énerve pas...» Il répétait mentalement maintenant même ces mots comme une adjuration, mais ceux-ci agissaient pourtant faiblement. Oulpan était en face de lui - en réalité, encore mieux que dans les visions nocturnes troubles, et Esseney laissa deux fois sans réponse les questions que lui posa Artykbaï.
- Son état fut remarqué en premier par la mère de la jeune fille, Nesibeli et elle eut des pincements au cœur. Et n'échappa pas également à Mousrep. Quelque chose se passera... Et seul sur la le visage d'Oulpan il n'y avait aucune ombre d'inquiétude.
- Lorsqu'ils eurent terminé de boire le thé, Oulpan laissa le samovar près du mur et sortit de la yourte.
- Et la yourte se vida immédiatement comme s'il n'y avait plus personne. Esseney languissait. Quel malheur, les mots simples et détendus ne lui parviennent pas pour briser ce silence gênant! Il aurait pu raconter en plaisantant comment elle arriva à la colline, revêtue en djiguite, avec quelle fierté elle lâcha la bride de l'amblier à Kenjetaï. Et comment ils n'eurent même pas le temps d'ouvrir la bouche, qu'elle fut déjà sur un autre cheval et partit au galop... Cela les aurait fait rire tous. Peut-être Oulpan aurait-elle souri, ajouté quelque chose comme elle pensait hier: avait-elle réussi à tromper par son apparence Esseney et ses compagnons. Mais peut-être n'aurait-elle rien dit, seuls ses yeux auraient brillé... Comment le juge d'appel Esseney aurait-il pu ne pas deviner d'engager à temps cette conversation? Mais la cause de cette lenteur d'esprit lent - l'âge... Tout de même - presque soixante ans!
- Oulpan fut longuement absente. Esseney se cassait la tête pour imaginer quelque chose qui l'obligerait à se retourner vers les invités. Gloire à Allah, au moins Kenjetaï est ici avec tout le monde, et ne pas traîne pas dehors pour soit disant mettre les chevaux en repos...
- Esseney le regarda.
- – Kenjetaï, tu aurais pu chanter au guerrier...
- – E-e, très bien! - le propriétaire lui-même approuva la requête. Les gens de la famille de Mousrep-le Turkmène maitrisaient l'art de chanter, ils savaient produire des sons merveilleux à l'aide de flûte, réjouir, faire penser et pleurer la dombra... Mais il n'y avait pas de dombra dans la yourte de Artykbaï et Kenjetaï plia en deux le fouet pour que les mains qui produisaient une mélodie imperceptible aidât à la chanson.
- Il a chanté "Slushash":
- Sous le chapeau de martre une jeune fille,
- et sous le brouillard ne s'égarera pas le djiguite,
- ne s'égarera –
- il trouvera le chemin menant à sa bien-aimée.
- Ne verront pas les patrouilleurs
- ils furent placés par Kantaï,
- il ne ménageait pas ses chevaux
- dans les massifs vastement libres du Tourgaï doré!
- Mais plus précieuse que tout cela -
- Sloushash -
- sa fille, la beauté face à laquelle
- même le soleil s'obscurcit,
- et la lune s'estompe...
- La voix de Kenjetaï sonnait pathétiquement, mais le plus intéressant n'était pas seulement sa voix - il donnait à chaque mot un sens pathétique, et momentanément dans la yourte d'Artykbaï surgit le courageux djiguite amoureux qui n'a pas peur ni du danger, ni du riche propriétaire terrien, Kantaï, hautain dans sa richesse, ni de la jeune fille sous le brouillard qui couvrait l'aoul son père... Sloushash ne connut jamais la faim, ce qui signifie une vieille robe déchirée et qu'il n'y a pas de nouvelle... Mais elle ne connu pas également le bonheur... Elle fut fiancée dès sa petite enfance et son père reçut pour elle beaucoup de bétail comme prix de fiancée. Et le fiancé s'avéra laid, frêle et Sloushash n'éprouvait à son égard rien d'autre que le dégoût. Ne la laissèrent indifférente les regards chauds que lui jetait le jeune djiguite nommé Altaï. Non pas un fils d'un riche propriétaire terrien, ni un riche - mais c'est seulement avec lui que Sloushash aurait pu trouver le bonheur... Seulement avec lui...
- Peut-être aussi parce que la chanson agissait tellement sur les auditeurs que le chagrin des amoureux devenait le chagrin de Kenjetaï, ensemble avec eux il espérait et souffrait de ce que leurs espoirs n'étaient pas destinés à se réaliser.
- Volent les oies vers l'automne -
- Sloushash se serait envolée avec eux...
- Le fiancé de Sloushash est mal aimé,
- un fiancé détesté...
- Mais le bien aimé
- ne sera jamais le fiancé!
- Son chagrin est si lourd,
- qu'il ne saurait être porté par un turkoman noir...
- Mais son père ne fait que se réjouir -
- en vendant sa fille, il a multiplié
- ses troupeaux de chevaux et de moutons.
- Artykbaï soupira profondément et dit, comme s'il partageait ses propres malheurs:
- – Eh, le prix de la fiancée, le prix de la fiancée... Que n'a t-il pas fait des gens...
- Et se tut. Et tous les autres se turent, attristés sur le sort de la jeune fille. Kenjetaï chanta d'une telle manière que personne ne pouvait rester indifférent.
- Dehors, se fit entendre un bruit de chevaux, des chevaux galopaient à toute vitesse. Le bruit se rapprochait. À l'entendre, il y avait beaucoup de cavaliers. Un aboiement résonna. Se firent entendre de forts cris d'hommes.
-
-
- Kenjetaï décrocha du mur la pique et sortit. Il était difficile d'attendre de Sadyr-le guerrier, âgé, en surpoids, la promptitude avec laquelle il saisit la pique et, à la porte, il s'arrêta: des hommes se dirigeaient vers leur yourte.
- En premier entra Oulpan en effleurant le sol de sa pelisse cramoisie. Elle s'arrêta en haletant au chevet de son père et s'appuya contre le mur. Trois personnes accoururent. Au avant, un homme en chapeau de fourrure de renard, il avait la moustache hérissée comme un chat. Le vent soulevait les flammes dans le foyer presque jusqu'à la voûte supérieure.
- La moustache de chat ordonna:
- – Traînez-la dehors! Tu pensais que tu nous échapperais... Mais alors hurla bruyamment Sadyr:
- – Toi au front large! Qui veux-tu traîner dehors? Vas-y!.. – Et les piques de presque plantées au menton.
- Le djiguite comme s'il avalait de l'eau, gargouilla de la gorge.
- – Allez, assieds-toi!
- Et tandis qu'il s'asseyait docilement près du foyer, Sadyr accrocha de la pointe de la pique le chapeau en fourrure de renard et le jeta au feu. Les deux autres djiguites qui avaient déjà tendu leurs mains à Oulpan s'arrêtèrent également sur place, sans toucher la jeune fille. Sadyr, se servant de la pique, les installa facilement à côté du premier.
- Mousrep-le Turkmène n'intervint pas. Intervenir signifierait offenser la dignité guerrière de Sadyr qui se croyait assez fort pour y faire face sans l'aide de quelqu'un. À ceux-ci, il joignit encore deux autres. Ceux-ci, ayant apparemment entendu du bruit, décidèrent de venir en aide à leur camarade.
- Content de soi - car il a du rester longtemps sans utiliser sa force et son habileté - Sadyr avec une pique à la main, sans écarter les yeux des prisonniers, demanda à Nesibeli qui se tenait à côté d'Oulpan, tenant sa fille par la main comme une petite:
- – Apporte-moi la corde à nœuds, donne-la moi...
- Chez les gens pas très lotis, toute la richesse est généralement à portée de main - Nesibeli apporta la corde à Sadyr.
- Il ôta les bonnets à l'aide de la pique et leur mit au cou un par un des nœuds pileux. Il fit cela avec grand plaisir à celui qui entra en premier et se comporta comme leur chef. Celui-ci ne résista pas, mais seulement tremblait ses moustaches de chat.
- – Imagine-toi comme un héros seulement à la maison, espèce de milan insolent - marmonna Sadyr. – Voici je te flanquerai quarante coups de fouet - tu ne t'assiéras pas sur un cheval pendant une demi année... Mais pourquoi tu tournoies? Tu veux que je te chatouille à la pique? Et avec l'aide de Dieu, je brulerai ta caboche sur le feu...
- Sadyr les traitait exprès de tous les noms. Dans les escarmouches il faut toujours traiter ses ennemis avec les mots les plus bas, lui et toute sa génération, le mener à s'échauffer, alors il s'emportera, il perdra le contrôle de soi - et la victoire sera votre!
- Sadyr mit les nœuds à tous les cinq et fixa les extrémités du lasso aux deux côtés opposés de la yourte, il s'éloigna un peu, et s'appuyant sur une pique, admirait son œuvre.
- – C'est comme çà, mes agneaux... Asseyez-vous tranquillement. Et écoutez la décision du sage juge d'appel Esseney!
- Ils étaient et même sans cela déjà tristement assis. Se trouver dans un tel nœud quand on est capturé comme prisonnier de guerre ou pris en flagrant délit de vol, était considéré comme la plus grave humiliation. Pas moins que de se retourner sans cheval dans son aoul... Un tel djiguite était privé pour toujours du respect des gens de sa lignée. Cependant, cette méthode de punition était déjà rarement utilisée à l'époque, mais Sadyr fut très en colère. Maintenant, après avoir appris qu'en face d'eux se tenait Esseney, les prisonniers s'affaissèrent totalement.
- Esseney se tourna vers le lit d'Artykbaï:
- – Mais qui sont-ils, Arteke? Vous les connaissez? Artykbaï agita sa main:
- – Comment puis-je ne pas les connaitre? Mes beaux-parents. Ce sont eux qui ont marié notre Sloushash... - Il regarda sa fille. – Eh, la pauvreté... Je pensais m'apparenter à un mercanti nommé Toulen, son aoul est non loin de Baghlân, tu sais, là où ont lieu les foires d'intercession... J'espérais qu'au moins Oulpan vive dans la prospérité! Mais son fils s'avéra frêle et laid, comme le chanta Kenjetaï... Il a les os malades, il traine à peine les pieds. La phtisie, peut-être... La petite Oulpan refusa catégoriquement de le suivre. Puis, comme tu l'as vu, ont fait irruption chez moi pour la kidnapper. Ils sont contents que je ne puisse pas la protéger.
- – Ça suffit, Arteke, vous avez suffisamment parlé - l'arrêta Esseney. – Et nous avons tous clairement vu la suite. Sadyr, emmène les beaux-parents au campement, ils y passeront la nuit...
- Mais Sadyr savourait encore la victoire. Pour la première fois quinze ans après les troubles de Kenesary brilla sa pique. Pour la première fois en quinze ans, il captura autant de prisonniers. Bravo, Mousrep n'intervint pas et lui laissa l'opportunité de montrer sa force! Et Esseney décida sagement. La nuit est longue. On pourrait cent fois conduire ces insolents un à un hors de la yourte, où il les conduira à bout de pique, et arrosera chacun de coups de fouet La main ne se lassera pas. Que le juge d'appel décide ce matin de ce qui lui plaira!
- Sadyr leur ôta les nœuds, leur ordonna de s'asseoir sur des chevaux - par deux personnes sur chaque. Il y avait cinq dans la yourte, et deux étaient restés pour s'occuper des chevaux et n'osaient résister. À six sur trois chevaux, il passa les rênes aux mains du septième et les fit passer en avant.
- Le fils de Toulen - Mourzash, avec qui Oulpan fut fiancée et vint il y a deux ans, durant le printemps parfumé des steppes. À ce moment-là Oulpan se résigna à son destin, que telle était la volonté de Dieu, elle cessa tous discours infinis avec soi-même sur l'amour et la haine dans la vie de jeune fille. Et elle voulait même voir son fiancé.
- Elle passa derrière le rideau bleu. Elle leva les yeux - et recula presque. Le fiancée sentait mauvais, ses yeux couraient. Et quand les femmes ont tenté selon la coutume ancienne de joindre leurs mains, les paumes d'Oulpan touchèrent quelque chose d'humide, glissant, comme la moisissure pourrie. Il semblait que même avec le savon que sa mère rapportait de la boutique, cela ne saurait être lavé... Et depuis lors, il lui suffisait de se rappeler ce contact, qu'elle frémissait de dégoût et qu'elle avait l'envie aussitôt de saisir le broc et se rincer les mains.
- Depuis ce jour, la relation entre les beaux-parents connut une brèche - ainsi le vent brise la glace sur le lac et repousse de plus en plus loin les glaçons et les séparant des autres. L'insolent mercanti intimidait le vieil homme qui n'avait pas de fils. Il exigea qu'on lui rembourse les cinq juments avec leurs poulains perçus alors à titre de prix de la fiancée. Artykbaï trouva cela juste et il remboursa. Alors Goulen exigea le croît pour les dix années que dura leur entente. Mais c'était déjà tant de chevaux que Artykbaï ne pouvait en rêver! Les insultes, les accusations et les menaces se poursuivirent. En fin de compte Artykbaï quitta à tout hasard son Aksouat et migra ici. Mais il n'échappa pas, les djiguites envoyés par Toulen pour enlever de force la fiancée le recherchèrent.
- Mais Esseney avait la paix dans l'âme car tout se passa ainsi et qu'il fut chez Artykbaï en ce moment. Tout se termina bien et Oulpan fut libre! Demain matin, il rendra le verdict, sévère mais juste, personne n'oserait contester. Il leur infligera une lourde amende et les chassera de l'aoul, de sorte qu'ils ne montrent plus près d'ici! En plus, il enverra l'une de ses hardes passer l'hiver sur les terres de ce Toulen qui a raté son probable bonheur.
- Sadyr emmena déjà les captifs, et Oulpan se trouvait jusqu'à présent debout au chevet de son père. Elle ne pouvait faire un seul pas. Elle ne pouvait pas enlever son cafetan en poils de chameau qu'elle porta par-dessus sa pelisse. Et Nesibeli avait peur de s'éloigner d'elle.
- Oulpan avait maintenant honte du fait qu'elle eut fortement peur, elle se croyait forte, courageuse, elle était fière de pouvoir remplacer le fils au père et à la mère...
- Le soir, quand Oulpan demanda à Kenjetaï de seller le bai, elle dut, comme d'habitude, ramener du pâturage à l'enclos dans une clairière non loin de leur yourte, un petit troupeau de leurs chevaux.
- Elle les réunissait quand soudainement de la forêt surgirent deux cavaliers.
- – À qui appartiennent ces chevaux? - Demanda l'un d'eux.
- – À qui?.. Ce sont les notre...
- Elle les prit pour des voleurs de chevaux et se dépêcha, d'un grand cri, elle conduisit les chevaux à l'aoul.
- – C'est elle! C'est bien elle! - s'écria quelqu'un derrière un arbre.
- – Tiens bon! Résiste! ..
- Les cris retentissaient derrière elle, ils se rapprochaient. Oulpan laissant le troupeau, mena le bai en toute bride, arriva au galop à la maison en devançant ses persécuteurs à distance de vol d'une flèche. Mais la maison ne serait pas aussi en sécurité si ce n'aurait été les invités... Et Oulpan ressentit une telle amertume à cause de son infortune, son impuissance qu'elle fut incapable de retenir, s'inclina sur le tapis en feutre près de lit de son père et fondit en larmes.
- Les invitées l'ont sauvée, mais ils furent également témoins de son humiliation. Elle était habituée à ce que personne ne la contredisait, tous lui obéissaient, mais en réalité elle n'est simplement que l'une des nombreuses filles qui peuvent être échangés contre du bétail, qui peuvent être kidnappées... Voici maintenant qu'elle aurait pu être emportée, ligotée, placée sur la selle. Et elle aurait pu être jetée dans les bras du pourri Mourzash.
- Elle frissonna à nouveau, voulut arrêter de pleurer, mais n'y arriva pas. Elle avait aussi honte parce que de tels honorables invités par sa faute, se retrouvèrent dans une situation embarrassante.
- Mais il ne savait pas, trouvera t-il des mots tels à ne pas trahir ses pensées nocturnes de la veille, et il regarda Mousrep. Mais il ne savait pas, trouvera t-il des mots tels à ne pas trahir ses pensées nocturnes de la veille, et il regarda Mousrep.
- Et Mousrep comprenait aussi qu'il était temps d'intervenir, mais il pensait qu'Esseney lui-même le ferait, et maintenant, après son hochement de tête, s'exprima:
- – Petite Oulpan... Plus besoin de pleurer, le malheur a été évité. Tu vois, Allah lui-même a dirigé nos chevaux vers votre maison. Nous ne souhaitons que du bien à ce foyer - nous sommes arrivés à temps! Personne n'osera te courir après, faire irruption dans la yourte de ton père. Nous allons te protéger. Qui nous est plus cher que la fille d'Arteke et notre bonne femme? Nous ferrons ce que tu désireras... Et que de bonheur qui t'attend, cesse de pleurer.
- Les sanglots s'apaisèrent, mais ses épaules continuèrent à trembler, et Artykbaï dit tristement:
- – Ici, nous sommes près d'une quarantaine de familles Kourleouts... Mais nous nous réunissons en aoul seulement l'été, mais jusqu'en hiver nous nous dispersons dans toutes les directions. À l'hiver, nous montons des yourtes aux abords des forêts denses afin de se mettre à l'abri des tempêtes. Ce serait pour nous, un jour sombre... Ce n'aurait été vous... Esseney, il y a suffisamment d'espace pour tous à Karshygaly. Installe-toi juste à côté avec tes hardes.
- – Arteke, je suis à blâmer pour ces treize années d'absence... Je ne saurais refuser quoi que vous me demandiez. J'ai décidé - pour donner une leçon à ton beau-parent, j'installerai une de mes hardes pour l'hiver près de son aoul.
- – Oh! Tu le ruineras...
- – Qu'il en soit ainsi... Et tu pourras joindre ta harde aux troupeaux de chevaux de Sadyr afin qu'on n'ait plus besoins d'Oulpan comme hardier la nuit dans ce froid d'hiver...
- Les invités se rassemblèrent après le dîner. Oulpan sourit en signe d'au revoir - ce fut le premier sourire de la soirée.
-
- Le matin, Sadyr en chemin pour le campement d'Esseney, tenta encore une fois de plus de convaincre les prisonniers - qui ose exercer sa force contre les sans-défenses, ne doit pas compter sur l'indulgence de ceux qui sont plus forts que lui... Il leur lia les mains derrière le dos, arracha les bonnets et les fourra chacun à la poitrine. Il les suivait la pique à la main. A côté - Kenjetaï, que Esseney avait envoyé auprès d'eux.
- – Kerey-waq kekekou, Souir-batyr tekekou! - cria t-il joyeusement le dicton, mettant en garde que personne ne devrait se quereller avec les Kereys-Waqs, sinon ils seront vengés par le glorieux Souir-le guerrier dont les exploits sont pas pâlit après tant d'années et dont le nom retentit encore dans la tribu des Sibans comme un cri de guerre.
- Trébuchant et ne tombant presque, les prisonniers balayaient des ourlets de leurs longs caftans la neige tombée toute la nuit. Ils avaient faim. Ils ne craignaient pas vraiment Souir-le guerrier car celui-ci est mort il y a longtemps, par contre ils avaient entendu parler de l'intransigeance impitoyable d'Esseney contre les voleurs et les brigands.
- Et Sadyr décrivait à haute voix l'avenir qui les attendait:
- – Ah, le diable... je vais devoir, sans ménager mon temps, vous conduire jusqu'à Stap. À Stap, on vous chauffera les guenilles d'oreilles gelées. Deux mois passeront. Et ensuite on vous marquera chacun le front d'un fer chaud - "voleur-kidnappeur" Je prie Allah pour qu'on me donne l'estampille en main! Et après, faites vos adieux... Un sous-officier russe vous enverra dans les régions où on se déplace en traîneau à chiens.
- Sadyr parlait plus pour les effrayer afin que les djiguites ne se plaignent pas chez Esseney des fouets nocturnes.
- – Kerey-waq kekekou, Souir-batyr tekekou! - continua t-il. - Vous serez conduits au traîneaux à chiens durant deux hivers et deux étés. Plus vite! Qu'est-ce que vous avez à traîner les pieds comme des hamsters! Le juge d'appel Esseney vous attend!
- Le campement d'Esseney se trouvait non loin de celui de Sadyr, et il n'eut pas le temps de leur prédire leur futur destin qu'ils arrivèrent déjà sur les lieux. Franchissant le seuil, les djiguites se prosternèrent devant le terrible juge d'appel, touchant le front du sol en signe de soumission. Et s'assirent timidement près du seuil, en pliant sur un genou.
- – Tu peux t'en aller, - dit Esseney à Sadyr. – Transfère ta harde à Karshygaly, nous sommes d'accord avec Artykbaï.
- Sadyr sortit. Il fut de nouveau gardien de chevaux - gardien de chevaux, et non guerrier comme hier soir, comme aujourd'hui matin. Esseney examinait les prisonniers.
- – Eh bien..., - s'adressa t-il à ceux-ci. Répondit celui aux moustaches de chat:
- – Nous sommes de votre lignée, agha-sultan... Nous sommes Kereys... Nous vivons près de Baghlan. Nous...
- – Hier, tu as fait irruption en premier dans la maison de Artykbaï-le guerrier... Tu donnais des ordres... Qui es-tu?
- – Je suis le fils aîné de Toulen, je m'appelle Myrzakeldy. Mon petit frère est malade depuis son plus jeune âge. En hiver, son état s'est empiré. Nous avons pensé qu'en lui emmenant la fiancée, son état s'améliorerait peut-être.
- Il eut le temps d'imaginer durant la nuit, comment adoucir quelque peu Esseney - son petit frère est malade, et il plaint son petit frère, c'est pourquoi...
- – Mais qui ose marier un malade? - demanda Esseney.
- – Nous espérions qu'il reprendrait courage avec une jeune femme. Le prix de la fiancée a été payé, on pensait que la belle-sœur nous appartenait...
- – Mais Artykbaï-le guerrier vous a pourtant tout remboursé.
- – Non, pas tout. Le croît pour les dix ans ne nous a pas été rendu.
- – He-he!.. - résolut Esseney. – Si elle devenait veuve, Oulpan te reviendrait-elle?
- – Oui, maître... - n'osa s'opposer Myrzakeldy.
- La perfidie des Kazakhs est généralement plus étriquée comme une queue de lapin! Son frère est proche de la mort. Il suffit de ramener à la maison la belle-sœur, pour qu'elle devienne aussitôt veuve, et alors le frère aîné devient le successeur du petit selon les lois du lévirat.
- – C'est ton père qui a imaginé tout cela ou c'est toi-même?
- – Nous n'avons pas informé notre père - ni moi ni, mon frère... Il était inutile de poursuivre la conversation, et Esseney dit:
- – Repartez. Je n'ordonnerai pas qu'on vous emmène à Stap chez le sous-officier. Ton père exige t-il d'Artykbaï le reste du prix de la fiancée? Qu'il vienne lui-même me voir. Ou bien, non... - décida t-il d'exprimer sa menace. – Pendant la seconde moitié de l'hiver, je mettrai une harde chez vous. Alors on se verra lui et moi, transmets cela à ton père. Kenjetaï, délie- les et laisse-les s'en aller. Mais si vous rencontrez ici...
- – Jamais, maître! - s'exclama Myrzakeldy. Les djiguites s'inclinèrent devant Esseney et sortirent.
- Personne d'entre eux depuis la nuit dernière n'avait mangé quelque chose, et pourtant ils devaient crapahuter jusqu'au campement de Sadyr où leurs chevaux étaient attachés, aussi, depuis la nuit dernière.
- Sadyr qui s'apprêtait à déménager chez Artykbaï les accompagna d'un long regard. Dommage... Esseney est devenu plus gentil à la vieillesse, il n'a même pas ordonné qu'on les fouette. Heureusement aussi qu'il est lui-même... Du moins, gardien de chevaux, et non juge d'appel!
- Les djiguites affamés sur des chevaux affamés longtemps restés sans mouvement et tremblant de froid, s'en allèrent vers la forêt.
- Tout s'est bien terminé, Esseney renonça à les punir sévèrement, mais Myrzakeldy fut sérieusement inquiet. Si le juge d'appel installe l'une de ses hardes chez eux, une telle catastrophe peut être assimilée au jute! Leur chaudron à peine rempli, se videra jusqu'au fond! À quoi ont-ils eu besoin d'une telle pauvre fille dont le prix ne vaut que cinq juments! Mais on ne saurait trouver une autre pareille, et elle lui aurait appartenu, elle aurait appartenu à Myrzakeldy, s'ils avaient réussi hier à la saisir et à l'emporter à la maison.
- Ils se dirigèrent chez un parent éloigné, dans ce même Karshygaly. Il les aida secrètement à l'enlèvement de Oulpan, et ils zigzaguèrent longtemps afin de confondre les traces, avant d'atteindre la yourte solitaire à l'extrémité de la forêt.
- La parenté avec lui n'était pas vraiment la plus proche, mais c'était tout de même une parenté. Rymbek - c'était son nom - était le mari de la petite-fille de Igamberdy, et il était lui-même le neveu de Kaïrgeldy - fils de Karabaï, et Karabaï est né de Akbaïpak, la sœur cadette de la mère de Tlepbaï. Et Tlepbaï était le grand-père de ce Toulen en question qui avait marié Oulpan à son fils cadet Mourzash.
- Rymbek était à la maison.
- Il informait constamment la famille de Toulen, où se trouve la yourte d'Artykbaï quand les Kourleouts, comme d'habitude, se dispersèrent pour l'hiver. "Voler Oulpan serait plus facile qu'attraper un oison", affirma t-il à table.
- Et la nuit dernière Rymbek montra la voie à Myrzakeldy et ses djiguites, il les aida à se cacher près de l'endroit où paissait la harde de Artykbaï. Il attendait avec eux l'arrivée d'Oulpan. Ils se mirent à poursuivre la jeune fille, et lui, pensent que le tour était déjà joué, se dépêcha à la maison et toute la nuit ne pointa dehors le bout du nez.
- De yourte en yourte - les nouvelles de l'incident longtemps avant l'aube parcoururent toutes les quarante familles des Kourleouts dispersées à Karshygaly. Et ils considéraient tous de leur devoir de visiter Artykbaï pour exprimer leur joie qu'Oulpan fut délivrée du danger...
- Et même Rymbek s'en alla, il ne pouvait ne pas y aller. Il entendait des conversations qui lui donnaient froid même près du foyer de feu.
- – Ce n'aurait été le séjour du noble Esseney chez vous, nous aurions perdu notre petite Oulpan!
- – Est-ce vrai que la bonne femme a décidé de sacrifier le bélier gris! Et on devrait même remettre sa tête à Esseney...
- Artykbaï fut averti:
- – Aksakal, vous avez monté en vain vos yourtes pour l'hiver loin de nous. Rapprochez-vous des voisins...
- – Qui pouvait le savoir? - devinaient quelques uns. – Qui?.. Il existe donc un ignoble d'informateur. On ne saurait le punir tant qu'on ne l'a pas trouvé - on ne devrait pas garder le calme.
- Et Rymbek entendit aussi qu'on mit aux cous des ravisseurs les cordes de la honte. Esseney ordonna qu'on leur donne quarante coups de fouet, et que chacun soit stigmatisé au front et qu'ils soient emmenés dans les régions où l'on se déplace en traîneau à chiens. Ainsi les détails se rependirent comme des cliquetis de pie et des croassements de corbeaux; chacun avait entendu quelque chose et, comme toujours, ajoutait quelque chose de soi-même.
- En fin de compte Rymbek ne supporta pas et s'en alla, laissant sa femme chez Artykbaï. Comme s'il n'y avait pas suffisamment d'ennuis, Myrzakeldy arriva avec ses djiguites.
- Rymbek se précipita hors de la yourte à leur rencontre.
- – Allons manger!
- – Hein! Manger? - se lamenta Rymbek. – Voici un agneau, voici la chaudière, prenez... Seulement allez vous-en rapidement, au nom de Dieu le miséricordieux. Sinon, je suis perdu! Ils recherchent la personne par laquelle vous avez reçu toute les informations...
- – Arrête de trembler comme une queue de chien! - l'interrompit Myrzakeldy.
- Mais ni lui ni ses hommes n'avaient l'intention de s'attarder, en se souvenant des mots d'adieu de Esseney - si on les voyaient ici... En partant, il insulta méchamment Rymbek:
- – Que tes yeux de cochon se cassent! Que... Comment tu n'as pu savoir qu'ils recevaient des invités, que Esseney était chez Artykbaï?
- Plaida Rymbek :
- – Je serai ton esclave... Partez!
- Il ne leur parla pas des fouets, qu'ils ont déshonoré à jamais - ils ont été liés par la corde à nœuds et tout le monde le sait. Mais il trouva nécessaire de leur dire une chose: Esseney a décidé que Sadyr reste durant tout l'hiver dans la maison de Artykbaï afin d'assurer la protection de la famille du vieil homme.
- Myrzakeldy cracha en entendant le nom de Sadyr et donna un coup de bride. Quant à Rymbek, il retourna dans la yourte. Il attendait sa femme et craignait son retour. Qu'a-t-elle entendu d'autre durant tout le temps qu'elle resta là-bas? Le nom de l'informateur, qu'Allah ne le permette, n'a t-il pas fait surface?..
- Sadyr s'est installé pour l'hivernage d'Artykbaï. Son camp se composait de quatre yourtes sombres où vivaient des dresseurs de coursiers, des femmes qui trayaient les juments, des djiguites qui s'occupaient des aigles. Dix personnes.
- Mais Esseney ne bougea pas. Il resta là où se trouvait son campement.
- Il ne voulait pas voir Oulpan fréquemment. Il souffrait de pitié pour elle. «J'aurai environ soixante-dix ans, pensait-il, - et Oulpan n'aurait même pas encore atteint ses trente ans. Quoi alors?...» Oulpan n'est pas de ces filles qui se soumettent à la volonté de Dieu et des parents, pour subir en silence toute la vie les peines du destin. Non, pas une... "
- Ainsi pensait-il tout à fait sincèrement, mais toute sa vérité extorquée, véritable est déplacée vers un lointain inimaginable, un jour le matin, à peine Esseney commença la salât. Il ressentit soudain comment Oulpan, toute petite lui monte sur le dos... Il fut prit tantôt de chaleur tantôt de fraicheur, et ses pensées étaient très loin de Dieu, à qui devrait être adressée la prière du fervent croyant.
- Il pensa d'un mauvais sentiment que les deux frères Turkmènes la regardaient. L'un d'eux - beau, courageux djiguite, mais jeune, il ne possède pas cette force rassurante que possède Mousrep... Mousrep ne fut jamais marié, un vieux célibataire, mais le diable, pas autrement, lui a donné une sorte de pouvoir particulier, et les filles, les jeunes femmes le ressentent. Et si Mousrep - il n'a certainement pas l'intention de passer toute sa vie seul - demandait soudain: "Esseney, fiance-moi à cette fille".
- La prière échoua. Après avoir prononcé tant bien que mal les derniers mots, Esseney se leva et roula le tapis. Il ne pouvait pas rester seul dans la yourte avec ses pensées...
- Mousrep-le chasseur ne s'était toujours pas encore remis de la vexation qu'il n'ait pas été invité chez Artykbaï-le guerrier, mais fut ravi quand Esseney l'invita à la chasse aux renards:
- – Il se trouve qu'il y a aussi un Dieu pour Mousrep-le chasseur! - dit-il à Sadyr. – Il s'avère que Mousrep-le chasseur est toujours vivant, il n'est pas mort...
- Deux aigles royaux et quatre chiens-loups appartenaient à Esseney, Mousrep-le Turkmène était propriétaire de deux jaunes-pie.
- Esseney offrait des chiens à différentes personnes et ses chiens ne s'entendaient pas entre eux. Par contre, les deux jaunes-pie étaient de la même litée, et Mousrep-le Turkmène ne connut aucun malheur avec eux. L'un s'appelait Bars et l'autre - Sadak, il en fait il se courbait et se redressait comme un arc avec une corde tendue quand il courait après avoir flairé une piste. Les deux chiens avaient un pedigree notable, et on n'avait rien à leur apprendre, mais c'était eux qui apprenaient au maître comment chasser. Le chien qui remarquait en premier un loup ou un renard, se précipitait à sa poursuite, et le second contournait à distance.
- Dès qu'ils s'en allèrent, les chiens d'Esseney en liberté commencèrent à se régler les comptes . Quatre chiens mâles de la taille de génissons âgés d'un an, leurs crocs brillaient comme des dagues et griffaient férocement, puis - par habitude de chien - ils se jetèrent sur ce chien qui tomba le premier dans la décharge publique. Il n'était plus à même de se tenir sur ses pattes, il était couché sans même lécher son sang.
- Les chiens des deux Mousrep ne s'entendaient pas aussi bien, et Mousrep-le Turkmène se sépara avec Sadyr.
- Bars et Sadak n'avaient rien à faire près de l'aoul, sur les places piétinées par le bétail. Et seulement plus loin, ils se mettaient à flairer dans l'air en regardant autour, et baissaient la tête en examinant minutieusement les pistes trouvées. Les chasseurs dans de tels cas ne doivent pas précipiter les chiens - ils commencent à s'inquiéter, faire preuve d'impatience, et alors tu peux ne rien attendre de bon.
- Mousrep-le Turkmène et Sadyr allaient au pas en arrière. Ils avaient perdu tout espoir, mais dans l'après-midi ils rencontrèrent un loup.
- Bars l'aperçut en premier - et Bars se précipita à sa poursuite. Le loup regarda méchamment, après avoir flairé les chiens, les chevaux, les hommes avec les chevaux - et il comprit qu'il fallait se sauver. Il les distançait d'une verste environ.
- – Regarde!.. - s'écria Sadyr tout excité – Il est gros... C'est un loup mâle!
- Il suivi Bars au galop mais Mousrep attendit quelque peu. Il suivait Sadak - il prit la direction de coté, pour couper le chemin, et ne se pressait pas. Mousrep tourna bride.
- Après un certain temps, le loup, Bars et Sadyr disparurent de la vue. Mais Sadak n'avait pas l'intention de s'écarter de la voie choisie. Il sursautait parfois, la tête en direction de la cachette du loup.
- Mousrep savait ce qui se passait en ce moment... Sadak flaire le loup dans le vent, l'odeur tantôt s'éloigne, tantôt se rapproche - cela est visible car le chien tantôt s'inquiète, tantôt se calme... Il peut discerner si le loup commence à s'épuiser - s'y mêle l'odeur de la sueur. Il est lourd... À peine rassasié, ou bien il a prit du poids durant l'été d'une vie copieuse? Sadak sait que la rencontre aura lieu avec un mâle et non pas avec une louve. En cette période on ne peut rencontrer une louve solitaire - il entraîne à la chasse ses louveteaux grandissants. Mais le loup? Il a récemment égorgé un mouton - le sang de moutons sent encore.
- Sadak tout confus, s'immobilisa... L'odeur... Où est passée l'odeur du loup? Sadak avança de nouveau, mais s'arrêta encore une fois - et il comprit. Le loup tourna vers le côté. Mais le vent vient quand même de là. Un instant, un instant... Il regarda son maître comme s'il demandait pardon et se précipita sur le côté, avec la certitude préalable courut en diagonale.
- Son excitation fut transmise à Mousrep qui donna un coup de fouet à son cheval, mais son cheval, comme toujours, meilleur, plus rapide, n'arrivait pas à suivre - Sadak s'éloignait de plus en plus. Mais ensuite, Mousrep de sa selle aperçut le loup. Comme un flèche bien tendue, Sadak le frappa sur le côté, et le loup tomba, se renversa deux ou trois fois, et Bars le saisit par derrière, et chiens comme loup s'entrelacèrent en une boule.
- – Bravo, mon Sadak! Bravo, Bars! - s'écria Mousrep en plein galop, en agitant son fouet dont la pointe était entrelacée de plomb lourd.
- Mais quand il arriva sur les lieux du carnage, il n'avait plus rien à faire - le loup était imprégné de sang, ses tripes trainaient sur la neige. C'est Bars qui s'efforça à cela.
- Encore une fois, ses chiens ont prouvé qu'ils n'ont pas d'égaux. Même celui nommé Mousrep-le chasseur n'en avait pas. Cette fois-ci, Sadak et Bars ont appliqué une de leurs astuces - la situation a dû peut-être l'exiger. Les cinquante derniers pas, Sadak rampa sur le ventre pour ne pas se faire apercevoir du loup, et bondit au bon moment, le renversa, le saisit par la gorge... Puis en ce moment arriva Bars, furieux par la poursuite, il enfonça ses crocs dans le ventre du loup et secoua la tête à deux reprises...
- Mousrep étendit le loup sur la croupe du cheval de Sadyr. Les chiens, d'un air de vainqueurs, couraient côte à côte et grognaient parfois - la tête du loup pendait impuissamment, et le cheval de Sadyr faisait prudemment un petit somme, bien qu'il sache que le loup est mort et qu'il n'y a aucun danger.
- Ils rencontrèrent à mi-chemin l'aoul d'Artykbaï. Ils ne pouvaient ne pas visiter le vieil homme, et encore moins ne pas lui offrir le loup capturé. Mousrep le saisit par les pattes arrière et le traîna dans la yourte.
- – Arteke, - dit-il, – ce loup est à toi...
- Oui, le vieux guerrier n'était pas gâté - non pas en amitié mais en simple attention humaine. Il s'assit dans son lit, et tendit ses deux mains à Mousrep:
- – Eh bien, parent! Femme, mets le chaudron, nous allons faire la fête. Pour la première fois en quinze ans dans ma yourte il y aura une peau de loup!
- Peut-être exagérait-il, les gens de sa lignée lui laissaient une part des proies de chasse. Mais il était vraiment impossible de soumettre sa joie sincère à quelque doute.
- Dans la soirée, Esseney rendit visite à Artykbaï.
- Le loup fut déjà dépouillé et sa peau fut étalée sur la carcasse de la yourte, sur le mur en treillis. Son museau atteignait presque les pôles supérieurs qui reliaient le treillis à la voûte supérieure, et la queue trainait sur le plancher.
- – Turkmène, est-ce toi qui offrit le loup à Arteke? - demanda jalousement Esseney.
- – Oui, c'est moi... - répondit Mousrep avec insouciance. – C'est seulement celui-là que tu as pu avoir...
- – Bien... Gros! - ne pouvait s'empêcher Esseney de remarquer. – Que votre richesse, Arteke, soit multipliée trois fois par neuf! Mais nous aussi ne sommes pas venus les mains vides...
- Le rideau s'écarta et dans la yourte entra Mousrep-le chasseur, déposa devant lui deux renards roux.
- – Où est ma Oulpan?.. - dit-il. – Où est ma blanche neige? Viens ici... Accepte ma compensation... Assalaoumalikem, Arteke! Votre famille, votre bétail - touts sont vivant et en bonne santé? Petite Oulpan, ton tonton t'a t-il causé du tort. Prends et pardonne-moi. Bonjour, Nesibeli. Tu ne te lasses certainement pas de te moquer de moi? Vas-y, moque-toi. Les gens aiment se moquer de la vieillesse stupide...
- Oulpan s'approcha de lui et prit les renards.
- – Vous donnez, alors je prends... - dit-elle en souriant. – Maintenant, je vous les retourne. Je n'ai pas besoin de compensation... - Et elle remit à nouveau les renards dans les mains tendues du chasseur.
- Esseney s'asseyant à la place d'honneur, renchérit:
- – Il y a des compensations remboursables et non remboursables, je vous parle entant que juge d'appel... - Il insinuait clairement que le bai à l'échine grise, Mouzbel-tory, et restait à Oulpan. À la chasse dès la matinée, Esseney imaginait - comment attirer la jeune fille dans une conversation...
- Et Oulpan sentit qu'il ne fallait plus et qu'il était gênant de garder le silence, et répondit par une plaisanterie:
- – Mais peut-on considérer comme remboursé le cheval qui a regagné la harde?
- Esseney comprit qu'elle voulait dire que Mouzbel-tory, avec les chevaux d'Artykbaï a rejoint les troupeaux de chevaux de Sadyr. Il comprit sa plaisanterie et laissa lui-même entendre en plaisantant:
- – Rejoindre les siens?.. Cela signifie qu'il veut emmener toute la harde.
- Oulpan fut sur ses gardes, mais ne le montra pas. Que veut dire le vieil homme? Fait-il allusion au prix de la fiancée qu'il est prêt à payer? On doit tout faire pour lui chasser cette idée!
- – Les chevaux que nous avons acquis en harde entière, dit-elle, n'ont pas apporter de bonheur à notre famille.
- Mousrep-le Turkmène écouta. Quelque choses se passera... Mais Mousrep-le chasseur ne comprit rien de ces paraboles, il tenait les renards en mains, et mena sa propre conversation:
- – Petite Oulpan! Laisse-moi être ta victime, au diable cette compensation! Considère que je fais cadeau à ton père. Prends les renards. Si tu ne les prends pas, je les jetterai...
- Que restait-il à faire? Oulpan prit les renards, les emporta à la yourte voisine et revint aussitôt servir le thé.
- On parla à nouveau de la chasse à table. Mousrep-le chasseur racontait comment un beau maral échappa à Esseney:
- – Eseke, quel dommage! Un maral blanc comme neige aux cornes semblables à l'or! Et tous vos chiens... Le maral n'aurait pas échappé s'ils ne s'étaient pas disputés entre eux! De bons chiens - l'un contourne, l'autre poursuit, et un autre cours de travers... Mais les vôtre? Se sont lancés en groupe dans la poursuite, se sont épuisés, se sont battus, et à peine furent dispersés. Les chiens recueillis de différents endroits, ce n'est pas une troupe de chasse, voici que le maral s'est échappé.
- Artykbaï écoutait anxieusement ses paroles.
- – Un maral, dis-tu? Blanc comme neige? Ho la la! Notre Oulpan l'a pourtant sauvé une fois. Les djiguites l'ont poursuivi toute une journée, lorsqu'ils l'avaient finalement coincé celui-ci se jeta dans le lac. N'est-ce pas lui?..
- – C'est certainement lui, dit Oulpan.
- Artykbaï n'avait pas menti quand il dit qu'Oulpan avait sauvé le maral. Quand il se jeta dans le lac, les chasseurs ne sachant plus comment le saisir, envoyèrent chez Artykbaï chercher un arc et des flèches. Oulpan ne leur autorisa pas de prendre l'arc, et galopa vers le lac sur son amblier.
- Elle connaissait déjà ce maral. La jeune fille le rencontrait de temps en temps à la forêt, et il était habitué à elle. Elle ne le poursuivait pas, ne relâchait pas les chiens méchants à sa poursuite. Toutefois, le maral ne la laissait pas s'approcher trop près, mais il ne s'enfuyait pas. Continuant à brouter l'herbe, les feuillets de genêts, bien qu'aux aguets, mais comme il semblait à Oulpan, il la regardait très amicalement.
- Sur les rives, Oulpan rencontra les djiguites - une quinzaine de personnes. Les chiens s'agitaient d'un aboiement féroce, flairant une proie proche et inaccessible. Mais l'eau à cette époque était déjà froide et personne n'osa plonger dans le lac - ni les chiens de chasse, ni leurs maîtres.
- Oulpan ne leur parla pas durant longtemps.
- – Allez vous-en tous, loin d'ici! - s'écria-t-elle avec autorité. – Quelle honte? Quarante cours de Kourleouts veulent se partager ce pauvre maral en quarante morceaux. N'osez pas le toucher! C'est mon maral!
- Les djiguites, bien que pas très contents de son intervention après toute une journée de chasse difficile, n'ont point revendiquer - ile se dispersèrent et emmenèrent leurs chiens. Le maral attendit un moment, jusqu'à ce qu'ils disparaissent de la vue, jusqu'à ce que se dissipe dans l'air leur odeur - l'odeur du danger. Puis il sortit sur la rive, et se secoua. Il fut pourchassé toute la journée, mais à la vue d'Oulpan, il ne se précipita pas à toutes jambes, mais s'en alla péniblement vers la forêt.
- Mais la conversation à propos du maral prit soudain un sens différent, et Mousrep-le Turkmène suivait attentivement tous ses contours.
- Tout commença pourtant du fait que Mousrep-le chasseur s'écria:
- – Si seulement vous aviez vu les yeux de ce maral! Tout-noirs... Et ils regardent comme s'ils te scrutaient l'âme...
- Il avait pourtant à l'esprit le maral, rien que le maral, mais Esseney à sa propre surprise, s'exprima:
- – Tu dis qu'il avait les yeux noirs. Et son front? Le front clair, blanc comme neige! - Confus par le fait que cela se rapportait directement à Oulpan, Esseney se tourna vers Mousrep-le Turkmène et avec grande désinvolture ajouta: – Si tu ne t'étais pas séparé de nous avec tes jaunes-pie, rien n'aurait pu sauver le maral.
- Mais Mousrep dans cette conversation ne voulait pas prendre parti pour Esseney, et il retourna à sa manière:
- – He, beh... Pourquoi penses-tu qu'il n'aurait pu se sauver? Je l'ai moi aussi vu aujourd'hui. Il est beau! Il a surgit de la saulaie à seulement cinquante pas. Mais je ne l'ai pas poursuivi et j'ai rappelé les chiens... - Il intercepta le regard reconnaissant d'Oulpan et continua: – Pour de tels animaux inoffensifs, je ne lâche pas mes lévriers. Les loups et les renards sont à moi. Mais pas besoin de toucher au maral.
- Oulpan sans mot dire, seulement des yeux, demanda à Mousrep-le Turkmène: "Est-ce vrai? Peut-on croire cela? " Artykbaï se réjouit aussi:
- – Oh, petite Oulpan!.. Heureusement que Mousrep est là, et il pense pareil que toi. Tout notre aoul appelle ce maral - le maral de la petite Oulpan. Non seulement on ne le touche pas, mais tous le protègent.
- Mousrep-le chasseur promit solennellement:
- – Je ne le toucherai pas, moi non plus... Si la prochaine foi je jette un coup d'œil de gibier sur ton maral, que je ne revoie plus mon fils couché à la maison dans son berceau!
- Oulpan l'avertit:
- – Tonton, il y a aussi une femelle avec deux faons, elle vit près de Touzdykol... Ne les touchez pas non plus... Fais gaffe...
- Au départ, Esseney fut satisfait de la tournure que prit la conversation à table. Plein de signification particulière... Mais après? Et tout cela par la faute de Mousrep-le Turkmène! Il aurait dû louer la beauté du maral en la comparant à la beauté de la jeune fille, et la beauté de la jeune fille - à la beauté et la noblesse du maral. Mais lui?.. "Dommage qu'il lâcha les chiens... non pas pour tourmenter jusqu'au sang... pour achever..." Il comprend tout, mais expressément de côté, comme s'il s'agissait simplement de la chasse... Pourtant, semble t-il, Oulpan elle-même n'était pas opposée à soutenir la conversation... Mais les deux Mousrep - l'un par ruse, l'autre par sottise - ont conduit la conversation dans une vallée impénétrable. Lui-même aussi... N'intervint pas! Comme les tournures étaient commodes... Lorsque Oulpan a dit que la harde de chevaux acquis en entier n'a pas apporté de bonheur à leur famille, il fallait répondre: un seul et même malheur ne se répète pas deux fois s'il y a une main forte qui est capable de repousser tout malheur. Eh bien... Ce n'est pas la dernière fois qu'ils viennent dans la yourte d'Artykbaï-le guerrier, pas la dernière fois qu'Oulpan sert le thé. Et quand il ordonnera d'apporter le koumis, elle s'assiéra près du bol sculpté avec une cuillère à la main. Il réfléchira pendant dix jours et trouvera par quel moyen, personne d'autre qu'Oulpan ne puisse se mêler à la conversation. Il la fera tantôt rire, tantôt réfléchir, puis l'atteindra comme une flèche, la plongera tantôt dans la chaleur, tantôt dans les frémissements...
-
- Dix jours passèrent, et Esseney ne put rien imaginer, qui puisse plonger Oulpan tantôt dans la chaleur, tantôt dans les frémissements. Il fut dans la maison d'Artykbaï, il emmena deux fois le vieil homme à la chasse, en l'installant dans un traîneau. Artykbaï ne lâcha pas des mains son arc, mais ils ne prirent aucun loup. Ils rentrèrent à la maison bredouille.
- Esseney passa le voir, il était assis bouche bée à table. Oulpan semblait s'habituer aux nouveaux voisins. Elle riait ouvertement du bavardage de Mousrep-le chasseur - et de surcroit, pas de ses paroles ni de ses blagues, mais plutôt de lui-même. Elle écoute autrement Mousrep-le Turkmène, mais celui-ci était sur le point de partir, et après son départ, le campement d'Esseney semble s'engourdir.
- Mais pourquoi Esseney se demandait, pour quelle raison doit-il paraître autre que ce qu'il est? Non, Esseney restera uniquement Esseney! Quel air aurait-il s'il devenait verbeux, beaucoup plus attentif, tendre... Cela ne causerait rien d'autre que la moquerie.
- Esseney convoqué Mousrep-le Turkmène, qui dès la matinée s'occupait de préparatifs pour la route.
- – Je pensais qu'on passerait cet hiver ensemble avec toi... Mais tu n'acceptes pas, on ne sait pourquoi, vieux célibataire! Tu as quelque chose à l'esprit, mais je ne chercherai pas à le savoir Je te demande d'exécuter une dernière tâche. Pour cela, il faudra rester encore une journée.
- – D'accord, Eseke, je resterai.
- – Tu ne demandes pas, pour quoi faire?
- – Tu le diras toi-même...
- – Je le dirai... Puisque tu es maintenant d'accord, pars chez Artykbaï. Entant que mon beau-parent. Eh bien, qu'est-ce qui te fait peur? Tu le diras tel quel... Tu diras qu'Oulpan a plu à Esseney. Quoi alors? Et même les gens plus âgées que moi prennent pour jeune épouse des jeunes filles. Et moi, je suis comme toi, un vieux célibataire. Seulement tu ne t'es jamais marié, mais mois, bien qu'ayant une femme, je suis seul presqu'une décennie. Je n'ai pas encore soixante ans, tu le sais toi-même. Tu as composé une mélodie - "Algashkym" - sur le premier amour. Il existe le premier - mais Oulpan sera mon chant du cygne. Et, parle avec elle-même s'il le faut. Tu es irrésistibles dans les conversations avec les filles, les femmes. Prouvez-le encore une fois pour moi.
- Pour Mousrep il n'y avait rien de surprenant dans sa demande, cependant, il pensait qu'Esseney lui-même s'occuperait de ses affaires, mais apparemment, il eut peur de son échec.
- – Eh bien, je vais y aller, puisque tu me le demandes, - dit Mousrep.
- – Ne pars pas tout simplement. Effectue le voyage de manière à ramener l'accord. Pense, non pas seulement à moi: voudrais-tu vraiment que se vide pour toujours la yourte blanche, la principale yourte de la tribu des Sibans?
- De toutes les paroles prononcées, ces mots produisirent la plus grande influence sur Mousrep. Que sont les Sibans sans Esseney?.. Dix aouls insignifiants, éparpillés aux abords de la forêt. Esseney rendit leur tribu influente, on ne pouvait le négliger quant à la résolution des affaires de la steppe. Mais il est lui-même resté sans héritiers. Qui de ses parents pourrait le remplacer? Personne... Il n'y a personne pareille dans aucun de leurs aouls. Et Esseney en était conscient. Regrettable pour lui... Et il faut l'aider... Mais dommage pour Mousrep et Oulpan. Esseney aurait mieux fait de se choisir une autre jeune fille. Pourtant... Qu'adviendrait-il donc à cette dernière? Et il serait aussi regrettable pour elle... Que diable! Eh bien, pourquoi dans tous les aouls de Sibans, n'y a t-il aucune veuve digne d'Esseney, dans aucun aoul sur dix!
- Mousrep pensait à tout cela, déjà assis sur la selle, sur la route menant chez Artykbaï, et regrettant Esseney, regrettant Oulpan, regrettant pour lui-même - il descendit du cheval et entra dans la yourte.
- Oulpan n'était pas à la maison, et Mousrep eut l'âme soulagée. Alors, on peut parler affaire, sans regarder dans ses beaux yeux comme ceux du maral. Afin de ne pas perdre de temps, il transmit immédiatement les mots d'Esseney, sans rien embellir ni modifier. Artykbaï, la mine renfrognée, l'écoutait bouche bée, mais sa mère Nesibeli ne pouvait se retenir, elle éclata en sanglots et sortit de la yourte en courant.
- – Voilà ce pour quoi je suis venu chez vous aujourd'hui, Arteke, - termina Mousrep. – Je vous ai tout dit, et votre réponse, je dois la rendre aujourd'hui même à Esseney.
- Artykbaï resta couché, immobile comme dans les pires jours de sa maladie - à l'hôpital de a Stap.
- – Quelle pourrait être la réponse, Mousrep, - dit-il enfin. – Esseney renoncera t-il vraiment? Tu le connais, pas moins, mais mieux que moi. Si je dis - non, nous laissera t-il en paix? C'est encore mieux qu'il t'ait envoyé vous avertir.
- – Pourrais-je lui transmettre que vous êtes d'accord?
- – Mais l'aigle royal demande t-il le consentement du renard quand il lui tombe par dessus?
- – Que dois-je donc répondre à Esseney? Artykbaï se tut de nouveau.
- – Voici ce qu'on va faire... - il a décidé, et, apparemment, ce ne fut pas une décision facile pour lui. – Qu'Oulpan elle-même... Tu diras à Esseney, qu'il parle lui-même avec Oulpan. Si elle demande nos bénédictions, il n'y aura pas de problèmes à cela. Ce n'est pas difficile de bénir...
- Il pouvait s'en aller, mais Mousrep attendait - si le vieil homme dirait quelque chose en ajout. Sa mère pleurait. Son père est également contre. S'ils le disent à Esseney, renoncera t-il? – Non, il ne renoncera pas. Et si la fille elle-même répond: Non, pas du tout. Il obtiendra malgré tout gain de cause, et le sort de celle-ci sera plus triste...
- Il attendait - et non en vain, Artykbaï ajouta:
- – Mousrep, nous nous sommes rencontrés toi et moi pour la première fois, il y a plus de vingt ans. Pendant le combat, je savais que si Mousrep est près de moi, alors je suis protégé de ce côté... Je te demande, parle toi-même aussi à ma fille. Aide-la... Ton conseil sera sincère, je le sais. Aujourd'hui même, parle avec elle. Ton homonyme, ce bavard, est venu chez nous très tôt ce matin et a emmené Oulpan à la chasse aux renards. Ils planifiaient d'aller au lac Touzdykol. Dès que tu sors de la yourte - passe tout droit.
- Il partit sans se dépêcher. Il allait en marche. Il y a peu de bien à être beau-parent, quand on est entouré de larmes et que ce ne sont pas des larmes de joie. Mais comment parler à Esseney? Il est impénétrable à deux choses: il enchante les balles, et les mots qui vont à l'encontre de ses intentions, ne parviennent pas à ses oreilles. Aujourd'hui matin, il a dit: «Ta mélodie „Algashkym“ parle du premier amour, mais Oulpan sera mon chant du cygne».
- Mais elle est de bonne humeur dès le matin. Une petite harde de leur chevaux furent joints aux troupeaux de Sadyr, et maintenant il n'y avait aucune raison d'aller souvent à la steppe. Et après la tentative manquée d'enlèvement, son père et sa mère la laissaient sortir à contrecœur. C'est bien que Mousrep-le chasseur soit passé et qu'il l'ait emmené à la chasse aux renards.
- Le jour se leva clair, ensoleillé. Le ciel bleu, comme une immense tente, couvrait la terre, et les nuages, jonchant la terre comme une couverture de neige, se dissipèrent. Les bouleaux étaient saupoudrés de neige comme des jeunes femmes mariées en robes blanches. De la saulaie, aussi blanche, s'envola soudain une perdrix blanche, faisant monter de la poussière blanche, étincelante au soleil - puis se dénudèrent et noircirent les fines branches.
- Oulpan était une fille de la steppe, et elle percevait finement non seulement la succession des quatre saisons, mais aussi chaque nuance, disons, du début et de la fin de l'automne, quand en remplacement à la boue venait la blancheur veloutée d'une couche neigeuse. Elle se réjouissait du voyage, bien que son compagnon ait été Mousrep-le chasseur, qui ne suscitait chez elle, rien d'autre que des moqueries.
- Au début, elle aussi fut saisie de passion pour la chasse - l'aigle royal brisait facilement l'échine aux renards qui lui tombèrent en chemin, et il en rencontra grand nombre. Mais la chasse ennuya aussitôt Oulpan. La chasse aux renards avec un aigle n'est pas une activité aussi gaie. Il n'y a pas de galop fou, pas de poursuite... Seulement suivre et attendre.
- Oulpan dut retenir son impatience et son nouveau cheval - le bai Mouzbel-tory. Elle comprenait parfaitement son état. Sa dignité était, semble t-il, bafouée par le fait que sur la selle se trouvait une gamine dont le poids ne fait pas le quart du maître Esseney. Il lui aurait montré comment galoper, n'auraient été ses mors de fer... Elle a vraiment la main forte... Sinon il se serait précipité et aurait filé jusqu'à ce qu'elle se déchire les vêtements en lambeaux!
- Oulpan regarda aussi avec étonnement Mousrep-le chasseur. Elle savait qu'il est un excentrique, mais pas jusqu'à ce point!
- Voici qu'il prit l'aigle royal et se pencha sur le renard mort.
- – Eh toi c'est quoi çà, chienne rousse, salope, des bas noirs au pattes. Tu pensais m'échapper? Regarde-moi ça, elle a vit déjà en couple sans avoir même atteint l'âge requis! Dévergondée... Et ta mère était encore plus dévergondée que toi.
- Chez les Kazakhs, les chiens sont considérés comme adultes quand ils atteignent l'âge de neuf mois. Le chasseur honnissait la jeune renarde pour avoir esquivé deux fois les griffes de l'aigle royal lorsqu'il lui fonda dessus.
- La prochaine fois, il se mit à gronder l'aigle:
- – Eh toi, est-ce la première fois que tu vois un renard? Combien de fois va-t-on t'apprendre: si la queue est sous forme de tube, alors c'est une femelle. Saisis-là plus près de la tête. Si tu la saisis à la queue - elle va te déféquer sur la tête. Tu resteras perché à la maison pendant un mois entier, le bec baissé comme si tu avais perdu ton père... Oulpan, ma fille, prends ça comme cadeau de ma part...
- Mais Mousrep-le chasseur grondait une vieille renarde comme sa femme, elle avait des poils gris qui scintillaient par endroits:
- – Eh toi, vieille coquine en culottes jaunes sales! Qu'est-ce que tu as à minauder? Tu es tombée sous les yeux du vieux Mousrep, couche-toi immédiatement, et ne bouge pas, ne saute pas...
- Oulpan en avait marre de l'écouter, en avait marre de crapahuter sur le côté, retenant à peine le bai impatient, et elle s'adressa au chasseur:
- – Je voulais en chemin rendre visite à mon maral...
- – Vas-y, vas-y, ma fille, - accepta t-il.
- Quelque peu sur le côté Oulpan découvrit les traces du maral et le suivit, mais elle uppercut de loin Mousrep-le Turkmène, il se tenait sur ses étriers, comme s'il cherchait quelqu'un.
- Il marchait au trot lent, et couraient à ses côtés ses deux lévriers. Oui, c'est lui, son bonnet noir d'astrakan, sa longue pelisse en peau d'étalon, et son cheval roux qui trémousse quand il marche au trot.
- Oulpan fut réjouie de la rencontre. Voici avec qui elle se sent toujours à l'aise, même si ce Mousrep, semble t-il particulièrement ne pas cacher qu'il ne lui était pas indifférent... Mais Oulpan ne voyait pas de danger en lui. Elle sait de quelque manière que Mousrep-le Turkmène ne le reconnaitra jamais, il ne sera pas ouvert. L'âge n'en est pas une entrave, et il n'y a probablement pas d'autres entraves. Son frère aîné l'aurait peut-être traitée de la même manière, si elle en avait eu un. Et elle aurait traité pareillement son frère aîné.
- Elle lâcha la bride au bai, et le cheval la mena rapidement à l'arroyo peu profond, que prit Mousrep-le Turkmène.
- – Tonton, - demanda-t-elle, en arrêtant près de lui Mouzbel-tory, – vous allez pour la chasse au loup? Alors pourquoi êtes-vous sortis si tardivement? Trop dormi, peut-être?
- Il répondit en admirant la jeune fille:
- – Ce n'est pas un loup, mais plutôt toi que je tenais à rencontrer, petite Oulpan... Pour te dire au revoir. Je compte rentrer demain à la maison.
- – Mais n'est-ce pas ici votre maison? Vous nous quittez?
- – Qui a dit - quittez? Quelqu'un est-il réellement en mesure de te quitter? Je reviendrai bientôt.
- – Revenez si c'est nécessaire, - accepta-t-elle. – Mais aujourd'hui, vous sera notre invité. J'ai coupé toute une brassée de kouraï pour que vous puissiez confectionner une flûte mélodieuse...
- Mousrep n'avait pas suffisamment de courage pour entamer la conversation pour laquelle il l'a recherchait. C'est pourquoi il accepta volontiers:
- – Une flûte? Bien sûr, je la confectionnerai et je la ferai chanter.
- – Mais ce sera le soir... Mais pour l'instant... Et si on allait à la recherche d'un loup?
- Mousrep n'avait pas prévu chasser aujourd'hui - les lévriers l'ont juste suivi quand ils l'ont vu monter à cheval. Mais il était prêt à satisfaire à n'importe quelle demande d'Oulpan.
- – Allons-y à la recherche, - accepta t-il. – Mais tu n'as pas peur des loups?
- – Vous serez pourtant à mes côtés...
- – Pas tout à fait à tes côtés... Mais tu devras obéir à tous mes instructions!
- – Sans vos ordres je ne ferai même un seul pas. Je suis votre esclave, tonton, je porte votre estampille!
- Mousrep sauta et resserra plus fort les sangles du bai, et en allongeant les étriers, toucha accidentellement la jeune fille aux jambes. Sa jambe était tiède, et Mousrep tressaillit comme s'il fut brûlé, et retira sa main.
- À côté d'eux sur la neige s'étendait chaîne de pas de maral, et Oulpan - en signe de gratitude au fait que Mousrep ait accepté de l'emmener avec lui à la chasse, proposa généreusement:
- – Tonton... Voulez-vous voir de près mon maral?
- – Si tu le montres...
- Avant cela, ils sont marchaient côte à côte, les étriers près l'un de l'autre, et maintenant Oulpan devança son compagnon et a se mit à appeler à haute voix, comme on appelle les chèvres dans l'aoul:
- – Shoge!... Shoge!
- Le maral entendit une voix familière, sortit des broussailles de saulaie, fit quelques grands bonds, s'arrêta dans la clairière. Ses cornes jaunâtres affûtées brillaient au soleil comme des dagues en or - c'est peut-être à cause de cela que Mousrep-le chasseur le nomma maral blanc aux cornes dorées. Mais à l'hiver il fut recouvert de laine sombre, acquit un pelage gris-argenté, seulement son front devint plus blanc, ce ne fut pas en vain qu'Esseney parla alors de front blanc dans la yourte d'Artykbaï.
- Le maral apparut sans crainte à l'appel d'Oulpan, et fut maintenant inquiet. Est-ce possible qu'elle aussi se déplace maintenant avec des chiens?.. Et un homme à ses côtés, mais les hommes sont toujours un danger... Les hommes sont des ennemis! Et les chiens - des ennemis.
- – Shoge! Shoge! Shoge!
- Mais puisqu'elle n'est pas venue seule, le maral n'avait pas l'intention de se faire dorloter par Oulpan, de lui démontrer ses prouesses en traversant la prairie en trois bonds... Si elle veut le rencontrer, qu'elle ne prenne personne avec elle. Il sauta, se tourna sans toucher des pieds le sol, et disparut à nouveau dans la broussaille.
- Bars et Sadak ne lui prêtèrent attention. Ils furent dès leur très jeune âge entraînés à la chasse aux loups. Et celle-ci? Un bouc comme celui-ci, il y en a suffisamment assez dans l'aoul...
- Le beau maral plut à Mousrep qui apprécia également la confiance avec laquelle il traitait Oulpan, et en prévoyant ce dont il devrait lui parler, Mousrep exprima sa joie de manière peu exagérée:
- – Pas un seul défaut! - s'exclama t-il. – Mais nous, au lieu d'admirer sa beauté, lâchons les chiens sur lui, on veut remplir notre chaudron de sa viande, comme s'il n'y avait pas suffisamment de moutons ou de chevaux engraissés pour l'abattage!
- Ils continuèrent leur chemin, et durant un certain moment les jaunes-pie trottait en avant, le nez au sol, levaient la tête, reniflant les odeurs lointaines... Mais soudainement, les deux chiens s'immobilisèrent à la fois, regardèrent leur maître et se précipitèrent unanimement à la rencontre du vent.
- Mousrep donnait les dernières instructions à la jeune fille:
- – Petite Oulpan, les chiens vont maintenant chasser de quelque part un loup. Ne perds pas de vue celui qui sera entrain de le poursuivre. Ne t'approche pas à plus d'une demi-verste. Si le loup prend la direction de la forêt ou du lac, ne lui barre pas le chemin. Les chiens feront tout d'eux-mêmes. La course se poursuivra sur dix verstes, puis le loup tentera de se sauver dans la forêt. Alors à ce moment je surgirai de l'autre côté... Tu as tout compris?
- – Qu'y a t-il à ne pas comprendre?..
- Ils galopaient côte à côte, sans perdre les chiens de vue, s'éloignant progressivement de la forêt dense de l'autre côté de la plaine envahie de saules et de genêts.
- – Tonton! - s'écria-t-elle toute excitée. – Un des chiens s'est arrêté!
- – Toi, file après lui, Oulpan, ne prends pas de retard sur celui qui court loin devant, seul... C'est Bars.
- Oulpan fouetta le bai, et laissa Mousrep en arrière. Ce qu'il connaissait bien et qu'il avait répété plusieurs fois dans sa vie, était nouveau à Oulpan - elle n'avait personne avec qui faire du cheval, et en plus la chasse au loup n'est pas une chose de fille. Et maintenant, elle filait sans perdre Bars de vue, serrée contre la crinière du cheval, comme si - sur la selle lors d'un galop irrépressible, elle vint au monde.
- Tout se passait comme prévu.
- Sadak - suivant l'odeur - dérapa sur le côté en direction du loup, et Mousrep après Sadak. Par son comportement - Oulpan ne saurait comprendre, mais Mousrep devina: Sadak n'était pas aussi essoufflé que la dernière fois quand ils rencontrèrent un plus gros, il courait de manière quelque peu détendue, peut-être, quelque peu négligente. Les chiens ont probablement déniché une louve. Une femelle c'est une femelle... Elle court toujours à l'aventure... Bars devra subir pas mal d'esquives, mais il ne permettra pas qu'elle échappe! Sadak, bien sûr, flairait Oulpan avec son cheval, et Bars... Mais une louve! Au milieu de l'hiver, il aurait reconnu son odeur serait à une distance d'une journée de marche. Il l'aurait rencontrée en telle période, il n'aurait probablement pas pensé à la réduire en pièces, mais aurait autre chose à l'esprit...
- Mais Oulpan suivait Bars depuis longtemps et la distance entre eux et la louve s'était réduite, mais restait encore assez grande pour pouvoir la rattraper. La plaine semblait avoir été créée pour une telle course, lorsque la première neige ne recouvrait pas les paturons du cheval et n'empêchait ni le loup ni le chien de courir. Si Oulpan avait lâché la bride, Mouzbel-tory aurait rattrapé la louve. Mais que faire donc?.. Mousrep dit que le chien ferra tout de lui-même, et elle ne devrait pas essayer de faire dévier le loup. Et en fait, si elle le rattrapait et que soudain le loup se jetait sur elle la gueule ouverte? Quoi alors? Surtout qu'il existe une croyance populaire, comme quoi les loups seraient toujours prêt à se jeter sur une jeune fille...
- Passionné par la poursuite, ne perdant pas des yeux le chien jaune-pie perceptible, Oulpan ne prêta pas attention où elle se trouvait. Elle ne comprit pas que la louve, convaincue de ne pas pourvoir se sauver par la fuite, tourna vers la forêt. Il fallut retenir le cheval, Oulpan se souvint et regarda ce qui se passait. La distance entre le chien et la louve s'était considérablement réduite, et pourtant la louve, apparemment, la première atteindra la forêt. Et s'éclipsera. Et il ne restait qu'une verste, pas plus. Crier, ou quoi? Si en ce moment, apparaissait tonton Mousrep, il saurait quoi faire! Mais il n'était pas visible. Et la forêt se trouvait déjà à distance de vol d'une flèche. La chasse a échoué! Mais pourquoi la neige tourbillonne... La louve s'est glissée rapidement dans sa tanière? Et les deux jaunes-pie... Que se passe t-il? Ne se sont-ils pas querellés entre eux, laissant s'échapper la louve?
- Oulpan faillit les heurter quand elle vit la louve étendue sur la neige - le stress de la poursuite, le sentiment de chance, de pitié la firent pleurer, et elle fondit en larmes: quand Mousrep se rapprocha, elle sanglotait et ne pouvait pas s'arrêter.
- – Oh, mon Dieu! Qu'est-il arrivé? Pourquoi pleures-tu?
- – Je ne sais pas... Je ne pleure pas, tonton Mousrep, mais je ne peux pas arrêter les larmes, - dit-elle en continuant à sangloter.
- – Ce n'est rien, petite Oulpan, ça arrive... Tu ne peux retenir les larmes quand ton coursier remporte une course, ou lorsque tes lévriers prennent un loup. Marche au pas, ici tout près de moi, pour que le cheval refroidisse progressivement.
- Alors qu'elle allait à cheval, Mousrep prit la louve aux chiens et la traîna dans la neige jusqu'à ce que la peau soit nettoyée du sang. Après quoi, il appela Oulpan:
- – Viens ici... Prends-la, chérie...
- – Non, tonton...
- – Laisse ton «non» quand je te parle! Selon la coutume ancienne, la première bête prise à la chasse est attachée à la selle de celui qui est à la chasse pour la première fois. En général, on n'offre pas de loups aux filles, mais là c'est un cas spécial.
- Quand ils allaient déjà au pas, Mousrep retarda encore le début…
- – Alors, tu es contente? - demanda t-il.
- – Oh, tonton Mousrep! Je ne savais même pas que cela pouvait être ainsi... Tu galopes comme un fou, tu as peur, mais tu continues quand même de galoper. On peut même perdre la voix, semble t-il...
- – Nous iront encore quand je reviendrai...
- – J'ai failli mourir de dépit - je pensais que la louve se sauverait, elle était si proche de la forêt. Je voulais crier, mais il me manquait la voix!
- – C'est bien que tu n'aie pas crié, - lui expliqué Mousrep. – Le chien est distrait par la voix du maître et perd de la vitesse. Et le loup s'en fuit. Mais quand le chien et le loup se prennent par la gueule, le chasseur doit choisir un endroit derrière le loup pour le distraire.
- Oulpan écoutait, hocha la tête, puis regarda autour d'elle:
- – Tonton, mais où allons-nous? Est-ce qu'on arrivera à notre aoul? Car j'ai la tête qui tourne après la course. Nous sommes allés trop loin. C'est quelle forêt ça? Je n'ai jamais été ici.
- – Comment ça tu n'as jamais été ici! Tu viens ici tous les jours. La louve tournait et a viré en direction de cette même forêt, mais du côté opposé.
- – Mais il me semblait qu'elle courait tout droit tout le temps.
- Voici que la conversation au sujet de la chasse prenait fin, mais Mousrep ne pouvait toujours pas procéder à la commission. Il devint lugubre et resta longuement silencieux, répondant brièvement à Oulpan, sans même parfois entendre les questions qu'elle posait. Oulpan qui ne comprenait rien, se tut aussi, elle ne faisait que le regarder avec perplexité.
- Enfin de compte, elle ne résista pas:
- – Tonton Mousrep, à quoi est-ce que vous pensez?
- – Moi?.. - demanda t-il, comme s'il revenait de loin. – Moi?.. – Et se tut de nouveau. Il jeta un coup d'œil sur Oulpan, et la jeune fille fut embarrassée, en ayant un mauvais pressentiment.
- – À quoi?..
- Et il ne restait plus aucune échappatoire pour abdiquer.
- – Oulpan..., commença t-il. – Oulpan, écoute ce que je vais te dire et ne m'interromps pas, écoute jusqu'à la fin, peu importe ce que je vais dire, que tu veuilles écouter ou pas...
- Après une telle introduction, il procéda sèchement et avec savoir-faire à la commission qui lui était confiée par Esseney, il transmit la conversation avec ses parents. Maintenant, il lui appartenait de dire «non» ou «oui». Sa voix sonnait comme s'il parlait d'un voyage à la foire ou du fait qu'il fit cette année, un bel automne favorable aux troupeaux de chevaux et de moutons...
- Peut-être, Oulpan était plus que tout influencée par l'indifférence avec laquelle parlait Mousrep. Oui, elle ne pouvait ne pas remarquer à quel point Esseney avait le regard fixe quand il la regardait... Mais, semblait-il tout naturellement l'admirer, comment pourrait une personne âgée, de même âge presque que son père, contempler la jeunesse! Et pourtant, elle était embarrassée et son intuition ne la trompa pas! Elle se souvenait du juge d'appel Esseney depuis son enfance. Après elle passa un long temps sans le voir, mais son nom occupait pour elle la première place parmi tous les noms connus de la steppe. Il est plus âgé qu'elle de quarante ans. Et il n'y avait personne qui pourrait la protéger d'Esseney, sa volonté est inéluctable. Mais elle, que pourrait-elle?.. Et tonton Mousrep n'aurait certainement pas très volontiers accepté sa commission... Mais si tu as une tête, inclina-la vers le sol, si tu as des jambes, fléchis les genoux!..
- Oulpan se mit à rire.
- Tranquillement au début, mais de plus en plus fougueusement et désespérément, et son rire ressemblait d'autant plus à un sanglot, elle s'épuisa, elle commençait à se pencher sur la selle quand Mousrep eut à peine le temps de la saisir par la main, dont elle tenait la bride et la tira soudainement vers lui.
- – Arrête!.. - s'écria t-il rudement.
- Oulpan se redressa sur sa selle et se tut.
- – Maintenant, tu reconnais la forêt? - demanda t-il avec prudence.
- – Oui. Voilà, semble t-il, les fumeroles de notre aoul...
- – Sans doute, ta mère nous attend, elle grille des beignets... Cette odeur qui chatouille tant les narines...
- Il lui parlait calmement et doucement comme une petite. Et elle avait la voix stable quand elle se mit à parler avec Mousrep:
- – Tonton... Sans vouloir vous vexer, je ne me moquais pas de vous... Vous attendez ma réponse? Transmettez à votre frère aîné Esseney... Si Esseney lui-même m'a mit le nœud du lasso au cou, alors on ne saurait trouver une telle force dans les yourtes des Kourleouts peu nombreux, pour se défaire de ce nœud. Me demande t-il en mariage? Nous ne nous opposons pas à sa volonté. Mais qu'il sache - Oulpan n'est pas le genre de fille qu'on peut prendre à bas prix!
- Mousrep convint:
- – Bien sûr, bien sûr... chérie, tout sera comme tu veux! Mais tout le reste tu lui diras lui-même.
- Oulpan l'écoutait mais et l'écoutait pas, mais l'écoutait quand même. Quoi qu'il dise - bien sûr, bien sûr... Peut-être, pensait il qu'elle se réjouissait? Elle était en colère contre Mousrep - pourquoi il est venu vers elle pour une telle commission, comment a t-il pu accepter cela! Oulpan était en colère et éprouvait quand même de la confiance à l'égard de Mousrep et a jugea nécessaire d'expliquer:
- – Tonton Mousrep... Le premier soir... Vous et vos amis m'avez sauvée d'un malheur! Mais je ressentais quand même le danger. Non, pas de la part de Toulen et de son fils. J'ai vu les yeux d'Esseney!.. Il est venu encore une fois, il me regardait... Il dut même ne pas remarquer que le thé coulait sur sa barbe. Je pensais même, Esseney n'a t-il pas perdu la raison?
- Mousrep a pensé: il serait plus facile de croiser une dizaine de fantassins de Kenesary que d'avoir une conversation avec Oulpan seule, côte à côte, et ton cheval marche le pas, et son cheval marche le pas.
- – Esseney?.. Comment peux-tu dire qu'il a perdu la raison? Perdre la raison et de lancer le lasso sur une fille comme toi!
- – Il a vécu beaucoup d'années, - objecta Oulpan. – Et depuis longtemps seul. N'a-t-il vraiment pas trouvé plus belle que moi?
- – Je ne sais pas, - dit Mousrep. – Peut-être qu'il a dû en rencontrer. Mais ce n'est pas le troisième jour que je suis né moi aussi, et j'ai également vu. Il en existe de belles. Mais quand elles ouvrent la bouche, mieux vaut ne pas écouter. Il y en a qui sont intelligentes. Et quand on les écoute, il est préférable de fermer les yeux. Oulpan... Dieu t'a fait don, on peut te regarder comme t'écouter. Esseney fut longtemps dans la solitude, je pense qu'il choisissait longuement...
- Si elle lui avait posé encore une question, Mousrep aurait difficilement répondu parce que la douleur de cette première était devenue sa douleur, il ne pouvait rien d'autre lui dire, lui répondre.
- Mais heureusement, Oulpan ne posa plus de question. Mousrep jeta sur elle un regard croisé, et semblait comprendre ce à quoi elle pensait... Elle détestait farouchement Esseney, elle est prête à saisir l'arc au chevet de son père, et de près, tirer une flèche aiguisée sur celui qu'elle appelait durant sa petite enfance, chameau noir...
- Et pourtant, c'est une fille... Elle ne peut rester indifférente à ce que les autres pensent, disent d'elle! Pourrait-on la regarder sans fermer les yeux? L'écouter-le sans se serrer les oreilles? Que cœur de jeune fille ne saurait frémir aux louanges? Même si elles sont proférées non pas par son bienaimé, non pas celui qu'elle s'imaginait dans ses rêves troublés.
- Elle se taisait. Et Mousrep se taisait.
- C'est ainsi qu'ils sont arrivés à la yourte d'Artykbaï, en ayant aperçu de loin Nesibeli. Nesibeli s'affairait autour de la yourte, en faisant semblant d'avoir quelques préoccupations urgentes, mais en fait, elle ne détournait pas le regard de la piste où devrait apparaître Oulpan.
- Mousrep s'étonna de la tranquillité avec laquelle, Oulpan après tout, s'adressa à sa mère:
- – Maman... Tonton Mousrep m'a emmenée à la chasse. Tonton Mousrep m'a offerte une peau de loup. Mais demain, il veut rentrer chez lui. Qu'on abatte un yearling. Tonton Mousrep sera notre hôte aujourd'hui, je ne le laisserai pas s'en aller.
- Bien que Mousrep essaya de ne pas regarder Nesibeli dans les yeux, il savait par contre que ce n'était pas à propos de cela, du hôte que la mère espérait entendre de sa fille. Et, sans essayer d'extorquer quelque chose, Nesibeli, docilement, comme beaucoup de mères, déclara:
- – D'accord, ma fille... Pour qui d'autre abattrons-nous un étalon, si ce n'est pour Mousrep-le Turkmène? Ni auparavant, ni dans l'avenir - tu n'as eu de frère, et tu n'en n'auras pas plus proche et plus cher que lui.
- Elle faisait également allusion à quelque chose, en essayant d'amener Oulpan à des confidences, elle espérait qu'Oulpan déciderait elle-même de son sort, sans ramener la responsabilité au vieil infirme Artykbaï et sue elle qui souhaitait tout bonheur à sa fille, mais ne savait pas comment l'atteindre. Nesibeli attendait, mais Oulpan n'a rien voulu partager avec elle maintenant, puis Mousrep prit la parole en premier:
- – Non..., protesta t-il. – Ça ne vaut pas la peine... Pour moi, ça ne vaut pas la peine d'abattre un yearling. Du thé avec vos beignets seraient suffisants.
- Oulpan rejeta ses objections:
- – Maman, ne l'écoute pas... Nous allons manger à satiété. On donna l'ordre de nourrir aussi les chiens de tonton Mousrep. Ils ont un long chemin à faire demain - cent verstes environ. Et sur le chemin, dit-on, il n'y a même pas un seul aoul.
- Dans la yourte, ils furent accueillis par les mêmes yeux en attente d' Artykbaï comme ceux de Nesibeli, mais Oulpan sans laisser Mousrep prononcer un mot, parla la première:
- – Père, je n'avais aucune idée avant que les chiens sont plus intelligents que les humains. Sadak, Bars... Ils m'ont apprise comment chasser les loups! Ils ont flairé une louve, et se sont mit à la poursuivre...
- Elle continuait à parler de la chasse dans tous les détails, et Mousrep remarqua de nouveau, comme si Oulpan craignait de se taire une seule minute - de peur que les parents lui posent la question: Mais qu'as-tu répondu à Mousrep... quand il t'a annoncé la soudaine et triste nouvelle de la demande en mariage d'Esseney...
- Et ainsi de suite même pendant le thé, et après le thé Oulpan apporta et déposa devant Mousrep, une brassée de kouraï - il y avait des tiges sèches et fraîches... Les uns meilleurs que les autres - lisses, sans diamètres noduleux, d'une longueur chacune de cinq fois la distance du pouce étiré à l'index.
- Mousrep également ne voulait pas entamer une conversation difficile avec les parents d'Oulpan, il triait les roseaux minces, un par un, il choisit deux d'entre eux, les plus appropriés, et commença à tailler la flûte. Chaque orifice en un endroit bien déterminé, il suffit de se tromper un tout petit peu, et la flûte sonne faux. Et pour vérifier, après chaque trou, il portait la flûte à la bouche par le gros bout et écoutait... Ça sonne exact, semble t-il...
- Alors qu'il perçait touts les sept orifices, il réfléchissait quoi jouer. «Souir-le guerrier»? Mais c'est un cri de guerre, pas seulement de tous les Kerey mais aussi des Sibans. Une telle mélodie serait bien pour aller en guerre, et non pas pour consoler une jeune fille et ses parents. «Bozingen»?.. Les pleurs d'une chamelle blanche qui a perdu son chamelon. Sûrement non, pas le bon choix. Comment Nesibeli et Artykbaï écouteront-ils cette mélodie?
- Oulpan, fatiguée d'attendre, s'approcha vers lui.
- – Vous avez déjà confectionné la flûte?
- – Oui, semble t-il... Mais quoi jouer? - lui laissa t-il le choix.
- Oulpan sans réfléchir:
- – La mélodie "Algashkym", est-ce le votre?
- – C'est comme le mien.
- – Jouez...
- Artykbaï et Nesibeli se regardèrent quand Mousrep prit la flûte à la bouche et dans la yourte résonnèrent les premiers sons de la chanson - une chanson sans paroles sur le premier amour. Des paroles, on n'en n'avait pas besoin. Au sons du pipeau, jeune comme vieux, répétaient mentalement: "Oh, premier amour..." Et chacun avait ses propres pensées - sur le passé ou l'avenir, en fonction de chacun... A celui qui avait tout dans le passé, la mélodie inspirait: "Tant que je suis en vie, je n'oublierai pas comment tu m'as accompagné à la yourte blanche et dit en au revoir: „Tu seras toujours mon bienaimé“. Et celle qui n'a rien dans l'avenir entend: „Tant que je suis en vie, je n'oublierai pas comment ais-je pu t'accompagner à la yourte blanche et dit en au revoir...“
- C'est en cela qu'était si bonne la mélodie de Mousrep, car chacun s'y retrouvait. Et lui-même, sans retirer la flûte des lèvres, se réjouissait et s'attristait, et joua sa propre mélodie aujourd'hui pas comme d'habitude, plus longuement que d'habitude, et tout - la conversation avec Esseney, la recherche d'Oulpan à la steppe, et ses mots: je ne suis pas le genre de fille qu'on peut prendre à bas prix, - tout était exposé par la flûte docile à Mousrep, fait de simple kouraï, mais sans de mains humaines, sans ses lèvres, le kouraï ne peux que faire du bruit dans le vent...
- Oulpan, tu as déjà entendu cette mélodie «Algashkym», mais aujourd'hui, tu ne l'as pas reconnue. Soudain Mousrep - âgé de quarante ans presque, pas un garçon... - joua comme s'il avait trouvé ces sons pour la première fois... Pour elle? À propos d'elle. Elle était triste, mais pas désespérée. Elle comprenait que Mousrep, envoyé par Esseney, était en train de lui dire au revoir. Il lui disait au revoir... Et elle aussi doit lui dire au revoir.
- Après le dernier son, Oulpan dit doucement:
- – Algashkym... Le premier amour. Il en existe un premier, il en existe un dernier...
- Mousrep ne pouvait rien dire en sa présence, ni en la présence d'Artykbaï, ni de Nesibeli. Oulpan lui donna du thé à boire, et tout ce qu'il pouvait faire, c'est d'échanger un regard encourageant avec le vieux guerrier. Mais ce regard fut intercepté par Nesibeli, qui ne le perdait pas de vue. Et lorsqu'elle l'accompagnait avec Oulpan, elle dit:
- – Je vois que tu deviendras le frère aîné d'Oulpan. Elle n'aura personne plus proche que toi dans la tribu des Sibans.
- Mais Oulpan faisait semblant de ne pas entendre les mots de sa mère. Après tout, elle se vit en droit, comme une sœur, de tutoyer Mousrep:
- – Tonton Mousrep... Si tu fais un long moment sans venir nous visiter, je me fâcherai... Ne me fais pas souffrir car tu vas me manquer.
- Et elle caressa la rigide et brillante crinière du cheval rouge de Mousrep.
- Mousrep voulait repartit aussitôt, et il n'avait pas le même sentiment qu'elle le faisait parfois ressentir dans le passé, Il caressa Oulpan à la tête... Il lui tapota tendrement l'épaule.
- – Dieu seul sait, qui s'ennuiera le premier: toi ou moi. Au revoir, chérie... Au revoir, ma tantie. Concoctez les beignets, je serai bientôt à nouveau chez vous.
- Son cheval n'a pas apprécié le fait de prendre la route tard la nuit. Le cheval marchait lentement, à contrecœur, et il fallait plusieurs fois lui donner un coup de fouet, pour qu'il soit convaincu: le maître n'a pas l'intention d'y rester, le maître se presse.
- Quand Mousrep entra dans la yourte d'Esseney, celui-ci était assit, lugubre comme la nuit que Mousrep traversa en venant chez lui.
- Où étais-tu passé? Quel malheur t'est arrivé, pour que tu sois absent si longtemps? - attaqua t-il.
- Mousrep s'assit d'abord, puis répondit:
- – J'ai été longuement absent?.. Quoi, aurai-je mieux faire de revenir aussitôt avec un refus? Qui laissera partir un beau-parent chanceux sans faire de festin?
- Le visage d'Esseney s'éclaircit quand il entendit les mots «beau-parent chanceux». Mousrep continua:
- – Oui, oui, oui, oui... J'ai parlé avec tous. Et le plus important, avec Oulpan? Mais je veux te prévenir - Oulpan n'est pas le genre de fille... Pas le genre qu'on peut prendre à bas prix! Parle avec elle-même. Les parents - les parents ne refuseront pas.
- Esseney s'indigna:
- – À bas prix? Quoi, n'ai-je pas de bétail? Ou, suis-je avare?.. Ou ne saurais-je pas parler à Oulpan, si elle est d'accord?
- – Ce n'est peut-être pas ici une question de chevaux... - dit courtement Mousrep.
- Et il n'expliqua pas à Esseney, enivré par la nouvelle, que ce n'est pas une affaire de nombre de chevaux, qu'il ordonnera d'emmener dans l'aoul des Kourleouts, mais tout à fait autre chose... Oulpan elle-même lui fera tout comprendre.
- Et maintenant Mousrep - comme tout à l'heure, de la maison d'Artykbaï - voulait pareillement quitter Esseney le plutôt possible, quitter sa joie, ses espérances. Et le ciel au lever du soleil, restait toujours sombre lorsque Mousrep prit les chiens et rentra à la maison, dans son aoul.
- Cela faisait plus de deux semaines qu'Esseney s'était installé à Karshygaly.
- Mousrep-le Turkmène fut parti, Mousrep-le chasseur fut parti. Esseney était en colère contre eux - ils l'avaient abandonné... Mousrep-le Turkmène semblait ne plus se ressembler soi-même, bien qu'il aie rempli la tâche. Il a ramené un consentement, mais dans tout le reste, il exposa Esseney à soi-même. Mousrep-le chasseur dit: «Cet aigle est émacié, bon à rien, et ne saurait prendre un renard crevé. J'enverrai un autre». Et disparut.
- Esseney était entouré de parents, mais jamais rien n'intéressait ces djiguites, sauf la viande et le koumis. Donc impossible de parler avec eux de cœur à cœur. Ils sont inutiles à la chasse - ils sont agités, galopent dans tous les sens, effrayent les animaux par leurs bruits et leurs cris.
- Et ils se comportaient comme s'ils prenaient les gens des yourtes d'Artykbaï pour des domestiques sans famille, sans tribu, qui devraient servir docilement et silencieusement Esseney et toute sa famille. Ils criaient sur Nesibeli. Les jeunes djiguites, ne connaissant pas les intentions d'Esseney, faisaient la cour à Oulpan. Et hier, cet idiot d'Imanaly, le frère cadet, pensait même remettre Oulpan à sa place quand elle s'arrêta près de Mouzbel-tory:
- – He-hey!.. Ne t'approche plus de lui! Un tel cheval vaut beaucoup plus cher que dix filles comme toi!.. Lâche-le!
- Oulpan jeta la bride et ne sella plus Mouzbel, malgré les prières et les demandes d'Esseney. Elle ne fut pas apaisée, bien qu'Esseney aie chassé Imanaly: «Va t'en, je ne veux plus te voir!» Imanaly se retira de la selle, mais Oulpan ne monta tout de même pas le bai qui a une ligne grise le long de son échine.
- À une autre circonstance, Esseney aurait peut-être plus calmement réagi envers Imanaly. Mais en cette circonstance... Oulpan avait pourtant donné son accord, mais déviait la principale réponse - quand... Aurait-elle été d'une famille de même rang qu'Esseney, l'écart de conduite de son frère aurait entrainé une rupture, et Esseney lui-même aurait été chassé de l'aoul de la fiancée! Mais quoi qu'il en soit, Oulpan restait fidèle à sa parole, mais Esseney ne pouvait deviner cela et était tourmenté.
- Il n'était pas content de soi-même: juge d'appel célèbre, qui maitrisait les affaires compliquées - mais ne peut dénouer une affaire d'humeurs de filles! Et il s'énerva de nouveau contre Mousrep-le Turkmène Il est parti sans m'aider... Qu'est-ce qui se cache derrière les mots, Oulpan n'est pas le genre de fille qu'on peut prendre à bas prix!... Il ne s'agit pourtant pas d'où acheter des choses chères, à la foire de Tobolsk ou d'Irbit. Malice! La malice de jeune fille, comme on le dit, on peut en charger quarante mules!
- Si elle avait résisté, il aurait brisé cette résistance. Mais il n'y a pourtant pas de résistance. Un sourire énigmatique, répétant - oui, je suis d'accord. Esseney gardait un silence morne, puis Oulpan presqu'en plaisantant, s'exprima: «Pourquoi se presser?.. On a tout l'hiver devant nous. On aura le temps de parler, sinon on s'ennuierait l'un de l'autre». Et elle sortit.
- Esseney prit la décision: ça suffit, il faut lui raccourcir la bride, sinon pas de fin à l'horizon. Et ce soir-là, il l'attendait dans sa yourte d'une impatience particulière. Le feu brûlait dans l'âtre, et les invités étaient assis autour.
- Oulpan n'est pas venue seule, mais avec deux jeunes femmes. Elle s'était rechangée, elle avait ôté les vêtements de djiguite qu'elle portait habituellement pendant la journée. Elle portait une robe.
- Esseney lui dit, de manière accueillante:
- – Assieds-toi plus haut, petite Oulpan. À la place d'honneur.
- Les jeunes femmes rieuses trouvèrent drôle que cet homme âgé et non âgé, ce vieux Esseney se réjouissait de l'arrivée d'Oulpan, comme un enfant.
- Oulpan grandit seule dans sa famille. Et elle a l'habitude de se comporter comme un garçon indépendant. Durant longtemps elle ne se sentait pas comme un fille. Elle ne faisait cadeau à personne lors des accrochages entre enfants dans l'aoul, qui éclatent soudainement et s'apaisent aussi momentanément. En équitation, elle était la première. Et ayant grandi, elle a conservé ses habitudes de garçons, mais elle a pris conscience de sa force de jeune fille.
- Esseney l'appela, et Oulpan sans la moindre timidité, occupa la place d'honneur, en s'asseyant plus haut que le maître.
- – Pus proche, dit-il. – Rapproche-toi du feu...
- C'était un instant, mais largement suffisant pour qu'Oulpan, sans avoir besoin d'aucune explication, ressente que cette soirée est telle qu'elle ne s'en tirerait pas des regards. Ne s'en tirerait pas des promesses illusoires pour l'avenir.
- Elle dit:
- – J'ai entendu dire que ceux qui aiment s'asseoir près du feu, finissent par avoir froid toute la vie.
- – Mais c'est l'hiver, il fait froid.
- – Je suis habituée, répondit Oulpan.
- Esseney n'a pas compris ou il ne voulait comprendre, ou il ne savait quoi répondre...
- – Mais quel est l'état de santé d'Arteke?
- – Vous l'avez vu hier et ce matin. Il est pareil, comme toujours...
- Si Esseney pensait pouvoir se contrôler, Oulpan elle, le pouvait réellement. Elle était assise modestement à la place d'honneur et attendait modestement ce qu'il voulait savoir d'autre.
- – Il me gronde?
- – Pour quelle raison? Et s'il le voulait - qui oserait te gronder?, demanda innocemment Oulpan.
- Esseney soupira et se sentit impuissant, tel que cela n'a jamais été durant toute sa longue vie.
- Leur conversation, avec toutes les insinuations, heurta un fourré impraticable, et Esseney, n'ayant personne sur qui déverser sa colère, se mit en colère contre soi-même! C'est un homme ou pas? Jusqu'à quel point perdra t-il contenance devant une petite morveuse, elle a l'âge de sa petite fille! Il en avait marre de se casser la tête sur le vrai sens de ses mots, et directement, en dirigeant sur elle un regard lugubre, fixe, il demanda tendrement:
- – Petite Oulpan... Mousrep-le Turkmène m'a dit... Il m'a transmis tes mots... Tu n'es pas le genre de fille qu'on peut prendre à bas prix. Je sais... Qu'est-ce que tu veux? Du bétail? Combien y en a t-il dans notre steppe, il sera tout à toi, seulement dis-moi...
- Il comprenait qu'il était peut-être entrain de dire des sottises mais ne pouvait s'arrêter, et il vit sur le visage d'Oulpan qu'il disait des sottises, mais il attendait, attendait sa réponse...
- Elle rebondit comme dans l'enfance, comme la gamine dont avaient peur tous les garçons de l'aoul.
- – On ne peut me vendre, on ne peut m'acheter! Qui obtiendra le bétail qui sera payé pour moi?.. Avant que Sadyr soit là, mon père aurait-il ramené notre petit troupeau de chevaux du pâturage? Ou ma mère? C'est moi qui m'en chargeait dans notre famille!
- – Je t'écoute, je ne comprends pas... Qu'est ce que tu veux? «Qu'est ce que tu veux?...» Oulpan était pensive. Elle réfléchissait, mais c'est pourquoi évidemment elle était Oulpan, l'élue d'Esseney qui pouvait réfléchir, contrairement à plusieurs personnes de son âge. Oulpan ne sera jamais une jeune épouse habituelle, n'acceptera pas cette position d'esclave, aimée par son mari, et elle est obligée de se contenter des restes de table de sa première femme.
- Elle a osé dire ce qu'elle pensait depuis plusieurs jours de réflexion, mais elle ne le dit pas directement:
- – Et dans laquelle de vos maisons pensez-vous m'emmener?
- Esseney fut confus. Il ne répondait jamais immédiatement, mais avec cette fille, il sentait qu'il ne fallait pas réfléchir longtemps. Et ça faisait déjà beaucoup trop longtemps.
- – Comme tu voudras, dit-il. – La yourte de noces sera prête pour toi. Mais si tu veux, tu resteras dans ma grande yourte. Tout dépend de toi.
- – Non, dit fièrement Oulpan. – Tu veux me prendre, emmène-moi dans la grande yourte, je vais m'asseoir, comme maintenant, à la place d'honneur. Mais dis-moi, les yeux de ton frère cadet s'habitueront-ils à cela, se résignera t-il à cela Imanaly?
- – Ils s'habitueront..., promit Esseney. Ils s'habitueront en un seul jour. Tu seras la première épouse.
- Pour Oulpan, il était important dans cette soirée, la soirée des décisions finales, de tout éclaircir.
- – Mais Esseney a pourtant une première épouse...
- – Une première épouse?.. Non. J'habite à Orele, et elle - à Sorele... Si tu crois que je ne tromperai jamais Dieu, alors crois moi - entre nous, il y a sept ans de route.
- Oulpan écoutait très attentivement.
- Orele - comme on le dit, si un cheval a une patte avant et une patte arrière liées, alors il ne saurait s'enfuir - apparemment il n'est pas totalement libre mais pas tout à fait lié. On pouvait entendre ces mots chaque jour dans l'aoul, mais maintenant ils possédaient tout un autre sens lorsque Esseney faisait allusion à soi-même.
- Mais Sorele, c'est une hutte fortuite creusée à la hâte, où durant les temps obscurs et variables de guerre, on jette les cadavres avant que le moment soit venu de les inhumer dans leur pays natal, parmi les tombes paternelles. Il y eut plusieurs guerres, il plusieurs ont le nom - Sorele. Oulpan apprit ce mot de son père, Artykbaï lui raconta - si Kotsoukh et ses Cosaques n'étaient pas arrivés à temps, il serait resté à Sorele...
- Alors... Esseney lui-même est à Orele... Et il a envoyé sa première femme à Sorele, où elle restera jusqu'à la fin de ses jours. C'est ainsi qu'il faudrait comprendre. Et quand il a parlé de route longue de sept ans... Cela faisait sept ans qu'ils vivaient séparément. Cela réconfortait Oulpan, elle ne sera pas servante. Elle n'en sera pas - et ne saurait l'être!
- – Esseney, dit-elle.
- Avant cela, Oulpan disait - «vous», «aksakal»... Et en l'entendant prononcer son nom pour la première fois, Esseney se figea, comme s'il écoutait - est-ce lui que la fille appelle. Esseney se figea et regarda autour de lui - mais ils étaient depuis longtemps déjà restés tous deux avec Oulpan, tous les autres ayant compris qu'ils allaient le déranger - sortirent.
- – Esseney, continua-t-elle. – Là-bas, il y a une route de sept ans. Mais entre toi et moi - il y a une route de quarante ans. Tu en as pensé?
- Il s'était lui-même plusieurs fois posé cette question, il était prêt à cela.
- – J'en ai pensé, répondit-il. – Je ne suis pas le premier à prendre une fille avec une telle différence d'âge. Tu n'es pas la première, sur qui un homme de mon âge a porté le regard. Quarante ans? Je suis Esseney...
- Oulpan écoutait, et Esseney continuait:
- – Je ne sais pas pourquoi je ne vous ai pas quitté... De Karshygaly... La beauté, la jeunesse. Et le plus important, j'ai vu qui pourrait devenir Esseney après moi, à mes quarante ans. Et pendant que je suis là - le deuxième Esseney. Mais cela débutera... débutera dès cette nuit!
- Oulpan avait tellement longtemps résisté à son destin, qu'elle n'arrivait elle-même pas à croire: Les mots d'Esseney l'ont embarrassée. Elle ne savait pas quoi lui dire, mais les djiguites l'ont aidée. Ils entrèrent dans la yourte - l'un avec un broc, un autre avec qui avec une cuvette pour se laver les mains et un troisième portait un plat, sur lequel s'élevaient en montagne des morceaux de viande cuite. Oulpan eut juste le temps, à sa propre surprise, de jeter un regard reconnaissant et affectueux sur le visage sombre d'Esseney, recouvert d'acné.
- Mais leur solitude prit fin. Se sont frayé une place dans la yourte, Sadyr avec Artykbaï sur ses épaules. Ensuite arriva Nesibeli et se tint timidement près du seuil.
- Esseney se leva à sa rencontre.
- – Asseyez-vous, dit-il. – Désormais dans cette yourte, il n'y a pour vous aucune autre place... Seulement la place d'honneur.
- Et tous ceux qui étaient dans la yourte comprirent: ce n'est pas qu'un simple signe d'hospitalité. C'est une courtoisie envers ceux qui deviendront bientôt ses parents.
- Artykbaï et Nesibeli occupèrent la place d'honneur. Ce soir, paraît-il, l'affaire sera résolue, désormais tant qu'ils seront en vie, ils s'assoiront constamment à cette place, et personne n'osera empiéter sur le massif de Karshygaly, qui appartient aux parents d'Esseney... Dans le nom Artykbaï, le mot «baï» déterminera également sa position et les colons Kourleouts de la tribu des Kiptchaks, étrangère aux Kereys, deviendront sur ces terres, des gens respectables jouissant pleinement de leurs droits civiques.
- Mais pour l'instant, tout cela était à venir, et ce ne fut que de premiers soupçons que cela se produirait ainsi, émis par les envieux, considérés comme les gens de la lignée d'Esseney.
- Esseney n'en était pas à eux présentement. Il n'avait pas encore rendu pleinement hommage au père de sa future femme.
- – Arteke... Aujourd'hui, selon les lois établies, nous avons commencé l'abattage d'hiver. Mon devoir est de vous apportez la tête, afin que vous bénissiez notre banquet.
- Artykbaï prit soigneusement - cela faisait déjà longtemps que des gens remarquables de la steppe ne lui demandèrent pas de bénir le repas - des mains d'Esseney, la tête de mouton, prit le couteau, pour la répartir entre tous. Il semblait encore douter que cet honneur lui fut accordé, et Sadyr, son vieil ami de combat, jugea nécessaire de l'encourager:
- – Arteke... Je pense qu'on ne saurait se passer de votre bénédiction dans cette maison.
- Artykbaï se passa les paumes au visage, ses lèvres remuaient, récitant silencieusement les paroles de la prière à table. Il apparut sur la nappe encore un plat à base de viande de cheval fumée avec une couche dorée de graisse. On servit le koumis, à cette période de l'année, seuls les propriétaires de grands troupeaux de chevaux pouvaient se permettre d'en boire.
- Après le thé, Esseney annonça une autre décision, il voulait être généreux, et il se sentait plus fort que jamais, en mesure de procurer de la joie aux gens qui l'entourent.
- – Arteke, dit-il. – La petite Oulpan disait que vous aviez du mal à vous occuper du bétail. Oui, je le vois moi-même. Et si c'est le cas... Que désormais, l'ensemble des hardes de Sadyr appartiennent à Oulpan. Je ne prendrai même pas un seul yearling de cette harde. Si elle laisse ses troupeaux de chevaux à Karshygaly, alors vos chevaux pourraient paître eux.
- Tous à table prêtèrent l'oreille. Qu'est-ce que c'est, la générosité?.. Ou l'homme, connaissant son âge, alloue d'avance la part d'Oulpan afin d'éviter d'éventuels conflits familiaux dans le futur? Esseney pouvait être perfide et impitoyable, et juste, mais peu de gens le connaissaient comme bon. Peut-être qu'avec l'âge, l'âme commençait à se fondre? Alors les uns auraient dit - que tu vives mille ans, Oulpan. Et les autres auraient maudit l'instant où Esseney eut en tête l'idée de passer l'hiver à Karshygaly et que la yourte d'Artykbaï se trouva sur son chemin.
- – Esseney, mon ami... - dit Artykbaï d'une voix tremblante. – Ton acte est digne de toi. Tu as apaisé mon cœur et le cœur de la mère d'Oulpan. Je craignais depuis de longues années qu'avec moi elles étaient tout à fait sans défense. Maintenant je suis calme.
- Esseney se leva, prit un caftan de couleur émeraude-vive, brodé d'or, avec une médaille d'or sur le revers gauche, en souvenir de la victoire sur Kenesary - un cadeau du gouverneur général de la Sibérie, et le jeta sur ses épaules d'Artykbaï.
- Sadyr plaça ses épaules à Artykbaï, Esseney aida le vieil homme. Nesibeli s'en alla, tous les autres s'en allèrent.
- – Petite Oulpan... Je ne veux pas que tu penses que je t'ai donné ta part. C'est mon cadeau. Tout ce que je possède d'autre, nous en disposerons tous les deux. Deux Esseney, deux propriétaires. Mais la harde de Sadyr t'appartient. Fais-en ce que tu veux. Pour moi, pourvu que tes vieux ne soient pas dans le besoin. Tu sais que je n'ai pas d'enfants, je n'ai personne à qui laisser. Tu seras pour moi et un fils, et une fille, une femme, et une bienaimée. Si tu es le soleil qui va bientôt s'élever au dessus de ma maison, je n'aurai plus d'autres demandes à Dieu. Assieds-toi plus proche. Pose ta tête ici...
- Il s'écoutait soi-même et s'étonnait. Il pensait qu'il avait depuis longtemps oublié ce qu'était que la tendresse, oublié les mots qu'ont dit quand on est à deux avec une fille. Il se trouve qu'il ne les a pas oubliés!
- Oulpan l'écoutait d'un cœur battant. Qui d'autre sur son chemin pourrait devenir Esseney? Un homme doit être ferme dans les décisions. Il doit posséder la force, et un grand cœur, et c'est ainsi qu'elle s'imaginait l'homme qu'elle avait récemment rencontré au sommet de la colline. Mon Dieu, à s'imaginer comment était-il, quarante ans en arrière! Et si ce n'était pas lui, qui aurait-elle rencontré? Quelqu'un comme Mourzash, fils de Toulen... Mais un autre jeune djiguite, se comparerait-il, aurait-il pu se comparer à Esseney? Qui sait?.. Mais elle n'a pas rencontré un tel.
- Oulpan récemment, après la conversation avec Mousrep-le Turkmène à propos de la demande en mariage, était prête à cribler Esseney de balles, lui tirer dessus une flèche avec l'arc de son père. Vraiment, maintenant après qu'arriva tout ce qu'elle ne voulait pas, se cherche-t-elle des excuses?
- Oulpan se coucha, posa, comme il le demanda, sa tête sur ses genoux.
- – Nous n'allons pas gaspiller beaucoup de mots, dit-elle. – Rassemble demain tes Sibans et mes Kourleouts, organise une fête et répète devant les gens ce que tu me dis, ce que tu me promets...
- Esseney ne répondit pas. Son gros visage sombre, truffé par une variole impitoyable se rapprochait du visage clair de la jeune fille.
- Par la suite - beaucoup de temps s'est écoulé depuis cette nuit-là - elle écoutait la chanson d'un akyne russe, réinterprétée en kazakhe par l'akyne Abaï de la tribu de Tobykty. À propos du vieux Kazakh Caspien impérieux, comment il avançait comme une tempête inévitable à la rencontre d'une jeune Cosaque, et ses yeux bleu-foncés furent recouverts d'humidité de la passion.
- Les yeux en face d'elle étaient alors brun-foncés.
- À l'aube, Esseney se retira avec une cuve pleine d'eau, et s'y amusa longuement avec savouration.
- – Tu veux? - proposa t-il à Oulpan. – Viens te baigner aussi.
- Elle se leva, et tout à coup elle eut une idée simple et nette que désormais cet homme, son mari, sera près d'elle de jour comme de nuit, dans la joie comme dans le malheur.
- Un vieux corps - réchauffé, comme dans sa jeunesse, par une sensation de force et d'éternité, se refroidit à nouveau dans l'eau. Esseney déroula le tapis pour la salât.
- Mais le jeune corps, après le bain, se refroidit premièrement, mais se réchauffa à nouveau...
- Oulpan se glissa à nouveau sous sa couverture.
- Dès le printemps - Esseney, Oulpan, Nesibeli et avec eux quatre djiguites quittèrent l'aoul d'Artykbaï. Ils se rendirent à la frontière avec les établissements russes à cheval, comme d'habitude, et là, à un endroit prévu d'avance, les attendait Tlemis. Il y avait conduit un fourgon couvert qui se repliait et se dépliait, comme un accordéon, avec de petites marches de chaque côté. Le fourgon était attelé de trois chevaux. Tlemis avait surnommé ce fourgon - chariot...
- Autant qu'elle s'en souvienne, Oulpan ne s'était jamais assise dans une simple télègue. Mais maintenant, elle mit le pied sur un petit repose-pied, et s'assit facilement sur le siège en maroquin, comme si toute sa vie elle ne faisait que voyager sur les roues.
- Mais qu'a-t-elle à être timide? Elle n'était pourtant pas timide en devenant propriétaire de la richesse, dont elle ne pouvait y penser. Esseney ne faisait que rire quand il la regardait se comporter considérablement en maître... La harde offerte par son mari comptait cinq cents chevaux. L'aoul d'Artykbaï n'a jamais connu une telle satisfaction, l'aoul était comblé de viande et inondé de koumis. Au moment où ils s'apprêtaient à partir, deux cents juments avaient pouliné.
- Les gens riches auraient pu dire, Oulpan est entrée dans la maison d'Esseney presque nue. Il y avait quelques vêtements de fête, selon Nesibeli, retournés, recousus des vieux vêtements de ses parents. Sa mère découpait et cousait. Connaissant la passion de sa fille, Nesibeli essaya de tout adapter pour l'équitation.
- Quand le printemps fut proche, Esseney se préparait à emmener Oulpan dans son aoul, mais elle lui dit;
- – Si tes parents me voient dans ma vieillerie, ne vont-ils pas gouailler: Dieu merci qu'elle n'est pas venue chez nous, sans pantalon...
- Esseney fut confus. Il n'avait pas l'habitude de réfléchir, de quoi une femme a-t-elle besoin, sans quoi il lui serait gênant. Il décida:
- – À la mi-mai, il y aura une foire à Tobolsk. Demande à ce qu'on y conduise quarante chevaux de sélection.
- Oulpan fit ainsi. Mais à quoi sert la richesse, si on ne peut bien manger et boire, bien se vêtir, si on ne peut faire ce qu'on veut! Cet été tu es riche, et après l'hiver, tu peux devenir le tout dernier des pauvres! Et elle voulait se rendre à la foire - que ses yeux s'habituent à ce qu'elle n'a jamais, ce qu'elle ne connait pas...
- Tlemis - celui qu'Esseney a envoyé à Irbit, quand il était lui-même blessé et couché à Stap, à l'hôpital, - était en charge depuis quinze ans de ses affaires commerciales. Esseney lui transmit de les rencontrer. Et Oulpan n'a présenté aucun étonnement. Pas seulement pour elle, mais aussi pour lui, pour Esseney, serait-il gênant, si elle se mettait à écarquiller les yeux...
- Mais en fait, beaucoup de choses l'étonnaient. La route ordinaire par laquelle ils voyagèrent... Était ordinaire, et exceptionnelle. La route avait une piste au milieu, pour le limonier qui tenait fièrement la tête, encadrée par l'arc. Et deux pistes de chaque côté, pour deux chevaux de renfort - ils allaient à toute vitesse, la tête penchée dans des directions opposées, et les roues de la large charrette roulaient stablement derrière eux. Oulpan, fille de nomades, vivant loin des lieux praticables, voyait pour la première fois une telle route, ce devrait être les Russes qui l'ont construite.
- Sans ralentir, sans perdre le trot, le pas, la troïka filait à toute vitesse, et la charrette semblait flotter sans toucher le sol. Habituée à la selle, Oulpan a estimé un tel voyage. Confortable, rapide... Restèrent loin derrière les djiguites qui les accompagnaient.
- Quand tu es sur la selle et que le cheval te plait, on peut admirer l'ajustement de sa tête, sa crinière luxueuse ou le beau repli de son cou... Mais tu ne peux le regarder de par le côté. Et là, tu as toute la troïka en face de toi! Et sans relâche, sa course précipitée s'accompagnait de résonnements incessants de cloches.
- Alors... Oulpan pensait. D'abord, la route... Une charrette avec une troïka inlassable. Eh bien, accroche-toi, mon cher ami Esseney! Qu'on arrive à la foire....
- Oulpan remarqua l'isba russe dans laquelle elle n'avait jamais été auparavant. Tlemis a préparé une maison, où on leur fera du thé et de la nourriture. Deux chambres propres. Un plancher en bois peint, des fenêtres vitrées, clair à l'intérieur comme la cour. Leur déjeuner a évidement été cuisiné dans le grand four qui se trouve dans la pièce d'avant et qui occupe un bon tiers.
- Une femme quelque peu âgée, blonde aux yeux bleus leur servit une régalade, en prenant lestement les marmites et les casseroles, en rapprochant les poêles et les rôtissoires. Oulpan eut le temps d'avoir faim et mangea avec plaisir la pompeuse miche de pain blanc cuit à partir de levain. Elle apprécia les talmouses rondes faites de fromage blanc. Combien s'avère t-il, pourrait-on faire cuire, frire, cuire à base de viande, de lait, de farine...
- – Mais combien de têtes de bétail cette famille possède-t-elle? - demanda-t-elle à voix basse à Tlemis.
- – Quel bétail!.. Ils n'ont rien. Deux chevaux, une vache, ainsi, et une douzaine de poules en plus. Ils sèment un peu de pain pour eux-mêmes.
- Oulpan ne cessait d'admirer l'isba. Et celle-là, et les autres, après le déjeuner ils sortirent pour continuer leur route. Confortable, bien entretenu, se tenait un petit village cosaque. Et bien avant même que le village ne disparaisse de leur vue, Oulpan se fit encore un repère : Une isba russe. C'est comme ça, Esseney!
- Elle eut beaucoup de choses gravées dans sa mémoire ce jour-ci et les jours ultérieurs. La steppe semblait toujours la même, telle qu'elle avait l'habitude de la voir, telle qu'elle l'aimait... Des crinières vertes de bosquets. La stipa en plein vent. La brume de chaleur suspendue au dessus de ce vaste espace, après la montée du soleil à l'après-midi. Mais sa vie? En hiver comme en été dans une yourte. Quatre types de bétails autorisés pour la reproduction par les fidèles du prophète Mohammed. L'abattage d'hiver, lorsque chaque famille prépare toute la viande qu'elle possède. La vie est monotone, sans aucun changement, comme une longue nuit. Oulpan s'était en quelque sorte habituée à son sort de femme kazakhe, avec son ourlet sale, avec son éternelle abjection et son inutilité dans les conversations... Peut-être qu'elle exagérait après avoir rencontré une vie, extrêmement dissemblable à celle qu'elle connaissait. Mais, des pensées nouvelles, inconnues d'elle-même pour l'instant et des intentions la faisaient réfléchir avec inquiétude: «Qui vivra verra …»
- Tlemis prit le soins de préparer l'endroit où les installer. Sur le bord de la rivière, où Tobol faisait une boucle sinueuse, se tenaient des yourtes: trois blanches et deux noires.
- Après être descendue de la charrette, Oulpan donnait des ordres comme si elle en avait toujours eu l'habitude:
- – Ma mère et moi nous nous installeront dans ma yourte de noces, toi - dans la grande yourte, et dans la troisième on recevra les invités. On y déjeunera, mais on prendra le thé dans la yourte de noces. Descends, mon jeune tigre…
- Oulpan tâchait de ne pas s'étonner, et cela lui réussissait, Mais Esseney ne pouvait pas s'empêcher de s'étonner, et ne cachait pas son étonnement à voir avec quelle aisance, quelle rationalité se comportait et agissait sa chère Oulpan, et encore une fois de plus remercia Allah pour avoir, l'automne dernier, pris la décision inhabituelle de passer l'hiver avec ses troupeaux de chevaux à Karshygaly.
- Il s'attarda pour saluer les gens qui le rencontrèrent, et Oulpan avec sa mère et avec eux Tlemis continuèrent jusqu'à la yourte de noces blanche comme neige.
- Une femme kazakhe s'apprêtait à ouvrir le cercle de clef de voûte dans la partie supérieure, servant à évacuer la fumée.
- Oulpan s'exclama:
- – Laisse, ne touche pas, ma mère l'ouvrira d'elle-même.
- – Hé, femme! Ne touche pas, va t'en! – s'écria Tlemis. C'était sans doute sa femme. Aussi vulgairement et sans prétexte, on ne saurait parler même à une employée domestique.
- La femme disparut, comme si elle n'y avait pas été.
- Ouvrir le cercle de clef de voûte n'est pas une affaire si simple. Nesibeli regarda d'abord le soleil, détermina d'où soufflait le vent, et seulement après elle jeta le feutre.
- Elle entra dans la yourte après sa fille et s'arrêta toute stupéfaite. La couverture supérieure en feutre blanc était décorée d'ornements de velours noirs, des bandes de tapis habilement tissées recouvraient les murs en treillis, et le plancher était recouvert de tapis laineux. Face à l'entrée se trouvait la literie - satin, velours... Les malles étaient recouvertes de fourreaux de feutre, également de couleur blanche. Un broc en cuivre poli avec long bec courbé, une bassine en cuivre pour le bain. Des rideaux en soie lourde bleu clair.
- Tout scintillait ici, reluisait, mais Oulpan, fidèle à sa propre parole, ne manifesta pas son étonnement. Elle remercia Tlemis - il entra après la maîtresse de maison et sa mère:
- – Seul votre regard peut remarquer, si quelque chose ne va pas... Mais je ne vois pas d'imperfections, aucune, Tlemis-aga. Ne te fâche pas si je t'appelle par ton nom. J'appelle tout le monde par son nom, à commencer par Esseney.
- Au fil des ans, il s'est habitué au fait que les femmes russes l'appellent Toulamesh ou Tilamesh, c'est donc pourquoi il n'a même pas prêté attention quand Oulpan l'appela par son nom, ce qui n'est pas acceptée dans les aouls en s'adressant à un homme. Et lui-même réfléchissait en ce moment, comment s'adresser à cette jeune épouse, gâtée, semble t-il, par son vieux mari attentif.
- Sans avoir donc décidé, il renonça à s'adresser directement:
- – Il y a des imperfections... Comment sans cela! Mais on les règlera au fur et à mesure. À Tobolsk, on trouve tout à la foire, tout ce que le cœur désire. Et j'ai aussi toute une horde de marchands que je connais. Alors ne vous inquiétez pas.
- Il sortit.
- – Maman... Assieds-toi. À la place d'honneur, où tu t'es toujours assise à la maison. C'est ma yourte de noces. Tu me conduiras dans l'aoul d'Esseney à partir de cette yourte.
- – Mon petit chou, quand est-ce que tu as eu le temps? Quand est-ce que tu as commandé une telle yourte?
- – Maman, suis-je pourtant Esseney? Et quelles difficultés un Esseney pourrait-il avoir! Demain nous irons à la foire. Prends le nécessaire pour toi, pour mon père, pour la maison, prends tout... On achètera tout... Je ne suis pas venue à la foire avec Esseney, mais c'est plutôt Esseney qui est venu avec moi.
- Mais comment Nesibeli pouvait ne pas être stupéfaite? En un seul hiver, Oulpan a dompté un homme comme Esseney. Mais le mariage principal n'avait pourtant pas encore eu lieu dans son aoul natal.
- Entra la femme qui, à leur arrivée, tentait sans succès d'ouvrir le cercle de clef de voûte.
- – Vous allez prendre une douche? - demanda-t-elle.
- – Oui, oui... Êtes-vous la femme de Tlemis-agha?
- – Oui, sa femme...
- Après qu'Oulpan et Nesibeli aient pris leur douche et s'être rhabillées, les djiguites apportèrent une nappe et un samovar en ébullition. Oulpan leur dit:
- – Que l'un de vous appelle Esseney. Déposez le samovar ici, je servirai moi-même le thé.
- Esseney ne vint pas seul. En plus de Tlemis, il y avait aussi deux marchands tatars et un Russe. Ces deux se nommaient Galiaskar, Galioulla et le Russe - Gleb.
- Oulpan, pour la première fois dans le rôle de femme au foyer à l'extérieur de l'aoul, pas à la maison, avec une certaine attention vive, interceptait les regards des invités, lisait les pensées... Semble t-il qu'ils l'auraient prise au départ pour la fille d'Esseney. Et Nesibeli, pour sa femme. Mais ils se mirent à douter par la suite, et ils persistaient dans ce doute jusqu'à ce qu'Esseney lui adressa la parole:
- – Petite Oulpan... on a la visite de commerçants, et les commerçants sont toujours pressés de commerce, ils n'ont toujours pas le temps, et ont plein d'affaires. Ce Russe veut acheter tes chevaux, en gros. Si bien sûr vous tombez d'accord.
- Tlemis jugea nécessaire de rappeler les prix de la foire:
- – Quatre chevaux vendus, pour quarante roubles chacun. Mais de tous les chevaux, ces quatre-ci étaient les meilleurs.
- – Et cet homme, Galib, combien propose t-il pour chaque?
- – Trente-cinq l'unité...
- Oulpan, sans longtemps réfléchir ni marchander:
- – Comment faites-vous d'habitude? - dit-elle à Tlemis. – On se serre les mains ou quoi. Je suis d'accord.
- Avant son départ, Gleb ajouta:
- – Madame, derrière moi, le meilleur renard argenté que je puisse trouver, et des parfums parisiens...
- Tlemis traduisit et expliqua - «Madame», c'est ainsi qu'on s'adresse à une femme noble.
- Il sortit pour accompagner Gleb, Galiaskar et Galioulla félicitèrent la khanoum pour le marché conclu, ils lui souhaitèrent bon succès à la foire. Galiaskar l'invita pour demain chez lui à la maison. Sa femme et sa fille seront heureuses... Si khanoum se rend avec eux à la galerie marchande, aucun des marchands et des commerçants n'aurait à l'esprit de la tromper... Et en plus de la foire, Galiaskar possède sa propre boutique. Toutes les marchandises de ses rayons sont pour la khanoum, qu'elle dise ce dont elle a besoin.
- Galioulla n'était évidemment pas très content que Galiaskar l'aie devancé avec l'invitation. Avec cette madame, comme Gleb l'appela, on peut faire des affaires. Ils avaient déjà temps de comprendre combien d'argent, avec l'aide de Dieu, empochera le marchand russe de la vente d'une quarantaine de chevaux, combien en ont-ils eux-mêmes...
- Ensuite, ils sortirent tous les deux, et Tlemis revint en apportant à Oulpan un paquet très important de d'assignats et un sac d'argent.
- – Tu nous dois une tournée... - affectueusement comme il lui parlait toujours, dit Esseney.
- – Quand il enverra le renard argenté, je te ferrai coudre un bon chapeau de fourrure, tu n'auras pas froid à la tête en hiver. Ça va, mon copain?
- – Ça va, khanoum, ça va...
- – Mais voici, prends cet argent afin que tu n'aies pas les poches vides.
- – Oh! Pourquoi tant d'argent?
- – Ce n'est rien... Ça me va...
- – Non! Je préfère prendre ce rouble d'argent avec la tsarine! Je n'avais pas l'intention de l'offrir à quelqu'un! Elle est si jolie. Je la garde pour moi.
- Nesibeli les écoutait en se réjouissant sans cesse, en implorant Allah sans relâche pour qu'il prolonge leur bonheur. Maintenant, elle trouva elle-même étrange d'être sortie de la yourte en courant, accablée de chagrin, lorsque Mousrep-le Turkmène lui transmit les intentions d'Esseney. Et en observant son vieux gendre avec sa fille, toute encore jeune, Nesibeli essayait de deviner: soit Esseney est devenu plus facile, plus aimable, ou soit Oulpan a dû dès les premiers jours trouver bonne conversation avec lui, elle pouvait être affectueuse et impérieuse, espiègle, et inflexible... «Mon garçon», «mon jeune tigre...» - et il se plaisait quand elle l'appelait ainsi.
- Mais Esseney, lui?... Nesibeli n'avait jamais rencontré une telle personne. Ravissement pour sa richesse, l'amour inépuisable du pouvoir, les habitudes hautaines guerrières, la passion pour la chasse - tout cela demeurait peut-être encore en lui, mais Oulpan couvait tout cela, Elle pouvait être la pupille qui écoutait ses conseils quotidiens, et la tutrice dont il écoutait les conseils.
- Énorme, d'un air morose, à chaque fois qu'Esseney regardait Oulpan, il obtenait en retour d'elle un regard compréhensif. «Mon Esseney», l'appelait-elle. Et ils se comportaient parfois comme des enfants. Quand Oulpan s'apprête à aller quelque part. Esseney la rappelle avec fermeté, elle vient en courant et se tient au garde à vous. Il lui redressera absolument quelque chose: soit il redressera sa camisole, soit il rattachera les ficelles du chapeau de fourrure. «Je crains que tu grandisses peu soigneuse et maladroite - et il la taloche comme une gamine. Maintenant tu peux partir». Esseney demeure Esseney. Il peut, en ignorant si cela est autorisé ou non, se permettre de faire ce qu'il veut. Voici ce qu'il disait de la beauté de la tsarine, - il parlait d'Oulpan.
- Il était lui-même dans l'ombre durant ces jours-ci à la foire. Si c'était quelqu'un d'autre qui avait agi ainsi, cela aurait pu causer des regards perplexes, des moqueries sournoises. Mais c'était Esseney... Certaines personnes qui auparavant avaient peur pour sa sévérité, son extrême réserve, ont essayé de se rapprocher afin de le connaître à nouveau.
- Pour Oulpan, ce voyage à la foire signifiait beaucoup. On parla d'elle, de son intelligence, de l'influence qu'elle a sur les affaires. Et une chose non des moindres, c'est qu'elle a compris qu'elle peut être différente, et non pas une simple gamine de l'aoul qui aime monter à cheval et qu'avec l'aide de Mousrep-le Turkmène elle a appris à chasser des loups avec les lévriers.
- L'homme, qui a vécu dans la misère craint que le bonheur qu'il obtient soit de courte durée. C'est ce qui arrive plus souvent - et Nesibeli encore et encore demandait à Dieu de ne pas épargner sa fille de Sa miséricorde.
- Esseney et Oulpan étaient assis avec leurs plaisanteries, Nesibeli - avec ses joies et ses craintes, quand le rideau s'écarta et dans la yourte apparut Mousrep-le Turkmène.
- – Assalaoumalikem...
- Il avait un fouet qui pendait à la main, il avait mis des vêtements de route, il venait évidement de descendre de la selle.
- – Tonton Mousrep! - se précipita Oulpan. Nesibeli se leva également à sa rencontre.
- Esseney regardait férocement l'invité inattendu:
- – Est-ce bien toi Turkmène? Est-ce toi?.. J'ai à oublié ton visage. Où étais-tu passé durant tout l'hiver? Tu nous manques, pourquoi nous fais-tu tant souffrir? Assieds-toi, tu n'iras nulle-part.
- Cela n'était pas admis par la coutume, sinon Oulpan se serait jetée au cou de Mousrep, l'aurait serré dans ses bras, l'aurait embrassé. Il comprit tout par son regard, il comprit qu'avec son mariage, il est devenu réellement pour elle un frère aîné, et il aimerait aussi la serrer dans ses bras, la caresser comme une sœur.
- Esseney le fit asseoir près de lui.
- – Toi, Turkmène, tu n'as donné aucune nouvelle de toi... Mais j'ai entendu dire que tu tenais ferme toutes ces années, mais maintenant tu es également confus. Pourquoi ne nous as tu pas invités aux noces?
- Mousrep trouva immédiatement quoi répondre:
- – Les noces furent reportées jusqu'à votre arrivée, dit-il. – Il n'y avait pas de temps... On a eu un enfant, voici que Shynar et ne peut aller nulle part, elle est de jour comme de nuit près de lui.
- – Un enfant?..
- S'il étaient tout deux, Esseney aurait certainement taquiné son ami, il lui aurait demandé, ta femme est-elle venue si tôt de sa maison avec un bénéfice?
- Mais il fut gêné à cause d'Oulpan et dit brièvement:
- – Eh bien, félicitations...
- Mais Oulpan questionna bien sûr:
- – Un fils?.. Une fille?
- – Je ne sais pas encore. Il ne s'arrête pas encore sur ses pieds, pourtant Shynar refuse de me le montrer, elle dit que je vais lui porter malheur.
- – Il ne s'arrête pas? - s'étonna Oulpan. – Mais depuis quand...
- – Depuis longtemps. Hier, ça faisait douze jours.
- – Seulement douze jours, et l'enfant doit s'arrêter sur ses pieds?
- – Qu'est-ce que tu racontes? - Esseney demanda des explications. Nesibeli sourit et se tourna vers sa fille:
- – E-e, Oulpan... Qu'est-ce que tu ne comprends pas? Ils ont une chamelle qui a mis bas, une chamelle...
- – Ah bon?...
- Oulpan comprit par le regard de Mousrep que sa mère avait deviné juste, et, soulagé, elle éclata de rire. C'est pourtant elle, tout comme Esseney qui avait d'abord pensé que Mousrep était venu avec une triste nouvelle, mais laquelle?.. - qu'il a épousé une femme qui attendait à un enfant.
- Mousrep se mit à expliquer que le chamelon est encore impuissant, il n'arrive pas à se servir de ses pieds, il a de longues jambes, maladroit, il n'est même pas à mesure de lever la tête, il ne fait que rester couché... C'est aussi de la maison que Shynar a emmené la chamelle blanche.
- – Mais le chamelon est-il lui aussi blanc? - l'interrompit Oulpan.
- – Oui, blanc comme neige, dit Shynar. Nous pensons faire de lui le grand prix pour le lutteur qui vaincra tous à notre fête.
- Esseney intervint:
- – Je lis à travers le regard d'Oulpan... Tu réveilles en moi l'envie, tu veux que je prenne part à la lutte lors de ta fête!
- – Mais qu'est-ce qui t'arrivera si tu y participes? Ou bien tu as tout à fait vieilli? Combien de fois as tu affronté des lutteurs bien connus et que tu as vaincu!
- – Il prendra part à la lutte, il y prendra part! - s'exclama joyeusement Oulpan en tapotant Esseney au genou. – Il vaincra tous, et le chamelon blanc sera à moi!
- – D'accord! - convint Esseney, mais en définissant ses conditions: – Seulement toi, Turkmène, tu seras également sur le tapis avec tous.
- – J'y serai...
- Le sort de ce prix a été, semble avoir été résolu bien avant que les lutteurs à la fête se croisent pour la lutte...
- Oulpan n'avait pas vu Mousrep depuis longtemps, et il connut bien de changements dans sa vie, elle a continuait à l'interroger:
- – Tonton Mousrep, dites-vous que ma future amie, ma sœur s'appelle Shynar?
- – L'aurais-je épousée, si elle s'appelait autrement?
- – Vantard! - lui dit Esseney. – Tu étais un vantard célibataire, marié, tu es resté le même!
- – Vantard ou pas, tu verras de toi-même.
- – Tu veux dire qu'elle est plus belle qu'Oulpan? Il était difficile de répondre à une telle question, mais pas pour Mousrep:
- – Chaque femme devrait avoir sa propre beauté, exceptionnelle. Mais, discute-t-on, quel cheval est le meilleur, le bai ou le moreau? Non. Nous disons - magnifique, gentille, élégante, belle femme...
- Esseney dut pour se consoler soi-même, répéter une vieille vérité vérifiée:
- – Ne dit-on pas que la beauté d'un homme se trouve dans son intelligence, et que l'intelligence d'une femme se trouve dans sa beauté...
- – Eh bien, j'ai de la chance autant que toi, l'intelligence de Shynar n'est pas seulement dans sa beauté, comme j'en suis persuadé.
- – Petite Oulpan... Semble t-il qu'il reprenne conscience?
- – Mais toi pareillement tu commences à ressembler à un homme! Esseney répondit sans plaisanter:
- – Tu dis vrai, Turkmène... Il arrive des fois où il est difficile de se reconnaître soi-même... – Mais n'étant pas habitué à une pleine franchise, même avec Mousrep, il retourna au cours précédent de la conversation: – Je vais là où elle m'emmène. Quoi que je sois devenu, ce sera l'œuvre de ses mains. Mais ta femme est-elle pareille?
- – Ça va mieux maintenant, - répondit Mousrep en soupirant longuement. – Ma pauvre n'a présentement aucun moment libre, tout cela à cause de ce chamelon. J'imagine en voyant ton regard. Quand je vois qu'il n'y a plus de combustible, je cours pour le fumier. Quand il n'y a plus d'eau... Je prends le seau, je cours au lac et et j'en ramène en tâchant de ne pas renverser.
- Tu cours donc!
- – Il arrive parfois que le moustique fasse courir le tigre...
- Oulpan les écoutait avec condescendance, deux hommes, l'un pas tout à fait jeune et l'autre pas très jeune, parlant de jeunes femmes, de leurs épouses.
- Elle demanda:
- – Tonton Mousrep, auras-tu le temps demain pour m'accompagner au marché? Tu as beaucoup d'affaires?
- – J'y serai une fois et je gèrerai toutes mes affaires... Esseney demanda avec insatisfaction:
- – Mais moi, je serai assis seul?
- – Tonton Mousrep sera avec moi pendant la journée, et avec toi dans la soirée. Tu auras de quoi t'occuper durant la journée. Tes Kereys et tes Waqs n'attendront pas Esseney quand ils commenceront à régler leurs litiges survenus durant tout l'hiver. Mais si tu veux, nous irons ensemble...
- – Non, coupa t-il. – Il ne me restait plus rien qu'à me promener dans le marché. Je n'ai jamais rien fait de tel!
- – J'essaierai pour quelque temps, promit Oulpan.
- Le lendemain matin, alors qu'elle se rendait de la rive de Tobol vers la ville, Oulpan engagea de nouveau la conversation à propos de Shynar:
- –Quelle taille a-t-elle?
- Elle n'était plus habituée à Mousrep-le Turkmène et étais maintenant confuse s'il fallait le vouvoyer ou le tutoyer.
- – Si vous vous arrêtez côte à côte, vous pourrez vous regarder dans les yeux. Mais elle semble un peu plus mince que toi. Cette fille n'avait jamais chassé de loup à la steppe, elle paissait les chameaux.
- – Et quel caractère a-t-elle?..
- – Caractère? - redemanda Mousrep, ne sachant pas quoi répondre. – Calme. Elle n'est pas peureuse, je suppose, accueillante... Elle est trop choyée par les vieilles de notre aoul, je le crains qu'elle soit gâtée. On ne fait qu'entendre: «Eh, chérie... Eh, chérie...» Et les enfants ne font que l'appeler jolie tantie...
- – Mais comment l'appelles-tu? - demanda Oulpan.
- – Moi?.. Akmaral...
- Oulpan arrêta un instant les questionnements, elle se souvint qu'elle doit avoir un maral blanc dans le massif de Karshygaly, une biche avec deux faons près du lac salé... Mais pourquoi Mousrep appelle t-il ainsi sa femme? N'y a t-il pas d'autres surnoms affectueux? Akbota, par exemple, qui signifie chamelon blanc...
- Mais il valait mieux ne pas se souvenir, et détourner la conversation:
- – Que ferais-tu si tu devenais riche?
- – Ça ne vaut pas la peine, répondit-il. – Le riche n'ont que de tourments... il ne dort pas la nuit, il ne fait que réfléchir comment préserver son bétail. Ou on l'abat... Soit quelqu'un le vole...
- Elle continuait à insister:
- – Non, mais tout de même?..
- – Franchement, chérie, j'en sais rien. J'ai tout ce qu'il me faut. Deux chevaux à monter, deux juments, deux chiens. Et maintenant, j'ai une chamelle en plus. On possède un chamelle...
- – Non! Le chamelon m'appartient!
- – A-a, c'est vrai, il est à toi...
- Ils se rendirent en ville... Les yeux de la steppe n'étaient pas habitués à de telles foules de gens, même durant la fête la plus grandiose! Les maisons étaient en pierre, et celles en bois étaient ornées de sculptures habiles aux portes et aux fenêtres... Mais eux, dont les chevaux ronflaient dans l'attelage avec crainte, marchaient sur les côtés et étaient prêts à tout moment à faire un écart. Tlemis, assis à la place du conducteur, les retenait à peine.
- Et Tlemis expliqua... Cette maison blanche à deux étages, c'est le gouverneur qui y vivait. Et celle-ci? Un lourd bâtiment , tenant fermement au sol, avec des tours et des croix en directions du ciel, c'est une église. Les Russes y prient leur dieu, ils sont baptisés ici à la naissance, ici ils font les services funèbres quand ils quittent ce monde. Le long hangar de pierre avec de grandes fenêtres, autour duquel se trouve une foule de gens, ce sont des magasins, des boutiques. Ici on peut acheter tout ce dont on a besoin, tout ce qu'on veut, pourvu qu'on ait de l'argent.
- Oulpan comprit qu'il lui serait difficile de tout retenir en une seule fois, et dit:
- – On ira à la maison marchand tatar d'hier. Galiaskar?.. Oui, il s'appelle Galiaskar.
- Tlemis emprunta la rue latérale, et dirigea l'attelage vers la maison en briques de deux étages.
- – Tu me demandais ce que j'aurais fait, si j'avais de la richesse? - demanda Mousrep à Oulpan. – Tout d'abord, je construirais une telle maison... Regarde comment la cour est propre, de l'herbe comme un tapis vert. Un puits. Si l'extérieur est ainsi, alors tu t'imagines comment est l'intérieur?
- Oui, la décoration intérieure et l'ameublement de la maison semblait à Oulpan le comble du luxe. Et elle regarda discrètement mais attentivement la femme de Galiaskar et sa fille. Les tatares s'habillent légèrement et confortablement, se tiennent librement. Leur langue ressemble au kazakhe, mais pas tout à fait, néanmoins compréhensible. Et Galiaskar lui-même parlait déjà le kazakhe comme si c'était sa langue maternelle.
- Une grande table ronde était dressée, il ne restait que de place pour poser les bouilloires et les tasses. Il n'y avait rien à ajouter, semblait-il.
- Mais la femme de Galiaskar, Razia s'affairait encore:
- – Servez-vous... Tout ce qui est sur la table est pour vous... Ce Galiaskar me déçoit toujours. Il arrive tard dans la soirée et dit, on aura des invités demain matin. Et je lui réponds, tu veux me tuer? Après tout, je n'aurai pas le temps de faire quelque chose et je vais mourir de honte. Et il dit en russe: nichaoua, Razia-khanoum, nichaoua... En russe, pour que je ne discute pas. Par contre, dit-il, tu verras une belle femme kazakhe. Et il n'a pas menti. Servez-vous...
- Oulpan évitait de trop manger pour qu'on ne la croit pas affamée. Elle but du thé, et Razia-khanoum l'emmena ensuite au magasin de Galiaskar. Le marchand ne parlait pas seulement couramment le kazakhe, il savait ce dont pourrait avoir besoin n'importe quelle femme de la steppe, il tenait des marchandises pour tous les goûts, pour tous les revenus. Ce n'est pas en vain qu'il dit: «Tu ne trouveras nulle part ailleurs, ce que j'ai dans ma boutique...»
- Des bottes de maroquin de différentes couleurs... Des galoches en cuir traditionnelles pailletées de perles. Des camisoles de velours, des camisoles de peluche... En les regardant, on en croirait que l'arc-en-ciel était descendu sur le comptoir! Et ce même arc-en-ciel à l'autre coin, où sont accrochées les robe de soie. Où ont-elles été cousues? À Kazan... C'est loin de la steppe du nord kazakhe, mais quelqu'un a réussi à trouver une telle coupe, afin de préserver l'aspect habituel des femmes de l'aoul, en confectionnant une robe plus légère, plus confortable.
- Oulpan demanda d'abord trois paires de bottes. L'aimable commis est lui aussi Tatar, il l'invita en kazakhe:
- – Asseyez-vous, vous devez essayer...
- Oulpan s'assit, mais elle n'avait pas changé le matin ses chaussettes russes. Et refusa d'essayer, elle ne fit que comparer les nouvelles bottes avec les anciennes qu'elle portait. Il semble que ça me va...
- – Je les prends...
- Puis elle obligea sa mère à essayer les galoches et choisissait longuement tout le nécessaire car elle ne savait pas quand est-ce qu'elle se rendrait encore à la foire... Il n'y avait seulement pas à la boutique, de robes avec jupon double et des camisoles à manches.
- – Mais y a-t-il des gens qui pourraient coudre?
- – Bien sûr..., répondit le commis.
- Il emmena Shakir le tailleur et celui-ci fut en difficulté. En général, les Kazakhs ne permettent pas qu'on les touche pour prendre les mesures, cela est considéré comme un funeste présage. Il est difficile d'obtenir une toile fine pour le linceul, et il est cher, c'est donc les morts qu'on mesure avec la plus grande précision et non les vivants.
- Après s'être fièrement redressée, Oulpan se tint en face du tailleur, immobile, pendant qu'il prenait ses mesures prudemment, presque sans toucher la jeune femme, notant les chiffre sur du papier. Nesibeli se tenait dans le coin à chuchoter des adjurations, suppliant Dieu de préserver Oulpan du mauvais présage.
- Quand tout fut terminé, Oulpan se souvint que Mousrep lui avait dit que Shynar avait la même taille qu'elle, et elle dit à Shakir:
- – Trois de chaque pour ces robes et ces camisoles-ci.
- – Trois de chaque?..
- – Oui. Et combien de temps faut-il pour que ce soit prêt?
- – Cinq jours...
- Il était temps de payer la facture, et les osselets du boulier russe résonnaient fréquemment sous les doigts agiles de Galiaskar lui-même, il n'osa confier une si importante commande au commis.
- Il calculait en murmurant:
- – Le velours bleu, quarante cinq archines... Le velours cramoisi, cinquante cinq... – Le rouge, trente trois...
- Il marmonna encore, et en fin de compte il ne lui resta que quelques grosses coupures dans le tiroir de sa table. Mais Oulpan ne regrettait pas, à quoi bon retenir l'argent quand on en a? L'argent est à dépenser.
- Razia-khanoum conseilla Oulpan en partant, de mettre tous les nouveaux vêtements après avoir fait un tour au bain russe - la route de l'aoul était longue - elle trouva même une vieille femme, une autochtone, celle-ci les conduisit.
- Oulpan avait entendu parler du bain russe par son père, il avait pourtant fait les bourgs russes, et il fit six mois à Stap, couché à l'hôpital. C'était une chose d'entendre, mais c'en était une autre de pénétrer dans la salle de vapeur chaude, où il faisait plus chaud que dans la steppe, même durant le jour le plus chaud... Une langueur agréable enveloppait tout le corps et les paumes souples de la vielle femme la frottaient facilement, et son corps fut couvert de mousse chatouillante de savon... Et les cheveux, lavés à l'eau qui sentait âprement le vinaigre, se déversaient sur ses épaules... «Je reviendrai encore demain, pensa béatement Oulpan. – Et après-demain aussi. Je viendrai chaque jour jusqu'à ce qu'on retourne dans notre aoul!» Et pour l'avenir, Oulpan avait fait un nœud à son mouchoir - le bain russe...
- Sur le chemin du retour Oulpan aperçut Galiaskar et Mousrep, ils se trouvaient dans une tarantass attelée par un cheval roux, si grand qu'il serait difficile de l'attendre de la main au garrot... Le tarantass roulait silencieusement. Les bords étaient garnis de métal étincelant, la boîte pour les cavaliers était faite d'osier et peinte en marron clair.
- Elle crut au début que c'était le tarantass de Galiaskar et dit:
- – Tonton Mousrep... Si tu commences à rouler en télègue marchande, tu ne sauras plus faire du cheval.
- – Ce n'est pas une télègue. C'est un tarantass. Il est à moi.
- – Tu l'as acheté?
- – Et le cheval, et tous le harnais... C'est pour cela qu'Akmaral m'a envoyé à la foire. – Tu penses que ça lui plaira? - demanda t-il avec inquiétude.
- – Mais bien sûr!.
- Oulpan rentra à la maison, aux yourtes sur la rive de Tobol, dans le tarantass de Mousrep. Elle voulait se balader dans les rues, visiter la ville. Et elle regardait, et ne pouvait donc s'empêcher de remarquer le cheval brun-roux, habitué au bruit et à la foule, qui marchait librement, facilement, afin que tous admirent sa beauté. Dans les virages, tous les quatre fer à cheval brillaient au soleil.
- – Demain tu m'achèteras un pareil tarantass. Tu m'achèteras, Mousrep-aga? Mais une paire de chevaux. J'en ai vu pareils dans les rues.
- – Comme tu me demandes, J'achèterai. Mais des chevaux de quelle robe?
- – Ce qui te plaît me plaira certainement... Esseney les rencontra près de la grande yourte.
- – Eh bien, Turkmène... Tu as dépensé toutes les recettes de peaux de loup pour cette télègue. Et comment vas-tu me nourrir?
- – Une bonne épouse nourrit elle-même son mari.
- Oulpan avait hâte d'exprimer son désir à Esseney:
- – Mon Esseney, ne gronde pas Mousrep pour son achat. Demain, j'achèterai aussi un tarantass et des chevaux. Nos chevaux sont trop craintifs pour aller en attelage.
- – Tu veux me ruiner!
- – Je te ruinerai, je te ruinerai!.. Tu es déjà ruiné, il ne me reste presque plus d'argent. Dans cinq jours on rentre à la maison. Mais pour l'instant, j'irai chaque matin prendre un bain russe. Essaye et tu verra toi-même que c'est un délice!
- Avant le départ, la petite yourte blanche - la yourte de noces fut démontée et chargée sur des chameaux, les chameaux portèrent aussi des ballots avec les achats, tandis qu'Oulpan avec sa mère allèrent dans le nouveau tarantass transporté sans difficulté par les chevaux gris-foncé, calmes et agiles.
- En partant, Oulpan rappela:
- – Tonton Mousrep, dis à Shynar de bien garder mon chamelon, qu'elle ne le montre à personne...
-
- Il arrivèrent à l'aoul dans la première moitié de la journée, et Esseney, lui dit avec affection et un peu sarcasme, lui dit:
- – Eh bien, jeune sœur, tu continueras à pieds... Et je verrai comment tu t'inclineras dans toutes les directions, selon notre vieille coutume.
- – Je ne sais pas si j'y arriverai... Mais ne me regarde pas. D'accord?
- – D'accord, promit-il.
- La foule de jeunes filles et de jeunes femmes sorties à leur rencontre, se rapprochait, et Esseney fit descendre Oulpan avec sa mère. Descendirent aussi les femmes de son aoul natal qui accompagnaient Oulpan, elles voyageaient en arrière. Tandis que les djiguites, vingt cavaliers, suivirent Esseney.
- En regarda indirectement les femmes qui rencontraient Oulpan, Esseney sourit avec sarcasme: «Les gens de ma lignée auraient pu rivaliser en intelligence avec un âne... Ils s'imaginent que la première épouse d'Esseney entrera dans sa propre maison sous le couvert de leur ombre...»
- Ils transportaient même sur deux fines perches, un rideau de soie vert-foncé qui devait mettre leur nouvelle parente à l'abri des regards indiscrets.
- Aïtolkyn, la femme d'Imanaly, marchait en avant. En plus de deux camisoles en velours, elle avait mit une pelisse, sur sa tête, se dressait un châle en turban fait de calicot blanc léger.
- Deux jeunes femmes, de part et d'autre d'Aïtolkyn, étaient habillées plus légèrement conformément au temps: un couvre-chef sur la tête avec un galon doré, des camisoles sans manches, des robes blanches renflées avec un double jupon. Toutes les trois s'arrêtèrent et firent la courbette, lorsque Esseney passa près d'elles dans le tarantass couvert.
- Le rideau vert-foncé avançait à la rencontre d'Oulpan. Aïtolkyn pensait devenir plus grande en portant un châle qui s'élevait jusqu'au ciel! Et deux camisoles dans cette chaleur, une pelisse, c'était pour cacher ses côtés gras épais. La sueur, qui coulait de son visage, mouilla la partie inférieure du châle, sous son menton tandis que la poussière avait sali le calicot blanc, et il semblait que Aïtolkyn avait une barbe...
- Mais, et celle qui était à sa droite?.. Bronzée, aux joues rouges. Des bottes brodées aux pieds... Un sourire qui charmait immédiatement... Le coin de l'œil étiré légèrement vers le haut... Un grain de beauté sur la joue gauche. Mais c'est bien Shynar, telle que Mousrep la décrit en réponse aux questionnements d'Oulpan. C'est bien Shynar! Dieu merci, Mousrep s'est finalement trouvé une compagne.
- Dans l'aoul d'Esseney - après le départ de sa première femme - celle à la position supérieure, Aïtolkyn se considérait comme la plus importante. Elle saluait Oulpan et Nesibeli avec orgueil:
- – Bonjour, ma chère amie! Comment te sens-tu? La belle-mère, tout va bien à la maison? – Elle retenait les mots entre ses dents, comme si elle n'arrivait pas à les mâcher, et semble t-il qu'elle n'utilisait jamais le mot «vous».
- Et même lorsqu'on répandait à pleines mains les friandises, Aïtolkyn ne disait pas tout simplement des bénédictions, mais à sa manière, donnait des avertissements pour l'avenir, de manière subtile:
- – Prospérité dans votre maison dès les premiers pas de la belle-sœur... Comme le troupeau de moutons qui augmente avec l'aide du bâton de berger. Et bien comme le mal dépendent des sourcils de la belle-sœur qui entre dans votre maison belle-sœur, de ses sourcils montants ou tombants...
- Les enfants se jetèrent sur les friandises. Ils arrachaient des bonbons les uns aux autres, ils se battaient. Oulpan ne pouvait les quitter du regard. Plusieurs avaient des ventres gonflés, symptôme d'une sous-alimentation permanente. Des jambes minces. Et des yeux rouges, infectés. Oulpan trouva étrange qu'il y ait tant d'enfants maigres, malsains dans l'aoul d'Esseney! Comment se fait-il qu'ils aient du jute en hiver et qu'ils meurent de faim?
- Aïtolkyn toujours gonflée d'orgueil, pointait son nez plat... Shynar s'approcha d'Oulpan.
- – Est-ce bien toi, chérie? - demanda Oulpan.
- – C'est moi, répondit Shynar.
- Et Nesibeli comprit immédiatement que c'était la femme de Mousrep. Elle embrassa Shynar:
- – Que tu vives longtemps dans le bonheur!
- Mais quand Oulpan scrutait Aïtolkyn, cette dernière la scrutait en retour, comme les femmes savent se scruter les unes les autres. Étrange... Un foulard de soie blanc sur la tête, comme un châle, et un couvre-chef par-dessus le foulard. Le col découvert!.. Elle veut se vanter, que les hommes voient qu'elle a un beau cou! Quelle honte! Une robe jaune-vif en soie, aux cols rouges. Clairement, tout cela n'était pas suffisant. Et elle n'avait mis qu'une seule camisole bleu-foncé en velours. Et qu'est-ce que cette mendiante peut avoir de mieux? Wow quelle est cette beauté, pour laquelle on paya toute une harde de chevaux. S'il y en avait de quoi... Et son visage... Il n'est pas plus clair que celui d'Aïtolkyn! On verra à quoi cette gamine va ressembler quand elle aura mis au monde trois fils et deux filles... Et elle a un méchant regard. Et pourtant Mousrep avait fait son éloge. Ses bottes... Si elle comprenait quoi que ce soit, elle n'aurait pas mis des rouges avec une broderie claire, mais plutôt des bleues à pois blancs. Et cette sans-abri de Shynar, femme de gueux, portait la même chose. C'est donc vrai quand on dit: «Il n'y a rien de pire quand le pauvre décide de s'affubler...»
- Aïtolkyn leva la main, et deux jeunes femmes se dirigèrent en direction d'Oulpan pour la couvrir d'un rideau, à l'abri des regards indiscrets quand elle ira à la maison de son mari.
- Oulpan leva également la main pour les arrêter, et dit:
- – Écoute, jeune sœur... - De plus, elle regardait ailleurs, sans croiser Aïtolkyn du regard. – Dis-leur de l'enlever... Je ne compte pas me cacher en allant dans mon aoul.
- «jeune sœur?..» Pour Aïtolkyn, première femme dans l'aoul d'Esseney, un tel traitement était pire que le coup de fouet, que son mari Imanaly lui donnait souvent.
- – Quoi?.. - c'est tout ce qu'elle trouva à dire.
- – Je dis qu'ils ont demandé d'ôter le rideau. Sur le chemin de mon aoul, je veux voir la terre et l'eau, les femmes et les enfants. Enlève-le...
- – Comme tu veux...
- Aïtolkyn, offensée, se renfrogna en pensant: «Ce n'est pas moi que les gens condamneront, mais plutôt toi.» Elle ne voulait pas admettre sa défaite, et ne céda pas le siège avant du cortège solennel. Oulpan et Shynar marchaient côte à côte et parlaient à voix basse.
- – Je croyais que tonton Mousrep viendrait à mon mariage...
- – Pour l'instant, il n'a envoyé que son frère aîné. Et lui-même achève la semence.
- – La semence?..
- – Oui. Je ne savais pas, mais ce n'est pas la première année déjà qu'ils sèment une parcelle d'avoine et une demi-parcelle de blé. Je les avais aidés aussi.
- – C'est pourquoi j'ai eu l'impression que tu avais les paumes rugueuses...
- – Les tiennes également ne sont pas faites de soie.
- – Bien que je n'aie jamais semé, j'ai eu suffisamment de travail... Mais comment va mon chamelon blanc? Il est vivant?
- – Tellement vivant, qu'il est impossible de le surveiller!
- – C'est loin d'ici, votre aoul?
- – On n'a pas encore déménagé pour l'hivernage. Mais ton chamelon a des problèmes. On a dû le garder enfermé, tu avais toi-même demandé de ne le montrer à personne jusqu'à ton arrivée...
- Oulpan lui secoua le coude en signe de reconnaissance.
- Aïtolkyn marchait toujours en tête, et les jeunes femmes qui estimaient immédiatement de la confiance les unes envers les autres, ne pouvait se passer de parler d'elle.
- – Aïtolkyn est en avant..., dit Shynar, mais l'essentiel n'était pas dans ces deux mots, mais plutôt dans la façon dont elle les prononça.
- Oulpan la soutenait:
- – Mon Dieu, snob jusqu'à ce point...
- – Et quoi alors? Elle a raison, sourit Shynar avec sournoiserie. – C'est dès le début qu'il faut dompter une belle-sœur indocile, après ce sera trop tard.
- Qui t'a dit que je suis indocile?
- – Personne ne l'a dit, mais je te connais, comme si j'étais née dans le même aoul, comme si j'avais grandie dans le même aoul que toi.
- – Je vois ... Tonton Mousrep t'a suffisamment parlé de moi...
- – Ton tonton Mousrep ne serait ternir ton honneur, en rien plus mauvais que le mien...
- – Eh mais!.. Qu'est-ce que tu as à toujours appeler ton maître facilement par son nom?
- – Il en a lui-même décidé ainsi, et je suis habituée.
- Parfois, on en dit peu, mais on apprend beaucoup. Oulpan pinça discrètement Shynar à la cuisse; elles avaient l'intention de continuer la conversation, mais elles jetèrent un coup d'œil soudain vers l'avant où clopinait Aïtolkyn. Les hauts talons de ses bottes s'étaient penchés vers l'arrière et se penchaient de plus en plus à chaque pas qu'elle faisait.
- Shynar se souvint:
- – Je pense avoir une chanson... «Les bottes à talons, mais fais gaffe à chaque pas... En trébuchant, tu feras un plongeon et tomberas sur le dos...»
- – J'ai déjà entendu ... Mais parfois on ne dit pas «tu feras un plongeon», mais plutôt «tu sauteras le cul en l'air».
- Elles éclatèrent presque de rire à haute voix. Lors de leur première rencontre, elles apprécièrent aussi la perception identique qu'elle avaient toutes les deux d'Aïtolkyn, elles la traitèrent de la même manière. Pour mettre fin à cela, Oulpan demanda:
- – Est-elle issue d'une famille de haute naissance?
- – Mais toi! De la famille Khan, dit-on...
- Oulpan haussa orgueilleusement son sourcil.
- L'aoul d'Esseney se situait dans un vallon entre deux lacs, dont les bords étaient jonchés de roseaux. Il y avait devant six ou sept yourtes blanches, Oulpan reconnut pourtant de loin sa yourte de noces.
- – J'ai failli me faire mal aux jambes..., se plaignit Shynar. – Pendant que j'aidais à monter ta yourte, pendant qu'on montait le lit...
- – Attends..., l'interrompit Oulpan.
- Sur le côté, loin des lacs, étaient montées en vrac des yourtes noires dans la steppe verte, remarquables pour leur aspect peu attrayant.
- Mais qui vit là-bas?
- Shynar commença à énumérer exprès:
- – Là-bas vivent tes frères vachers, bergers, trayeuses, transporteurs d'eau, chauffeurs, gardien de chevaux...
- – Tu dis les miens?
- – Les tiens.
- Oulpan resta silencieuse.
- Son aoul natal n'arrivait pas à se suffire simplement, sans même parler de richesse abondante. Mais chaque famille de Kourleouts possédait son propre bétail et sa yourte, même si elle n'était pas faite pas de feutre blanc mais de noir, elle était néanmoins la leur... Nul ne dépendait d'autrui, et Artykbaï, son père, était respecté pour ses prouesses passées, ses mérites d'autrefois. Pas pour la richesse, mais pour un esprit calme et raisonnable. Mais ces yourtes, entièrement en pièces étaient un dernier refuge de pauvres. L'aoul d'Esseney, le fameux juge d'appel, guerrier... Le riche. Ne serait-il pas préférable pour les Sibans, s'ils n'avaient pas Esseney?.. Que Allah me pardonne! Quelles sont ces mauvaises pensées qui lui passent par la tête, et à un moment où elle est près du seuil de sa maison... Mais si Oulpan était excitée par sa nouvelle situation, inhabituelle, bien qu'elle le sache, ce n'était pas que la joie qui l'attendait, mais des épreuves, la différence entre les aouls, blancs et noirs, la frappait à l'œil dès les premiers pas sur le sol d'Esseney.
- Près de la grande yourte d'Esseney, des hommes et des femmes des aouls de la tribu de Siban attendaient assis.
- Aïtolkyn, toujours en avant, pas plus loin qu'un lasso tendu, s'inclina en face de la yourte blanche.
- – Faites tout ce que je fais..., murmura Oulpan à Shynar.
- Et elle se tourna vers les aînés, s'inclina sur un genou et leur adressa sa première courbette, et non pas à la yourte blanche où son mari l'attendait. Shynar fit la même chose, mais à cause de la honte, elle couvrit son visage du bout de son foulard.
- L'un des djiguites était sur le point de lever le rideau de la grande yourte, lorsque Aïtolkyn qui tenait à ce que tout soit fait uniquement sous ses ordres, lui commanda:
- – Ouvre...
- – C'est bien ce dont j'avais l'intention...
- – Je dis ouvre, plus vite!
- Le djiguite la repoussa de son coude:
- – Je vais ouvrir, mais toi, pousse toi... Tu veux entrer dans la yourte avant la première épouse? Pousse toi, j'ai dit...
- Dans la grande yourte blanche, ayant remarqué des aksakals assis silencieusement aux places d'honneur, se prosterna devant eux puis s'assit juste en dessous d'Esseney. Shynar ne suivit pas son exemple cette fois-ci, elle hésitait, mais Oulpan l'appela d'une voix imposante:
- – Viens ici...
- Shynar salua également les aksakals, mais rougit de confusion et s'assit de quelque manière sur le côté... Et Nesibeli se fraya un place près d'elle, ainsi que les autres Kourleouts qui accompagnaient Oulpan.
- Esseney qui les regardait en riant, s'adressa à Shynar:
- – Eh mais!.. Ton Mousrep n'est pas du tout Siban, mais Turkmène... Pour toi Shynar, toutes les places d'honneur des Sibans sont libres. Tu n'as même pas obligation de t'incliner face à ces vieux!
- Le plus ancien d'entre eux, avec une barbe blanche comme neige, arrêta l'hôte:
- – Même si c'est en plaisantant, mais ne parle pas ainsi, Esseney. Sous mes yeux, il arriva que notre aksakal Bespaï donna, non pas gratuitement, sa belle-fille aînée à ce djiguite étranger Turkmène. Il lui donna pour son courage... Et le père natal de Mousrep - très jeune - se sacrifia pour protéger les Sibans des Kalmouks. Mais qui donc n'a pas foulé notre terre! Oui, Elaman fut un guerrier... À qui d'autre parmi les Sibans, l'on fit un kourgane de la hauteur d'une montagne? Le plus haut, c'est celui d'Elaman, qu'il repose en paix!
- Esseney leva ses mains:
- – ... J'abandonne!
- Personne n'eut le temps d'ajouter quelque chose, quand entra dans la yourte, celui dont on parlait - Mousrep. Depuis le seuil, il s'inclina devant tous, mais Oulpan et Nesibeli se levèrent à son arrivée. Il serra la main à Nesibeli avec ses deux mains, et serra Oulpan dans ses bras et l'embrassa au front.
- – Comment ose-t-il, ce Turkmène! - s'écria Esseney, en simulant une scène de jalousie.
- Mousrep dit, sans lui prêter attention:
- – Que ta visite nous apporte tous le bonheur, petite Oulpan... - Puis il se tourna vers Esseney: – Ce n'est pas ton affaire... Assieds-toi... Assieds-toi tranquillement!..
- Les vieux l'écoutaient d'un air approbateur. La paix et l'entente dans cette maison. La paix et l'entente entre les amis. Ainsi les gens vivent mieux et plus facilement dans ce monde.
- – Assieds-toi plus haut, Esseney invita Mousrep.
- – Non, ma place c'est près de Nesibeli, la belle-mère.
- – Écoute! - s'indigna Esseney. – Tu n'es pas devenu fou, après ton voyage si loin de nous? Tu appelles Oulpan ta sœur, mais sa mère - belle-mère. Comment doit-on comprendre?..
- – Comprends comme tu veux, dit Mousrep et s'assit près de Nesibeli.
- Il s'enquit de la santé de Arteke, soupira du fait que le vieil homme ne pouvait assister au mariage de sa fille unique... Nesibeli transmit sa demande, Mousrep est lui-même en bonne santé, qu'il aille lui rendre visite. Mousrep promit que lorsqu'on déménagera dans les pâturages d'été près du lac Kaïran-kol, leurs aouls seront sur les rives d'en face, alors...
- – Et tu prendras Shynar avec toi. Et on ira, dit Oulpan.
- Mousrep sourit de sa détermination:
- – Esseney avait une bride d'or au cou... - il entama la première ligne, mais il comprit apparemment qu'il ne pouvait terminer toute la chanson, et arrêta immédiatement en ramenant sur soi-même les points saillants de la deuxième ligne: – Et toi, Mousrep, ne ronge pas les mors aussi, sois raisonnable!
- Il avait l'oreille, il pouvait jouer une mélodie qu'il vient d'entendre, il a lui-même composé des mélodies, mais Dieu ne lui a pas accordé la voix. Ensuite Mousrep n'a chanté que deux lignes, en remplaçant les noms de la chanson populaire.
- Bakberdy possédait la barbe la plus blanche, mais il n'avait en rien perdu le goût des discussions vives et des personnes...
- – Je vois..., dit-il, je vois que vous avez tous-deux une bride d'or sur le cou. Ça me fait pas plaisir... L'un de vous a épousé la fille d'Artykbaï-le guerrier, et l'autre - la fille du juge d'appel Shakshak. Donc, Allah n'épargne pas la tribu des Sibans de sa miséricorde. Soyez raisonnables, ne ruinez pas la bride d'or... Il imposa les mains et bénit les jeunes mariés.
- Le sévère Esseney était aujourd'hui d'humeur joviale et bienveillante.
- – Oh, aksakal! - dit-il. Que faire alors? Vous auriez dû adresser ces paroles à Mousrep seul. Mais vous nous avez mis la bride tous les deux.
- – C'est mieux ainsi, Esseney, et toi en premier. Je n'ai jamais entendu dire que Mousrep donna une claque sur le front, même d'un gamin.
- – Alors, pourquoi parle-t-il de bride?
- – Oh, mon Dieu! J'ai apprécié la jeune sœur qu'il a emmenée dans notre aoul. J'ai parlé ainsi de lui, pour qu'elle n'ait jamais à me rencontrer les sourcils froncés.
- Le vieil homme se leva. Il avait cet âge auquel on ne s'asseyait pas longtemps à table, même la plus digne, durant une très bonne conversation.
- Oulpan se leva également pour l'accompagner. Des manteaux de fourrure et caftans accrochés en affilé sur le mur, elle choisit l'un avec des broderies d'or et le mit sur les épaules du vieillard.
- – Oui, vos souhaits seront exaucés, grand-père...
- Après lui, les autres anciens se levèrent aussi.
- Après leur départ, Oulpan regagna sa place et chuchota:
- – Shynar... Tu es la fille du juge d'appel Shashkak..?
- – Oui, mais... Je te raconterai plus tard.
- Mousrep s'adressa à Nesibeli - ils étaient, jusque là, assis côte à côte dès le début:
- – Écoute, belle-mère... Ne pars nulle part après la fête. Passe chez nous d'abord. – Mousrep jeta un bref regard à Shynar. - Voici qu'elle demanda à ce qu'on l'invite à une seule et ferme condition. Mais elle invitera Oulpan d'elle-même.
- – Elle l'a déjà invitée, seulement je n'ai pas eu le temps de le dire à Esseney.
- – Mais n'est-ce pas suffisant de t'avoir invité. Je ne te lâcherai pas, dit-Esseney.
- Ils avaient déjà bu depuis longtemps le koumis, et à satiété. Il était temps maintenant pour le samovar. Un jeune djiguite, l'un de ceux qui avaient servi dans la yourte d'Oulpan sur les rives de Tobol, emmena dans la grande yourte, un samovar poli jusqu'à l'éclat, sifflant comme un cheval après une longue course. On avait à table un service à thé avec dorure, Oulpan l'avait achetée à la foire - les cuillères à café cliquetaient, on ne servait pas le sucre en grande quantité, le sucre était dans des sucriers, dans des bols - les abricots secs de couleur d'ambre et les raisins secs lilas foncé, presque noirs.
- – Je m'assiérai au moins une heure tranquillement, sers moi le thé, demanda Oulpan et poussa pour laisser la place à Shynar.
- Après que les anciens se soient retirés, Mousrep se mit aussitôt à donner les directives:
- – Belle-mère, assieds-toi là, à la place d'honneur. Et ne te lève pas, peu importe qui arrive! – Il ne se calma pas avant que Nesibeli fut rassise, et taquina à nouveau Esseney: – Et tu veux dans ta propre maison, rester toujours le célèbre juge d'appel, le même Esseney? Tu es pourtant le gendre, tu devrais faire preuve de courtoisie...
- – Que Allah te punisse, si tu ne me laisse pas tranquille! - s'indigna Esseney. – Après tout, quand ils sont arrivés, nos aksakals ont occupé les places d'honneur, je ne pouvais pourtant pas les chasser. Écoute, Oulpan, je commence à mal penser. Qu'est-ce qu'il y a entre vous? Pourquoi lui permets-tu de danser dans ma tête?
- – Entre nous? Ce qu'il y a entre nous..., Oulpan faisait semblant de parler lentement et énigmatiquement. – Entre nous... Je suis la sœur à Mousrep, et Mousrep est pour moi un frère aîné, l'unique que je n'ai jamais eu de toute ma vie.
- Tandis qu'elle parlait, Mousrep s'assit entre Esseney et Nesibeli:
- – Tu as compris? Si tu as compris, alors ne l'oublie plus jamais. Je suis quelqu'un que tu dois respecter pas moins qu'Arteke.
- – J'ai un bon beau-frère, moi..., Esseney fit des "hum" de réticence.
- – Tel quel, tu n'en n'auras pas un autre..., réagit immédiatement Mousrep. – Mais toi, Oulpan?.. Tu n'as pas vu avec qui tu te mariais? Tu as accepté par naïveté?
- Oulpan sourit, et Esseney leva les mains:
- – Tu vois, j'ai les mains en l'air... Je ne dis rien! Je ne suis plus Esseney et je ne veux plus l'être!
- – Non, Esseney, - objecta Oulpan. – Ne lève pas les mains. Il est trop tôt pour que tu renonces à ton nom. Attends! Tu resteras Esseney jusqu'à la fin de nos noces. Et Alors?.. Moi? Alors, prends garde à toi. Si entant que juge d'appel, tu arrivais à prendre des décisions inappropriées, c'est moi qui les réexaminerai...
- Esseney n'avait jamais subi autant d'attaques contre sa personne. C'est peut-être pour cela qu'il aimait répondre en plaisantant, et non se plaindre:
- – Tu entends ça, Shynar? Tu les entends? De ta yourte et de la mienne, les deux fumées s'entremêlent... Tu m'ouvriras la porte de ta maison, si j'arrive chez toi le soir en disant: chérie, j'ai la barbe mouillée de larmes, Oulpan m'a donné des coups de fouet, elle m'a battu... Et je dirai en plus: Je n'ai personne d'autre vers qui j'irai me plaindre de mon sort... À part toi...
- Shynar avait l'intention de répondre - oui, je t'ouvrirai la porte... Ce n'était pas seulement pour elle qu'Esseney disait tout cela, mais aussi pour Oulpan, afin qu'elle comprenne que sa camarade est acceptée comme une sœur dans leur maison, et que lui-même Esseney, bien qu'en chuchotant, pourrait parler à cette dernière, comme à une parente.
- Oulpan comprit cela et sourit en signe de reconnaissance.
- Mais Shynar s'en doutait encore. Esseney lui-même?... Le juge d'appel Esseney? Dans son aoul - loin d'ici - Shynar avait entendu à maintes reprises que l'homme portant ce nom, était dur de caractère, quelquefois cruel, il avait un visage grêlé qui manquait de sourire. Elle avait même entendu plus... Les voleurs, les bandits qui pendant la nuit, volent les troupeaux de chevaux, ajoutent à leur prière quotidienne: «Oh Allah! Sauve-nous... Ne nous livre pas entre les mains d'Esseney...»
- Elle eut l'impression en ce moment qu'il s'agissait d'un autre Esseney... Et Shynar, n'osant jusque là lever les yeux, jeta un coup d'œil sur lui, mais ne dit rien, elle ne fit que sourire.
- Esseney insista:
- – Petite Shynar... Tu ne dis rien... Pourquoi? Tu veux dire que ce Turkmène t'a maîtrisée comme il a maîtrisé le cheval le plus récalcitrant du troupeau? Tu n'as pas répondu - tu m'ouvriras la porte ou non?
- Shynar répondit:
- – T'ouvrirai-je ou non? Sûrement oui... Je ne serai pas inattentive à ta plainte. Peut être même qu'on sera en mesure de satisfaire votre demande, - dit-elle en imitant la voix du juge d'appel prononçant un verdict.
- Satisfait, Esseney hocha de la tête et s'adressa à Mousrep:
- – Écoute, Turkmène, ce n'est pas par hasard si elles se sont reconnues l'une l'autre dès le premier regard!
- Mais Oulpan, elle, se tut un instant, elle écoutait la conversation.
- Chez les Kazakhs, c'est seulement pendant le thé qu'on peut causer tranquillement sans se presser. Tant qu'il y a de la viande sur la nappe - ce n'est pas le temps de discuter! Il faut d'abord repérer un bon morceau dans le plat mieux, et après, pouvoir le prendre comme par hasard... Les yeux, les mains, la bouche sont occupés. Et les oreilles sont fermées à toute conversation, même la plus intelligente.
- La samovar sifflant et la théière remplie de thé rendent les gens attentifs à table, c'est alors qu'on peut tenir une conversation décontractée, faire des confidences à son interlocuteur, discuter de relation.
- En écoutant Shynar, Esseney et Mousrep, en recevant la bénédiction du respectable vieillard Bakberdy, Oulpan ne pouvait s'empêcher de penser à ce qui l'avait impressionnée dès son arrivée dans l'aoul d'Esseney, qui la reçût comme une parente. L'hospitalité. Comme une première épouse.
- Elle n'avait pas seulement en tête que les enfants affamés, malades qu'elle avait vus. Non... Ils avaient déjà passé beaucoup de temps à table, et Esseney était tel qu'elle avait l'habitude de le voir auprès d'elle. Mais pourquoi - à part quatre vieillards partis en premier, après avoir béni les jeunes mariés, à part Mousrep qui est connu pour son libre caractère, les djiguites sont entrés dans la yourte d'Esseney seulement en s'inclinant?..
- C'est pourtant lui qui les a choisis - quarante djiguites, pas seulement des Sibans, mais de toutes les lignées formant la tribu Kerey, quarante djiguites entrèrent un à un dans la yourte d'Esseney pour rapporter ce qui avait été fait pour que les noces se passent comme Esseney l'avait ordonné, et se retiraient aussitôt, en avançant de dos vers la porte. On donnait à quelques uns bol de koumis, mais pas aux autres. Et, comme un chant incessant, la tablée était accompagnée par les jurons d'Imanaly qui s'agitait dehors. Oulpan pensa aussi: c'est peut-être Imanaly avec ses hurlements, Aïtolkyn avec son orgueil qui effarouchaient les gens au point qu'ils n'osèrent s'approcher d'Esseney. Ça n'aidera pas vraiment la lignée de Sibans qu'elle vient d'intégrer en tant que première épouse.
- Même Tlemis, l'homme de confiance d'Esseney, qui était venu avec eux, ne s'est pas attardé.
- Il apparut une fois sorti, et rapporta:
- – Trois cents yourtes, cinq cantons de Kereys et de Waqs se sont regroupés près du lac Kojabaï... Ils conduisent le bétail pour l'abattage. Ils traient les juments. Il y aura aussi de la crème de chamelle en abondance.
- C'est tout ce qu'il a dit, et il est reparti sans s'asseoir.
- Shynar, sa nouvelle affection, se trouvait près d'elle. Mousrep est désormais et pour toujours son frère aîné. Sa mère avait les yeux, pleins de joie et d'inquiétude, fixées sur Oulpan.
- Esseney était là...
- Mais Oulpan ne pouvait en toute tranquillité jouir de son bonheur. Par respect pour Esseney? Oui... Pour sa crainte? Oui. Les gens de sa lignée apprécient-ils ceux de la lignée Siban. Non ... Celui dont la renommée a franchi toutes les frontières, qui tient ses semblables dans son étau, et lui-même porteur de gloire qui finit dans la solitude. Sans doute - Esseney est un grand homme, mais un grand homme écrase plus douloureusement, Oulpan comprenait cela - elle, fille de la lignée pauvre mais libre des Kourleouts. Et bien qu'elle ait la possibilité de pensez, dire, faire ce qu'elle voulait, malgré tout l'amour qu'Esseney avait pour elle, Oulpan fut anxieuse.
- Elle espérait: peut-être que je me trompe... Alors pourquoi dans un aoul, où il y a de la viande et du koumis à satiété, on n'entend pas de voix joyeuses? Et personne n'a entonné de chant, depuis qu'ils se sont installés à cette grande table.
- Mousrep la détourna de ces pensées inadmissibles pour une première visite dans l'aoul de son mari:
- – Après les noces, on fera trois jours sans bouger, insista-t-il. – Mais aujourd'hui on doit rentrer à la maison, si tu le permets, petite Oulpan...
- Semble-t-il que c'était déjà la deuxième fois qu'il répétait cette demande.
- – D'accord, tonton Mousrep..., accepta Oulpan, elle se sentit soudain infiniment fatiguée. – Faites, avec Shynar, comme bon vous semble. Quant à moi, je resterai avec ma mère dans la yourte de noces jusqu'à votre retour, jusqu'à ce qu'on commence les noces.
- Shynar ne disait rien, mais c'était évident qu'elle soutenait la demande.
- Esseney et Oulpan... Oulpan et Esseney... À part cette vie, ils avaient à deux leur propre vie. Mousrep et Shynar se rendirent pendant la soirée dans leur aoul.
-
- – La fille du juge d'appel Shakshak s'est-elle réveillée?...
- On entendit depuis la cour, la voix d'Asrep - le frère aîné de son mari.
- – Je me suis levée, tonton, ça fait longtemps!
- Shynar sortit de la yourte à sa rencontre en courant, elle avait les manches repliées jusqu'aux coudes, les doigts dans la farine et la pâte. Asrep avait ramené de pâturage des juments qui appartenaient à deux de leurs familles.
- – Attache...
- Mais dès que Shynar commença à affriander les poulains, Asrep l'interpella à nouveau:
- – E-e... Mais où est passé ton fainéant?
- – Il n'est pas fainéant, il est allé chercher du bois, avec maman.
- – Mais, il ne pouvait pas aller seul?
- – Maman voulait aussi ramasser de l'écorce sèche...
- – Mais pourquoi as-tu commencé de si bon matin à pétrir la pâte? Il y aura des invités aujourd'hui?
- – Aujourd'hui, tonton...
- – C'est bon, vas-y. J'attacherai moi-même les poulains.
- Bien qu'il grondait pour instaurer l'ordre entant que l'aîné de la famille, ses grondements ne pouvaient tromper Shynar. Asrep aime son frère, et maintenant il l'aime elle aussi, et quand il menaçait, ce n'était pas des menaces terrible, ça ressemblait plus à de la plaisanterie. Et elle sait toujours répondre aussi en plaisantant, et Asrep se réjouissait de ce que la femme de Mousrep, à laquelle il l'a lui-même fiancé, était ouverte, directe, gaie - il ne l'avait jamais vu froncer les sourcils. Elle entendit par hasard Asrep dire à sa femme: «E-e, elle ne savait pas rester les bras croisés. Et elle prend tellement soin d'elle-même - tu ne verras pas un seul grain de poussière sur sa camisole...»
- Asrep se réjouissait vraiment que tout se passa ainsi l'automne dernier... Le ciel déversait sans arrêt depuis déjà trois jours, une pluie torrentielle froide de Sibérie. D'énormes nuages s'étaient regroupés et n'avaient pas l'intention de se disperser.
- En fin d'après-midi, Asrep ramenait le bétail dans l'étable, quand une chamelle blanche s'arrêta près de leur maison, elle regardait avec mécontentement vers le haut, celui qui la conduisait... Celui? Ou celle?... Apparemment une fille, mais elle avait mis des pantalons d'homme, un bonnet d'homme. Une fille... De ses cheveux tressés en trois nattes, s'écoulait de l'eau. Ses bottes en peau brute étaient imbibées d'eau, ce qui avait gonflé leurs bouts arrondis.
- Une femme âgée, emmitouflée de haillons, montait la chamelle, elle s'adressa à Asrep:
- – Ô maître de foyer... Nous sommes mouillées, nous avons pris froid... Laisse-nous passer la nuit, même dans l'étable, si tu ne peux pas nous recevoir dans ta maison?
- Au cours des deux dernières semaines, en prévision de l'hiver, les femmes appauvries de la steppe erraient dans les villages cosaques, dans l'espoir d'y gagner leur pain. Et «l'isba russe» d'Asrep - elle leur semblait ainsi - au moins pour une nuit pouvait servir d'abri contre les intempéries.
- Il dit à la femme:
- – Tu aurais dû rester à la maison, chez quels beaux-parents tu partais en ce mauvais temps!
- – E-e, quels beaux-parents? On va à l'aventure, où nos pieds nous emmènent. Peut-être que parmi les Russes, on échappera à la famine.
- – Comment ça tu échapperas? Chez eux dans les bourgs, il n'y que de travail pour hommes seulement. Vous ne pourrez pas vous nourrir ta fille et toi...
- – Je pensais qu'en cousant, je gagnerai au moins quelque chose. À quoi bon perdre le temps à donner des conseils, dis-nous donc, tu nous laisse passer la nuit ou pas?
- – Je me demande bien où vous garder? Descends de la chamelle, allons-y...
- La jeune fille, sans engager de conversation, tira deux fois la bride vers le bas et dit: «Shok! Shok!», mais la chamelle n'avait pas l'intention de se coucher sur le sol humide, dans la boue, et se mit à blatérer pour indiquer son mécontentement.
- – Attends... - Asrep saisit la bride, emmena la chamelle à l'abri, et même là encore, elle ne se coucha pas immédiatement sur la litière: elle essaya longuement, en se penchant tantôt en arrière, tantôt vers l'avant, et plia finalement les genoux et se coucha maladroitement sur le ventre. La mère de la jeune fille descendit et Asrep leur dit:
- – Entrez dans la maison. Ma femme est à l'intérieur. Séchez vos vêtements, réchauffez-vous...
- Asrep ferma l'étable, puis arriva Mousrep - il était allé voir Esseney. Deux chiens, ses jaunes-pie, coururent vers leur maître, posèrent leurs pattes sales sur ses épaules, pleurnichèrent pour exiger qu'il les caresse. Et ils ne se calmèrent pas avant qu'il n'ait tapoté chacun au garrot.
- – Pourquoi t'a-t-il fait appel? - demanda Asrep.
- – Il veut que je l'accompagne pour emmener les troupeaux de chevaux pour l'hiver. Et dès que la neige tombera, on ira à la chasse. On raconte que tu m'as carrément oublié, reste vivre non loin de nous au moins un instant.
- – Tu partiras!
- – Oui, il est de plus en plus seul... Bien que cela se soit passé il y a longtemps, il n'arrive pas à surmonter la perte du fils. J'ai accepté.
- Asrep examina le cheval que son frère montait:
- – Ton cheval à haut talon a tout à fait maigri, tu l'as épuisé. Prends le roux. Laisse celui-là se reposer, qu'il reste ici.
- Tout cela se passa juste avant le voyage à Karshygaly où ils rencontrèrent un aoul de Kourleouts, et Artykbaï-le guerrier.
- Après avoir dessellé son cheval, Mousrep entra dans sa hutte. Personne n'oserait la qualifier d'habitable ni de confortable. Il faisait froid, l'angle de la cuisinière s'était effondré. La brique de terre crue qui soutenait l'ouverture du four, se rompait progressivement et était sur le point de s'effondrer, et écrouler la porte. Il faisait aussi froid dans la deuxième chambre. Le lit restait depuis le matin, froissé, dérangé. Sur le pilier du milieu qui soutenait la toiture plate, pendait une lampe à pétrole, il l'alluma. Personne n'avait depuis longtemps essuyé la vitre. À vrai dire, il y avait suffisamment de lumière pour éclairer les toiles d'araignées dans les coins. Et les vêtements mouillés qu'il venait de changer, traineront donc jusqu'à son retour. Non, pensait-il en se rechaussant, on a toutefois besoin d'une femme à la maison, on ne peut pas sans femme... Elle aurait réparé le fourneau avant l'hiver, comment peut-on passer l'hiver sans fourneau? Elle aurait mastiqué l'extérieur de la hutte. Justement, les mains d'Asrep n'atteignent pas... À vrai dire, pendant qu'il sera en voyage avec Esseney, son frère fera tout...
- Mousrep lui-même ne s'en prenait aux taches ménagères que deux fois dans l'année, et alors il travaillait du lever au coucher du soleil, pourtant dans leur région, le soleil se couchait plus tardivement. Il n'allait même à la maison pour passer la nuit - dix jours au printemps et vingt jours à la fin de l'été. Il ne laissait pas l'araire à Asrep durant la période des semailles, et ne lui confiait pas le troupeau. Il s'occupait seul de leurs deux cours. Pour la famille de son frère, il semait habituellement une déciatine de blé, et pour lui-même, une déciatine d'avoine. Il fauchait du foin. Il dépiquait le blé au moment venu, et les épis se remplissaient de grosses céréales. Il dépiquait son avoine encore verte, et allait ainsi au meule, le foin qu'il obtenait valait même l'herbe de blé tant prisée par les chevaux.
- C'était là toutes ses préoccupations. Asrep s'occupait du battage, il transportait les sacs dans le hangar. Tandis que Mousrep montait immédiatement sur la selle, et seuls les chevaux et les chiens de chasse savaient où il se trouvait.
- Il n'y avait même pas une seule goutte d'eau dans la maison, et s'il y en avait - on n'aurait pas de récipient pour la faire bouillir, et déjà au crépuscule Mousrep s'en alla à la maison de son frère aîné. Il savait qu'il suffisait de faire des compliments à sa femme, lui déclarer sa générosité, pour que Janisha lui fasse à manger, lui serve du thé à boire avec des beignets. Elle avait, bien sûr, depuis longtemps, remarqué sa flatterie maladroite: ni dans les aouls des Kereys-Waqs, ni dans les aouls des Argyn-Kiptchaks, il n'avait bu un thé pareil, tel qu'elle le préparait... Mais à chaque fois, Janisha commence à vanter sa capacité à gérer les taches ménagères et lui sert morceau après morceau.
- Il vit une fille dans la cuisine d'Asrep, la fille était assise près du fourneau, où brulait un feu, elle se réchauffait près du foyer et séchait ses vêtements mouillés. Au chaud, elle commençait à avoir sommeil, elle n'entendit pas immédiatement que quelqu'un venait d'entrer et Mousrep eut le temps d'admirer ses jambes. Rien à dire! Des talons roses arrondis, des mollets souples... De telles jambes, d'après lui, étaient une rareté chez les femmes kazakhes qui passent la moitié de leur vie sur la selle.
- Mais il ne put admirer longtemps - la fille sursauta au grincement de la porte qui grince, rangea rapidement ses jambes et se retourna. Mais Mousrep en avait vu assez - une jolie fille au nez droit, légèrement retroussé, elle rougit de chaleur, et ses joues bronzées se recouvrirent de rougeur. Janisha se leva:
- – Assied-toi, généreux beau-frère!
- Ils eurent le temps de boire le thé. La femme âgée, étrangère, était assise à table près de la porte: C'était sans doute la mère de cette jeune fille, devina Mousrep.
- – Vous avez des invitées..., dit-il.
- – Mais, on n'est pas comme toi, lança Janisha. – Quarante ans sans être marié! On est des gens de famille, on a très souvent des invités.
- – C'est pas grave, éluda-t-il. – J'ai encoure tout l'avenir devant moi. J'ai quand même un grand frère, il me trouvera quelqu'une à marier, ne vous en faites pas.
- – Quelles filles n'a-t-il pas encore données en mariage! Mais toi, on ne saurait te contenter.
- – C'est parce qu'il ne regarde pas à la fille, mais plutôt à son père, plaisanta Mousrep. – Mais ce n'est pas le père que je prends dans ma maison.
- – Regarde comment il se donne des airs... - le menaça Asrep d'un coup de poing. – Je ne m'occuperai plus de tes affaires, tu le fera toi-même...
- Janisha les interrompit:
- – Ça suffit, dit-elle à son mari. – Sinon nos invités vont penser que vous êtes prêts à vous battre. Généreux beau-frère, je te mets le thé? Le dîner est presque prêt. Tu va peut-être attendre le dîner?
- – On peut boire le thé après le dîner.
- Alors que Janisha s'affairait près du fourneau, les frères parlaient de leurs affaires. Asrep entassa en gerbier non pas dix, comme prévu, mais quinze arabas d'avoine verte et trente arabas de foin, ça devrait suffire pour deux ans. Mousrep doutait de l'araba d'Asrep, qui n'était pas plus grande qu'un nid de milan... Mais, à vrai dire, il a consciemment beaucoup travaillé cette année, il a fauché beaucoup de foin...
- – Eh toi, chiot! - s'indigna Asrep. – Tu appelles ça, beaucoup travailler - rester cloitré dans le pré et agiter sa faux! Imagine-toi entrain de transporter du foin, le mettre en meule... L'été prochain, je vais te montrer comment tout abandonner sur mes épaules!
- Ils avaient de telles conversations chaque automne, et Janisha, sans faire attention, servit le dîner. Il y avait dans le plat creux, de la kacha jaune, et au dessus - au milieu - une petite colline de viande. Janisha appela aussi la jeune fille qui était toujours assise dans la cuisine près du fourneau. Mais celle-ci ne répondit pas et ne vint pas. Mais crois-tu pouvoir obliger une fille, qui doit bientôt se marier, à venir à table les pieds nus. Janisha lui apporta le dîner dans une tasse.
- Mais la mère de la jeune fille mangeait sans se presser, elle prenait un peu de millet dans sa cuillère, sans même une seule fois toucher à la viande. Elle gardait sa dignité, comme si elle n'avait pas du tout faim, et qu'elle s'était assise à table juste pour faire plaisir à ses hôtes.
- Asrep se préoccupait d'elle:
- – E-e, tantie... Puise plus profondément avec ta cuillère. Le millet, on en a autant que tu veux. Ne te gêne pas. Tu n'as pas à avoir honte. Lui c'est mon frère cadet, ma maman l'avait tellement gâté, lui-même, il ne peut même pas mettre le feux au fourneau, et il n'a même pas de nourriture...
- Il avait le temps de parler et de manger à la fois, et repoussait de temps à autre des morceaux de viande à l'invitée.
- – Mais c'est quoi ton nom? - demanda t-il.
- – Naousha...
- – Et ton mari?
- – Il s'appelait Shakshak.
- Asrep se souvint de la vieille histoire de la steppe à propos d'un homme qui portait le même nom et envers qui le destin ne fut clément.
- – Oh! - s'exclama t-il. – On racontait qu'après la mort du célèbre juge d'appel Shakshak, ses pauvres femmes se sont dispersées à travers toute la terre. Tu es peut-être l'une d'elle?
- – Quel juge d'appel, mon Dieu!... Il était Argyn de lignée principale. Mais mon mari, de la lignée des Karaouls. Cordonnier... Et moi, je cousais pour femmes de l'aoul, c'est ainsi qu'on se nourrissait. Mais cela fait juste trois ans, qu'il nous a quitté...
- – Ça ne vaut pas la peine de continuer... Celui qui a de la famille, peut deviner de lui-même! Mange... Vas-y, mange, ta cuillère n'as même pas une seule fois touché de morceau de viande!
- La femme dit sincèrement à Asrep:
- – Dieu te bénira pour ta bonté. Je ne pouvais même pas pu rêver que je serais avec ma fille ce soir sous un toit, au chaud. Je pensais qu'on allait passer la nuit dans la forêt, aux côtés de notre chamelle. Que Dieu nous en garde - et si un vagabond affamé venait à nous l'arracher!...
- – C'est rien... Dieu est miséricordieux! Demain vous arriverez à Kpitan, et de là, Bolatnaya n'est pas loin. Mange à satiété... Et que ta fille que ne se gêne pas. La kacha est encore plus copieuse que la viande. Comme on le dit, le riche propriétaire terrien tient à son bétail, mais le pauvre, à sa santé. Mangez...
- Le lendemain matin, Mousrep se leva plus tôt, il emmena les chevaux à l'abreuvoir. À son retour du lac, il aperçut la jeune fille qui guidait la chamelle par la bride, près des fenêtres d'Asrep, et sa mère était assise là-haut... Apparemment, vous êtes déjà prêtes pour la route, afin d'arriver à Kpitan avant la nuit. La pluie ne s'arrêtait pas. À la vue de Mousrep, la jeune fille s'arrêta - par habitude, depuis le sein de la mère, de ne couper la route à un homme. Elle a bien dormi pendant la nuit, elle s'est bien reposée. Belle... Mousrep voulait qu'elle jette un coup d'œil sur lui, puis qu'elle se retourne en allant...
- – Bonne chance..., s'adressa-t-il à la fille. – Si seulement cette pluie pouvait cesser, ne pas vous mouiller durant tout le chemin!
- Sa botte droite, ayant séché durant la nuit près du feu, avait maintenant ouvert son bout. Mousrep regretta d'avoir promis la veille à Esseney de l'accompagner, il aurait pu rester afin d'aider ces gens sans abri.
- Il mit les chevaux à l'écurie - le cheval à hauts talons et le roux, il les conduisit aux gerbiers d'avoine et sortit aussitôt.
- La chamelle blanche s'éloignait de plus en plus. Le rideau transparent de l'averse estompait sa silhouette. La jeune fille doit en avoir les bottes pleines et elle marche maintenant les pieds mouillés. Et en plus elle est mouillée du haut. Il n'y a pas pire qu'être sans-abri... Mais à regarder de près, elle semble grande de taille et vigoureuse. C'est pas malin de paraitre belle en mettant des vêtements élégants. Mais cette fille aurait du prendre un peu de repos, peut-être qu'elle se plait dans un chapeau ridicule d'homme, elle doit ressembler à son père... Et dans son pantalon d'homme, on aurait pu en cacher deux autres... La pauvre... Elle aurait pourtant pu être élancée comme le peuplier. Qu'est-ce qui l'attend à Kpitan? À Bolatnaya, où elles s'en vont?
- Asrep aperçut par hasard de sa fenêtre que Mousrep était arrêté sous la pluie, il regardait en direction des partantes, qui n'étaient que des invitées occasionnelles durant cette nuit.
- – Femme, femme... Regarde-le, il appela Janisha à la fenêtre. – Il semble que ton généreux beau-frère est prêt! Il s'est même affaissé sous le chagrin qu'elles soient parties. Appelle-le donc!...
- Janisha ouvrit la porte:
- – Beau-frère! Tu fais quoi, mouillé sous la pluie? Tu regardes quoi? Viens, on va prendre du thé.
- Mousrep jeta un dernier regard - le voile de la pluie avait presque complètement couvert la chamelle blanche. Une fois à la maison, dès qu'il s'assit, son grand frère se mit à le taquiner:
- – Écoute... Tu t'es tellement baladé d'aoul en aoul. Comment se fait-il que tu n'aies pas trouvé de fille pour te servir le thé, et non ma Janisha?...
- – Mais est-ce que j'y vais pour chercher les filles?
- – Tu t'imagines qu'elle viendra elle-même te chercher? Ou bien tu espères que Dieu l'enverra vers toi?
- Mousrep fut lui-même surpris de pas avoir l'envie de discuter avec son frère, de plaisanter...
- – Mais qui peut s'y opposer si Dieu lui-même s'en ai chargé?
- – Ah bon? Alors dis-moi, la jeune fille qui est partie d'ici ce matin avec sa chamelle, elle te plait?
- – Et toi?
- – Mais, elle boite d'une jambe... Et elle louche d'un œil. Sinon, elle n'est pas mal.
- – Tu as raison.
- Janisha, assise près du samovar remarqua que Mousrep n'était plus lui-même, il répondait brièvement, il n'entamait pas d'altercation avec son frère, comme ils en avaient l'habitude..
- Mais Asrep était catégorique:
- – Arrête de bavarder! - dit-il, bien que Mousrep ne fut pas entrain de bavarder. – Parmi les filles, c'est la première khanoum! Et tu la prendra pour femme!
- – Comme-ça, vais-je la prendre?
- – Je m'en occuperai! Moi!
- – Comme tu veux...
- – Eh toi, chiot! - s'indigna Asrep. – Regardez-le, il se donne des airs, il me fait une faveur! Est-ce moi qui la regardait partir, la tête basse avec le menton qui touchait presque la poitrine? Moi? Si tu hésites tant, tu finiras par tomber sur une femme moche, calomnieuse, et tu seras foutu. Mais je ne permettrai pas ça!
- – Qu'est-ce que tu as à crier! J'ai dit fais comme tu veux...
- Janisha jugea qu'il était temps d'intervenir:
- – Non, pas question! Il n'est pas question de laisser passer cette fille. Elle m'a plu sur le champ. Elle me caressait en disant: «Maman, maman...»
- – Alors... - Asrep jugea qu'ils en avaient trop parlé. – Prends la route. Esseney t'a promis, - prends la route, ne le déçoit pas.
- Advienne que pourra... Mousrep sella longuement le roux, le cheval à hauts talons, et comprit justement qu'il fallait se reposer. Et il s'en alla.
- Asrep attendit que le rideau de pluie couvrit son frère, puis sella ensuite son cheval.
- Jusqu'où ira une chamelle conduite par une fille à pieds? Je peux, au lieu de boire du thé, manger un mouton - mais cela ne m'empêcherait de les rattraper. Il les rattrapa après avoir parcouru trois verstes.
- – Tantie! - il appela la femme, en s'approchant de plus près. – Dis à ta fille de faire retourner la chamelle. Il pleut... Restez chez nous encore un jour ou deux...
- Naousha eut peur au début. Elle se souvint avoir dit la veille: «Qu'est-ce qu'on aurait pu faire s'il arrivait que quelqu'un convoitait notre chamelle» Et elle eut à la bouche de tels sales mots, qu'elle attira elle-même le malheur! Elle parla d'une voix désespérée:
- – Si tu as l'intention de nous la voler, alors jette moi par terre, tue moi... Et ainsi tu pourras l'emporter!
- Mais la jeune fille ne semblait pas partager l'inquiétude de sa mère, un petit sourire lui échappa.
- – Naousha! De quoi as-tu peur? - s'étonna t-il.
- – Comment puis-je savoir dans quelle intention tu nous a rattrapées, en ce mauvais temps où même un bon maître ne saurait chasser son chien dans la cour...
- La jeune fille sourit encore, elle ne semblait pas seulement plus courageuse que sa mère, mais aussi plus perspicace.
- Asrep décida d'agir directement:
- – Oui, je vous ai rattrapé... Et maintenant personne, même pas Dieu lui-même ne pourra nous séparer! Personne ne pourra nous séparer, Naousha. Je dis de revenir, sinon tu va finir par mourir comme une vagabonde. Reviens et sois ma belle-mère.
- – Qu'est-ce qu'il dit, cet homme? Que dit-il? Shynar, tu as entendu? – On pouvait sentir la confusion à travers sa voix, et l'anxiété ne l'avait pas totalement quittée.
- Shynar ne disait rien
- – Ce bavard du nom de Mousrep - vous l'avez vu hier soir, c'est mon frère. Mon frère cadet.
- J'ai compris.
- – Il a déjà quarante ans, et il vit toujours seul, il n'a pu se trouver une épouse digne! Je vous ai rattrapées afin de lui donner votre fille en mariage.
- Asrep descendit du cheval dans la boue et serra dans ses bras, la jeune fille à l'épaule, celle-ci se cachait du vent au côté de la chamelle.
- – Chérie... Mon chamelon, il semble ta mère t'a appelée Shynar? Accepte... Tu te sentiras bien chez nous. Je serai pour toi comme un père. Quant à Mousrep - c'est un vrai djiguite! Avec lui, tu ne connaitras pas de malheur, tu ne serais pas en chemin sous une telle pluie,... On ramène la chamelle? Et toi - monte sur mon cheval.
- Il lui prit la bride, et sans attendre la permission, prêt à l'avance contre toutes objections, il se retourna en direction de la maison. Mais, apparemment, Shynar n'avait pas l'intention de refuser. Cependant, elle ne monta pas à cheval, elle suivit Asrep à pied. Près d'elle, des branches sèches éclatèrent dans l'air - on eut le pressentiment que le destin était entrain de changer. Elle aspirait à ces changements, et les craignait... Et surtout, elle avait honte de ses énormes, piètres bottes, qui, au mauvais moment, s'étaient remplies d'eau et la faisaient patauger.
- Asrep se tournait tantôt vers la fille, tantôt vers sa mère, il décrivait le genre de vie qui attendait Shynar. Il promit de lui monter une yourte blanche, une yourte de noces. De leur emmener des troupeaux de moutons gras et des hardes de chevaux de toutes robes bien nourris...
- Naousha, abasourdie encore plus que sa fille, demanda:
- – Shynar, crois-tu tout cela? Tu veux me dire que tu y crois?
- Mais Shynar sourit et continua à se taire.
- Elle écoutait...
- Il les emmena directement dans la hutte de Mousrep.
- – Voici désormais votre maison... Otez vos vêtements mouillés, changez-les, vous devez, semble-t-il avoir des vêtements secs... Regardez! Ce guerrier a tout laissé en vrac ici... Mais c'est pas grave... Vous pouvez même ranger le lit. Restaurer le fourneau pour ne pas qu'il s'écroule. Tout est permis, pourvu que vous ayez la main.
- L'ameublement de la cuisine et de la deuxième chambre ne correspondaient visiblement pas, à ce qu'Asrep avait décrit de manière pittoresque.
- – N'ayez pas peur..., les réconforta-t-il. – Dans la soirée, je mettrai moi-même de l'ordre ici. Mais pour l'instant, rejoignez-nous. Ma femme a déjà mit le samovar. Venez, sans tarder...
- Shynar et sa mère restèrent toutes deux.
- – Ma fille... Que se passe-t-il? Il plaisante ? Il dit la vérité?
- – Qu'est-ce qu'il a à plaisanter, à quoi bon mentir? Il ne saurait mentir, parce qu'il a honte de toi ou qu'il te craint.
- – Non, suis-je peut-être toujours entrain de rêver? Et qu'est-ce que je vois en rêve... Un mariage? Aurions-nous pu hier seulement penser à un mariage?
- – Maman, qui peut savoir quelque chose à l'avance? Il me semble pourtant que ce sont des gens bien.
- – J'arrive pas à croire... Donc je serai leur belle-mère? – La pauvre Naousha, confuse, n'osait demander, si sa fille était d'accord ou non...
- Shynar la comprenait:
- – Je pense c'est déjà fait... Allons nous installer...
- Naousha sortit pour débâter la chamelle. Shynar fit une profonde inspiration et retint son souffle.
- Elle ôta et jeta dans le couloir ses odieuses bottes lourdes. Et son bonnet pareillement. Ainsi que son pantalon d'homme mouillé, tacheté de boue et qu'elle ne porterait plus jamais! Les plantes de ses pieds étaient devenues blanches à cause de l'eau. Shynar - toute nue - se tenait au milieu de la pièce, les tresses défaites. De qui as-tu honte? Elle avait à la hanche une marque rouge... À la cuisse, des taches brunes sèches: elle a dû se gratter durant la nuit. Shynar les essuya avec une serviette. Elle examinait son corps et l'admirait avec un sentiment nouveau qu'elle n'avait jamais eu. Elle mit les bras derrière la tête et s'étira. Elle fit quelques pas d'un coin à l'autre. La porte grinça et Shynar, nue, se couvrit immédiatement avec un drap.
- Mais c'était sa mère.
- Shynar n'avait pas envie de se lever. Après une matinée humide et froide, elle s'était réchauffée et n'avait la moindre intention de prendre la route... L'oreiller avait une odeur d'œillet. La hutte, c'est pas bien grave... Il suffit de restaurer le four et il fera chaud. Il faut le discipliner, afin qu'il ne laisse pas en vrac son linge sale. Il s'appelle Mousrep? Oui... Oh, mon Dieu, quand est-ce que mon Mousrep reviendra-t-il? Mon?... Quelle honte! Sur la malle noire, au chevet, il y avait une autre couverture et quatre oreillers. Mais peut-il réellement avoir des invités dans sa maison sans maitresse? Que maman prenne l'une de ces couvertures et un oreiller pour dormir.
- Naousha tantôt entrait, tantôt sortait, et emmena finalement un porte-étendard et un petit sac, un petit coffre, des baluchons. Elle fit des reproches à sa fille:
- – Pourquoi t'es-tu allongée dans un lit d'autrui? Shynar avait l'envie de plaisanter:
- – Ce n'est pas le lit d'autrui, répondit-elle. – Mais nos affaires ne sont pas mouillées?
- – Non, apparemment. J'ai tout emmené dans la maison pour la nuit... Voici tes galoches. La robe et la camisole sont froissées, mais elles se redresseront. Ton chapeau était dans le coffre, intact - il faut juste redresser les plumes...
- La pauvreté est économe. Sa mère conserva les vêtements dans un état présentable pour une jeune fille. Elle les cousait elle-même - bien que seul le dessus de sa calotte était en velours, et que la peluche de sa camisole n'était pas fine, et rugueuse - Shynar tenait tête, dans son entourage, même aux femmes les plus riches et mieux habillés....
- Que signifie l'habillement pour une jeune fille! Shynar s'habillait lentement, mais après s'être habillée, elle avait l'air plus élancée, et sa démarche changeait, ses yeux brillaient comme deux étoiles, qui se reflètent dans l'eau calme d'un lac.
- Janisha, comme si elle attendait Shynar pour la regarder, entra dès que la jeune fille eut fini de s'habiller.
- – Belle-mère!.. - elle tendit la main à Naousha.
- C'était la première fois qu'elles se prenaient des bouts des doigts, elles tendirent leurs mains jointes vers l'avant trois fois, après quoi elles se serrèrent dans les bras.
- – C'est carrément une autre fille que je vois... - Janisha embrassa Shynar sur les yeux. – Je vous suis. On va prendre du thé... On ferra le lit tout de suite. Quant à votre four, tonton a promis de l'arranger.
- Quand les femmes entrèrent, Asrep commença à faire ses préparatifs. – Vous là, les deux belles-mères, causez de sorte que non seulement les oreilles de Mousrep, mais les miennes aussi entendent quand je serai en route... Janisha s'installa à table.
- – Vas-y, petite Shynar... C'est toi qui servira le thé. Où est-ce qu'on peut voir les beaux-parents s'affairer, tandis que la jeune sœur est assise comme un khanoum! Non, allez viens tout de suite près de nous, s'il vous plaît!
- Après une rencontre fortuite qui prit une tournure inattendue, elles avaient beaucoup à apprendre les unes des autres, Janisha et Naousha trouvèrent aussitôt langage commun.
- Shakshak, s'avère-t-il, était un bon cordonnier, un maître de son art. C'est lui qui avait cousu les galoches de cuir traditionnelles que Shynar a aux pieds, il les a cousus il y a environ quatre ans... Et puis, il fut atteint de typhoïde. Il est mort, le pauvre. On a tous des parents, mais les parents sont souvent pires que les loups... Sept jours et quarante jours après sa mort, on fit les commémorations... Et voici qu'il ne reste plus de bétail à la maison! Et puis la sécheresse de l'été dernier. Il n'y eut même pas une seule goutte de pluie. Les gens de l'aoul, famille après famille, commencèrent à déménager plus proche des villes russes. On ne pouvait tout de même pas y rester seules... Alors, on a préparé notre chamelle, qui a survécu comme par miracle, et avons pris la route. Mais en quête de quoi?... Elle avait dans la poche de sa camisole, trois roubles et soixante-douze kopecks. C'est ce que Shakshak nous avait laissé - pour des bottes qu'il avait cousus. Et il n'y avait plus rien, et qu'il en soit ainsi pour toujours si elle ment...
- Shynar ne prêtait pas vraiment attention aux mots de la mère, car elle connaissait déjà leurs vies. Ce qui comptait le plus pour elle, c'était que Janisha parle de sa famille. Les frères ont perdu leur père très tôt, il a été tué dans l'une des échauffourées que les Sibans provoquaient fréquemment. Asrep et Mousrep paissaient le bétail et les vaches. Lorsqu'Asrep avait environ vingt ans, ils se rendirent tous deux à la ville, à Tioumen, et y travaillèrent cinq ans entant que dockers sur les quais. Ils chargeaient les barges et les paquebots de blé, de briques, de charbon, de cuir... Ils économisèrent un peu d'argent et retournèrent chez eux. Voici qu'Asrep s'est marié, par contre, Mousrep est resté seul. Il va très souvent d'aouls en aouls, en visite, il a lié une amitié avec Esseney. Asrep est tout le temps à la maison, on ne même pas prendre congé de lui.
- – On n'est pas riche, dit Janisha. – Mais on n'a jamais été dépendant de quelqu'un.
- Shynar souhaitait qu'elle en dise plus sur Mousrep, mais elle était gênée de lui demander. Janisha commença d'elle-même:
- – On dirait que notre belle-sœur s'ennuie à écouter des histoires sur Asrep... Mais parlons aussi de notre généreux beau-frère! Où d'autre trouver un homme pareil! Je ne me souviens pas qu'il ait même une seule fois intervenu dans une bagarre... Eh bien, vous savez ce qui se passe entre parents... Et quand son frère aîné commence à le gronder, Mousrep ne dit même pas une seul mot. Il jouera de la plaisanterie et Asrep n'aura plus rien à dire. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un de pareil quand il s'agit de semer le blé ou de faucher le foin. Du matin au soir, sans même s'asseoir. Mais après, il est introuvable! Rien ne le peut le retenir à la maison, il est dans toutes les fêtes le bienvenu. Les gens ne laissent mon généreux beau-frère tranquille. Il a deux chevaux et deux chiens. On a des juments qu'on trait, mais on nous les a empruntées pour cet été, on vient récemment de nous les rendre. Les poulains sont très maigres, par contre, les yearlings de l'an dernier sont en bonne forme. Vous verrez vous-même... Et aujourd'hui, dès que vous êtes parties, il a aussitôt sellé son cheval. Esseney lui a fait appel...
- Shynar pensait avoir discrètement poussé un soupir, mais Janisha prêta tout de même attention:
- – Il n'en a pas pour longtemps... -expliqua-t-elle. – Dans dix, quinze jours, il sera de retour. Eh bien, Shynar, Asrep a lui-même envoyé te chercher, il a dit de ne pas revenir sans toi - elle embellit un peu les faits. – Ne laisse pas partir cette fille, même s'il faudra payer sept fois quarante-neuf chevaux pour le prix de la fiancée.
- Shynar avait rougi, comme si elle était assise tout près du feu. Sa mère commença ingénument à faire des objections:
- – On en fera quoi avec tant de bétail? Qui va s'en occuper?
- Shynar se retenait pour ne pas éclater de rire.
- Asrep arriva au crépuscule, tout joyeux:
- – Comme s'il avait tout fait... Votre four, la flamme peut maintenant y bourdonner. Mais pour l'instant, laissez la sécher, faites deux jours sans l'allumer, vous pouvez rester chez nous. On a du travail qui attend demain... Si la pluie cesse, je dois mastiquer la maison de Shynar, pour qu'elle brille. Et la blanchir à la chaux. Dans la cuisine d'été en claie, il y a toute une montagne d'argile blanche. Vous pourrez aussi fouiller dans les affaires de ce vagabond, il y a tellement de choses qui ont vieilli!
- À la maison, Shynar se mit sans répit à fouiller dans la malle. Oui... Du linge nouveau à laver, des vêtements neufs - tout était mélangé avec les coupons de velours côtelé et de satin, de peau d'astrakan tannée, de peaux brutes de renard. En fait c'était une vieille ceinture avec des poches et des cartouchiers qui traînait, et une peau de chèvre fine, pour les galoches.
- Shynar n'y trouva rien qui puisse lui servir, et se renfrogna: «Je n'ose pas croire qu'il avait l'intention de passer toute sa vie sans femme?» - se dit-elle.
- Sa mère qui venait tout juste de fouiller dans la cuisine, le contenu de la malle en bois pour l'approvisionnement alimentaire, entra dans la chambre.
- – Il y a du thé et du sucre... Il y a aussi de l'huile et de la farine...
- – On ne mourra donc pas de faim, - riait Shynar sans se soucier et referma le couvercle de la malle. – Je ne sais pas... Peut-être qu'il y aura quelque chose pour toi , car moi je n'ai rien trouvé. Eh bien, il m'entendra à son retour!...
- C'est ainsi qu'aimaient menacer les autres, ceux qui n'auraient jamais de leur vie, pu se débarrasser d'un grillon, s'il arrivait à se poser sur leur main.
- Mousrep fut de retour, mais pas dix ni quinze jours plus tard. Il y passa plus de vingt jours.
- Tard dans la nuit, il faisait sombre aux fenêtres de la maison de son frère, et dans sa hutte. Le chien gris se précipita à sa rencontre en aboyant, mais il reconnut les deux jaunes-pie et se calma, pleurnicha quelque peu comme s'il présentait ses excuses, et retourna dans son chenil.
- Mousrep se demandait si son frère aîné avait pu faire ce qu'il voulait... Il y pensait en attachant le roux à un poteau dans l'écurie, et conclut - non, Asrep n'est pas le genre de personne à se détourner de son but. Il réfléchissait à ce sujet quand il jeta, dans la cuisine d'été en claie, les peaux de loup bien attachées, et se mit à douter - mais pourquoi la fille et sa mère devraient-elles accepter? Non, comme toujours dans la maison, un froid glacial, et pas d'eau pour se réchauffer avec du thé...
- Mais quand il poussa la porte et entra, il eut alors l'impression d'être dans une maison étrangère! Il faisait chaud. Le feu dans la lampe était baissé, mais la jeune fille déroula immédiatement la mèche, et la chambre lui parut à nouveau étrangère. Balançaient légèrement les rideaux de satin jaune-brun, sur le lit - deux oreillers blancs.
- – C'est nous... Shynar et moi, dit Naousha. – Vas-y, entre...
- – Je vois, répondit Mousrep.
- – Ça doit être la volonté de Dieu que tout ce soit passé ainsi...
- Mousrep lui tendit les deux mains.
- – Assalaoumalikem...
- Il ne savait pas quoi dire à Shynar, qui était arrêtée près du mur, elle souriait et avait les yeux qui brillaient. Il aurait pu lui dire qu'il espérait n'avoir pas mis trop de temps, et qu'il a parcouru une distance de deux jours en une seule journée... Il aurait pu lui dire qu'il en avait marre de la solitude, et que maintenant... Mais les mots lui manquaient, et Mousrep le regardait sans mot dire.
- Mais pour Shynar, ces vingt jours furent insupportablement longs, et elle dut s'imaginer à maintes reprises: Voici que Mousrep est de retour... Cette nuit-là, quand elle se réchauffait près du fourneau dans la cuisine, chez Janisha, bien qu'elle donnait dos, elle eut le temps néanmoins de scruter le djiguite qui venait d'entrer... Et aujourd'hui, lorsqu'à la fenêtre se fit entendre le grincement de la neige sous les sabots du cheval, elle s'écria: «Maman!... C'est Mousrep... C'est lui! Allume la lampe...» Et elle était prête à dire, comme est-ce qu'elle l'avait attendu, en espérant, c'est aujourd'hui, dans la journée... Dans le cas contraire, ce sera dans la soirée... Voici qu'elle avait préparé bon nombre de mots, mais elle se tenait près du mur, les bras baissés, et ne pouvait que ressentir une sensation de chaleur dans son joues.
- – Nous nous sommes installées dans ta maison en ton absence, continua Naousha, ayant compris qu'elle n'obtiendrait pas de si tôt, juste quelque mots ni de la part de l'hôte ni de sa fille. – Dieu merci, vous n'êtes plus maintenant sans-abri. Enlève tes vêtements... Entre...
- Mousrep ôta son chapeau de fourrure, il ôta son manteau de fourrure court pour pour la montée à cheval.
- – Je ne sais pas... Pourquoi Allah est si généreux envers moi, dit-il.
- Shynar se décida enfin, elle s'approcha de lui et il la prit par les main, et les posa sur ses épaules.
- Tu as pris froid pendant la route..., dit-elle. – Et tu as commencé à avoir faim... Maman... Mets le samovar. Et, annonce dans l'autre maison qu'il est arrivé...
- Elle disait que tout cela, c'était des mots ordinaires... Naousha sortit et Mousrep prit Shynar à la main, et elle l'accola autour de son cou. Et soudain, il comprit clairement qu'il fut né, vécut, pour un soir, prendre cette fille du nom de Shynar par les mains... Elle était, en effet, svelte, suave! Elle sentait comme du lait nouveau. Et sa voix, comme une cloche en argent sous l'arc de limonière d'une troïka en pleine vitesse dans la steppe.
- – Pourquoi tu as été si long?
- Mousrep faillit mourir de joie, de bonheur inattendu, et pour éviter cela, il reprit ses habitudes de plaisanterie:
- – À quoi bon me presser pour revenir, avant que tu n'aies terminé de préparer la maison?
- – Tu savais que j'étais ici? Quelqu'un te l'a transmis?
- – Non! Je t'ai vue en rêve, les manches retroussées, entrain de blanchir la hutte à la chaux. De ranger mes vêtements sales éparpillés partout, et menacer de me discipliner...
- – C'est pas possible! Et si ce matin-là, notre chamelle était allée plus loin en chemin?
- – Je crois aux les rêves... Et comme tu vois, mes rêves se réalisent! À la maison, tout est propre. Ça sent le foin frais, tu l'as étalé sur le sol? Les oreillers blancs comme neige. N'est-ce pas l'œuvre de tes mains?
- Shynar était heureuse qu'il ait remarqué tout cela, elle était ravi des compliments, mais elle dit:
- – Pas les miennes seules. Maman s'est aussi donnée de la peine ainsi que ta tantie.
- Des pas se firent entendre dehors, Asrep, de loin, faisait exprès de taper du pied, pour faire part de son arrivée.
- – Ton vagabond est de retour, petite Shynar? Maintenant, attacher-le à côté de la niche, afin qu'il ne puisse pas s'enfuir de la maison.
- Shynar glissa sur le sol.
- – Tonton, entrez, asseyez-vous, dit-elle en rougissant. – Mais pourquoi tantie n'est pas venue, tonton?
- – Elle se fait belle, à son âge avancé... Elle dit qu'elle portera ce qu'elle a de meilleur. Comme à l'occasion de fête. Mais nous sommes en fête, chérie. Tu nous a apporté le bonheur. Les gens nous appelaient - les Turkmènes de deux cours, mais on vivait comme une seule famille. Ensuite, tu arrivas - et un aoul vit le jour - notre maison et ta maison. On s'assoira aujourd'hui seuls, sans étrangers. Et toi, Mousrep? Tout va bien, Tout s'est bien passé? Dès le matin déjà, je maintenais le cheval à hauts talons en conservation, j'avais l'intention demain d'aller te chercher.
- Estimant avoir suffisamment parlé, après l'accueil de son frère cadet, Asrep plaça l'oreiller, et se coucha...
- – Belle-sœur... Mets le samovar...
- – Maman l'a déjà mis..., répondit Shynar.
- – Belle-sœur... Fais cuire la viande. Tu auras suffisamment de temps pour admirer ton homme!
- Arriva Janisha - à vrai dire, bien habillé - et se mit à aider.
- Les deux familles restèrent assises jusqu'à l'aube. Du thé, de la viande et du koumis, encore du thé - et plus personne n'avait envie de manger, ni de boire - mais personne n'avait envie de se séparer.
- Naousha se retira la première dans la cuisine, elle fit son lit et s'enveloppa dans sa couverture depuis la tête.
- Shynar tira le rideau. En enlevant ses vêtements, Mousrep remarqua et se dit - heureusement que la malle noire qui était au chevet du lit a été déplacé vers les pieds...
-
- Au printemps, après les pompeuses noces dans l'aoul d'Esseney, plusieurs sont repartis, toutefois, on a beau se marier, mais les Kereys et les Waqs, en plus des félicitations, ont apporté leur litiges au juge d'appel. Certains de ces litiges avaient leurs origines dans un passé lointain, et eurent le temps d'acquérir de nombreux détails et de nouvelles rancunes, et chaque partie criait jusqu'à perdre la voix pour exiger que justice soit faite, présentait ses arguments et ses justifications, et la vérité était tellement mêlée au mensonge qu'il était impossible de les départager l'un de l'autre, comme la folle avoine - de l'avoine. Et les demandeurs frustes et les plaignants, il y en avait assez dans les aouls de Sibans, c'est que ce n'est pas tous les jours qu'on peut présenter une affaire au principal juge d'appel, c'est donc pourquoi le transfert dans les pâturages d'été avaient été retardés.
- Toute la journée, Esseney était entouré de gens, et sur la colline du conseil prévue pour l'exercice de fonction du juge d'appel, et près de la maison... Il tranchait rapidement les affaires. Il interrogeait deux personnes de chaque partie et donnait la sentence, sinon ils y seraient jusqu'à l'hiver... Il ne laissait à personne d'intervenir - si quelqu'un essayait de faire des suggestions à l'interrogé, Esseney lui imposait le quart de la somme qui devait être payée par le coupable. Il traitait les témoins avec suspicion. «Qui se donne la peine d'emmener le plus de témoins? - demandait-il et répondait de lui-même: – Seul un voleur ou un diffamateur, ou un violeur»
- En ces jours-ci, Oulpan n'eut également aucun moment libre. C'était le moment de tondre les moutons, et aux chevaux - on diminuait la queue et la crinière. Et à part les activités ménagères, Oulpan reçut aussi de la visite, non pas seulement Esseney. Vint une vieille femme:
- – Chérie... J'ai dans mes bras vieux et affaiblis - quatre petits-enfants orphelins. Ils ne peuvent pas sortir - ils sont dévêtus... Donne-moi, pour l'amour de Dieu, un peu de laine, afin que je puisse leur confectionner un vêtement de dessus, ne serait-ce qu'un seul pour tous les quatre...
- Elle en donna pour tous, pour quatre.
- Puis vinrent encore deux vieilles femmes. Et encore deux vieilles femmes et avec elles, une autre moins âgée. Trois vieilles femmes et trois jeunes... Elles se présentèrent l'une après l'autre, vinrent celles qui étaient dans le besoin, vinrent aussi celles - comme Oulpan en avait entendu parler - qui, semble-t-il, ne connaissaient pas le mot non. Elles réclamaient aussi de la laine, du lait, de la farine, du fromage blanc séché, du thé, du matériel pour bonnet, des boutons de chemises, un charriot pour les migrations vers les pâturages d'été...
- Oulpan ne refusait à personne. Non pas parce qu'elle voulait se montrer généreuse ou qu'elle ne connaissait pas la valeur de ces biens. Elle était tout simplement épuisée par cette longue fête, du flot ininterrompu de gens avec leurs plaintes, parfois absurdes et ridicules, des quémandeurs, qui prennent un air attendrissant... Et si elle dilapidait toute la richesse d'Esseney, pour que personne n'ait de quoi à lui demander! Il ferait mieux de finir au plus vite avec ses acariâtres de Kereys et Waqs, pour qu'on puisse les renvoyer d'ici!
- «On viendra demain», avec un tel message, elle avait déjà expédié trois fois le commissionnaire vers Shynar. Mais demain n'arrivera jamais. Peut-être, Oulpan était triste aussi parce que Nesibeli rentra chez elle, elle ne pouvais pas rester plus longtemps. Artykbaï était resté seul, or il avait besoin - comme personne d'autre - qu'on prenne soin de lui. Esseney, ayant franchi à peine le seuil, tomba de fatigue, elle n'eut pas le temps de lui transmettre - le bougonnement des Sibans mécontents fut porté jusqu'à elle, à travers les femmes: ils n'osent pas en l'absence d'Esseney transhumer vers les pâturages d'été, or il traite des affaires communautaires de tous les Kereys, et il n'y a aucune fin en vue...
- Neuf jours se sont écoulés après les noces. Esseney, comme d'habitude, était assis sur une colline, entouré de gens. Oulpan se dirigea vers lui sans se presser, et les rayons du soleil couchant se reflétaient sur son couvre-chef doré, sur la broderie dorée de sa camisole de velours verte. La foule de plaignants avait considérablement diminué, mais avec ceux qui étaient restés, on pouvait passer encore une semaine.
- Lorsqu'elle fut proche, Esseney se leva pour aller à sa rencontre.
- – Je suis pour tous, pour vous - Esseney, dit-il. – Mais c'est mon Esseney qui vient là. Sur ce, on mets fin aux procès, si vous ne voulez pas que j'en reçoive d'elle. Il est temps depuis de rejoindre les pâturages d'été. Vous aussi prenez la route. Et essayez de résoudre vos conflits à l'amiable.
- Ils se levèrent aussi et s'inclinèrent en signe d'au revoir, serrant les deux mains contre la poitrine, mais Esseney ne leur prêtait plus attention. Il ne voyait qu'Oulpan.
- Ce ne doit pas être si facile d'habituer un homme morose, renfermé, à sourire. Oulpan y parvint.
- – Tu es fatiguée d'attendre? Tu m'en veux?
- – Mais tu es fatigué, mon tigre... Il est temps d'arrêter le procès...
- – Oui, c'est déjà fait... Ils s'en iront. Maintenant, tu peux reprendre tout le pouvoir entre ses mains.
- Il l'étreignit au bras droit, à l'épaule, et ils allèrent ainsi jusqu'à la maison.
- – On ira demain chez tonton Mousrep? - demanda-t-elle.
- – Oui, on ira, on l'a promis.
- – Pour l'instant, repose-toi. On prendra le thé dans la petite yourte, il y a trop de poussière dans la grande, moi non plus je n'ai pas eu le temps ces jours-ci. Vas-y...
- Après l'avoir caressé du regard, Oulpan est resta dans la cour et appela Kenjetaï. Pour apaiser les Sibans impatients de rejoindre les pâturages d'été, elle ordonna dès le matin d'embâter quelques chameaux de l'autre côté de l'aoul - que tous voient que la première épouse se prépare à prendre la route.
- Elle dit à Kenjetaï:
- – Tu vois là-bas, à l'extrémité, le chameau hongré? Avec un bandeau rouge à la bride? Emmène-le aujourd'hui même à Shynar. Tu lui diras que c'est un cadeau de Tobolsk. Ajoute aussi qu'ils viendront demain. Et c'est tout. Tu as compris? Kenjetaï acquiesça d'un signe de tête et s'en alla.
- Depuis Karshygaly, Oulpan avait remarqué que ce jeune djiguite lui jetait des regards, et dès lors, elle lui parla brièvement et froidement. Mais aujourd'hui - c'est la fin de tous les procès - et elle avait une voix plus accueillante.
- Elle exigea d'Esseney qu'il confirme - iront-ils ou non... Ne changera-t-il pas d'avis...
- – Et si on partait aujourd'hui, répondit-il.
- – Aujourd'hui ce n'est plus possible. J'ai envoyé quelqu'un - dire qu'on arrivera demain. Mais pour l'instant, va te baigner au lac.
- – L'injonction de la khanoum neutralise l'ordre du Khan!
- – Si tu ne vas pas au lac, je ne t'accepterai pas au lit...
- – Ah bon?... Si la jeune chamelle ne jette un regard languissant, le jeune chameau ne rompra la ride... N'est-ce pas ce qu'on dit?
- – C'est bon, ça suffit... Vas-y!
- Oulpan - comme une vraie chamelle - abaissa ses cils. Ce n'était pas le premier mois qu'Esseney savait, quels yeux elle avait et à quelle occasion, et se dirigea vers le lac.
- Shynar aperçut de loin Kenjetaï avec un chameau de somme à la bride et l'attendit près de la yourte, dans laquelle ils avaient déménage de la maison à l'approche des jours chauds.
- – Mais dis-donc, Taïkenje... Tu retournes à l'aoul chez tes frères? Ou bien tu déménages quelque part? – Elle ne lui avait pas encore trouvé de surnom, ils ne se voyaient pas souvent, c'est pourquoi elle avait modifié son nom: Kenjetaï - Taïkenje... On peut aussi s'adresser pareillement au frère de son mari.
- Kenjetaï fit semblant d'être en colère:
- – À quoi bon déformer mon nom, tu pourrais tout simplement m'appeler - Kenjetaï! Alors, pour te contrarier, je ramènerai tout ce que je t'ai apporté!
- – Et si je t'appelle - Baourym, mon bon ami?
- – Baourym? Si c'est la vérité, alors donnez-moi un baiser! – Kenjetaï en selle, s'inclina vers elle et plaça sa joue.
- Shynar lui donna un baiser.
- – Voilà... Elle n'avait même pas deviné qu'il fallait le convaincre!... Tiens la bride, fais coucher le chameau hongré pour enlever tes ballots.
- – Comment ça, mes ballots?
- – He-hey!.. Que tu manques d'intelligence. On m'a dit ceci: «C'est un cadeau de Tobolsk. On arrivera nous-mêmes demain».
- – Et qu'est-ce qu'elle a dit encore?
- – Elle a dit de plus - pas un mot... Shynar prit la bride du chameau.
- Elle reconnut Oulpan à travers ce geste. On arrivera demain - elle laisse le temps aux hôtes pour ne pas les surprendre. Elle a envoyé les cadeaux d'avance afin d'éviter les expressions de gratitude. L'aurait été un autre personne, Shynar n'aurait rien accepté et Kenjetaï aurait ainsi fait retourner le chameau hongré. C'est bien Oulpan, après tout...
- Janisha se dépêcha pour venir en aide.
- – C'est Oulpan qui a envoyé tout cela, lui chuchota Shynar.
- Kenjetaï s'en alla et emmena le chameau, les deux femmes dénouèrent la corde et ôtèrent deux feutres à motifs et deux tapis de laine, dans lesquels étaient enveloppées les malles. Les clés se trouvaient dans les trous de serrure. Les serrures s'ouvraient avec un long bruit.
- – Dès qu'elle réussirent à ouvrir ces malles! – Shynar s'écria. – Il me semble que tout ça, c'est la dot pour la fiancée. Regarde, tantie, il y a même des rideaux!
- – On aurait pu dire que c'est pour plusieurs fiancées! On peut donner en mariage tout notre aoul. Des bottes... Avec broderie...
- Shynar prit les bottes en main. Janisha continuait de scruter:
- – Et dans cette malle-ci? Shynar souleva le couvercle:
- – Du thé et du sucre... Beaucoup d'abricots secs, des raisins secs. Tout un assortiment pour le thé. Un assortiment pour le koumis. Et des nappes et serviettes pour la table.
- Naousha se joignit à elles, et les trois femmes passaient en revue les biens inouïs, elles se les passaient de main en main. Ayant oublié qu'elles avaient déjà vu une robe de soie blanche avec deux falbalas, elle se mirent à nouveau à l'apprécier. Elles ne pouvaient dire ce qui les plaisait le plus et ce qui les plaisait le moins, elles ne savaient qu'une chose - toutes ces nombreuses affaires ont été offertes par Shynar. Au fond de la première malle, se trouvaient quelques coupons. Ces femmes qui ne trouvaient pas de mots pour exprimer leur ravissement, ne pouvaient claquer leurs langues... Mais on ne saurait appeler cela de la cupidité et le condamner. C'était une appétence de femmes, affamées de choses qui leur donnaient de la confiance, qui pouvaient rendre belle une femme laide, et incomparable - une femme belle.
- Shynar retrouva ses esprits la première.
- – On aura des invités demain... Maman, tantie... Rangeons les malles. Il faut se préparer.
- Elles se mirent à ranger les affaires - avec un tel regret, comme si elles s'en étaient séparées pour toujours, après les avoir tout simplement regardées.
- Ils arrivèrent le lendemain à midi. On ne savait même pas si c'était Oulpan qui accompagnait Esseney, ou si c'était le contraire.
- Le lieu d'hivernage des Turkmènes - des deux cours - couvrait un demi-cercle de la forêt. Sous la brise, se hérissaient les vrilles des épis de gramen, qui germaient facilement et poussaient rapidement sur des terres fertilisées, arrosées d'eau de fonte. Et plus loin jusqu'au lac, les prairies vertes étaient de tachetées de fleurs aux couleurs vives. Les troupeaux de chevaux et de moutons peux nombreux n'eurent pas le temps de perturber la floraison printanière.
- Oulpan sauta sans difficulté du tarantass, et ferma les yeux pour respirer pleinement les odeurs épicées du vent de la steppe, qui ralentissait aux alentours de forêt et se jetaient sur les feuilles vertes des arbres en les faisant bruire.
- – S'il y a un paradis dans ce monde, - s'écria-t-elle, – Alors, ce ne peut être nulle part qu'ailleurs qu'ici! Par contre, dans notre aoul - poussière et saleté... Elle ne regarda même pas dans sa direction, mais poussa un soupir de culpabilité.
- – Tu envies? - demanda Shynar. – Alors, déménage chez moi.
- – On va habiter chez eux? - proposa Esseney. – Pour quelques jours?
- Oulpan se réjouissait...
- – Et mon chamelon?...
- – Il est allé se promener, il reviendra tout à l'heure.
- – Je t'avais pourtant dit de ne le montrer à personne!
- – Je lui ai dit de ne pas bouger... Mais il n'écoute pas. Mousrep vit qu'elles pourraient ainsi discuter longtemps, de rien, en se réjouissant tout simplement de leur rencontre, et il proposa:
- Où est-ce que vous voulez vous installer? Si vous voulez, dans la maison d'hiver. Ou bien dans la yourte. Ou tout simplement sur les herbes? – Il leur montra - à l'aurée, on avait étalé des feutre et des tapis, et au dessus, des oreillers multicolores.
- – Regarde, Oulpan, dit Esseney. – Ce Turkmène se donna de tels airs, après avoir épousé la fille du juge d'appel Shakshak!
- – Quoi que nous aurait proposé tonton Mousrep, ce serait parfait! - répondit Oulpan. – Allez, Esseney, on va prendre de l'air? Il fait tellement bien ici, que j'ai l'impression d'avoir visité Karshygaly à nouveau.
- Elle soupira tristement... Il y avait la noce interminable. Il y avait les plaignants. Il y avait les solliciteurs et les quémandeurs. Faute d'habitude à la foule, elle avait la tête qui bourdonnait encore. Voici qu'elle n'eut pas besoin de se rendre à la steppe. Elle n'avait pas, même une seule fois, visité de lacs, leurs rivages et le fond étaient de de sable pur. Seulement aujourd'hui, Oulpan se sentit libre et insouciante.
- – Les hommes! Ne restez pas arrêtées, vous me barrez la vue! Asseyez-vous! – Et s'assit la première sur le tapis. – Hey, petite femme! Sers le thé! - Oulpan se tourna vers Shynar, en imitant une voix d'homme. – Mais qu'est-ce qui te fait sourire tout le temps jusqu'aux oreilles?
- Le thé était prêt. Naousha sortit de la hutte avec une une serviette en main, et fut suivie par Janisha avec en main un broc et une petite bassine en cuivre. Janisha posa sur l'herbe, près du tapis, la bassine et le broc, et s'inclina à genoux face aux invités. Puis elle se mit à leur verser de l'eau pour se laver les mains, en commençant par Esseney.
- Naousha sans mot dire, déroula la nappe.
- – C'est qui elle? - demanda Esseney à Mousrep.
- – C'est désormais ta belle-mère.. La mère de Shynar.
- – C'est donc elle qui t'a rendu heureux?
- – C'est elle, oui...
- – Ils connaitront le bonheur, intervint Oulpan. – Dès qu'on les conduira et les installera dans la yourte de noces...
- Shynar fit un sourire timide. C'était écrit sur son visage: «De quelle yourte de noces parle-t-elle?...» Oulpan se serra étroitement contre elle, la poussa légèrement aux côtes. «Tais-toi... Je te raconterai après», chuchota-t-elle.
- On apporta le samovar. On déversa sur la nappe, des beignets, on posa des assiettes avec des crêpes. Naousha apporta un autre bol pas très profond.
- – C'est Shynar qui m'en a obligé... Cuisine, dit-elle, Cuisine... Pourtant cette nourriture n'est pas pour les invités d'honneur, dit-elle, pour se justifier.
- C'était du pain - encore chaud, cuit dans la cendre, rompu en morceaux et mélangé avec du beurre salé. Depuis des temps immémoriaux, ce pain était considéré comme une friandise par les Kazakhs. Oulpan devina déjà par l'odeur, ce que Naousha avait apporté, tandis que celle-ci se demandait s'il fallait le mettre à table, et tenait encore le bol en main.
- – C'est pour moi! C'est pour moi! Que personne n'espère même gouter, je ne donnerai à personne!
- Elle ôta le couvercle et tira le bol près d'elle.
- – Je ne laisserai même pas de miettes!...
- Ils étaient entrain de boire le thé quand Asrep emmena le chamelon blanc. Tout bébé, pas encore recouvert de poils, mais de duvets. Il se débâtait. Il essayait de s'échapper, et posait ses fines pattes avec beaucoup de réticence.
- Oulpan, ayant oublié le thé, se leva brusquement.
- – Arrête de le regarder, tu vas lui porter malheur! - elle lança un regard étincelant à Esseney.
- Asrep était assis à son mariage, parmi les premiers invités, du côté d'Esseney et Oulpan pouvait pas se tenir libre envers lui.
- – Que tu aies de vastes pâturages, de nombreux troupeaux de moutons, mon beau-frère aîné...
- – Que tes souhaits soient exaucés, tantie... Et elle se mit à sourire, et lui aussi.
- Bien sûr, que c'est drôle - une si jeune fille qui appelle aussi facilement - beau-frère, un homme âgé, et un homme âgé à la barbe blanche à moitié qui appelle une jeune fille - tantie. Mais telle était la volonté d'Allah, le fantasque - la lignée des Sibans devraient désormais s'y habituer: Oulpan est la femme la plus âgée d'entre elle, la première épouse de toute leur lignée!
- Asrep installa la chamelle à contre-vent et rejoint les autres pour prendre le thé.
- Le chamelon était très content de pouvoir vraiment jouer maintenant avec sa mère. Mais pourtant, quand elle est arrêtée, tu la pousses dans ses longues jambes noueuses, or il n'y aucune tendresse, aucune chaleur en cela. Et puis tu veux maintenant... Tu peux prendre ton élan et la cogner son dans son côté mou, te frotter la tête contre sa bosse... Tu peux la pincer à l'oreille, lui lécher les yeux... La chamelle poussait des soupirs et subissait ses pitreries.
- Shynar s'approcha d'Oulpan, en laissant Janisha derrière elle à table.
- – Mais, d'où lui vient sa force? - demanda Shynar. – C'est comme ça toute la journée... Après avoir tété, il commence à faire l'enfant gâté, aussi bien que toi. Maintenant qu'il va me voir, regarde ce qui va se passer.
- le chamelon se figea, il l'écoutait. Il reconnut la voix de Shynar, et courut vers elle, mais ne put s'arrêter près d'elle, il passa à côté en courant. Il n'est pas encore très à l'aise avec ses quatre pattes. Mais s'il l'avait heurtée - Shynar serait tombée, et lui-même aussi...
- Shynar sortit de sa poche un morceau de sel.
- – Viens par ici, viens, chéri, elle l'appela de la manière dont les Kazakhs appellent leurs enfants.
- Le chamelon replia ses oreilles à tout hasard, se renfrogna - mais accourut, et prit le sel avec ses lèvres tendres. Il se mit à sucer, en secouant la tête avec plaisir.
- Oulpan les observait jalousement.
- – Shynar, donne-moi aussi du sel!
- Oulpan tendit sa main, le sel à la paume, en imitant la voix de Shynar, elle l'appelait:
- – Viens par ici, viens, chéri!
- Au début, le chamelon dressa l'oreille avec méfiance, mais il avait vraiment envie de sel. Il s'approcha et prit le morceau...
- – Bravo! Bravo! - Oulpan le vanta joyeusement et se tourna triomphalement vers Shynar. – Écarte-toi, n'appelle pas mon chamelon!
- C'est ainsi qu'ils firent connaissance, et tissèrent une amitié. Il se précipitait furieusement sur Oulpan, comme s'il allait la faire tomber et la mordre, mais dès qu'il arrivait près d'elle - les plis se redressaient quand il ouvrait sa bouche, il remuait ses lèvres - il souriait, et il demandait encore du sel. Et Oulpan fut entraînée par son humeur - elle s'éloignait en courant pour que le chamelon la poursuive, puis elle lui courait après... Et on ne pouvait dire, qui d'entre eux cet amusement procurait le plus de plaisir.
- Elle retourna enfin à table, et s'assit.
- – Sers-moi encore du thé, Shynar... C'est le meilleur cadeau que tu puisses m'offrir! Quel beau bébé! Il est si amusant! Et il comprend tout.
- Elle ôta son couvre-chef et le posa de côté, elle mit un fanchon léger de soie sur la tête, et s'accouda sur le genou d'Esseney qui ne disait pas un seul mot - mais on n'avait pas besoin de l'entendre pour comprendre comment il regardait Oulpan jouer avec le chamelon...
- Après avoir bu le thé, Shynar conduisit Oulpan visiter leur maison. Elle montra l'étable, la bergerie de Mousrep. Elle la conduisit dans la maison, et Oulpan fut heureuse de voir pour la première fois dans un aoul kazakhe, une maison semblable à l'isba russe où elle logea avec Esseney sur le chemin de Tobolsk. Au moins en hiver, les enfants et les vieux ne gèlent pas dans une yourte froide.
- – Mais depuis quand ils érigent des maisons et posent des huttes? Shynar raconta à son tour tout ce qu'on lui avait racontée:
- – Il y a longtemps... Leur grand-père, Turkmène, arriva ici tout jeune. Les Sibans lui offrirent de la terre parmi leurs propriétés. Or pendant ce temps, il n'était pas facile de monter une yourte. En premier lieu, il se creusa un hutte puis il construit une isba. Dès lors, c'est devenu pour eux comme une tradition.
- Les maisons d'Asrep et de Mousrep se faisaient face, on pouvait échanger des coups d'œil par les fenêtres. On disposa ainsi les annexes - les cuisines d'été en claie, les étables. Ils avaient l'habitude de faucher le foin afin de pouvoir garder durant tout l'hiver, le bétail en stalle. Il y aussi un puits dans la cour pour ne pas aller au lac chercher de l'eau.
- Avant l'arrivée des invités, ils blanchirent l'intérieur à la chaux, recouvrirent le plancher de foin au parfum frais. Oulpan admirait longtemps le four, la cuisinière, ouvrait et fermait les portes, regardait jetait des coups d'œil à travers les fenêtres. Oui, une véritable «isba russe»...
- – On passera la nuit ici, d'accord? - dit Oulpan.
- – Dans cette cabane?...
- – Ne te fais pas complimenter à toute force!
- Ensuite, ils allèrent dans la yourte de feutre noir. Il y avait là entassés, les cadeaux emmenées la veille par Kenjetaï. – Écoute, pourquoi tant de... Oulpan ne la laissa pas terminer, elle lui couvrit la bouche de sa paume.
- – Tais-toi! Qu'aucun mot ne se glisse entre tes dents! N'oublie pas, tu as aussi une yourte de noces blanche comme neige. Mais tu es une femme errante dans cet aoul, ou quoi? Tonton Mousrep t'a vue, tu 'as vu, vous vous êtes aimés l'un l'autre. Peut-on imaginer que c'est par pitié qu'il t'a prise pour épouse? Non! À Tobolsk, il ne savait que parler de toi. Il m'a dit - si tu ne te renfrognais pas, ne clignais pas des yeux, si tu étais plus mince à la taille, et avais un grain de beauté sur la joue, alors on aurait pu te comparer à Shynar. Tu as compris? Et le frère aîné de ton mari, à notre mariage, t'a fait encore plus de compliments! On t'aime. Et qu'est-ce qu'il faut encore?
- Shynar l'écoutait sans mot dire. Pourtant, bien qu'elle fasse maintenant partie de la famille de Mousrep, elle se rappelait souvent qu'elle n'était que la fille d'une veuve sans-abri, et qu'elle ne devrait pas l'oublier... Oulpan exprimait ce qu'elle aurait elle-même souhaité, mais qu'elle ne pouvait se permettre d'y penser.
- –Si Dieu pouvait me donner ton intelligence, ne serait-ce que l'infime partie! - s'écria-t-elle et embrassa Oulpan, elle la serra contre elle. Et elle ne put retenir ses larmes.
- – Tu pleures? Qu'est-ce que tu as encore contre Dieu? Oulpan aurait pu elle-même couler des larmes - à cause de l'émotion, de la tendresse de l'amour. Mais elle avait l'habitude de ne pas exprimer ouvertement ses sentiments, et ne faisait que caresser Shynar au dos:
- – Ça suffit, chérie, arrête, ma petite... - elle berça Shynar comme une enfant. – Tu veux que je te raconte une histoire?
- Shynar sourit à travers ses larmes.
- Après le déjeuner, elles se rendirent au lac toutes les deux.
- Elles conduisirent la chamelle par la bride. En chemin, le chamelon poursuivait les corbeaux, sans oubliez de les rattraper de temps en temps, et il demandait le sel en étirant son cou - «booh-booh».
- Le chaud soleil de la plage illuminait les corps nus des jeunes femmes - Oulpan d'un teint blanc laiteux et Shynar, plus basanée. Sans hésiter, elles se sont jetèrent à l'eau, et ce même soleil étincelait à travers les gouttelettes.
- – Depuis que j'ai quitté mon aoul natal, je ne me suis même pas baignée une seule fois!
- – Et chez toi? - demanda Shynar.
- – Comment-ça chez moi? Il y a toujours une quelconque interdiction!
- Elles nagèrent dans l'eau calme limpide, mais pas tout à fait réchauffée cet été, et à cause de la fraîcheur leurs corps devinrent tendres et étirés. Oulpan posa les pieds au fond et se leva. L'eau lui arrivait à la poitrine. Et Shynar se tenait debout près d'elle.
- – Tu penses comme une fille que son mari n'a pas encore emmenée chez lui à sa maison, - lui dit Oulpan. – Écoute, Shynar, tu es vraiment née sous une bonne étoile.
- – J'ai même peur, reconnut-elle. – De ne pas pouvoir conserver un tel bonheur. Que quelque chose n'arrive.
- – Bah, au diable ce bonheur si tu n'arrivais pas à le conserver!
- – J'aurais bien souhaité avoir une sœur comme toi.
- – Mais on est déjà comme des jumelles. La seule différence est que tu es faite de soie et moi de lin... - Elles se touchèrent de l'épaule. – Compare toi-même...
- – Bah, arrête, toi!
- À cet endroit, au fond, il y avait des sources d'eau froide, et elles commencèrent à prendre froid des pieds. Oulpan fit un grand mouvement des bras et nagea à nouveau. Shynar l'admirait nager aussi rapidement, par bonds, et son corps dans l'eau était blanc comme du marbre. Shynar pensait - elle nage aussi hardiment qu'elle se comporter dans la vie. Et elle nage jusqu'au bon milieu du lac, elle n'a pas peur.
- Shynar nageait près de la rive, pataugeait dans l'eau des mains et des pieds, et le soleil semblait à nouveau proche, en miroitant dans les gouttelettes.
- Après avoir nagé, Oulpan la rejoignit:
- – Dis-donc, tu aurais pu me tirer de l'eau si j'arrivais à me noyer?
- – Mais toi! N'attire pas le malheur!
- – Dans ce cas, je t'aurais tirée, par la jambe.
- – Le meilleur serait de ne pas se noyer, Oulpan. Ni toi, ni moi.
- Elles s'installèrent sur la rive à l'ombre d'un roseau sur le sable pure doré. Le soleil avait réchauffée le sable, et il faisait bon à étendre ses pieds gelés... Elles pressèrent leurs cheveux mouillés, et les attachèrent en nœud.
- – Oh, ces cheveux! - se plaignit Oulpan. – Ils sont touffus et drus, comme la queue d'un étalon bien nourri! Je ne peux me peigne que lorsque je me lave la tête. Sinon, d'aucune façon.
- – Mais moi, je peux à tout moment. Les miens ne sont ni touffus ni drus.
- – Dieu t'a tout donné, il n'a rien ménagé. À Tobolsk au moins, je partais chaque jour à salle de bain russe, et ma tête en avait l'air d'une. Mais dès mon retour à l'aoul, où trouver ici un bain russe. La vieille femme tatare m'a dit qu'il ne faut pas se laver les cheveux avec de l'eau froide, au risque d'avoir des poux. Mais jusqu'à présent, Dieu m'en a fait grâce.
- – Dis-moi, c'est vraiment bien, la banya? Tonton Asrep exige qu'on construise une salle de banya. Mais Mousrep fait la sourde oreille.
- – Asrep a travaillé longtemps à la ville entant que docker, et Mousrep aussi. Bien sûr qu'ils doivent en construire une. Asrep devrait saisir Mousrep par les oreilles et l'y obliger! Ça serait bien alors! Je viendrais chez vous en pour prendre mon bain!
- – Ton Mousrep ne sait que trouver des excuses... Il disait: je me procurerai des briques cuites, de la pierre, de grands barriques d'eau. Il a tout reporté à l'automne.
- – Mais toi, ne prends pas de retard sur lui. Tu ne sais pas comment obtenir ce que tu veux de lui, ou quoi?... Qu'ils disent ce dont ils ont besoin, je ferai trouver ça en deux jours!
- – Ça ne vaut pas la peine. C'est toi qui fais toujours tout... Je veux atteler ton Mousrep à cela!
- – Ah, le pauvre! Donc il se laisse atteler?
- Elles se mirent à rire toutes les deux, comme si elles avaient réellement vu Mousrep, attelé à une araba, couvert de tout un harnais et un collier autour du cou. Après avoir ri, Oulpan très inquiète pour autre chose:
- – Mais comment j'emmènerais mon chamelon? Il ne rentre pas dans le tarantass, et il va s'épuiser si on le mène à la bride. Or je n'ai pas envie de le laisser ici jusqu'en automne.
- – Tu le prendras avec sa mère.
- – Avec sa mère?
- – Et alors, tu comptes l'allaiter toi-même?
- – Va te faire...
- – Je ne vais pas. On l'a décidé depuis longtemps - tu emmèneras aussi la chamelle.
- – Ah bon? Tu veux qu'on raconte qu'Oulpan est allé en visite et est revenue avec une chamelle et un chamelon!
- Et Oulpan poussa brusquement Shynar à la poitrine, celle-ci tomba à l'eau par le dos, elle agita ses bras et ses jambes, Oulpan vint vers elle, mais Shynar se releva, saisit Oulpan par derrière et lui plongea à plusieurs reprises la tête dans l'eau.
- Elle se couraient après, s'éclaboussaient, s'enduisaient de boue et riaient aux éclats jusqu'à ce qu'elles n'en puisse plus, et ne faisaient que tonner, comme un chamelon qui demande du sel. Pourtant, ni l'une ni l'autre n'aurait pu répondre, si on leur demandait ce qui les amusait et les faisait tant rire. Or la raison était un déficit d'amusement pendant l'enfance, il y avait une marge de rire non encore épuisée, et tout cela s'accumulait - de même que le chagrin, la haine, la vengeance, et nécessitait d'être évacué.
- On pourrait aussi dire qu'Oulpan avait grandi sans amies, elle ne connaissait que des amusements et des jeux de garçons. Quant à Shynar, habillée en haillons dès l'enfance, bon gré mal gré, elle devint renfermée, hypocondriaque, elle était timide parmi les enfants de son âge. Elles se sont rencontrées et ont commencé à se connaître l'une l'autre, et cette connaissance leur procurait de la joie.
- Il était difficile de s'arrêter... C'était beaucoup plus amusant de continuer à barboter, plonger, se traîner dans le liquide argileux, échauder soudainement les parties molles d'un roseau brisé. Elles s'étaient tellement enduites de boue, de sorte qu'il était maintenant impossible de distinguer laquelle d'entre elles était de teint blanc-marbre, et qui était soyeux-basané.
- – Ça suffit? - supplia Shynar la première.
- – Ça suffit...
- Elles entrèrent dans l'eau pour se laver, puis regagnèrent la rive, sans se cacher, fières de leurs nue jeunesse, de leurs corps impeccables, de leur beauté, et de leur liberté tant attendue, peut-être éphémère.
- Elles avaient de la peine à s'en séparer en repartant pendant la journée sur le lac, et elles s'habillaient lentement.
- Tout près de l'aoul, Oulpan aperçut une balançoire, faite de six pôles et de cordes, dont l'installation était presque terminée. Deux djiguites avaient déjà attachés les perches et fixaient maintenant les cordes.
- – Qui sont-ils? - demanda Oulpan. – Donc vous avez des djiguites dans votre aoul?
- – Ils viennent de l'aoul appelé «plus de quatre», ils sont venus en aide. Ce soir, on ira faire de la balançoire.
- – C'est quoi cet aoul - «plus de quatre»? Je n'en ai jamais entendu parler!
- – Jamais? Tu ne comprends pas?
- – Je ne t'aurais pas posé de questions si je comprenais!
- – Tu sais ce que c'est que - quatre? Fais plus un...
- – Eh alors...
- – Combien on obtient?
- – Cinq, bien sûr !
- – Tu m'importunes! - lança Shynar, indignée de son incompréhension. – Cinq, cinq! Bah, comment selon toi, puis-je encore appeler l'aoul du vieux Bespaï? «Plus de quatre». Tu verras, tu finiras toi aussi par l'appeler comme ça.
- – Ça jamais! Tu oublies pourtant que c'est moi - Esseney? Je vais appeler chaque aoul comme il se doit, par son nom. Je vais dire - l'aoul de Bespaï. Je vais te faire oublier le nom de ton aoul - «le Turkmène aux deux familles». Comment s'appelait votre ancêtre?
- Shynar mit du temps à répondre.
- – Dis-moi... - elle trouva - comment peut-on appeler autrement un campagne, une localité bien aménagée?
- – On peut dire «El».
- – Voilà, voilà! Ajoute au mot «El», le mot avec lequel tu accueilles ton mari après un long voyage.
- – Tu veux dire, son cheval est-il bien arrivé et la télègue n'est-elle pas abîmée? At-kolik aman-ba?
- – Oui, c'est ce qu'on dit. Maintenant enlève «at-kolik», et associe le mot «aman» à l'autre mot, à la place de campagne...
- – El... El-aman... On l'appelait Elaman, c'est ça?
- – Oui, c'est bien ça!
- – Oh, mon Dieu! - Oulpan fit un mine terrifiée. – Bah, qu'est-ce que tu fais! Tu viens de prononcer à haute voix les noms du vieux Bespaï, et d'Elaman!
- – Mais ça reste entre nous, Oulpan...
- – Comment tu peux! Je vais raconter ça au monde entier! Shynar a prononcé “Bespaï”... Shynar a prononcé “Elaman”. Je l'ai moi-même entendu. Et maintenant, tu va appeler tout le monde par son nom.
- – Jamais!
- – Toujours! Et en premier tu prononcera - Esseney.
- – Ça jamais!
- – Tu prononceras son nom en sa présence, Oui...
- – Je préférerais mourir.
- – Tu ne mourras pas.
- Il faisait encore jour, et on posa de nouveau le samovar à ciel ouvert. Shynar servit le thé, Oulpan s'assit près d'elle.
- – On a tellement soif... - dit-elle, en jetant un regard narquois à Esseney. – On est tellement fatiguées...
- – Je vois, dit-il.
- – Petite Shynar, sers-moi s'il te plaît...
- On faisait passer les bols de mains en mains, Esseney en reçut en premier. Et quand vint le tour d'Oulpan, Shynar lui passa un.
- – Oulpan, ton thé, prends-le...
- Oulpan, comme si on ne s'adressait pas à elle, non seulement elle ne prit pas le bol, mais elle ne regarda même pas en direction de Shynar.
- – Oulpan, prends donc...
- – Tu es là - Oulpan, Oulpan... Tu ne connais pas mon vrai nom, ou quoi? - elle arqua ses sourcils.
- Shynar devint pâle. Alors, Oulpan ne plaisantait-elle pas? Mais comment ça? Restera-t-elle la tasse en main tendue? Oulpan ne va-t-elle pas le prendre? Restera-t-elle à jeter son perçant regard? Mais Mousrep, au lieu de lui venir en aide, se met à rire et attend ce qui adviendrait.
- Et Shynar se décida. Elle posa d'abord le bol près du samovar, se leva et se mit à genoux devant Esseney, comment si elle lui demandait pardon d'avance.
- Puis elle tendit à nouveau le bol à Oulpan:
- – Esseney... Tu prends ton thé ou pas? – Ses joues avaient rougi, mais elle parla d'une voix ferme.
- Oulpan prit le bol et sourit. Esseney aussi éclata de rire:
- – Petite Shynar! Chérie! Tu as une détermination de vrai homme... Je n'avais pu jusque-là contraindre quelqu'un à appeler Oulpan par mon nom. Tu as été la première, tu as ouvert la voie à touts les Kereys et Waqs. Derrière moi, un lot de neuf cadeaux!
- Oui, il réagissait maintenant de manière différente à ce qui, autrefois, lui aurait semblé intolérable.
- – Quelle sacrée petite femme! - ajouta son mot Oulpan. – Bah, tu vas ruiner Esseney! Écoute, et si tu partageais avec moi...
- Ce soir-là, la paix, l'harmonie, la joie, régnaient en maîtres à la table de Mousrep.
- Tandis que les hommes restèrent assis, Oulpan et Shynar se rendirent à la balançoire, c'était la seule manière de mettre fin à la journée - se balancer dans l'air sur une balançoire, en prenant de fort élans...
- Elle furent accueillies par une chanson dès qu'elles s'approchèrent de la balançoire. Deux filles chantaient - Biken et Gaoukhar. Elles se balançaient au rythme de la chanson, tantôt vers le haut, tantôt vers le bas, allaient tantôt et revenaient - comme les vagues du lac lors d'une journée venteuse.
- Tout d'abord, les filles chantèrent très mélodieusement l'introduction. Ces deux belles-sœurs ont augmenté de rang parmi les gens de notre lignée, et qu'elles y soient toujours... Qu'elles prennent soin des autres femmes - aux pans constamment sales, qui, du matin au soir dans les troupeaux, traient les juments et les brebis. Qui prendra soin de telles femmes, à part Oulpan et Shynar? Qu'elle soient des protectrices. Que toutes épines dressées contre elles nous percent le front... Mais pour l'instant - on doit se réjouir, s'égayer...
- Puis il y a eut une autre chanson:
- Le troupeau de moutons perdus dans la steppe...
- La fine camisole fut trempée de pluie.
- Je suis gelée, belle-sœur.
- C'est la nuit...
- Et le beau-père comme la belle-mère...
- Le fiancé - tous dorment, à la maison, belle-sœur.
- Que te réserve l'avenir?
- La même chose, la même chose que moi!
- Belle-sœur...
- Tu deviendras un jour comme moi.
- Si au moins tu avais pitié de moi, belle-sœur!...
- Shynar écoutait, elle écoutait - et se mit à verser des larmes. Elle n'avait pas besoin de beaucoup d'effort pour s'imaginer une jeune femme tourmentée, qui a froid. Et elle eut pitié - jusqu'à ressentir sa douleur, jusqu'aux larmes.
- Gaoukhar et Biken interrompirent la chanson, et l'une d'elles demanda:
- – Peut-être, tu en veux au destin?...
- – Maintenant, non, répondit-elle.
- – C'est tout juste une chanson, la consola la seconde. Biken et Gaoukhar se mirent à réfléchir: quoi chanter pour dissiper cette humeur mélancolie de Shynar. Elles entonnèrent une des chansons de Birjan, poète et chanteur réputé dans leur région, une chanson de mariage, où il demandait à ses amis Kolbaï et Janbaï, qui d'autre que Lyaïlim pourrait prendre ses abots coûteux de bronze... Et ces abots valent quarante juments, c'est le prix de la fiancée qu'il est prêt à payer, et c'est pourquoi il ne pouvait les réclamer en retour... Le beau-frère Lyaïlim... Les abots valent quarante juments!
- Oulpan et Shynar écoutèrent les chansons - mais depuis quand a-ton installé la balançoire sans qu'on y chante des chansons! Elles firent de la balançoire. Peut-être qu'elles auraient, elles aussi, voulu chanter une chanson ensemble. Mais elles ont grandi dans des lieux différents, éloignés l'un de l'autre, elles n'avaient pas de chansons communes, de chansons d'enfance. En plus, Oulpan ne possédait pas une voix de chanteuse, et Shynar accompagnait timidement en fredonnant, les deux copines.
- Naousha arriva et l'appela:
- – Petite Shynar, on y va... Tout est prêt...
- Oulpan regarda Shynar d'une manière indécise - comment prendre congé des jeunes de l'aoul voisin... Shynar la comprit:
- – Et vous aussi, vous venez avec nous! Tous! - convia-t-elle. Les filles, les jeunes femmes, les djiguites hésitèrent. L'un d'eux dit:
- – Comment pouvons-nous entrer là où est assis M. Esseney?...
- Oulpan comprit qu'il fallait intervenir:
- – Allons-y!..
- Elle serra dans ses bras Biken et Gaoukhar aux épaules, les emmena à la maison de Mousrep, les autres les suivirent.
- Les hommes étaient toujours assis sur le tapis. Oulpan poussa légèrement les filles à table.
- – Esseney, on pouvait entendre le chant d'ici?
- – Oui, on entendait...
- – Les-voici, les deux chanteuses - ce sont les filles des Sibans...
- – C'est bien, les filles... Je ne savais même pas qu'il y avait de si belles voix dans nos aouls. Mais il se trouve qu'il y en a...
- Esseney dit vrai. Il ne connaissait pas vraiment les gens de son aoul, or s'étaient installés ici des gens de différentes lignées et tribus. Quand il avait à voyager pour affaires, il prenait avec lui des Kereys et des Waqs influents, mais des siens - seul Mousrep. Il lui semblait parfois que Turkmène bénéficiait ici à la maison, de plus d'honneur que lui, et il éprouvait de la jalousie.
- On avait mangé toute la viande et bu tout le koumis.
- Les jeunes se séparèrent, heureux de s'être assis à la même table qu'Esseney.
- Ils allèrent se coucher.
- – Nous allons passer la nuit dans l'isba, dit Oulpan et sortit avec Shynar.
- Les hommes passèrent la nuit dans la cour, sur du foin fraîchement fauché.
- Au matin, Esseney dit à Mousrep:
- – Je me suis reposé, comme un cheval qu'on avait gardé dans un pré!
- – Mais bien sûr!. Tu as mangé à satiété de la viande de cheval, bu du koumis, respiré toute la nuit les odeurs de la steppe... - Mousrep commença à vanter son hospitalité, mais Esseney l'interrompit:
- – D'accord, ça suffit... C'est de la même chose que je parle.
- Oulpan les rejoignit dans la cour. Esseney, l'admirait sans le cacher - elle avait bien dormi, d'excellente humeur, elle semblait briller aux rayonnements du soleil.
- – Mon petit Esseney... - Elle avait pris l'habitude de s'accouder au genou d'Esseney, et elle fit pareillement cette fois-ci. – Tu sais à quel point il fait bon de dormir dans l'isba? Et si on en construisait une.
- – Construis-la toi-même si tu veux. Mais je ne sais pas où installer les fenêtres, les portes. Mais fais en sorte que je puisse moi aussi y entrer.
- On attela les chevaux au tarantass d'Esseney. Asrep emmena la chamelle blanche et l'attacha à l'arrière selon une ancienne coutume.
- – Oulpan, tu veux emmener le chamelon avec sa mère?
- – Mais qui va l'allaiter alors? – Oulpan sourit, en se souvenant des mots de Shynar la veille - tu vas l'allaiter toi-même...
- – Tu vas complètement ruiner Turkmène...
- – Tonton Mousrep a lui-même dit qu'il ne voulait pas être riche.
- – S'il ne veux pas, tant pis. Mais il y a aussi Asrep.
- – Ça suffit, c'est mon affaire. Ils devraient encore y rester, ils nous doivent pour toutes les souffrances qu'on a enduré depuis hier!
- Déjà assis dans le tarantass, Esseney rappela:
- – Petite Shynar... Je t'avais promis hier un lot de cadeaux... Dis-moi, qu'est ce que tu désires?
- – Je ne veux rien du tout! Je suis moi-même coupable, juge d'appel-aga, – j'ai prononcé votre nom à haute voix. Comment réparer cela? Je ne prendrai rien.
- – Puisque tu ne veux rien prendre, ça veut dire que je propose peu! Oulpan les interrompit:
- – Encore une fois, elle t'appelle juge d'appel - aga... Elle gâche tout dès que les hommes s'y mêlent! Je vais tout arranger moi-même... Après tout, ne suis-je pas Esseney? On y va maintenant, on doit aussi se préparer pour les pâturages d'été...
- Avant de se séparer, Oulpan se retira avec Shynar de côté:
- – Ce n'est pas fortuit si j'ai parlé hier de la yourte blanche, la yourte de noces. Lorsque vous allez transhumer sur les pâturages d'été, la yourte de noces sera déjà prête... Elle t'attendra... Quant à celle qui est près de votre maison, ne l'emmène pas, donne-la au frère aîné de ton mari. Tais-toi, tout se passera comme j'ai dit!
- Le tarantass démarra.
- Peu de temps après, Asrep prit la route, il tenait la chamelle à bride, quant au chamelon, il ne va nulle part sans elle...
- Shynar le regardait longtemps partir.
-
- Sur le chemin de son aoul, Oulpan était toujours de bonne humeur, elle s'accoudait tantôt au genou d'Esseney, tantôt elle se redressait, elle plaisantait:
- – Mon petit Esseney, tu sais nager?
- – Pourquoi tu me demandes?
- – Je pense que l'eau ne te retiendra pas.
- – Je nage seulement là où je peux atteindre le fond.
- – Je peux t'apprendre, si tu veux?
- – Mais pour quoi faire? À part Kaïran-kol, je peux traverser tous nos lacs, même s'il le faut, je passerai à gué.
- Mais qui et quand l'avait entendu auparavant plaisanter? Par contre maintenant, il essayait très souvent d'arracher un sourire à Oulpan, quand ça lui réussissait.
- On n'était plus très loin de leur aoul, et son humeur changea, dès qu'elles vit des yourtes pauvres, toutes rapiécées, trouées. Elle n'était plus accoudée au genou d'Esseney, elle était assis bien droite.
- – Écoute, Esseney... Comment tu peux accepter une telle misère? Tu n'as pas vu ou quoi? C'est une honte pour eux - pour toi!
- – Il y a plein de chose que je n'ai pas vu. Ça fait déjà sept ans que je viens rarement ici. Je suis tout le temps dans les autres aouls - là où paît le bétail. En été comme en hiver. Mon aoul actuel, c'était chez toi à Karshygaly, là où j'avais laissé la harde de Sadyr. C'est toi qui m'a emmené ici...
- Oulpan avait toujours le visage froncé, mais la voix adoucie.
- – Depuis quarante ans, ces quarante cours n'ont rien reçu de toi pour leur service. C'est pitoyable pour eux...
- – Oulpan, chérie... Tu devrais régler tout ça toi-même et ne pas m'en rappeler! Ça nous suffira, si tu laisses deux hardes de chevaux. Mais ma richesse - c'est toi.
- – C'est la parole d'un homme, petite Esseney...
- Elle s'approcha, mit sa tête sur ses genoux, il s'inclina pour redresser son couvre-chef, et en regardant dans les yeux, Oulpan ajouta pour terminer la conversation:
- – La harde qui est à Karshygaly est à moi. Tu m'as fait cadeau, et je l'ai accepté. Maintenant, je te le rends. Seulement, qu'on les laisser paître là-bas pendant que mes parents sont en vie. Parce qu'ils n'ont pas besoin de beaucoup de bétail. Ça leur suffit que leur troupeau de chevaux marchent avec les tiens. Et je ne voudrais pas devoir à quelqu'un! Je rembourserai nos dettes!
- – Règle ça comme bon te semble... Mon devoir, c'est d'élever le bétail, afin qu'on ne soit pas dans le besoin. Gère-les toi-même.
- Dans l'aoul, proche de la yourte de noces d'Oulpan, se rassemblèrent plus de vingt femmes. Elle les aperçut de loin, et sa joie de la journée d'hier, sans soucis, sans nuages, se dissipa définitivement. Après être descendue du tarantass, Oulpan alla lentement, péniblement vers elles, comme une vieille femme, on poussa des cris d'exclamation pour l'accueillir: «La première épouse vient d'arriver!» «On t'attend depuis le matin, on est déjà fatigué d'attendre...» C'était évident qu'elles étaient venues faire des requêtes...
- Oulpan les salua, et s'assit sans faire un tour à la maison, elle s'adossa contre le mur de la yourte. Cette fois-ci, les femmes n'attendirent pas à ce qu'elle les interrogea sur leurs besoins. Elles se mirent à à parler, en s'interrompant les unes les autres:
- – Mon vieux et moi, on traie douze juments...
- – Mes deux fils paissent les troupeaux de moutons depuis plus de six ans!
- – Douze juments, cinq fois par jour, depuis trente ans...
- – Mais, et si mes fils prenaient ne serait-ce qu'une brebis avec un agneau, pour tout leur travail!
- – Et notre famille? Le père de mon mari, le pauvre, il se souvenait avant sa mort, combien d'années il a travaillé comme valet de ferme, avec toute sa famille dans cette maison, et c'est seulement moi, sans cervelle, qui ait pu oublié cela...
- Oulpan écoutait sans les interrompre, et elle eut le cœur soulagé. Non, ces femmes n'étaient pas venues mendier, ils étaient fatiguées d'attente interminablement, attendre et attendre, elles étaient venues réclamer, et non implorer - n'est-il pas temps de recevoir au moins quelque chose pour le travail, qui d'année en année demeure impayé?
- Leurs familles - à des moments différents et pour diverses raisons, ont fait recours au riche propriétaire terrien, au juge d'appel Esseney, et furent pendant de nombreuses années, ses gardiens de moutons, ses trayeuses, ses vachers, ses gardien de chevaux. Des aides-domestiques presque sans voix et résignés. Et comme des esclaves, quoi qu'ils n'en étaient pas... et la gloire ... Seule la gloire, seul l'honneur - d'être de l'aoul d'Esseney! Quarante familles. Il y a seulement trois ou quatre jours qu'Oulpan était agacée par la résignation avec laquelle ils attendaient l'aumône. Aujourd'hui, elle ne les reconnut pas, et se réjouit de ne pas pouvoir les reconnaître.
- Pendant un moment, les braillements cessèrent, et Oulpan saisit l'occasion:
- – Ne faites pas tant de bruit... Sûrement, ça doit être difficile de calculer, à qui et combien on devrait pour avoir travaillé chez Esseney. Je sais un chose, c'est que Esseney vous doit à tous. Alors, écoutez... Esseney m'a demandé de vous payer ses dettes...
- Les femme criaient:
- – Qu'il vive encore mille ans!
- – Qu'il ait beaucoup d'enfants!
- Oulpan leva à nouveau la main:
- – Esseney a ordonné qu'on donne à chacune de vos familles, une jument avec un poulain. Qu'on donne deux brebis avec des agneaux. Et pour l'avenir, les gardiens de moutons percevront pour cent têtes, une brebis, et deux en hiver. Le gardien de chevaux recevra un cheval pour deux chevaux. Aujourd'hui soir, prenez vos brebis, mais les chevaux - demain. Il y aura des chamelles pour la transhumance aux pâturages d'été.
- Oulpan se leva et entra dans la yourte, elle fut suivie de cris:
- – Bonheur à toi!
- – Que tu aies un fils!...
- – Mets au monde chaque année, comme la brebis met les agneaux au monde!
- Le lendemain matin, Esseney eut une conversation avec Tlemis était resté en visite dans l'aoul quelque temps après les noces, il récupéra les deux juments offertes avec leurs poulains et était sur le point de partir.
- – Tlemis tant que nous sommes en vie, tu n'auras pas moins de tracas, dit-il. – Cette petite femme m'a saisi par le col et ne veut pas me laisser. Maintenant, elle a besoin d'une maison, elle veut la construire. Tu comprends quelque chose dans ce genre d'affaires?
- – Mais les charpentiers russes existent pour quoi alors? On en trouvera...
- – Trouves-en... On doit terminer jusqu'en automne, afin de pouvoir y vivre.
- – Mais, quelle genre de maison? En rondins?
- Oulpan aurait bien voulu apporter des précisions, mais elle n'y connaissait pas vraiment grand-chose:
- – Bah... Comment dire? En bois, bien sûr! On en a vu en allant à Tobolsk.
- – Et où l'installer?
- – Mais ça, on n'a pas encore décidé.
- – Dans ce cas, voilà ce qu'on va faire... Un ou deux charpentiers viendront jeter un coup d'œil. Ils ont besoin de voir où sera située votre maison, comment est-ce que vous la voulez, combien de chambres... Mais pour l'instant, choisissez l'emplacement.
- L'aoul se préparait sans se presser pour les pâturages d'été, quant à Esseney et Oulpan, ils allèrent à cheval pour chercher où se situera leur propriété. Ils furent accompagnés par Shondygoul, le gros, trapu, au cou de taureau et aux épaules exorbitées, et une massue qui pendait constamment à la main. Il était le chasseur, le surveillant des pâturages d'Esseney. Kenjetaï, avec une paire de chevaux attelés au tarantass, attendait leur retour à la place de stationnement de l'aoul.
- Le soleil était encore très bas, et les herbes n'étaient pas encore sèches, elles étincelaient des perles de rosée. Les abeilles et les bourdons s'étaient déjà mis au travail. On pouvait voir dans l'herbe couverte de rosées, les traces de trois chevaux.
- La brise faisait remuer par-dessus la steppe, les crinières des arbres et les taillis verts, multicolores. La crinière... Quand et qui nomma ces forêts - on l'ignore, mais il les décrivit d'une précision remarquable, et l'appellation perdura.
- Les lacs étaient déjà densément peuplées par des oiseaux migrateurs. Les cygnes, les oies marchant dans les roseaux, nageaient en eau libre et, comme une belle femme en face de son miroir, concurrençaient avec leurs reflets. Le bruit des ailes et les sifflements prolongés rompaient de temps en temps le silence, c'était des canards tracassiers qui tombaient dans l'eau, ils se hâtaient à la nage, plongeaient et cancanaient - et se renvolaient vers leurs nids, cachés dans les roseaux au milieu des mottes de marais. Pourtant ces ignobles corbeaux furetaient, et ils n'y avait pas pour eux, plus délicieux repas que les œufs de canards...
- Ils voyagèrent longuement. Le soleil se levait à midi. Shondygoul sur son moreau corpulent se cahotait à l'arrière.
- Oulpan arrêta son cheval, Esseney aussi.
- – Explique-moi, Esseney, pourquoi les Sibans qui font dix aouls, se blottissent le long d'une petite raie près de la forêt, tandis qu'il y a, non loin, tant de terres non occupées?
- – Qu'est-ce qui te le fait croire?
- – Mais c'est toi... Tu me l'as toi-même dit. C'est bien le massif de Kara-kystau, l'ancien lieu d'hivernage? Et tu m'avais montré le lieu où quatre aoul avaient passé l'hiver. Là-bas, en altitude, des chanfreins de chevaux se faisaient voir - pas une seule feuille sur les arbres, ils avaient tout brouté. Pas un brin d'herbe aux alentours. Des points noires, c'était là où se tenait les yourtes...
- – Mais depuis quand les Kazakhs ont-il ménagé des terres? - demanda Esseney.
- – Comment auraient-ils pu la ménager! - s'écria brusquement Oulpan. – Mais la terre t'appartient pourtant! Tu les as limités de tous côtés, en hiver, ils n'ont nulle part où aller! Alors, ils se sont blottis sur leur lopin, ils ont tout brouté jusqu'au dernier brin d'herbe!
- Esseney ne répondit pas. Oulpan se tut aussi. Et Shondygoul les rattrapa.
- – Regarde, M. Esseney... - Il indiqua à l'aide de son fouet en arrière et vers la droite. – Le mieux si vous devez construire, serait là bas, sur la rive escarpée du lac.
- – On y va jeter un coup d'œil? - proposa Esseney.
- – Comme tu veux...
- Quelques temps plu tard, Oulpan s'approcha d'Esseney et posa la main sur son genou. Elle voulait le pincer, mais son corps, rêche comme du cuir brut séché, ne cédait pas à ses doigts. Il ressentit la chaleur de ses mains.
- – Je t'ai vexé?
- – Oui je suis vexé et je pensais l'être jusqu'au soir, jusqu'à la tombée de la nuit... Mais près de toi, les rancunes s'oublient facilement.
- Ils entrèrent dans la forêt - cet endroit portait un nom long: la rive montueuse du lac avec un abreuvoir...
- – Tu peux maintenant choisir, regarde... Pour ne pas regretter âpres.
- Oulpan donna un coup de bride en avant, en direction des méandres profonds du lac, et s'y arrêta.
- – Je préférerais ici...
- Dans la forêt dense, là où il y avait un mélange de bouleaux et de trembles gris-verdâtres, une clairière jonchée d'herbe, semblable à un îlot, et éclairée par le soleil à cette heure de la journée.
- – Quant à ton aoul des domestiques, il sera installé un peu plus loin. Pour nous, nous deux seulement, ce coin est suffisant.
- – J'ai à été ici, répondit Esseney. – J'ai apprécié ce lieux. Mais je voulais que tu le choisisses toi-même.
- – Tu donnes ton O.K.?
- – Oui, c'est parfait. Shondygoul, n'oublie pas cet endroit, tu emmèneras ici les charpentiers.
- – Décidons maintenant, où est-ce qu'on établira les autres aouls?
- – Tu as vu le long du chemin?... Il y a là-bas trois crinières de forêt, toutes étendues l'un après l'autre, et pas plus d'une verste les sépare. Pourquoi ne pas en faire un lieu d'hivernage pour les trois aouls?
- La première des trois crinières, la plus proche du lac, plut aussi à Oulpan, et elle suggéra:
- – Sans Sadyr, tu ne peux rien faire... Qu'il passe l'hiver ici avec les gens de sa lignée?
- – Je donne mon O.K.!
- La forêt suivante en était une vraie, plus dense, il y avait à l'extrémité est, un lac peu profond.
- – L'aoul d'Elaman peut s'installer ici.
- – Tu parles de Turkmène?
- – Tu n'arrêtes pas de répéter - Turkmène, Turkmène. Laisse tomber! Parmi les gens de ta lignée, je n'ai rencontré personne qui soit Siban et mieux qu'Asrep et Mousrep!
- – Je laisse tomber... Ce massif s'appelle Eltin-jal, on pourrait installer deux aouls ici sans se gêner les uns les autres.
- – Installe qui tu veux. Tonton Mousrep, il peut s'entendre avec tout le monde.
- Oulpan n'avança plus. Sans regarder, elle détermina la dernière raie de forêt pour Imanaly. Au moins, il sera loin d'elle, de sa maison.
- Esseney ricana:
- – Imanaly et toi, êtes comme deux étoiles au firmament, et l'une veut absolument obscurcir l'autre.
- – Mais pourquoi? - Oulpan haussa les épaules. – Mon étoile est constamment près de la tienne, et elle me procure lumière et chaleur. Tu vois, même Mouzbel-tory est d'accord... - Le cheval secouait la tête, pour chasser les moucherons, et Oulpan reconnut: – Je fais exprès de le garder attaché à la membrure de la yourte. Imanaly, dès qu'il voit le cheval, ta compensation, il est prêt à éclater de colère!
- – Ah bon... - il secoua la tête. – Mais, et l'ancien lieu d'hivernage?...
- – Pour l'aoul de Bespaï? - proposa-t-elle. – Tout entier?...
- – Mais on n'y peux rien pour toi! Oui, tout entier.
- Au cours des derniers mois Oulpan a appris à prendre soin non seulement des accoutrements... Quand elle voulait obtenir quelque chose, elle utilisait la bouche d'Esseney pour dire ce qu'elle voulait, et quand elle disait quelque chose d'elle-même, elle convenait d'abord avec lui. Et Esseney la soutenait: «Voici, cette petite femme dit que...» Il était satisfait d'Oulpan, et elle était satisfaite de son Esseney. Ils avaient gardé en mémoire cette période comme celle de l'entente complète.
- Kenjetaï les attendait sur les lieux des campements qu'ils avaient abandonnés. Les chevaux étaient attelés au tarantass, et Kenjetaï à l'ombre d'un arbre secouait méticuleusement le koumis.
- Après un long voyage sous la chaleur, le koumis était nécessaire, et Esseney entama la conversation avec Shondygoul à propos de sa commission, seulement après que tous aient bu à satiété.
- – Nous regagneront les pâturages d'été dans deux jours ou trois, pas avant, dit-il. – Mais toi, parts sans t'attarder pour installer les aouls.
- – Les installer comme on l'a toujours fait?
- – Mais tu n'as pas entendu ou quoi?
- – Je n'ai pas écouté de quoi tu parlais avec ta première épouse.
- – Eh, beh... S'il ne fallait pas, je t'aurais dit de ne pas écouter.
- Il dut le répéter. Leur aoul sera installé à l'ancienne place, comme toujours. Là où se tenait autrefois Imanaly, l'aoul du grand frère d'Oulpan y passera l'été.
- – M. Esseney parle comme ça de l'aoul de tonton Mousrep, - expliqua-t-elle.
- Donc Imanaly s'installera en bordure, derrière l'aoul de Bespaï, là où auparavant se trouvait Mousrep.
- Sur le chemin, Shondygoul devrait conduire leurs chevaux dans le troupeau et échanger le sien avec un autre plus frais, avant de rejoindre le territoire de campement. Avant d'arriver à l'arbre, où les chevaux étaient attachés, il se retourna:
- – Mais où sera l'aoul des domestiques?
- – Qu'ils installent leurs yourtes plus près du lac qu'auparavant. Et nous, on déplacera légèrement notre aoul.
- Shondygoul suivit ceux qui transhumaient déjà vers les pâturages d'été. Bien qu'il se dépêcha, il faillit quand même arriver en retard. Il rattrapa l'aoul d'Imanaly, lorsque celui-ci prenait la direction de l'ancien emplacement. Imanaly lui-même, enivré de koumis, chevauchait en avant, entouré de bagarreurs et de batailleurs bien connus par toute la lignée des Sibans. Shondygoul retint son cheval, se mit à marcher le pas.
- – Je te souhaite bonne transhumance..., souhaita-t-il au frère d'Esseney, et en réponse à ce vœux ancien, celui-ci devrait répondre par un remerciement.
- Mais Imanaly n'avait d'estime pour personne.
- – N'est-ce pourtant pas à toi qu'on doit demander cette faveur? - dit-il.
- Shondygoul était bien au courant du tempérament de querelleur que possédait Imanaly, et n'avait pas l'habitude d'ignorer ses provocations.
- – Mais, qu'est-ce que j'ai, que j'aurais pu te céder? Ce n'était pas pour venir te saluer que je me suis dépêché pour venir ici. Je suis venu avec un ordre de ton frère aîné - cet été, tu t'installeras derrière l'aoul de Bespaï.
- – Peut-être suis-je devenu Turkmène pour m'installer à l'écart?
- – Ce n'est pas à moi que tu devrais demander cela, mais plutôt à ton frère.
- – Un moins-que-rien, c'est un moins-que-rien - Imanaly grimaça d'un air méchant. – Si tu n'était pas un moins-que-rien, tu aurais dit directement que cet ordre n'est pas de mon frère. C'est l'insolente jeune épouse qui a imaginé tout cela. Elle est arrivée chez nous sans pantalon! Et se met à donner des ordres! Comme dans son aoul de va-nu-pieds!
- Un moins-que-rien, c'est un esclave, sans droits, un tapis, sur lequel tout le monde peut s'essuyer les semelles. Imanaly voulait mortifier Shondygoul - son arrière-grand-père fut un étranger dans cette région, sans famille, sans tribu.
- – Esclave? - s'écria Shondygoul.. – C'est toi le vrai esclave! Qui rampe devant ce grimacier au gros cul? Tu vois, elle est de la lignée Khan! C'est une bâtarde, une fille illégitime Et toi...
- – Hé, ça suffit! – Imanaly enroula son lourd fouet.
- – Vas-y, essaie! – Shondygoul laissa tomber la massue et celle-ci s'enfonça dans le sol. – Je dis, fais tourner la caravane!
- À part crier - moins-que-rien, insolente jeune femme... Qu'est-ce qu'Imanaly pouvait-il faire d'autre? Pour avoir porté main, non pas seulement à l'homme de confiance, mais au dernier gardien de moutons d'Esseney, tu aurais à payer d'un cheval, et ce ne serait pas tout, tu aurais à payer en plus un manteau de fourrure coûteux.
- Pour se calmer, Imanaly injuria insolitement Shondygoul, ainsi que toute sa lignée. Mais il fit tourner tout de même la caravane à l'endroit indiqué. Shondygoul, pour ne pas se laisser faire, insulta aussi grossièrement Imanaly. Seulement qu'au début, on ne mâchait pas ses mots, faute d'indignation.
- – Tu sais... Tu as toi au moins... Tu as une khanoum avec toi!... Tu sais... Ta femme... Elle est comme du lait fermenté dans une outre pourrie!... Je me demande comment tu arrives à dormir avec elle, tu sais, j'aurais à ta place...
- Mais tandis que Shondygoul se frayait un chemin à travers cette épaisse forêt «Tu sais... Tu sais...», Imanaly s'était déjà éloigné, et Shondygoul perdit l'occasion de lui lanter le plus gros clou. Il avançait plus loin, en continuant d'exprimer à haute voix ce qu'il pensait du petit frère d'Esseney.
- Personne à part Imanaly n'eut à l'esprit de discuter. Les autres aouls occupèrent sans objection les lieux que Shondygoul leur indiquait, et commençaient à monter les yourtes. L'aoul des domestiques ne faisait plus partie désormais des plus pauvres - là parmi les yourtes noires, il y en avait des gris cendré. Entre les pieux, il y avaient des cordes tendues pour attacher les poulains agités. Les chameaux blatéraient. Les étalons fiers creusaient le sol de leurs sabots, et leur hennissement sonore était un avertissement: ils n'avaient pas l'intention de céder leurs droits à quiconque... les moutons stupides bêlaient de manière désemparée. Et quand tout d'un coup, le silence paraissait pour un moment, on pouvait entendre des bruits de giclée contre les seaux en fer-blanc - on trayait les juments.
- Le lac Kaïran-kol n'avait pas en vain reçu le nom - limpide. On pouvait voir clairement dans le fond, le lit de sable pur. Les rives étaient jonchées de roseaux qui froufroutaient au vent. Le lac était grand - dès le lever jusqu'au coucher, il reflétait le soleil, et on pouvait organiser aux alentours des compétitions et jeux publiques...
- Il possédait aussi un autre nom - le lac de glace d'Esseney... Ses troupeaux avaient occupé les rives ouest et nord. Les autres aouls de Sibans passaient l'été dans le sud et dans l'est. De temps en temps - lorsque le campement était pollué et encombré d'ordures, on déplaçait les yourtes un peu plus loin. Il en était ainsi jusque tard en automne, jusqu'à ce que l'eau de Kaïran-kol soit presqu'entièrement recouverte par une harde de bernaches. Elles reprennent leur force ici avant un long pèlerinage vers les pays chauds.
- Les pâturages d'été... C'est le temps des réjouissances insouciantes. Réjouis-toi, jusqu'à ce que tu en aies marre. Dors tandis que tu as sommeil. Car à ton réveil - à nouveau les jeux publiques ou la balançoire... Il n'y a aucun travail, mais à vrai dire, il n'y a aussi pas de rémunération. Pour tous sauf les gardiens de chevaux et de moutons. Mais de quoi prendra-t-on soin dans les pâturages d'été où tout le monde est ivre de koumis? Tout vient d'Allah... Et le créateur lui-même t'accordera ton repas du matin. Le destin... C'est un péché de s'inquiéter de l'avenir. En été, il faut penser à l'été et en hiver - à l'hiver...
- Sur les pâturages d'été, différents aouls se retrouvent côte à côte. Les chansons, entonnées par de nouveaux chanteurs, s'entremêlent. Les coursiers réunis de différents endroits montrent leur vitesse dans les compétitions publiques autour du lac Kaïran-kol. À la balançoire, les jeunes filles faisaient connaissance avec les djiguites, ils essayaient de se familiariser. La recherche en mariage peut se terminer ici par une querelle, et la querelle - mener à une proposition de mariage. Des amis peuvent se séparer pour toujours, et des ennemis - se réconcilier...
- Shondygoul eut le temps de faire le tour et de communiquer à tous, les instructions données par Esseney. Maintenant, il aperçut de loin le cheval brun-roux de Tobolsk - qui allait facilement à toute bride sans ressentir le poids tu tarantass de Tobolsk, dans lequel étaient assises trois personnes. La steppe avait, semble-t-il, réveillé chez le cheval de ville, le souvenir de ses ancêtres sauvages, et le brun-roux filait sans même toucher le sol des sabots.
- Est-ce Mousrep qui vient de passer? Oui, c'est lui. Et Shondygoul partit pour l'intercepter.
- – Bonne transhumance...
- – Merci pour ton vœux, Shonda-aga...
- – Esseney m'a demandé de vous transmettre d'occuper votre yourte de noces, elle est située à la nouvelle place, à Eltin-jal.
- – Alors, viens le soir... On va pendre la crémaillère.
- – Je ne peux pas. Imanaly m'a lui-même invité.
- – Oh!.. - Mousrep présenta ses respects. – Comme c'est lui, on ne peut pas rivaliser avec lui!
- Ils se mirent à rire tous les deux, en se comprenant parfaitement l'un l'autre. Shynar sourit aussi - elle avait déjà entendu parler du frère cadet d'Esseney. Et Naousha, bien qu'elle ne comprenait pas parfaitement de quoi il s'agissait, sourit elle aussi.
- Une yourte de noces recouverte de meules se démarquaient par la verdure des herbes. Shynar accouru immédiatement vers la yourte, Naousha la suivit.
- Mousrep, sans se presser - il avait tout l'été devant lui - détela son cheval, ôta le collier et l'avaloire décorés d'argent brun, il attacha le brun-roux à la membrure de la yourte. Il déplaça le tarantass sur le côté, en le tenant par les brancards, pour qu'il ne dérange pas, puis les souleva. Il ne se pressait pas à la yourte, il admira encore son cheval, et son tarantass verni - le vernis brun brun prenait une teinture dorée à cause du soleil. Maintenant, dans les aouls, on a au moins une certaine possibilité de se procurer absolument tout ceci.
- De loin, se faisait entendre le grincement monotone de l'araba. Mais il ne cassait pas les tympans - on s'y était habitué après de longues années de longues routes.
- Shynar jeta un coup d'œil à l'extérieur de la yourte:
- – Mousrep, j'ai besoin de toi... Monte à cheval - et va au bord du lac, me rapporter de l'eau. C'est la dernière fois que je te demande quelque chose.
- Mousrep s'éloignait au galop, et le seau résonnait. Shynar prit le samovar qui se trouvait dans le tarantass, et ôta le couvercle.
- – Maman! - appela-t-elle. – On mettra ton samovar, il bout plus vite.
- Le grincement des roues se rapprochait. Shynar connaissait dès son plus jeune âge, les ritournelles et savait elle-même chanter:
- Elle n'a pas de jambes,
- Mais elle laisse des traces...
- Elle tient de ses mains, le cheval par le flanc...
- On l'entend de loin sous le silence,
- chanter une chanson ancienne
- en tout parfait accord.
- Asrep s'en alla avant eux, ils le devancèrent en chemin, puis il arriva enfin sur le lieu, et Shondygoul l'avertit où il fallait tourner.
- Les biens d'été des deux familles entrèrent dans quatre arabas à deux roues. Asrep chevauchait en avant sur une jument attelée, suivie de deux autres liées l'une à l'autre. Janisha était assise sur la dernière.
- Avec un long grincement, les arabas se figèrent sur place. Personne ne savait alors ce qu'il fallait lubrifier, les essieux et les moyeux de roues s'étaient effrités les uns contre les autres. Et Asrep poussa un soupir de soulagement. Il détela les juments qui n'avaient pas encore de poulains, et leur mit les dossières au garrot.
- Shynar et Naousha sortirent pour aider Janisha à ôter les bagages. Depuis la maison, Shynar insista qu'elle aille avec eux dans le tarantass, mais elle ne put convaincre Asrep. «Mais avec qui vais-je me quereller en chemin pour les pâturages d'été? J'ai forcément besoin d'une telle personne, or n'accepterait cela à part ta tantie».été
- – Belle-sœur, le thé est prêt? - demanda-t-il en premier – Mes félicitations pour ta yourte de noces!
- – Tout de suite, tout de suite, tonton, - répondit-elle. Elle n'avait pas de temps pour le thé - à peine Janisha descendit de la selle, Shynar la tira pour visiter la yourte de noces.
- Elle était petite, à six côtés, de feutre blanc de bonne qualité. C'était le rêve des femmes kazakhes originaires des familles à revenus moyens. Il y avait sur le feutre blanc, des rubans multicolores qui réjouissaient les yeux.
- – Que le bonheur s'installe dans ta yourte de noces, chérie...
- À l'intérieur, Dameli - une veuve du même âge que Janisha, - fixait rapidement et habilement sur le treillis, des graminées tressées multicolores, ornées de motifs et qui servent de tapis sur le mur. Elle fut aidée par sa fille, celle-ci avait environ douze-treize ans. Elle ressemblait visiblement à sa mère et possédait des mains aussi agiles. Le mari de Dameli langue, de l'âge d'Asrep, est mort il y a deux ans.
- – Et dès je l'ai vue, de loin, j'ai tout de suite pensé juste, c'était bien Dameli qui leur montait la yourte. En pleine forme? Regarde comment Zeïnet est élancée. Viens par ici, chérie.
- Et Dameli s'approcha.
- – Comment tu vas? – Et elle aussi s'approcha de Janisha. – Et ton mari?... Il ne va pas m'échapper dans ce pâturage d'été, tu verras!
- Janisha n'eut pas le temps de répondre – chez les hommes comme chez les femmes de même âge, on a constamment l'habitude de plaisanter... Asrep et Mousrep entrèrent dans la yourte.
- Asrep souhaita également:
- – Que de bonheur, petite Shynar. La yourte n'était ni grande, ni petite, c'était exactement ce qu'il fallait.
- – Pendant que vous traîniez à venir dans votre araba, on a dressé la yourte, affirma Mousrep avec fierté.
- – Tu as certainement toi-même élevé la voûte supérieure? - demanda Asrep.
- – Mais qui d'autre à part moi?
- – La fille du juge d'appel Shakshak! Quand vas-tu brider ton vantard de mari?
- – Mais il a passé plus de temps avec toi, tonton...
- – Il dételait au moins seul les chevaux?
- – Seul bien sûr... Il a même ramené de l'eau du lac.
- – À cheval?
- – Oui, à cheval, le seau en main...
- – Donc, tu l'as à bridé, dit-Asrep. – Bravo, la fille du juge d'appel Shakshak... – je savais bien depuis le premier jour qu'elle était véritablement la fille de Shakshak, mais qu'elle n'avait aucun rapport avec le juge d'appel, il n'avait pas l'intention d'abandonner ses attitudes de plaisanterie.
- La mère de Shynar voulait apporter le samovar bouillant, mais Dameli lui barra le passage:
- – Mais toi! Comment tu peux t'asseoir à la table dans la yourte, tandis que les affaires sont en désordre? Ce à quoi tu habitues la jeune sœur dès les premiers jours, c'est ainsi qu'elle se comportera jusqu'à la fin de sa vie. Il n'y a rien de pire que des tâches inachevées et du pain mal cuit.
- Il est peu probable que ces frères moitié turkmène, moitié kazakhe, soient au courant de telle coutume! – Elle faisait exprès de provoquer Asrep et Mousrep, parce qu'ils ne l'avaient pas encore saluée. – Et toi?.. Quand est-ce que tu cesseras d'avoir peur de ta femme? – Elle posa cette question à Asrep.
- Ils prirent le thé après avoir étalé la nappe sur l'herbe.
- Mais ils n'arrivèrent pas à s'asseoir calmement près du samovar, sans se presser, comme il en est coutume dans toute maison kazakhe. Des filles, des jeunes femmes, des djiguites arrièrent des aouls voisins, les jeunes gens accoururent.
- Dans ces régions, déjà personne ne se souvenait de qui l'avait instaurée, mais on respectait fermement cette coutume: Sur les pâturages d'été, les jeunes dressaient en premier les yourtes des personnes ayant atteint l'âge d'honneur, puis celles des veuves et des orphelins. On gardait les yourtes des nouveaux mariés pour la fin, afin de pouvoir s'y rassembler tous ensemble pour s'égayer, rigoler.
- La clairière éclata de rires, de cris joyeux et excités. Mais dans toute cette cohue, chacun savait ce qu'il avait à faire. On déchargea en un clin d'œil, les affaires de l'araba – et avec un tel nombre de mains d'œuvre, on ne tarda pas à recouvrir de feutre la yourte d'Asrep... Deux djiguites, sans se laisser prendre de paresse, on ramené quatre seaux d'eau du lac. Tandis que quatre jeunes filles ont ramassé et rapporté deux sacs de fumier séché.
- Mais dès que les femmes se mirent à mettre de l'ordre à l'intérieur, les djiguites creusèrent un trou devant la yourte de Mousrep pour le chaudron. De l'eau, du fumier séché, un trou... Il n'y avait pas meilleur moyen de dire - mettez le samovar, mettez la viande à cuire. Qui d'autre devrait célébrer en premier la pendaison de crémaillère sur les pâturages d'été, que les jeunes mariés?
- – Tu as au moins un mouton? - Asrep interrogea son frère à voix basse.
- – On en trouvera...
- – Tu en trouveras...
- Shynar aidée de trois ou quatre nouvelles copines, mit de l'ordre dans sa yourte de noces. Dameli et Naousha donnèrent les instructions - où déposer telle malle, où ranger la literie.
- – Tout est en place, semble-t-il... - remarqua Dameli. – Et tout comme il faut! Rien à ajouter, rien à enlever!
- Après avoir rempli toutes les tâches, les jeunes allèrent se baigner au lac. Sur le chemin du retour, ils dispersèrent les enfants bruyants, embêtants, pour ne pas que ceux-ci les dérangeant. En se rapprochant de la clairière, ils se mirent à deviner, si la maison généreuse, alors le propriétaire de la yourte nous accueillera à porte ouverte, pendant ce temps, le samovar bouillait, enveloppé de vapeur.
- Selon la coutume, dans la yourte des jeunes mariés, les jeunes femmes peuvent se sentir libres. Les meilleures places leur sont réservées, et qui oserait dans leur maison, occuper la place d'honneur? On leur sert le thé et la nourriture au même titre que les hommes, sans aucune distinction. Il n'y a rien de honteux à dire des blagues, à rire. La dombra résonne et les chansons retentissent.
- Lors de telles célébrations pour les jeunes mariés, les soirs aussi, à la balançoire, les talents de jeune fille se manifestent brillamment, mais très souvent, elle s'étiolaient durant les années de mariage, et seulement quelquefois, malheureusement, très rarement, elles brillaient à nouveau, mais s'éteignaient aussi rapidement...
- Shynar et Janisha laissaient la porte de la yourte de noces ouverte. Le samovar bouillait. Les flammes recouvraient le bas du chaudron et celui-ci bouillonnait sans répit, quand le samovar sifflait.
- En imitant les lus âgés, les jeunes saluaient à leur manière:
- – Bonjour, jeune sœur... Bonjour chérie... Installe-toi dans les deux yourtes, tous ne pourraient contenir dans une seule. Dans la yourte de noces, les filles se saisirent des oreillers, occupèrent les places d'honneur et questionnèrent avec présomption la maîtresse de foyer:
- – Tous sont en vie? - C'était un vœu coutumier, pour que la maison e reste jamais sans invités.
- Ensuite - avec un éclat de rire, elle reposèrent les oreillers à leurs places et vaquèrent à différentes tâches:
- – Et la yourte?... Noire, percée de trous! A-t-elle été dévorée par les mites?
- – On ne peux même pas se retourner! De la place d'honneur, on pourrait atteindre le seuil des pieds!
- – Et les malles! Fissurées, froissées, les dentures faisaient saillie, et s'accrochait à tout!
- – Apparemment, la maîtresse de cette maison est une bonne femme peu soigneuse!
- – Mais son mari! Pas mieux qu'elle!
- C'était la coutume, pour préserver la yourte de noces du mauvais œil. On servit le thé, après avoir terminé les adjurations.
-
- – Tu as entendu?... Esseney reçoit un invité russe, du nom de Bedretchik. Il est venu avec des scribes... Il sont entrain d'écrire quelque chose...
- – Ils ont écrit les noms de tous nos lieux d'hivernage...
- – Que celui qui a des arriérés d'impôts soit maintenu à l'écart de l'aoul!
- – Mais c'est ce lâche de Tlemis qui les a emmenés ici! Personne ne lui pardonnerait cela!
- Cette nouvelle sonna l'alerte, certains essayèrent même pendant un temps de se cacher de Bedretchik et de ses scribes. Mais Bedretchik repartit aussitôt, et circula alors une rumeur quelque peu superstitieuse que les arriérés de tous les Sibans furent payés par Esseney lui-même.
- Un certain russe Bedretchik - il était maître d'œuvre, de la lignée des Cosaques, Ivan Mekaïlo Poushkar, surnommé le Diable. Il était venu signer un contrat avec Esseney pour la construction de leur propriété, pour voir le lieu où installer la grande maison de quatre chambres et la villa de deux chambres pour les invités. Ils convinrent également de construire deux granges pour les produits d'agriculture, une salle de bain blanche.
- On ne parla plus d'impôts, de prélèvements, et ceux qui s'étaient cachés à bon escient, commencèrent à retourner dans leurs aouls... Il s'avéra que Tlemis fut accusé à tort de lâcheté et de perfidie.
- Esseney célébra son aménagement aux pâturages d'été seulement après avoir accompli toutes ses tâches.
- Du plus jeune au plus vieux, il invita tous ceux qui passaient l'été au bord du lac Kaïran-kol. Imanaly, qui se sentait toujours offensé, arriva même avec les siens.
- Les invités furent accueillis avec honneur. On servit aux aksakals les têtes de yearlings avec les orbites béantes, aux hommes plus jeunes - des têtes de béliers aux yeux docilement fermés et les oreilles pendantes de confusion. On avait bu le koumis, sûrement pas moins que l'eau du Kaïran-kol.
- Après avoir mangé, Esseney conduisit les aksakals et les karasakals à la colline en dos d'âne située derrière l'aoul. Sur cette colline - la colline du conseil, la colline des décisions - il n'avait depuis longtemps réuni les gens de sa lignée. Il n'avait pas besoin de conseils, il prenait les décisions lui-même. Ce qu'Esseney jugeait bon était bon pour tous les Sibans. Sa force, sa gloire les couvrait d'un bouclier solide. Il n'avait jamais pensé que la dépendance et la servitude, est une gêne pour les gens et ceux-ci mènent une vie comme un cheval enchevêtré.
- Oulpan, force de cet amour tardif qui visita la yourte d'Esseney, l'emmena à y penser, et elle était désormais invisiblement présente sur la colline quand il prononça:
- – Oh, gens de ma lignée!... Durant de longues années, je n'avais pas remarqué l'état pitoyable dans lequel vous vous trouviez, mais désormais le ruban est tombé de mes yeux. J'ai vu les vieux endroits d'hivernage... Sur le chemin de Kaïran-kol, j'observais le déroulement de la transhumance. Vous avez à peine pu rejoindre les pâturages d'été, certains sur de vielles patraques, et d'autres à pieds. Et alors?... Sans mon accord, personne n'oserait bouger de sa place, vous resterez ici jusqu'à l'automne, et après vous retournerez aux anciens lieux d'hivernage, et ainsi d'année en année. Les enfants, les femmes vont grelotter de froid à nouveau. Parmi ces enfants qui, d'une manière ou d'une autre, auront subsisté jusqu'en hiver, la moitié, pas plus, verra le printemps venir... Mais, seront-nous réellement une tribu forte, influente, si une telle vie se poursuivait? Je vous ai fait appel aujourd'hui, pour en parler, pour entendre votre avis...
- Le vieillard chenu Bakberdy, le premier d'entre les anciens, jeta un regard attentif sur Esseney et dit:
- – Je vois que Dieu veut mettre dans ta bouche de bonnes paroles, des paroles raisonnables... Parle, ne retiens les mots, Esseney.
- – Je vais m'exprimer... Pour commencer, nous allons cesser de passer non seulement l'été, mais l'hiver dans les yourtes. Il n'y a rien de honteux que d'essayer de vivre comme les autres, les Russes. Que nos femmes et nos enfants soient désormais au chaud. Je mettrai à votre disposition des terres parmi celles que je possède, pourvu seulement que vous vous construisiez des isbas. Quant à moi... Ma maison sera située sur les rives de Souat-kol, les contremaîtres russes l'entameront bientôt. Et aussi, n'oubliez pas l'adage: «Le pauvre ne deviendra jamais riche, si en été il n'a pas fait de provisions pour l'hiver». Il faut faucher le foin, semer le blé. Asrep et Mousrep le font déjà, demandez-leur, y a-t-il du mal en cela?
- Il indiqua, quelles parcelles appartiendraient à quels aouls. Le silence fut rompu par des cris:
- – Dès qu'on aura la terre, on construira des maisons!
- – Quant à faucher le foin? Ce n'est pas chose difficile, que d'apprendre à manier la faux!
- – Beh, oui!... Mais il suffit seulement d'avoir de quoi faucher! Beaucoup criaient, certains étaient silencieux, seul Imanaly, son frère, comme d'habitude, commença à se chamailler:
- – Que celui qui le veut, construise une maudite cheminée! Pour l'hiver à la maison! Que chacun décide! Moi je n'en ai pas besoin, même pour des kopecks. Nos grands-parents, nos arrières grands-parents sont nés, ont grandi et sont morts dans des yourtes de feutre! Et tout était normal, ils ne sont pas morts...
- – Tu en construiras..., coupa Esseney.
- – Jamais!
- – Tu es sûr... Tu finiras donc par souffrir, ne te plains pas alors.
- – Et si je dois construire, ce sera seulement à Eltin-jal. Ma terre! Ma propriété!
- – J'ai dit que je donnais Eltin-jal aux aouls d'Elaman et d'Artykbaï-Otarbaï...
- – Je préférerai incendier Eltin-jal que de le donner à Turkmène!
- – Allez, ôte-toi d'ici! - gronda Esseney. – Va-t-en! À cause de toi, la moitié des Sibans ont fui dans toutes les directions! Va-t-en! Je ne veux plus te voir... Tout se passera comme j'ai dit! Va-t-en!
- Esseney tremblait de colère, de telles crises ne lui arrivaient pas assez souvent, parce qu'on n'osait rarement le contredire... Même Imanaly ne l'avait jamais vu dans un état pareil, il fut pris de peur, rebondit et courut en descendant de la colline.
- Esseney resta longuement silencieux, avant d'être sûr de pouvoir s'exprimer tranquillement aux siens:
- – C'est tout ce dont je voulais vous parler...
- Il se leva et se retira dans sa yourte.
- Les aksakals et les anciens se séparèrent aussi. Entre eux, ils condamnaient la conduite d'Imanaly et demandèrent à Allah le Tout Puissant de prolonger les jours d'Esseney et de sa première épouse, Oulpan.
- Alors que les hommes étaient sur la colline, Oulpan s'apprêtait à servir le thé aux femmes âgées.
- Dameli étala la grande nappe à motifs, à peine étalée sur le sol, firent irruption dans la yourte, les fils d'Imanaly, sans retenue, ils avaient douze et treize ans. Ils couraient tout droit et la nappe se retrouva sur leurs épaules. Ils s'étendirent sur le tapis, où Esseney s'asseyait toujours, ils faisaient des grimaces, et s'étant couverts de la nappe, ils se mirent à ramper au sol, se heurtant aux femmes qui étaient assises. Celles-ci n'osèrent dire mot, un silence régna dans la yourte...
- Dameli fut sans crainte.
- – Aïtolkyn... - s'adressa-t-elle à la mère des garçons. – Pourquoi les laisses-tu faire? Pourquoi tu ne leur dit pas d'arrêter?
- Mais toute la famille d'Imanaly lui ressemblait.
- – Ah, toi la lécheuse de plats! Tu te cherches des faveurs! - s'écria de toute voix Aïtolkyn. – Mes fils, quoi qu'ils fassent, ils sont chez eux! Ils sont maîtres! Que les femmes errantes sans foyer cessent de s'imaginer qu'elles vont jouer le premier rôle dans notre aoul!
- – Dommage que ce ne soit pas ma maison... - dit Dameli, elle connaissait elle aussi toute sorte de mots. – Ç'aurait été la mienne, je leur aurais donné un coup de pied dans le cul, comme des chiens! – Elle arracha la nappe aux garçons, elle leva la main sur eux: – Allez, foutez le camp d'ici!
- Ils firent encore quelques grimaces, taquinèrent Dameli - la langue elle avait été montré, mais sortirent tout de même de la yourte, aussi précipitamment comme à leur entré.
- Oulpan rompit le silence en premier:
- – Belle-sœur, souviens-toi... - elle ne regardait pas Aïtolkyn,elle parlait tranquillement. – N'élève plus la voix, la prochaine fois que tu entreras dans cette yourte. Cette yourte a passé sept ans sans maîtresse de maison. Tu penses que tout t'est permis? Mais le le temps est venu où la maîtresse peut dire: Va-t-en d'ici...
- Ils commencèrent à peine à prendre le thé, lorsque de l'extérieur se fit entendre un cri désespéré du chamelon, suivi de celui de Kenjetaï: «Hé, vous, espèces de chiens, qu'est-ce que vous faites?», et ces gamins se mirent à hurler comme si on leur tranchait la gorge...
- Oulpan, ayant entendu le cri de son animal préféré, sortit avec précipitation... Il y a à peine quelques jours, elle avait demandé de délimiter par les arabas, une partie de terre pour chamelon blanc - il avait les pieds déjà fermes, et la chamelle voulait à tout prix retourner à la maison avec lui. Dès que le vent souffla du sud, des régions lointaines, d'où elle provenait, elle leva la tête et se rendit difficile, est allait obstinément dans cette direction, jusqu'à ce qu'il la rattrape et la ramène.
- Les garçons, les mains à la hanche, se roulaient dans l'herbe et continuaient à hurler.
- Oulpan riait au début - il en a eu gain de cause... Mais par la suite, elle sursauta et accourut vers l'enclos. Le chamelon secoua la tête d'un air impuissant, il coulait des larmes , il pleurnichait comme un petit enfant. Sur les pâturages, la chamelle accourra vers lui, en rejetant vers l'avant ses longues pattes. Elle prenait son élan et cognait l'araba jusqu'à ce que les djiguites ne lui ouvrent le passage.
- Le chamelon cessa de pleurnicher, se jeta sur sa mère pour téter. Il leva la tête, il avait un œil fermé, certainement après avoir heurté un bâton ou une pierre. Oulpan lui donna du sel, le chatouilla au cou, lui gratta derrière les oreilles.
- Aïtolkyn se précipita après avoir entendu les cris des garçons.
- – On les a tués! On a tué mes petits! Qui a osé leur porter main! Étrangers insolents, on a désormais des maîtres! Pour que les Kalmouks viennent s'emparer de cet aoul.
-
- ...
Esseneï s’est assis et enfin il a pu se redresser.
-Où est Myrza lui-même? – a-t-il demandé.
- Cette paysanne, sa femme, dit qu’il est parti dans le village pour acheter du sucre et du thé. Elle dit qu’il est parti il y a longtemps, il va bientôt revenir.
- C’est quoi ça, les provisions pour trois jours ne lui ont pas suffi?
- Peut être, il est resté quelque chose! On a appelé pour le thé - on y va?
Esseneï et Ulpan n’ont pas eu le temps de faire une gorgée des pialas, que Biken avait remplis, et qui était assise près du samovar et Gaukhar les a passés, les akynes, les chanteurs, ceux qui jouaient de la dombra ont fait irruption, ils sont venus pour féliciter Musrep avec la naissance du fils.
-Musrep!..
On nous a dit hier, et voilà nous sommes ici
pour célébrer tes louanges et te rendre le salut.
Le toï durera dix jours et nuits!
On va partager ta joie!
Et le jeune akyne, appelé Mustafa, ayant aperçu Biken et Gaukhar, a commencé à chanter en les saluant:
-Il y a deux jeunes filles chez les sibanes,
On les appelle Gaukhar et Biken...
On n’a pas besoin du rossignol si elles sont à côté! Leurs chansons font les jiguites prisonniers.
Le toï durera dix jours et nuits!
Le ruisseau sonore des chansons ne se taira pas...
Mustafa était en train d’engager les jeunes filles dans une compétition verbale et il a commencé à insister en voyant qu’elles ne répondaient pas. Mais l’homme plus âgé s’est adressé à Esseneï:
-As-salam alaykum, Esseneï-aga, - dit-il à haute voix pour que ses amis fassent attention à l’hôte d’honneur et ne prennent pas trop de libertés.
-Passez...- Esseneï a reculé un peu pour libérer de la place. – Vous êtes toujours le bienvenu dans la maison du khane ainsi que dans la maison du pauvre...
Bien entendu... Les gens connus, les akynes, les chanteurs et les jiraux – les exécutants des légendes et des dastanas populaires. L’akyne Charket était parmi eux. L’aveugle akyne Togjan était là aussi. Niaz-seri, l’akyne Sapargali. Et avec eux il y avaient encore trois jeunes hommes qui devraient encore se faire un nom. Les vieux et les jeunes, ils ont tous salué le plus connu et le plus célèbre des Segiz-seris. Les parents lui attribuaient «Kozi-Korpech et Baian-Sulu», «Kiz-Jibek», «Er-Targyn» - les dastanas éternels, dans lesquels les khazaks se reconnaissaient, leur douleur et leur joie, avec lesquels toute leur vie passait, dès le bas âge jusqu’à l’âge avancé. Est-ce que Segiz-seri¹ les a composés lui-même ou les dastanas ont été soumis à son arrangement pendant de longues années de l’exécution. Mais il n’y avait aucun doute que les chansons «Kargach», «Gaukhar-tas», «Aïken-aï», lui appartenaient, c’étaient les chansons qui accompagnaient la personne toute sa vie.
Ces chansons ne s’oubliaient pas, bien que les nouvelles chansons apparaissent – les chansons Birjan-sala, Paluan-Cholak, Akhana-seri – et on les chantait dans toute la steppe, d’Orenburg jusqu’à Omsk. On ne pouvait plus comme avant commencer par deux lignes permanentes qui eux-mêmes ne signifiaient rien, mais étaient seulement une allocution abstraite vers la chère – oh, kalkam-chrak!.. Et seulement dans les distiques suivants on trouvait ce à cause de quoi une chanson devenait la chanson. Et maintenant personne ne composait plus, c’était Segiz-seri de la tribu des kereïs qui a posé la première pierre au nouveau courrant. Esseneï suivait avec plaisir la conversation avec les akynes, il questionnait sur la vie de leurs auls, plaisantait et puis
¹Seri(s), et aussi sal – ce sont les poètes et les compositeurs qui étaient les exécutants de leurs propres chansons.
il les a invités – il voudrait les voir dans sa maison, il arrangera un toï, et quand – Ulpan leur dira.
Ulpan était heureuse – Esseneï s’était retabli, il est venu dans la maison de Musrep lui-même, il était joyeux et animé. Et maintenant dans leur maison les akynes et les chanteurs, que le Dieu avait doué de l’habilité – de trouver les mots de telle manière pour exprimer les pensées et les sentiments les plus secrets et pour accompagner ces mots avec de beaux sons.
Chynar ne se levait pas, et Biken et Gaukhar étaient jeunes, c’est pourquoi Ulpan a dû prendre des responsabilités de la maîtresse.
Tandis que les hommes parlaient, elle s’est retournée vers Chinar:
-Tiens, le fainéant... Qu’est-ce que tu as dans le chochal, il faut tout mettre dans la chaudière.
- Va et dis aux nôtres..Suis tout toi-même. Si tu ne contentes pas les akynes en quelque chose, si j’entends au moins une moquerie d’eux, ... !
- On pourrait croire que je connais pire que toi comment accuillir les hôtes!
Dans le chochal Janicha faisait frire les baoursak dans la graisse bouillante, et la mère de Chinar moulait le blé sur la meule de mains.
- Oïbaï, apa...Je m’assieds près de la meule et toi, commence à cuire. Les akynes sont venus, les chanteurs...
- Eee, Aknarjan...Moi...Tu sais...On ne ménagera rien aux hôtes. Et ton agaï est allé dans le village, dans la boutique, il ne reviendra sans rien dans les mains...
- Si c’est comme ça, je vais me moudre de la farine pour un petit pain, - Ulpan a dit d’une manière indécise et s’est mise à tourner la meule avec force.
Elle est restée dans le chochal, elle les aidait, en attendant que le dîner soit préparé.
Après le thé dans le salon les cordes ont retenti sans ensemble – les akynes accordaient les dombras.
Aujour’hui Charket-sal a vu Esseneï,tel qu’il ne l’avait jamais vu, pour la première fois – où a disparu sa séverité, l’absence de sourire, son indifférence vers la chanson et la dombra?.. Il était assis complètement égal avec les autres et Charket-sal a chanté ce qu’il sentait:
L’akyne te fait ses amitiés, les salutations de l’akyne sont son cadeau généreux! Oh, Esseneï!..Le printemps fondra la glace, et le nom du printemps est Aknar,..
Elle a pu courber l’épée de damas, courber sans casser...
Charket a dit et il ne se rétractera pas!
Il fallait répondre:
- Votre jenechet est saine et sauve, - Esseneï a souri. Nous avons vu nous-mêmes. Et maintenant elle chauffe le four, elle porte le cendre dehors. – Il ne s’est pas du tout irrité que Charket, ayant appelé Ulpan le printemps, l’a blessé, - et la glace a fondu dans son âme, les belles mains fortes ont pu courber l’épée de damas...
Mais Charket-sal n’a pas encore fini.
- Qui n’a pas entendu parler de notre jenechet?
De sa beauté, de son âme douce?
Et l’Allah lui-même, pas tôt ou tard,
L’avait envoyée pour le bonheur de tous les sibanes.
Et de nouveau Esseneï a pris la parole: - De tes paroles, Charket-sal, on n’en peut reprendre aucune. Ce sont de bonnes paroles. – J’ai été coupable dans plusieurs malheurs des sibanes. Et maintenant chacun a son logement, le bétail et ils reçoivent de la paie pour leur travail... Qu’ils disent du bien d’Uchan!
Les akynes ont demandé une permission à Esseneï de s’absenter pour féliciter Chynar. Ils étaient amis avec Musrep, ils visitaient sa maison, et sa femme n’était pas étrangère pour eux. Dans sa chambre les mains de l’aveugle Togjan ont touché les cordes:
- Comme le soleil et la lune – deux femmes des sibanes.
Aknar...Chynar...
Comme des fleurs éclatantes!
Chynar, j’ai entendu dire que tu es belle,
Tu es devenue le destin de Musrep, son bonheur,
Et que votre fils – par le chemin des caravanes –
Passe sans chagrin et sans vanité.
Chynar a dit timidement:
-Togjan-aga...que vos vœux se réalisent... J’ai un surtout par-dessus la couverture. Je vous le jetterais sur les épaules moi-même, mais il m’est interdit de me lever. Prenez vous-même...
Elle a fait un mouvement – elle a déplacé le surtout, offert par Esseneï, et Togjan s’est approché avec précaution au son de sa voix , il a levé le surtout à tâtons et l’a jeté sur les épaules.
-Maintenant je regrette que je ne sois pas un simple pauvre du clan des sibanes, mais je sois l’akyne du clan des atigaïs...On dit, que vos parents ont la possibilité de verser un kesse de kumis à ses hôtes!
Il est probable que le vieux aveugle akyne a eu des difficultés dans la vie, et par hazard une plainte a éclaté, la voix a résonné tristement, mais il n’a plus continué à parler de soi, et s’est adressé à Chynar de nouveau.
-Chynarjan, je veux dire que personne ne couvre le vieux cheval décharné avec du caparaçon de soie. Tu m’as rendu respect, tu m’as offert un surtout...Je t’ai rendu respect et j’ai accepté le cadeau. Mais tu dois porter toi-même, porte au bonheur...- Et le surtout a recouvert la couverture.
Quand Musrep est revenu à la maison, Togjan-aga chantait «Kiz-Gibek», de son amour et ses souffrances, de la fermeté et de la fidélité...
Musrep a salué tout le monde et puis il a dit:
-Continue, Togjan, continue, ne fais pas attention à moi...- Et il s’est dépêché chez Chynar.
Elle a demandé d’un air préoccupé:
-Est-ce que tu as apporté quelque chose? Les akynes ont décidé ...
-Ne t’inquiète pas, la mère respectable de la famille! Je savais en avance qu’ils passeraient notre maison. On a tout...Et en général les akynes sont les gens chanceux, est-ce que tu ne le sais pas...
Il est revenu chez les hôtes avec deux grands couteaux dans les mains.
- Ne voulez-vous pas mourir de la faim?
- On ne veut pas..
- Que deux de vous sortent, Asrep attend dans la cour. Et prenez les couteaux.
On exécutait le dastana sur le destin de la jeune fille appelée Jibek sur la terre des kereïs telle qu’elle avait été laissée par Segiz-seri; Mustafa était le fils de Segiz, il accompagnait souvent son père, et maintenant, à la prière de Togjan, il corrigeait les passages inexacts.A ce moment-là il a pris un couteau et il est sorti. Et Togjan s’est tu jusqu’à son retour.
Esseneï a commencé à faire une blague:
-Musrep...Les hôtes n’ont pas eu le temps de passer un peu de temps à ton dastarkhan et tu les chasses dans la cour. Tu n’as même pas laissé la possibilité de dire de bons vœux à ton fils.
- Et je n’ aime pas beaucoup ce gars là...
- Pourquoi?..
- La tête est comme une chaudière! Est-ce qu’il ne te ressemblera pas? Ce n’est pas en vain que tu es des amis avec Chynar. Ulpan doit avoir raison.
- Ehh, qu’est-ce que tu dis!
- Non, non, je dis la vérité. Je n’ai pas d’autre soucis. Quels soucis? Je n’ai pas de troupeaux, je ne m’inquiète pas à propos de l’hivernage.
- Comment est-ce que vous pouvez être des amis avec un tel homme, dites-moi! – Esseneï s’est adressé pour le soutien aux akynes.
Mais ceux-là voulaient continuer à écouter les blagues des proches et ils ne se mêlaient pas de la conversation.
- C’est comme ça que tu me félicites? – a dit Musrep.
- Et quoi, si ton fils a une grande tête – qu’il grandisse intelligent. Qu’il profite du respect des proches et des éloignés. Qu’il ne cherche pas de petites querelles et des litiges, et qu’il écoute des chansons merveilleuses, et qu’il compose des chansons lui-même, comme Segiz-seri. Allah akbar!.. – Esseneï a passé les paumes sur le visage en penchant la tête.
- Que tes vœux se réalisent, - a dit Musrep avec émotion. – Si le Dieu le donne, ta Aknar mettra au monde un fils qui te ressemble dans huit mois.
En entendant qu’Ulpan est enceinte, les akynes ont exprimé de bons vœux bruyamment, à toute voix et ils ont promis de venir chez Esseneï pour le toï.
Mustafa, qui aidait Asrep dans la cour, est revenu dans le salon, et Togjan s’est mis à jouer de la dombra et a continué «Kiz-Gibek»...Jusqu’à la fin. Et quand les paroles et les cordes se sont tues, l’akyne attendait d’un air éveillé ce que les auditeurs allaient dire.
Musrep a pris la première parole:
-Togjan, tu as bien chanté, mais quand cela arrivait que tu chantais mal?.. Et par comparaison à l’année passée, quand je t’ai entendu chanter pour la dernière fois, tu as fait beaucoup de corrections.
-Ce n’est pas moi que vous devez louer, - a avoué Togjan, - Mustafa m’a aidé, il a retenu l’exécution de son père.
Mustafa est devenu rouge de l’éloge et il a même commencé à se justifier:
-Togjan-agaï exagère mon mérite...Quoi – moi?.. Je chante des chansons d’amour peu compliquées. A vrai dire, peut être il est resté quelque chose dans la mémoire - comment le père chantait... Je n’ai pas d’autre richesse.
Il n’était jamais arrivé aux akynes d’écouter ce que Esseneï pensait de leur maîtrise, mais cette fois-ci il a aussi voulu exprimer son opinion:
-Togjan, pourquoi est-ce que tu chantes que Gibek est la fille du khan? Est-ce que c’est sa seule noblesse? Est-ce qu’un simple homme ne pouvait pas être son père? Le juz moyen et cadet se trouve dans le voisinage sur la même terre depuis déjà bien longtemps. Mais on n’avait pas de khan appelé Syrlybaï qui venaient des fils Jutchi. Et encore, tiens... Quand est-ce que ça pouvait arriver que le khan donnait sa fille à un homme ordinaire? Cela signifie que le bien-aimé de Gibek, Toleguen, doit aussi être le fils du khan. Regarde Musrep, cet homme à barbe noire! Il ne ressemble Tuleguen ni en ce qui concerne la beauté, ni la noblesse. Mais Chynar, celle qui est couchée avec le fils dans la chambre voisine, - est-ce qu’elle est pire que Gibek?..
Musrep a répété que le dastana dans la nouvelle exécution lui a surtout plu:
-Soit la fille de khan, sois non... Mais combien de courage est-ce que la jeune fille doit avoir après la mort de Toleguen pour ne pas se soumettre aux lois patrimoniales? Je pense que Gibek a été la première khazak...
Il a répété ses mots:
Mon pauvre garçon!
Qu’est-ce qui te fait glisser sous la couverture,
Avec laquelle ton frère aîné se couvrait?..
-Elle n’a même pas eu le temps de pleurer auprès de Toleguen..- continuait Musrep. – Et Sansyzbaï est déjà à côté, il recherche déjà son amour! S’il avait un peu de conscience, il aurait démordu de la jenechet juive!
Charket-sal écoutait la conversation avec attention.
-Esseket, vous avez bien dit...- a-t-il commencé – Ça ne peut pas être pire si l’akyne, si le jyraou répète sans penser ce qui lui est arrivé à entrendre et à apprendre. Qui est le batyr, le héros, le sage chez nous? Sans doute le sang de khan coule dans ses veines! Nous l’avons entendu dire et nous le répétons souvent nous-mêmes! On sent même de la fierté quand un khazakh ordinaire arrive à posséder une femme d’origine de khan. Mais quoi – nous!.. Dans la région, d’où Gibek venait, à Priedeliyé, dans la terre submersible des rivières Jaïk¹, Uil, Turgaï, les akynes interprétaient son destin d’une autre manière – tout de même elle se mariait avec Sansyzbaï et trouvait son bonheur avec lui. Mais on ne l’accepte pas, on ne chante jamais de telle manière:...
La fête d’une famille devenait la fête de tout l’aul. La naissance de l’enfant, le mariage, le repas funèbre – tout le
1Edile - la Volga, Jaik - Yaik* c’est a dire Oural.
monde y allait, dès petits enfants jusqu’aux vieux, pour apprendre des nouvelles, écouter les seris glorieux, les akynes, les joueurs de la dombra... Vers le soir dans les maisons d’Asrep et de Musrep les jeunes filles et les jiguites se sont réunis de nouveau, ceux qui étaient venus chez eux le jour précedent.
Quand la personne de Dieu était doué du talent de composer les vers et ses doigts pouvaient faire sortir des sons de la dombra, - cette personne ne restait pas sur place, elle errait d’un aul à un autre avec les maîtres aussi célèbres que lui. Leur mémoire conservait de différents événements de la vie, des histoires touchantes, drôles, tristes et ils sentaient la nécessité de les partager – de partager avec ceux qui avaient besoin de la consolation, du conseil, du mot sensé et fin.
Les akynes répondaient volontiers à l’appel, ils étaient toujours parmi les gens et ils aimaient surtout que les jeunes gens bons et chauds, sensibles au mot de la vérité, les écoutaient. L’avare mourira seul avec son trésor, et la personne généreuse le donnera et deviendra encore plus riche! C’est le Dieu d’art qui l’exige, les vieux – Charket-sal, Togjan, et le jeune – le fils de l’abattu Segiz-seri Mustafa, l’admiraient. C’est pourquoi leur vie agitée passait dans la selle, qu’il ne changerait à aucune autre!
Il ne fallait pas les persuader – sans aucune persuasion ils lisaient les vers, chantaient des chansons, leurs paroles pouvaient réchauffer et saisir du froid, ils pouvaient voiler les yeux des auditeurs avec des larmes et provoquer le rire continu. Togjan a été changé par Charket-sal, Charket-sal – par Niyaz-seri, et puis Mustafa commençait, dans le reflet de la gloire de son père.
L’un vantait le peuple pour sa force et sa fermeté, pour le courage, avec lequel il s’opposait aux revers de la fortune.
L’autre blâmait pour ces qualités qui ne devaient provoquer que des blâmes! Pour l’insouciance, pour la paresse, pour l’indifférence aux proches – et chacun pouvait se moquer, se repentir, et au moins réfléchir. Quelqu’un rougissait des blâmes et l’autre se réjouissait, qu’il y avaient des akynes, desquels on pouvait entendre un mot sincère et juste...
Biken et Gaukhar faisaient leur fonction pendant le thé, elles remuaient et versaient le kumis. Et puis leur tour d’accomplir le devoir de leurs parents est venu – de chanter une chanson à l’honneur des hôtes respectés. En même temps le fait que Gaukhar a lancé un regard vite à Mustafa et a tourné les yeux tout de suite et que celui a remarqué tout de même, ne s’est pas échappé d’Uspan...Et la même chose s’est passé avec Biken – elle ne s’est pas retenue, elle a regardé Kengetaï, lui aussi était parmi les hôtes, mais il n’osait pas prendre la dombra en présence des akines tellement connus.
Les jeunes savaient que ces deux jeunes filles commenceraient comme d’habitude doucement et lentement et, en accélérant la chanson graduellement, elles la meneraient jusqu’aux nuées...Les jeunes se sont tus en attendant.
-Le mot, qui porte, passe comme un trait,
Et il ne passe pas en vain...
Un mauvais homme peut être percé seulement par une flèche!
Le mot ne le prend pas...
Les jeunes filles ont échangé un coup d’oeil, mais leurs voix sont devenues plus fortes pour continuer à mener la chanson, quand soudain le verre dans la fenêtre a volé en éclats avec tintement, et un chokpar lourd avec un renflement au bout a frappé Esseneï, assis à la place d’honneur, avec ampleur au dos entre les omoplates.
-Toi...la tombe de ton père...Le Turkmène!..- un exclamation méchante d’Imanaly a résonné de la cour. – Qui es-tu parmi les sibanes pour interdire de couper des arbres? Je vais te trouver!
La massue tournait d’un air menaçant.
-J’ai tué...Esseï a prononcé ça presque en chuchotant. Ulpan, à côté d’Esseneï s’est levée en sursaut et a tiré le chokpar fortement sur soi et, surpris, Imanaly l’a laissé sortir.
-Va-t-en!.. Un sale type, gredin, gredin! – criait-elle.
Les langues de feu de deux lampes cinq linéaires ont tressailli et ont tendu à la porte, comme si elles se sont dirigées dehors.
La gaieté s’est éteinte tout de suite. Tout le monde s’est levé sur les jambes, les gens ont chahuté. On a entendu le son des sabots derrière la fenêtre – les cavaliers se sont dépêchés de s’éloigner.
Ulpan a jeté le chokpar à la fenêtre brisée et a mis la main à l’épaule d’Esseneï. – Est-ce qu’il t’a frappé avec violence?
Imanaly ne cessait pas de grincer des dents en pensant que les turkmènes et les parents tout à fait éloignés – l’aul d’Andarbaï-Otarbaï - ont reçu leur meilleure forêt, Eltin-okal. Andarbaï n’allait pas encore batir la maison d’hiver et ses yourtes étaient vues dans différents coins de la forêt, mais Asrep et Musrep se sont installés au milieu, dans les usages Eltin-jal a été déjà nommé Musrep-kystau, l’hivernage de Musrep.
Le cerisier poussait d’une manière épaisse ici, sur la lisière sud, et si on allait à cheval, les sabots du cheval devenaient rouges des baies de la ronce et de la fraise. L’ail sauvage poussait dans le vallon de la forêt, les abeilles bourdonnaient en cueillissant le rançon de différentes herbes riches.
Asrep et Musrep se sont choisi un terrain où il y avaient des bouleaux hauts et bien alignés, - avec des troncs blancs, le feuillage vert claire touffu.
Imanaly, qui avait annoncé, qu’il était né, avait grandi, avait habité et mourirait dans la yourte et qu’il n’aurait aucune maison d’hiver, mourait de l’envie maintenant et avait décidé – pour contrarier tout le monde – de construire un kystaou. Pour cela il a eu besoin des bouleaux, ceux qui entouraient les maisons de deux frères.
La haine envers Musrep s’accumulait bien longtemps dans l’âme d’Imanaly, et cette haine cherchait une sortie. Il devait prouver en public qu’Imanaly c’était Imanaly...Et Musrep?.. Un descendant misérable de l’esclave, d’un turkmène, et il s’est pris pour un grand homme! Pour cela il valait la peine de troubler la fête dans sa maison, d’humilier, d’injurier, de dissiper leur joie en cendres.
A midi encore, Imanaly avec une dixaine des jiguites, armés des haches, a apparu au bout opposé de la boulaie et a fouetté un des arbres:
- Couper, aujourd’hui. Tous, sans exception.
Et il est parti.
Et juste en ce moment-là Musrep revenait à la maison du village avec les achats et a fait galoper le cheval quand il a entendu plusieurs haches qui frappaient. Un des bouleaux, en chancelant, est tombé par terre, en cassant les jeunes, petits bouleaux quand il tombait.
«Les jiguites! Qu’est-ce que vous faites! Ayez peur du Dieu! Qui abat de tels arbres en bois?»
Quelqu’un a répondu d’un air mécontent:
«Est-ce qu’on n’a pas peur du Dieu?...Imanaly...Il a décidé de se construire une maison des arbres abattus».
«Les jiguites...-Musrep continuait à insister. – Il y a des hôtes à l’aul maintenant, ce n’est pas bien...Et dites à Imanaly que je ne lui laisserai pas abattre ces arbres. Allez-vous en...».
Mais une dixaine des bouleaux ont été déjà abattus. Le premier vent les ferait tomber! Les jiguites n’ont pas commencé à discuter avec Musrep. Ils ont enfoncé les haches dans les ceintures et ils sont partis. L’un dit – abattez, l’autre dit- je ne vous laisse pas casser...
C’est pourquoi Imanaly a apparu près de la maison tard dans la nuit.
Esseneï était assis avec les yeux fermés, en serrant les dents de la douleur en omoplate, qui ne passait pas, c’était juste la place où une fois la flèche de l’archer Kenesar l’avait frappé.
Mais c’était mieux d’être blessé dans la bataille de l’ennemi que comme ça, en tapinois, de son propre frère...Imanaly ne pouvait pas vivre un jour sans une querelle, sans une algarade méchante. «Est-ce que j’aurais dit non, - pensait Esseneï – si je voyais qu’Imanaly pouvait devenir Esseneï? Est-ce qu’il ne comprend pas lui-même que chacun vit d’après ses possibilités. Il est têtu et irascible...Il perd les restes de l’esprit pendant les attaques de fureur. Il veut sembler un batyr mais il est devenu
une risée pour tous les parents, pour tous ceux qui le connaissent...»
Il a entendu la voix d’Ulpan.
-Esseneï, je vais t’aider à se lever. Allons à la maison. Musrep et elle, accompagnés des akynes, l’ont conduit vers le traîneau. A la maison Ulpan a mis Esseneï au lit, elle ne le quittait pas...
Et dès lors Esseneï ne se levait plus.
Les nuits sans joie changeaient les jours, les neiges tombaient et fondaient, les arbres faisaient du bruit et le vent frappait dans la fenêtre avec l’automne, en lançant les brassées des feuilles arrachées.
Ulpan n’a pas mis au monde un fils mais une fille, on l’a appelée Bibigikhan, Bigiken, et comme elle chez Chynar, Chynar a passé quelques jours chez elle...Bigiken grandissait, courait déjà, inventait de différents mots comiques.
Esseneï ne se levait pas.
17
Turlybek Kochen-uly restait toujours le conseiller de l’administration des arrondissements khazakhs.
Il est venu d’Omsk avec l’inspecteur Savrasov, qui s’occupait de la réglementation de l’exploitation de la terre, ils étaient accompagnés par l’inspecteur Leozner et le supérieur de Kzil-Jar¹ Demidov. Les khazakhs d’aul n’ont pas pu comprendre qui était le principal parmi eux, qui s’occupait de quoi et c’est pourquoi ils disaient: «Turlybek-toret est venu», - en sous-entendant le poste, pas la noblesse de l’origine.
Uchan les a accueillis dans la villa pour les hôtes, il y avaient deux chambres, chacune avec sa propre sortie, une grande salle spacieuse, une véranda vitrée fermée.
-Comment vous sentez-vous, jenechet? – Turlybek a commencé de poser les questions obligatoires. – Comment va Esseneï? Est-ce qu’il se géurit, est-ce qu’il y a de l’espoir?
-Ça va, mon jiguite-toret². Pendant les derniers cinq ans il ne s’est pas senti mieux mais cela n’est pas devenu pire.
Savrasov s’est approché d’elle:
- Bonjour, Aknar Artykbaevna;
1Kzil-Jar- la ville de Petropavlovsk de la région de Severo-Khazakhstan, était le centre de l’arrondissement intérieur de Petropavlovsk de la région d’Omsk
²Le jiguite – ici le beau-frère.
- Bonjour, - a dit Demidov.
- Enchanté, - Leozner a salué.
- Bonjour, bonjour, bonjour – elle a répondu à chacun – Bienvenue dans notre maison.
Quand un khazakh vient chez un autre khazakh, par convenance il se conduit comme s’il ne voit pas ce qu’il a déjà vu et ne comprend pas ce qu’il a déjà compris. Ceux qui venaient avec Turlybek agissaient d’une autre manière. Sans s’asseoir ils ont visité les chambres et ne cachaient pas quelle impression l’ambiance dans la maison leur avait produite.
-Formidable! Tout un appartement.
-Et comment l’odeur du goudron a été conservé...-a répondu Demidov à l’observation de Savrasov. – On pourrait croire que vous n’avez pas quitté Omsk, et moi mon Petropavlovsk...
-Oui...-Leozner a été d’accord avec eux. – Quelle voie toutes ces choses ont fait...Les lits de Varsovie, les fours du maçonnage hollandais, les miroirs vénitiens.
-Et les chaises sont viennoises... Les tapis sont persans... – a continué Savrasov. – Le goût se sent ici. On ne dit pas en vain que madame est d’origine de khan.
Turlybek a consciencieusement traduit les paroles des hôtes et Ulpan a souri en cachant la confusion:
-Je ne peux pas accepter aucun votre éloge, les hôtes respectables, - dit-elle. – Les maîtres russes ont construit la maison, je leur ai seulement demandé de me bâtir une maison. Le supérieur de Kzil-Jar pendant sa première visite n’est pas resté pour la nuit dans la grande maison, il y avait plein d’hôtes des auls. Il dormait à l’entrée...Je me rappelle jusqu’à maintenant comment je suis presque morte de honte.
-Mais quand même... – insistait Demidov. – Vous avez expliqué quelle maison vous voulez, comment elle doit être construite?
-Non! Qu’est-ce que je pouvais dire? La seule chose que j’ai dit, c’était que la maison soit bâtie de la meilleure manière.
-D’accord, - Savrasov a intervenu. – Supposons, nous avons cru, nous n’allons pas disputer. Et les choses? Les choses qui prouvent votre goût...Elles ne pouvaient pas apparaître dans la maison elles-mêmes?
- Les femmes ne restent pas indifférentes envers les éloges, - a dit Ulpan. – Et moi, je suis une femme...Mais croyez-moi, je ne savais pas que dans le monde les pays, dont vous aviez parlés, existaient. Je croyais que toutes les choses que j’avais achetées, étaient de Tobolsk: on appelle étranger seulement une chose, «boransuz aïna»...
- Le miroir français, - Turlybek a traduit. – Un seul verre vénien...
- Et tout le reste – tobyl, tobyl...Tobyl – chana...- Le traîneau de Tobolsk...
- Tobyl-tosek...
- Le lit de Tobolsk.
- Tobyl-oryndych...
- Les chaises de Tobolsk.
-Et on appelle le poêle – le poêle-tobyl, les maîtres de Tobolsk le mettaient, ceux qui construisaient la maison. Et dans l’autre chambre le khazakh mettait le poêle, son nom est Petr, et on appelle ce poêle celui de Petr...
Les hôtes riaient, ils se sentaient facile et simple avec elle, et tous les trois ont partagé l’opinion que c’était terriblement dommage qu’elle avait grandi dans la steppe, qu’elle n’avait pas reçu la formation, parce qu’elle pouvait être l’ornement de tout hôtel.
En restant un peu avec eux, en les traitant au début après le chemin – avant le dîner qui devait suivre, Ulpan s’est levée:
-Je ne serais pas partie, je serais restée avec vous si j’avais parlé russe,.. Mais je ne peux pas fatiguer mon jiguite-toret pendant si longtemps..Et en plus, dans la grande maison les supérieurs de volost se trouvent, de tous les cinq volosts des kereïs et ouaks. Je dois aussi passer les voir...
Ulpan est partie.
Leozner restait encore impressionné par la rencontre.
-Le sens de tact inné...- il a remarqué. – La douceur...Comment est-ce qu’elle a pu apprivoiser un carnassier de steppe sauvage?..C’est surprenant!
- Juste avec le tact, la douceur, comme vous avez remarqué, - Savrasov a répondu. – Mais aussi avec la fermeté et la persévérance.
- Et quelle est la différence! – continuait Leozner. – Vous comprenez bien sûr de qui je parle...Comparez avec le cafard qui est connu dans tout l’arrondissement khazakh par son absurdité, par son character écervelé. Elle fait ce qu’ elle veut! A vrai dire, je n’espérais pas, je n’espérais pas... Et elle semble ne pas attacher de l’importance à sa beauté! Il est impossible de comprendre!
- Probablement c’est à cause de cela que vous, Karl Karlovitch, vous avez fait au moins trois fautes, - Savrasov a commencé son explication, - Premièrement, Ulpan fait aussi tout ce qu’il lui vient dans la tête. Il est important à qui appartient cette tête, quelle tête...Deuxièment, ce n’est pas seulement Esseneï que cette femme a apprivoisé. J’ose penser que son influence heureuse est répandue dans tous les cinq volosts où les familles de kereïs et ouaks habitent. Vous vous en persuaderez demain quand vous les rencontrez.
- Et troisièment?..- a demandé Leozner.
- Troisièment, vous croyez en vain qu’elle n’attache pas de l’importance à sa beauté. Aucun peuple n’a de telles femmes! Vous jugez seulement du point de vue de l’omitch, du citadin. Et les femmes khazakhs ont leur propres coquetteries cacheés, et je ne sais pas vraiment laquelle est plus forte – celle qui est ouverte ou celle qui est cachée... Peut être dans le pripcipe il y a de la peur du mauvais œil...
-Et dites – pendant la rencontre vous vous êtes adressé à elle Aknar Artykbaevna...Et vous l’avez appelée Ulpan plus tard vous-même. La même chose est notée dans les papiers...
- Il est bien noté. Vous pouvez encore noter un autre nom, qui la concerne – Esseneï.
-Un nom triple?..
- Comment expliquer...Ulpan lui a été donné à la naissance, Aknar est un peu modifié de l’ak arouana, une chamelle blanche...La mère blanche...Et Esseneï lui a ordonné lui-même de porter son nom et a dit qu’elle s’occupera des affaires de tout le tribu.
- Oh!..Nous n’en arriverons pas au jour quand une femme appelée Maria se transformera en Alexandre?;
- Ici, Karl Karlovitch, «Esseneï» est plutôt le poste de cette femme, son titre...Vous pouvez interpréter ainsi l’action d’Esseneï – avant moi, j’étais le chef du tribu et maintenant tu l’es.
- Et dans quoi est-ce qu’elle a réussi sauf la construction de la maison?
- N’ironisez pas...Nous avons parlé que cette femme pourra orner le salon. La réforme du tsar, qui a libéré les paysans a trouvé ici son expression. Les terres des sibanes appartenaient à Esseneï... Uchan les a partagées – et ce n’était pas fait tout simplement, un enclavement et c’est tout, une parcelle de terre ici, une autre là! Chaque aul a les biens arables, de pâturage, de fenaison, les lieux permanents de l’hivernage... Comme si elle s’occupait des affaires d’organisation agraire, comme votre serviteur, toute sa vie! Elle a obligé les khazakhs locaux à semer le blé et à s’approvisionner du foin pour l’hiver. Elle les a obligés à construire les habitations d’hiver. On considère de plein droit cette région celle où la population a passé à la mode de vie semi-sédentaire.
- Vous m’avez donné une lection qui inspire...Elle sonne comme un beau conte. Mais vous savez que je suis un juriste de formation, je suis un homme incrédule par nature...
- En vain. Je vous dirai même quelque chose de plus. Quand on s’occupait de l’établissement des paysans-colons des provinces intérieurs russes, nous n’avons pas touché le territoire des sibanes, d’origine semi-sédentaire.
- Mon sens d’incrédulité devient seulement plus fort...
- Je peux vous assurer..,- Demidov a intervenu dans la conversation de ses supérieurs d’Omsk.- Comme une personne qui observe la vie de tous les volosts tout près et constamment...Chaque mot que vous avez entendu, Karl Karlovitch, est la pure vérité.
Et Savrasov a continué: Et encore prenez en considération... Elle seule connaît combien cela lui a coûté – aider les sibanes à construire les habitations, les enclos pour le bétail. Elle a bâti le bain – aussi le premier dans l’aul.
- Et est-ce que les moutons n’y sont pas poussés avant la tondaison?
-Riez, riez! Si vous y allez, vous allez parler autrement...Est-ce que vous avez vu les fondements, nous les avons passés, posés pour l’école?.. Pour le medrecet, comme ils l’appellent. Et la maison? Est-ce que la maison ne pourrait pas se trouver sur n’importe quelle rue à Omsk? Comparez au moins avec les fermes des allemands-colons, et – avec toute votre incrédulité de la personne en place – vous devrez être d’accord que beaucoup de choses ont été faites.
- C’est vrai, - Turlybek a aussi exprimé son opinion brièvement.
Deux personnes sont entrées – un homme et une femme, ils avaient habité la ville avant, Ulpan les avait chargés de servir les étrangers dans la villa pour les hôtes.
La réunion, pour laquelle les fonctionnaires d’Omsk et les gens influents des auls sont venus, a commencé le jour suivant.
Dans une grande salle Savrasov, Leozner, Demidov, Turlybek Kochen-uly se sont installés près de la longue table, Ulpan aussi, sur la chaise du côté. Les supérieurs de volost, ceux qui étaient plus jeunes, ont pris les places au milieu, les biïs âgés étaient assis en ligne sur les couches rembourrées, en repliant les jambes, en appuyant les dos contre le mur. Ils étaient assis librement, deux personnes pourraient s’installer sur la place de kayasdoï, et cela semblait comme si chacun, en prenant une décision, avait deux voix. Les jeunes atkaminers¹ se trouvaient à l’étroit, on pourrait les prendre deux pour une personne, et de temps en temps quelqu’un d’eux lançait un regard mécontent – quand ces aksakals mouriraient enfin, quand ils prendraient leurs places?..
Turlybek s’est levé le premier.
Il devait parler russe – pour les représentants d’Omsk, et tout de suite traduire en khazakh pour que tout le monde comprenne pourquoi il fallait réunir tant de gens respectables.
1Aktaminers –agents de l’autorité de volost de l’aul;
A cause de cela il balbutiait en cherchant une expression plus convenable, et les connaisseurs du mot, qui venaient de la steppe, échangeaient des coups d’oeil d’un air désapprouvé.
- Votre Excellence, le gouverneur-général ,- a dit Turlybek, - nous a envoyés pour parler avec vous, pour discuter ensemble, comment c’était mieux pour les auls khazakhs de passer au mode de vie sédentaire. Nous voulons vous écouter, ceux qui ont consenti volontairement d’avoir les lots de terrain pour l’établissement près des paysans russes – ils sont venus des provinces intérieurs de la Russie d’après l’ordre impérial de l’empereur...
Il n’était pas accepté chez les khazakhs de demander la parole, ils interrompaient l’orateur, et disaient ce qu’ils croyaient nécessaire de dire.
Baïdaly-biï, sans écouter jusqu’à la fin, s’est adressé:
-Turlybek, chyraguyme...Cela signifie, - vous avez décidé de ne pas nous établir à part et à coup sûr près des paysans russes?
Turlybek a compris qu’il s’était mépris. Il voulait dire – recevoir les lots de terrain, également avec ceux qui étaient venus et, en traduisant, il a dit: «à côté».
Et pour Tokaï-biï pendant les réunions pareilles c’était pire que la mort de ne le céder en rien à Baïdaly. Il a posé sa question:
-Tu as dit: - volontairement...Est-ce que cela veut dire que ceux qui veulent, vivront du mode sédentaire et ceux qui ne veulent pas, ne le feront pas?
D’abord Turlybek lui a répondu – oui, ceux qui veulent, vivront du mode sédentaire et ceux qui ne veulent pas, ne profiteront pas de la réglamantation de l’exploitation de terre. Puis il s’est retourné vers Baïdaly-biï:
-Baeket, je me suis exprimé un peu inexactement, et vous m’avez compris inexactement. Vous avez pensé que les terres des khazakhs seront voisins pêle-mêle avec les lots russes. Ce n’est pas comme ça. Je voudrais dire que pendant l’établissement des paysans-colons, la population khazakh ne restera pas sans attention. Les familles d’aul, qui voudront s’établir, recevront quinze déciatines de terre arable par tête d’habitant.
-Pourquoi est-ce qu’on a besoin de...- a dit Baïdaly.
-Quinze par habitant, ce n’est pas peu. C’est notre jenechet Ulpan qui sème le blé le plus dans notre territoire. Et elle n’a plus de quinze déciatines de semences. Et en plus, vos fenaisons vous resteront, vos jaliaoux...
Le caractère de Baïdaly était tel qu’il ne lui coûtait rien de se mettre en fureur. Il n’a pas compris exactement...; Qui est Turlybek pour indiquer à Baïdaly-biï – vous avez compris inexactement... Pourquoi il n’a pas répondu tellement caustiquement au finaud Tokaï?! Par exemple, il pourrait froisser: « Comment est-ce que vous n’avez pas compris que c’est une affaire volontaire?..». «Et maintenant Tokaï est assis comme rien ne s’est passé et regarde Baïdaly avec moquerie de temps en temps! Que personne d’eux ne pense q’il acceptera un lot comme une couche d’enfant!
A vrai dire, il est peu probable que Baïdaly puisse se figurer c’est combien quinze déciatines. Il a hérité de ses ancêtres et était habitué à croire – toute la terre qu’il voyait lui appartenait.
Les temps changeaient – on mesurait la terre comme l’indien dans une boutique du Tatar!
Tokaï connassait bien son ancien ennemi permanent et a essayé de l’exciter:
-Ce n’est pas peu –quinze, pas peu...L’année passée, en été, j’allais à Stap. Le pain d’Esseneï se tenait comme un lac infini! Ce n’est pas possible de faire le tour de quinze déciatines même ayant un bon cheval, - il s’est retourné vers Uchan.
-L’année passée on n’a pas semé quinze détiatines là, - a-t-elle répondu. – C’est pour deux déciatines moins. Si on ne compte pas les hôtes, ce pain nous suffirait pour deux ans!
Turlybek n’a pas encore fini de parler mais il savait déjà que les deux biïs principaux ont occupé les côtés opposés. Et aucun supérieur de volost ou un autre atkaminer n’expresserait pas l’opinion différente, tout le monde se partageraient en deux camps. Mais une discussion particulière n’aurait pas lieu. Est-ce que c’était bon de s’emporter, de s’aborder, de saisir par la gorge à cause d’une certaine terre? A cause des semences?..Il y a beaucoup de terre sous le ciel, Allah merci! Une autre affaire – s’il s’agissait du fait qui receverait une certaine veuve, si on choisissait les supérieurs ou les biïs... Alors les passions seraient plus brûlantes.
Et maintenant Baïdaly-biï dirait ce qu’il voudrait, et Tokaï-biï – l’opposé...C’était clair à Turlybek, mais il continuait, en essayant d’attirer les kereïs et les ouakis par les avantages et les privilèges:
-Retenez et dites à vos parents...La famille qui semera cinq déciatines, obtiendra un prêt de cinquante roubles sans aucuns intérêts, il faudra le revenir dans trois ans. Et ils pourront acheter deux chevaux pour cinquante roubles.
-L’araire coûte cinq roubles, les fourches de fer coûtent quarante kopecks, un mouton – deux roubles, le poulain – quatre roubles. Cinquante roubles pour l’aménagement est une somme considérable.
Les biïs sont restés indifférents envers ces calculs. Mais Turlybek n’a pas encore ouvert tous ses atous:
-Les gens des auls sibanes sèment le blé et fauchent le foin depuis déjà dix ans. Nous avons apporté trois faucheuses, trois araires, cinq herses, trois râteaux à cheval pour eux comme cadeau.
Le biï et les supérieurs de volost, suivant leur exemple, ont regardé Ulpan d’une façon suspecte. A qui était la femme qui avait soudoyé les toret russes? Kochen-uly, c’est compris – il est un parent d’Esseneï. Avec quoi?..: Personne n’a vu qu’elle attachait des chevaux de choix à leurs chariots...Elle ne jettait pas des fourrures coûteuses à leurs épaules... Ulpan a dit:
-Jiguite-toret! On a des familles qui veulent obtenir un prêt pour trois ans. Nous nous occupons de la division de terre, mais pour le moment chaque cour n’a pas un araire! Et les faucheuses...Il y en a une pour deux auls. Avec vos cadeaux nous pourrons semer encore quarante déciatines pour l’année prochaine. Est-ce que c’est mal; si encore quarante familles ne savent pas les soucis de repas?
Baydaly n'a pas pu résister à ne pas ironiser:
- Dans ce cas, Sibals devraient organiser un grand ...
- Pourquoi ne organiser pas? - Dit calmement Ushan.-La première année a été la quand nous avec cinq charru Savrasov à la table se pencha sur Turlybekov-à la question en détail sur ce qui a été Oulpan parle, et quand elle eut fini, se leva et se dirigea vers elle, dans ses mains était un paquet avec des caillots de cachets de cire, il a sorti du paquet une feuille de papier épais, les lettres ont été estampillés avec la peinture d'or.es plantés tous les trente hectares, dont cinq qui a été semé par notre famille.
- Ces documents ... - At-il dit dans une voix solennelle, ils montrent vos mérites dans le développement de l'agriculture dans le quartier, habité par des Kazakhs ... Il s'agit de l'attribution de matériel agricole. Certificat de reconnaissance etait signé par le gouverneur général personnellement.
Ulpan debout a adopté ole paquet.. - Merci, cher tore ... Transmettez mes remerciements au gouverneur ... Nous peut-être ne sommes pas en mesure de comprendre ce que représente le total sédentaire et ce qui est semi sédentaire ... Nous savons une chose: il est nécessaire de semer du grain, il est nécessaire de tondre foin. Et nous ne cesser pas de le faire.
Ulpan a pris dans ses mains le diplôme. Du intendants canton le long des deux côtés de la table, le papier a fait le tour biys ... Pour lire ce qu'il dit, on ne pouvait, mais tous scie - la peinture d'or, joint attaché, l'aigle à deux têtes, la signature du gouverneur. Et le document lui-même, probablement est faite de satin ...
Turlybekov ne devrait pas avoir beaucoup de peine de lire leurs pensées. Au direct biyahs et d'autres gens distingués les cadeaux ont été remis à une paysanne, ses couteaux réduiraient la tonte damned! Mais c'est contre le papier satiné tous ensemble sont impuissants ... Ils espèrent, ils sont encore impuissants. Est-ce que Allah avoir pitié d'eux, il sera toujours donner cette femme dans leurs mains? Peut-être ce jour n'est pas loin ... Les hommes respectés pourraient autant qu'ils veulent se chamaillent entre eux. Ce qu'ils ont été unanimes est dans son rapport à Ulpan.
Savrasov, épargnant le temps, a décidé que la haute assemblée assez admiré le papier du bureau du gouverneur, et a conclu la première journée en s'adressant à tous:
- Chers seigneurs du comté! Cher Bii! J'ai pensé que vous montriez aujourd'hui l'unanimité louable. Je longtemps n'est pas surprenant associé à vos affaires. Vos tribus, de nombreuses générations, les membres de celui-ci, a été 150 années depuis la guerre de Dzhungarian, vivent à proximité de la Russie. Je sais que la première année où votre aul a décidé de labourer la terre de le Kazakh charrues passé une dizaine de paysans russes; Et la première année, quand il y avait tondre les prairies, six russe ont montré comment ils ont réussi. Les Russe ont construit la maison dans laquelle nous étions assemblés - Aknar Artykbaevna nous a dit à ce sujet. Et hier, nous avons apporté ici par le cocher du village de la Kabanovka. Il a dit qu'il va passer la nuit chez son ami, ici dans le village.
Il fit une pause, attendant Turlybekov traduit. Et Turlybekov traduit mot à mot, ne pas montrer sa relation avec les mots de tore russe. Si on parle de l'unanimité louable, il a donc certaines de ses opinions. Le feu couve, pourquoi soulever le vent? ..
- Je regardais aujourd'hui,l'attention avec quelle vous avez écouté M. Cochin-juillet, qui connaît vos besoins et jouit de la pleine confiance du gouverneur général. Vous posez des questions, exprimez vos préoccupations, et c’est absolument correct. C’est une affaire sérieuse., Nous avons avec vous d'abord parlé sur la répartition des propriétés foncières dans la population kazakhe, et sur ce qui reste à discuter demain ... On espérent pouvoir soutenir que vous avez fait pour le premier Congrès extraordinaire du biys et chefs de canton . Il y aura rassemblé les gens de partout dans la région d'Omsk.
Turlybekov a aussi traduit celoa, et soudain, pour une courte période Baydaly-biy et Tokaj-biy ne se contredisent pas.
- Un congrès extraordinaire - c'est bon - dit Baydaly sans toutefois recourir à son ennemi directement.
Et Tokai semble aussi dit à ses:
- Lorsque tous rassemblerai de tous les quartiers de kazakhe, on y peuvra parloer, là-bas, pas ici.
Ils étaient heureux; le nouveau mec, et il peut y avoir d'autre échappatoire pour éviter une réponse directe à la question de la propriété foncière. Leur obstination, l'indifférence pour les personnes dont les vies ont été conçus pour répondre, ceola mit Ulpan en colère, et n'importe comment elle essayait de se contrôler, elle ne put résister à dire à chacun d'eux:
- Ca vous semble peu aujourd'hui - quinze acres par personne ... Regardez comme plus tard, vous n'avez pas à mendier sur vos genoux cinq acres pour toute la famille! Chaque sa parole, flèche après flèche, plonga au coeur de Baydaly, et déjà fou de rage, Yeseni n’est pas éternel ... Yeseni n'est pas éternel, Yesenia n'est pas éternel, il a essayé de se consoler.
Cloué au lit pendant cinq hivers et cinq ans, Yeseni se réjouissait de son retour. Car c'est seulement par Ulpan encore en quelque sorte maintenu ses liens avec le monde extérieur.
- Comment at-il fini? - Il a demandé, aussitôt qu'elle entra dans sa chambre.
- Et rien ... Pas de support, pas de résistance.
- Et la municipalité de la jeunesse, parlaient-ils?
- Aucun ... Certains d'entre eux a gardé ses oreilles ouvertes pour Baydaly, d'autres regardé la bouche de Tokay.
- Qu'as-tu dit?
- Oh mon Dieu! Que pouvais-je dire, qu'ils les écouteraient? J'ai seulement dit que le Cibao à l'avenir ne prendra pas les mains de la charrue et ne lessa pas la tondeuse ...
- C'est déjà beaucoup, c'est beaucoup, mon Aknar ... Tu pense, ce que tu vas
parler demain? Donc, demain, c’est parler des affaires de la femme le devoir le
plus sacré pour toi.
- Réfléchissons ensemble ... Aujourd'hui, je suis en colère contre les hommes! ..
Ils se sont assis et ne pouvaient pas prononcer une parole sensée. Ils n'avaient
que échanger des regards, et quelques conseils ... Les idoles! Le tore visiteurs
pourrait penser: si ce sont les leaders du peuple, le reste des Kazakhs devrait
être tout ignorant et sauvage!
- C'est pourquoi il mérit, - dit Yeseni - bien peser tout. Parle avec assurance et ouvertement. Ne as pas peur d'être pointu. Laisse les pas penser: si ce sont les femmes du Kazakh, alors les hommes sont plus intelligents, plus courageux!
Ulpan rit dans la chambre de Eseney elle est devenue soulagé.
- Qui va écouter la femme? ...
- Arrête ... Écoute ... Maintenant que je mens, j'ai beaucoup de temps pour réfléchir ...
C’etait difficile pourYeseni d'obtenir une moindre effort, et sans parler des étrangers, qu'il n'aimait pas, quand meme Ulpan est venu à son coin, recouvert d'un rideau de soie lourde. Mais pour toutes ses infirmités, il était pleinement conscient.
- Alors ...
Le lendemain, ils se réunissaient dans la même salle, sur les même polaces défini une bonne fois. Comme hier, Ulpan a obtenu une chaise, qui n'est pas très pratique ... Et comme hier, le premier à se lever Turlybekov, mais aujourd'hui, le plus probable, il ne restera pas silencieuse. Turlybekov compris cela, et c'est ainsi qu'a commencé d'une distance.
Il a dit que, si on dépouille des idées traditionnelles, beaucoup dans la vie de Kazakhs semble incompréhensible, impossible. Ils étaient toujours là avec les hommes, à travers toutes les épreuves qui reviennent aux nomades. Les femmes Kazakhs n'ont pas caché leurs visages sous hijab. Dans les premières heures du mariage, et le seul, la mariée est rideaux de l'extérieur, mais ils chantent la chanson "Betashar", comme si l'introduire dans la famille de son mari, elle est montrée à tout le monde et ne cache plus son visage.
Les Kazakhs migrent et colonisent par l'appartenance tribale, et personne n'oserait faire du mal à la jeune fille. S'il arrivait, ce qui est extrêmement rare, le délinquant est condamné à vivre dans les banlieues, comme un lépreux, n'ayant pas le droit d'intervenir dans tous les cas. Il ne semble pas être expulsé à tout, mais il est l'exil.
Mais voici une fille se marie, un kelin dans la famille de son mari, et est devenu un "Katyn", une femme, qui a été donné pour beaucoup de têtes de bétail. Elle n'a aucun droit, même si elle travaille pas moins, mais plus encore les hommes. Elle est le genre de successeur, mais elle est humiliée.
C'est seulement plus tard, donnant le meilleur de ce qu'elle avait, vieilli, elle a droit au respect. Quiconque se permet un langage grossier est sujet à une condamnation universelle. Eh bien, la vérité ... - Turlybekov essayé de plaisanter pour désamorcer la situation tendue, il se sentait .., - cependant, les Kazakhs ne font pas attention, même si quelqu'un lirait abus sur leur belle-mère ...
Mais la plaisanterie n'a eu aucun effet, aucun des hauts ne souri pas et le jeune aussi a maintenu strict sur leurs visages. Turlybekov est retourné à ce moment-là, quand une femme dans la maison est seulement une katyn ... Si son mari est mort - elle ne peut pas faire un pas sur le sien. Si l'aîné meurt, le frère cadet aura elle, le jeune est mort - aura le plus âgé. Et dans les grandes familles, sinon celui que l'autre. Comme ils le disent? .. "Katyn pouvait être laissée sans mari, mais ne partira pas de sa tribu."
Mentionnant tout ce qu'ils savent déjà et ce qu'ils ont été utilisés dans leur vie, Turlybekov demanda:
- Est-ce vrai? Dans sa jeunesse, nous l'entourons par des soins, et quand elle devient la mère de nos enfants, nous la noyer dans les profondeurs de l'humiliation! Une femme a perdu son mari, ses larmes pas encore sèches, et nous, parents, ne peut pas attendre quand vous pouvez la glisser dans la tente, et en même temps saisir ses biens et le bétail ... Nous voulons savoir comment pensez-vous sur cette situation? Lors d'un congrès extraordinaire une conférence sera de l'argent de mariée, sur amengerst, le droit de la veuve de bovins laissés après que son mari, et la propriété ...
Baydaly-Bi était prêt à jeter poings à Turlybekov ... Mais il se retint. Les tore russe, assis ici, et ne comprennent pas un mot, mais à l'avance, bien sûr, ils ont convenus ce qu'il faut dire le fils de Cochin!
Ils veulent légaliser, que maintenant il est impossible d'être maître de ses femmes. Le roi blanc, paraît-il, va, sans fin, de secouer le bouillon dans la maison du Kazakhstan et de semer le trouble dans ses lacs. La force des Kazakhs est dans la constance des principes et pratiques. Et si nous commençons à semer pain, couper l'herbe, laisser aller la veuve du village, sur les quatre côtés avec sa bonté, comment cela va finir? Le roi blanc aurait avalé tout ce qui vit, et puis vous ne rencontrera pas dans les steppes de ce qui restait, ce qui a été légué par nos ancêtres:
Ce serait mieux que le visiteur tore russe a fait leur propre chose! Comment sont leurs lois plus aimable et plus juste? Le marié russe demandes polur la mariée l'ajout, il ne croit pas la mot des parents, les rend d'écrire sur le papier, combien bon, combien d'argent ils donneront, bondis avec un joint, pas pire que ce que le gouverneur a mis sur le papier envoyé par Ulpan ... Et les khans russe, bai? Ils donnent encore leurs filles épousant, des villages entiers avec tout le pays, avec des gens qui y vivent ... Et est-il juste de construire des maisons avec leurs églises q’appel monastère, qui concluent les filles qui n'ont pas pu se marier? Il y a une monastère pareil à proximité et, entre le village Kabanovkoy et Jeti-glycol, le russe l’appele Semiozerny, là-bas, il y a 219 femmes et des veuves, c'est qui n'avez plus marié.
De toute évidence, Baydaly ne sera jamais exprimer ces pensées à la tore Omsk. Faites-leur savoir que dans ce pays naïf et simpliste ce qui est dans l'esprit, alors, il est sur la langue. Si ils n'ont pas honte du tout à dire sur les femmes, qu'ils entendent. Que peut être un argument pour le Turlybekov bavard, qui ne vaut pas les lois de leurs pères.
Et Baydaly se leva d'abord:
- Qui a dit que la dot de la jeune fille a acheté comme du bétail? La dot peut à peine couvrir les dépenses qui sont causées de joie des deux côtés - et la mariée et le marié. Pour la plupart, le nombre de bétail que donnera le père du marié, en supposant de l'argent est le même montant que et le rembourser des parents de la mariée. Pour ceux, c’est ceci, pour ceux-ci c’est cela!
Turlybekov sourit. Est-ce lui qui a grandi parmi eux, ne connaissent pas les trucs rhétorique à qui recours le Bii?
-Eh bien ... Alors personne n'a achetez les filles jamais dans nos villages , - dit-il - Il est difficile de ne pas s'opposer à cela, mais - nous nous abstiendrons. Et la femme veuve, dites Baydaly-Bii, ne donnent pas de force pour un parent de son mari?
- Alors, tu as oublié nos vies ... Et peut-il que la veuve, si vous le relâchez, va l'emmener dans son ventre fils de la tribu, et il va grandir dans un pays étranger? Mais si une veuve reste une femme attrayante, et de ne jamais pouvoir se marier, accoucher et cesser d'être en mesure de se nourrir?
Tokai a décidé qu'il est aujourd'hui trop silencieux, et pendant un long moment, il est intervenu - à l'appui de Baydaly-Bii:
- Oui ... Et quand la femme de ce que dit nos Beke, sera imposée sur le frère de son mari, il sera capable de vivre avec elle pas dégoûtant. Il est l’habitude ... Et si une veuve va se marier sur le côté, sa vie ne va pas toujours bien s'entendre avec les étrangers, le personne au hasard.
Donc, ils ont parlé de la dot, de le sort des veuves - et encore, comme hier, sauf les biys personne n'exprimer leurs opinions.
Que d'argumenter? De sièclec’est comme ca – si dans la famille il ne reste pas les hommes, la famille est considérée comme éteinte, s'il y avait dix filles. Et juste qu’aul cesse d'exister sans les hommes ... ... Et toute la tribu, s'il apparaît dans cette position. La tribu n'existe plus. Une femme ne peut pas être la maîtresse de la maison ... Mais si l'enfant dans le berceau, si c’est un garçon, il est le seul propriétaire de toutes les bêtes, tout le bien qui est laissé après que son père a quitté le monde. Il arrive q’une veuve, qui n'a toujours pas accouché d'un fils, donnerentune proportion, mais qui est sur la conscience de toute la famille. Et quelque part, elle resta seule? Peut-être que les femmes elles-mêmes ne seraient pas d'accord, si cela était arrivé, à sortir de la maison ..?
Les tores russes, comme on les appelait, voulait savoir ce qu'il pense de leur maîtresse – Ushan.
Leozner la regarda;
- Peut-être que vous allez dire Aknar Artykbaevna ..? Yesenia a essayé de lui donner des conseils et elle se croyait beaucoup .. Peut-être qu'elle était inquiète, bien sûr, inquiete, mais elle a commencé tranquillement, doucement:
- La voix de la femme n'est presque jamais entendu pendant les collections parelle ... Peu importe ce que je vous ai dit, rappelez-vous - ce sont les mots de Eseneya, dont le Sibans dois beaucoup, et pas seulement les sibans, mais aussi tous les Kureis et tous les Wakis. Yeseni a dit, nous devons penser à l'avenir. Et sans une bonne famille, quel serait l'avenir du peuple? Les Kazakhs parfois deviennent liés les uns aux autres tout simplement parce que une famille à l'autre cheval comme cela est toujours le premier à venir à baige. Les gens des familles riches commencent conversations sur la correspondance lors des élections de biys et du canton. Parfois, ils consacrent à l'autre de leurs enfants à naître et devenir Amanats, ici-à-dire la dette marieurs, marieur-otages. Pourquoi aller loin, pour donner un exemple? .. La nuit dernière, dans notre village, deux biys et deux délégués faite matches de leurs fils et filles. N'est-ce pas à partir de cette nuit qui a commencé le sort de la femme? Et personne ne peut dire ce qui va lui arriver. Yeseni a chargé de vous dire - que personne ne fait appariement jusqu'à ce que les enfants grandissent, se savent , s'aiment. Différents villages chaque fois trouvés sur dzhaylya. Dans les bonnes familles, où les gens pensent du bonheur des enfants, organiser une mariée. Pourquoi cela ne devrait pas être une coutume? N'est-ce pas que la mariée, nous l'obtiennent de nos grands-parents, de grands-parents ? ..
Il semble que rien n'a été laissé de son calme, mais Ulpan ne se soucie pas plus du tout ...
- Qui peut nommer une femme qui a trouvé le bonheur dans la yourte de frère de son mari? Silencieux? .. Parce que vous ne pouvez pas appeler! Et je pourrais vous citer tous les autres - ils sont devenus les esclaves, ils savent qu'une chose, entrer dans la maison avec le carburant, et de sortir avec de la cendre. Il ya beaucoup d'entre eux dans le village de Eseney lui-même. Vous insister: la veuve n'a aucun droit sur la ferme de son mari, il était tellement respecter, et toute la vie des Kazakhs dans la famille va d'homme à homme, et l'homme pressé ... Peut-être les tores russe vous croyez, ils ne savent pas ... Mais nous savons! Quels sont les deux branches à Ker? Ashamayly et abacus? Abacus Kerey, c’est douze cantons! Il fut un temps quand le Abacus, c’etait une femme et a été considéré comme le chef de beaucoup de gens!
Elle prit une regard triomphant sur les biys, les dirigeants du canton, sachant qu'il n'avait rien à argumenter ...
- La guerre, disent-ils, c’ est le travail d'un homme ... Et qu'est-ce un cri de bataille prise de Karakesek, ils ont recruté une vingtaine de paroisses? Karkabat ... Quand Birzhan rejoint le contrepoint de Sarah ... Rappelez-vous? "Sal Birzhan, à l'augmentation de ses forces, cria à l'Esprit de Karkabat." C'est un nom féminin. Et combien de familles ont des noms qui viennent de noms de femmes? Aybige, nurbike, syembike, kizbike, il est juste que pour sibans, bike c’est kungene. Un autre appel? N'est pas une femme-mère qui a identifié les familles de ses trois fils, dont sont allés - Kuandik, suindyk, karzhas ...
Ulpan pourrait encore continuer, ses arguments suffiraient. Mais elle était fatiguée. Et puis, c’est inutile. Les loups ne peuvent pas etre nourrir de foin, ce qui est faucher pour l'hiver pour les troupeaux.
- Bies vénérables, chère comté délégués ... Si vous ne voulez pas etre d'accord, d'admettre l'injustice évidente, vos descendants ne vous pardonnera pas. Et notre famille, s'il est invité à un congrès extraordinaire, va insister que la veuve resta pour la pleine maîtresse de la maison, et nul ne peut, sous peine de punition sévère, l'obliger à partir.
Tokay regarda Baydaly et Baydaly à Tokai, Ulpan dit cela parce qu’elle est préoccupés par son sort. Les tores russes pourrait penser que tout les femmes kazakhes sont est d'accord avec elle. Eh bien ... Il ya un Dieu dans le monde ... Il viendra un jour ... Bien sûr, lesse que la vie de Eseney dure plus! Et pourtant, il semble que le jour n'est pas loin. "
Deux jours de plus pour poursuivre la conversation. Baydaly-biy et Tokaj-Biy débattaient sur les petites choses, mais pour l’essentielle ont été ensemble. Comme si pour s'enquérir de la santé et de souhaiter une longue vie, ils sont venus visiter Eseney. Ils ont essayé d'insinuer qu'il serait bon de faire Ulpan pas insisté ...
Мais Yesenia n'a pas succombé aux supplications. J'ai confiance Ulpan une fois pour toutes et ne s'est jamais repenti. Ses mots ne sont pas seulement mes mots, ce sont les mots de tout les siban. Laissez vos oreilles s'habituent à cela.
Il ne leur permettait pas derrière le rideau, et en disant ce qu'il a dit, est devenu silencieux.
Sous la pression de Turlybekov et Leozner les offres d’Ulpan ont été acceptées. Le premier - entièrement: une veuve a le droit d'épouser la personne pour qui elle veut. Et la seconde ajustée: la veuve reçoit les deux tiers des bovins de son mari et le reste de la propriété, et un tiers de ce qu'elle a à donner à sa famille.
Le congrès des représentants Aul de la région d'Omsk a eu lieu pas bientôt, mais quand il a eu lieu - les mêmes lois ont été appliquées à la steppe. Pas partout où ils sont respectés, mais il était important qu'ils ont.
Laissez bonheur contourne pas votre otau-yourte ...
Gauhar ... Cyclisme - Mustafa, fils de Segiz Ser,
Kenzhetayev, frère Mousrepov ... ,
Mustafa Kenzhetayev - Gauhar, Biken ... Mustafa - Gauhar ... Kenzhetayev - Cyclisme ... Que votre joie soit multipliée ... pensée ... Ulpan.
Comme passé lointain et irrévocable se leva devant elle ce jour-là. Shinéar, et elle - jeune, insouciant, heureux - se sont réunis à la maison de Musep, et il semble que ce sera toujours la verte prairie, fleurs tissées et le lac ensoleillé ... Et le chameau blanc maladroit regarda, les yeux fermés longs cils et les lèvres tendues avec confiance.
Et puis sur la part de Ushan tombé les tests que seule une femme - pas un homme - est en mesure de surmonter.
Yeseni a passé un total de neuf ans gisant. Il avait besoin de soins constants, parfois fort, parfois faible, mais ses mains ne pouvait pas tenir, jument de bols éclaboussé sur une couverture. Lors du déplacement à dzhaylyau plusieurs zhigit soigneusement réalisée dehors et jeté dans un panier recouvert d'un tapis de feutre.
Qu'est-ce dû sentir l'homme qui pendant de nombreuses années l'habitude d'être fort? Il n'a pas parlé de cela. Il n'a pas attendu l'aide. «La médecine est impuissante» - comme sur Artykbaya une fois, et les médecins ont dit la même chose de lui. La maladie a été appelé Aulie-Witt. Mais ce qui est un saint s'il condamne à tourmenter les gens?
Combien de voyages ... Combien de blessures, lourd et léger, il portait sur son corps ... Et il ya aussi nager dans l'eau glacée ... Quand il n'a pas eu à se dessécher correctement et garder au chaud dans la tente de la Kozhyka! Shokpar est dans les mains d’Imanal... Blâmer serait encore possible, mais à mettre en place avec l'injustice amère, n'était pas! Yesenia a dit à plusieurs reprises Oulpan: "Peut-être que Dieu pense qu'il ne devrait rien avoir à moi, mais je suis entièrement payé leur dette envers lui, toutes mes souffrances ..."
Dans le même méchant année dernière - le même jour avec Eseni - est mort Artikbay-guerrier. Le messager de Karshygaly et messager de Suat glycol à mi-chemin s'est réuni et a tourné chacun de ses chevaux de retour.
Ulpan ne pouvait pas donner le dernier adieu à son père, et Nesibeli, sa mère n'était pas à l'enterrement de Eseni. Nous avons eu à vivre.
Encore une jeune femme Ulpan a été pressé par le fardeau des dernières années, comme s'il y avait déjà cent, pas moins, sur son chemin.
Nous avons eu à vivre pour l'amour de Bizhiken, qui a eu dix. Aussi bien en colère, et dans le regard qu'elle a pris sa mère. Elle se composait de joies et soucis Utshan, et les angoisses. Mais une fois déploré qu'elle a donné naissance non pas à un fils, mais une fille.
Pendant la durée de Esenei, il ya trois ans, l'oulpan a achevé la construction de madrassas dans le village avec l'espoir que cinquante enfants ont pu étudier là-bas. Les garçons sont allés au mollah à «casser la langue" comme ils l'appelaient l'alphabétisation et des filles - seule et unique Bizhiken. Ulpan elle-même n'a pas réussi, laisser sa fille à faire ...
Bizhiken la rendait heureuse par son succès. Après avoir surmonté deux années de sagesse, elle a déménagé au Coran ... Dans les soirées à la maison, quand les femmes de sa mère étaient assis, Bizhiken lire pour eux sur le malheureux Kyz Jibek qui a perdu un être cher, et sur le père de tuyau Slushash l'avait vendue pour une riche dot, lire "Enlik-Kebek", "Shah-nama »et d'autres épopées. Les femmes ne pouvaient l'écouter toujours, et Bizhiken appris non seulement à lire, mais elle a également exprimé son attitude envers ceux qui l'épopée a été dit ... "Oh, Aynalayyn ..." - Soupira les femmes, chacune d'entre elles après tous avaient leurs propres problèmes, mais ils ont naïvement sanglotaient, entendre parler de la vie de quelqu'un d'autre, les souffrances d'autrui. Nous sommes allés à la maison, éclairé par ces larmes, et a demandé à nouveau demain - soi, Bizhiken ...
Avec la mort de Eseneya les réunions terminées.
Ulpan habituellement lu prières cinq fois par jour. Elle est restée seule avec ses pensées sur le passé. Quand Eseney était vivant, mais il était impuissant au cours des dernières années, son nom a soutenue, peu oseraient s'opposer ouvertement à ce qu'elle offrait.
Il a divisé le pays entre les dix Shiba cal aouls, et chaque maison a désormais son morceau de pain, pas depenting ni sur Eseney ni à personne d'autre. Ils ont dit que cet exemple a été suivi dans d'autres districts kazakhs de la Sibérie, et personne ne devienne pire! Ulpan ne savait pas ce que cela a commencé avec elle, la première ... Elle a regretté une fois marqué par la pauvreté, les personnes aul impuissants. Regretté et a fait ce qu'elle pouvait. Au fil des ans, le nombre de bovins dans leur famille chuté de près de deux fois, mais dix fois augmenté à sibanov. Timidement au début, mais maintenant c'est devenu une habitude de faire l'éloge de l'autre propre étalon, brebis ... Et les enfants ne seraient pas passer l'hiver dans des yourtes gelés, et non dans des huttes de boue chaude, des maisons.
Tout le monde respectait Eseney et en respectant ils le craignaient. Mais ils aimaient et respectaient Ulpan. Une fois, comme des mendiants venus prier pour elle, maintenant, ils viennent pour obtenir des conseile. Qui pourrait demander des conseils sur une affaire mondaine simple depuis Eseni! .. Et quand il est venu, tous les cinq cantons Kere et les querelles d'analyse uakov, les malentendus, le ressentiment mutuel ne pouvaient pas passer Ulpan pour apprendre d'elle, et la vue de la sibanov Esenei.
Dans la madrasa au mollah en hiver et au dzhayly sont allé environ quarante enfants, mais au printemps et en automne leur nombre diminue de manière significative. Ils ont aidé à faire le ménage à la maison. Qui voulait apprendre, pour eux, les pauses étaient indolores, parce que le mollah travaillé toute l'année, et l'étudiant peut reprendre ses études à partir de l'endroit où il s'était arrêté.
Et beaucoup d'entre eux ont quitté. Il était difficile, tous ces "Alipio-bi-ti" n'avait aucun rapport avec la langue maternelle, ils ont dû caser la tête, et craming enflaient ... Le premier arrêté d'aller en cours le fils aîné de Mousrep. Tout l'été et l'hiver, il ne cessait de répéter la même chose: "Chi-fils ha ... hisyn-hee ... hitur-ho », et puis il ne bougeait pas. Maintenant, il est heureux de passer moutons aul.
Le deuxième fils de Mousrep - Botpan était plus intelligent, il a vite compris le sens de bâtons obscures, gribouillis, des points, et tenu avec Bizhiken. Mais il a été beaucoup plus attirés par les jeux et bons chevaux, hérité de son père l'amour du chant et luth. Il ne va probablement pas rester longtemps dans le madrass aussi.
Ulpan lisait la prière de midi, quand Bizhiken couru po tôt que d'habitude, et accroché derrière son cou. Elle a secoué sa mère d'un côté à l'autre, mais en silence, afin de ne pas interférer avec la prière. Et quand sa mère a fini, elle ne voulait pas lui laisser, et elle resta debout, penché.
- C'est quoi ..?
Silence.
Ulpan se retourna et vit son enflé lèvres.;
-Qu'est-ce que c'est, mon chameau? ..
- Mullah dit ... dit, nous allons également lire namaz ... Demain commence le mois, il nous a dit et le jeûne et la prière ...
Dans la Sibérie Kazakhs origines religieuses musulmanes ont été organisées par Tatar mollahs, qui ont été appelés par le peuple - le Nogaï-Mulla. Il y avait beaucoup d'entre eux, et non les mollahs à tous, et un charlatan inculte qui dupe les gens au nom de Dieu. Et le commerce était entre les mains de marchands de Nogai. Alors Allah a été complètement ébouriffé dans leurs mains, et le commerce, et de la tromperie, et les profits, tout était entre leurs mains. Ils pourraient être appelés ni nogayas, ni des mollahs, ni commerçants, mais plutôt bonimenteurs. Et quoi de plus méprisable que mercantile? .. Bizhiken ne pouvait pas savoir tout cela, mais elle n'aimait pas les mollahs dans les madrassas.
- Mullah a pris tous les enfants au bord du lac - elle est allée à raconter à sa mère, comme toujours, elle lui dit tout - va montrer comment effectuer les ablutions. Et pour moi, elle dit - que votre mère vous a appris. Et Botpay ...
Bizhiken imaginé ce qu'il avait fait Botpay, et rit joyeusement.
- Alors, qu'est-ce que Botpay? .. - Question Ulpan. Il s'avère que, après les mots du mollah sur uraz, ablution, namaz, Botpay se leva et consciencieusement plié les bras sur sa poitrine. Il a demandé, "Mulla-eke, je peux? .." Il est nécessaire de dire à sortir. Mullah autorisée. Mais Botpay n'a pas besoin, il vient de sortir, a commencé à chanter à haute voix ..
-Et tu te souviens?
- Je me rappelais, me rappelais!
Bizhiken bondit et ressemblait vraiment un vilain Mulla Mulla Mulla-ki ... Comme les moustaches d'un chat! Combien avez-vous - que je vous connais - prier ou ne pas prier, à votre aul bientôt déguerpir! Je ne veux pas rapide et ne sera pas laver, je ne vais pas prier!arçon.
Et puis Botpay n'ont probablement pas eu le temps de penser, à la poésie comme il était, il a juste crié: «Qui veut se plaindre!" Et il courut vers le village.
-Il n'est pas bon ... - en essayant de ne pas sourire, a déclaré Ulpan.
-Je ne veux pas!- dit Bizhiken d’un ton défi.- Je ne vais pas lire namaz!
Ulpan l'attirait à elle.
- Très bien, nous y voyons ... Le mollah principal viendra, et je vais lui parler ... Allez jouer!
Bizhiken s'enfuit, et Ulpan continua à regarder derrière elle, et quand elle avait disparu de ses yeux, pensait-elle, "E-hey, Bizhiken ... J'ai grandi et ne donne pas de quartier à personne, j'étais comme vous , j'étais fier.
Et tout cela grâce au Père, même si il a été confiné à la maison, mais a été considéré comme courageux, hommes illustres. Qui allez-vous soutenir? .. "
Regardant souvent Bizhiken, oulpan se rappela à son âge. Sa propre fille, ne pas être confondu. En aucun cas, pouvez-vous lui faire ce qu'elle n'aime pas, pour défendre les faibles et ne pas avoir peur d'un revers de la forte s'il lui faire du mal ...
Bizhiken avait sept ans quand elle a commencé à étudier à la madrass. Elle aurait venue joyeuse et fière. Il s'avère qu'il ya vingt-neuf lettres, avec leur aide, vous pouvez écrire n'importe quel mot, et l'autre qui connaît les lettres, peut lire ce que vous aviez à dire!
Ulpan a été s'inquiète maintenant que non seulement Bizhiken retourné en détresse, obscurité des leçons, et, paraît-il, mais d'autres enfants, aussi. En effet, il est neccesary de parler à mollah haut quand il revient de la ville ... Il peut être difficile pour elle de juger ... Mais ils ont tous étudient ensemble. Et ceux qui le font, "Alipi-bitiy..."et les autres qui ont des Corans dans leurs mains. Et tous étaient d'une seule voix comme des agneaux laisser à leurs mères. Lecture à lui-même n'a pas été autorisé, quelqu'un devrait-il se taire, la tige du mollah aurait stegne immédiatement entre leurs omoplates. »
Tout ce qu'ils quarante étaient dans une pièce en hiver et en été, dans une yourte. "Alif-bi-ti, alif-bi-ti ..." Déduit quelqu'un qui a récemment quitté en madrassas yorog. "Ryas-rya ... Ryas-ri .. ryatur-o ...» Le troisième a été toute la journée de répéter la même chose "Alif-ki-cousine-en ... alyfki-cousine-en ... alyfki-kutir -on - en-fr-on "! Un garçon plus âgé a chanté des versets du Coran: "Et ne revêt pas la vérité avec des mensonges, de cacher la vérité alors que vous savez ..." Probablement, même le jeune mollah serait confus si on lui demande d'interpréter au moins une sourate du Coran!
Bizhiken avait ses doléances au mollah. Elle aime dessiner - ce qu'elle a vu et est venu à son esprit. Deux enfant butée. La mère est en train de lire une prière. Les Asyltas âgées est courbé sous le poids du sac - elle a recueilli des excréments, et maintenant est en train de maison. Dans beaucoup de ces esquisses, seulement elle pouvait dire qui est la mère, et qui est la vieille femme Asyltas ... C'est toujours une bonne chose que vous pouvez distinguer un humain d'un enfant ...
En ce jeudi mollah, comme d'habitude, putt ses étudiants dans une rangée, en baisse sur le ventre et a commencé bâton de marche. Fouet les garçons une fois par semaine a été considéré comme une mesure indispensable de l'éducation. Souvent, la tige se promenait sur eux légèrement, juste de l'ordre. Mais parfois, il était différent. D'un commun accord une fois par semaine, c'était le jeudi, chaque élève doit apporter Mulla argent - deux cents. Mais les enfants des pauvres n'ont pas toujours réussi à, puis la tige sont allés pour de vrai, en sifflant dans l'air.
Seulement Bizhiken été libérés de la punition, mais comme un avertissement, a dû s'asseoir et regarder tandis que d'autres ont été punis ...
Il se trouve que l'offre n'était pas assez. Le jeune mollah, à cette époque, il était seul dans les madrassas, a été très irrité, et se mit au travail. Il s'assit en face de la porte d'entrée, et les étudiants se coucha dans un cercle ... Pour le départ, il marchait avec la tige élastique sur le dos dans une rangée - une fessée conditionnel ... Mais pour ceux qui n'ont pas apporté les cuivres, ce n'était pas très conventionnelle. Ils tremblaient partout, pressant contre ses voisins.
Deux garçons espiègles, paraît-il, décidé de gagner de l'argent, ont mollah moitié de l'argent, mais la tige rapidement convaincu - le faire est mauvais, et de celle du penny caché a été tiré former ses culottes, et un autre - une pièce de monnaie.
Seulement deux d'entre eux Botpay et Erejep ne broncha pas à la flagellation, n'a pas accroché à l'autre. Ils étaient tenaces.
Bizhiken assis contre le mur. Au début, il était difficile pour elle de voir comment le rythme des mollahs, la jeune fille ne leva pas les yeux, hérissée dans le livre. Mais peu à peu elle se sert. Quand les deux garçons ont jeté les pièces de monnaie cachées à Mullah, Bizhiken a décidé d'élaborer ce qui se passait dans madrass les jeudis? .. Le crayon sur le papier a un ensemble de détails, ils étaient dans la tente située sur un cercle, la tête au mollah et les pieds contre le mur. L'ensemble de bâtons était leur corps. Pour le bas du bâton - deux bâtons, et ce sont les jambes ... Et voici le mollah ... Il se raser dans shuch une manière qui a pris la moitié supérieure de la moustache, et les conseils sortaient comme un chat qui avait remarqué une petite souris. La forte, le nez ruse sur sa tête rasée et la calotte noire. Une longue tige dans sa main.
Bizhiken emporté et n'a pas remarqué le peu dans ses petits yeux enfoncés. Mullah suavement - tout comme un chat se glissa jusqu'à elle et a sorti la feuille. Oh, Allah le Très Miséricordieux .. Comment vile lui dépeint cette fille! Mullah déchira le papier en petits morceaux. Sa moustache hérissée encore plus, ses yeux erraient, lèvres tremblantes - Mullah a chuchoté quelque chose .., Bizhiken rencontré dans le Coran le mot - uyalyat, et qui est - bilatérale, qui a rompu avec les mollahs?
Depuis Bizhiken cessé dessiner.
Dans la madras, il y avait deux mollahs. Principal Hussain Ghazi a déménagé à Tobolsk, d'apporter un monument de la tombe de Eseney, alors voulu Ulpan. Après tout, deux semaines plus tard - c'était l'anniversaire de sa mort, et Sibal attendaient, ne reçoivent pas plus de dzhaylyau et temporairement monté une tente autour du lac Karatayly glycol.
Dans les cinq parish de Kere et uak qui a été distribué et combien doivent traire les kumys. Upan envoya des messagers à tous. Pas envoyé à un Kozhyku - elle savait comment le traiter Yesenia, elle se souvint de l'histoire de comment il a plongé dans l'eau glacée, se trouvait dans la file d'attente Kozhyka et ne voulait même pas se réchauffer au coin du feu ... Kozhyku n'est pas une place parmi les invités pour la suite, Mulla Husayn est de retour.
Sept tranchant, haché sur goudronneux, âgé de pins Mazar pour Eseney, avec un dôme en fer-blanc, peint dans la couleur du ciel, de peinture bleue. Par sa la taille, il n'a pas concédé une yourte douze faces. Mazar, probablement, sera appelée un dôme bleu, car il n'est pas accepté par tout le monde, avec ou sans raison, en particulier après sa mort, à répéter le nom de Eseney.
Mulla Husayn apporté la pierre tombale et se vantait que personne ne réussit à obtenir un ... Quarante-livres rocher - tous dans les veines d'or et d'argent, et le soleil y versant ... Pierre tombale digne pour le genre de personne que Yesenia était.
-Je ne comprends pas ... Eid? Mais pourquoi les enfants innocents contraints de jeûner et de prier à lire? Pendant trois jours, les douze disciples ont cessé d'aller ... Leurs parents, au lieu de les gronder, rient un mollah junior. Et mon Bizhiken va vers lui avec une grande réticence Ulpan ajoutée.
Douze cessé d'aller? .. Pour mollahs supérieurs tels dommages était égale à celle comme si le loup leva douze agneaux! Il serra la main:
- Que ce soit sept fois bâtard maudit, un mendiant des mendiants! Demain, je vais le conduire!
Les enfants à l'époque, se sentent à l'aise. Les enseignants n'étaient pas à eux. Les mollahs en invitant des témoins à Allah et à son prophète, se sont battus les uns les autres. Surtout ce mois était important pour chacun d'eux. Eid - et personne ne viendra le mollah les mains vides, tirer vers le haut l'offre: bétail, des cuirs ... Les dons en argent. Et loin et se réveiller pour Yeseni, aussi ne parviennent à mettre entre vos mains! Dans ces moments, un mollah principal fait de son mieux pour mordre le plus jeune chef.
Enfin, la pierre tombale se trouvait sous le dôme bleu, la zone autour de la région de Mazar a été autorisé, et Mulla Hussain, appelé oulpan au cimetière.
Elle est venu avec Dameli et Shinéar. Et elle a pris Bizhiken.
La lourde pierre apportée de Oural se transformerait gris clair ou bleu ciel, selon le côté où la lumière tombe sur elle, ce qui rend le jeu de cuivre et d'argent stries ... Et comment les maîtres pouvaient séparer de la roche, le polir, de sorte que vous pouvez regarder comme dans un miroir!
Mulla Husayn, lu solennellement la prière, les mots sonnait creux sous le toit du dôme. Bizhiken assis à côté de la pierre, les jambes croisées, et attendit. Mullah la préparer à l'avance - laisser la voix pure et claire du son de sa fille près de la tombe de son père.
Bizhiken a commencé, sa voix tremblait, mais peu à peu elle fait face à l'excitation, et il n'avait pas l'air lue à partir Coran, mais comme plié une chanson ... Dameli pleurait, Shinéar pleurait. Les larmes remplirent les yeux de Ulpan. Mots arabes sonnait comme lui de l'aide adressée Bizhiken: “Et ... Pourquoi mon père ne décédé?,. Savait-il pas combien j'ai besoin de lui? Dans notre monde aul vous aknar-apa appels ... Tous les enfants pensent de vous comme leur mère ... Et pour moi, tu es le meilleur, le plus cher ... Partout dans le monde il n'y a pas mieux que vous! Mais pourquoi at-père nous a quitté si tôt? Je ne serai jamais un orphelin, comme je vous l'ai fait. Mais ça fait mal, quand je vois nos garçons des madras, et les filles comme moi, à côté de leurs pères. Comment ils se précipitent à leur cou, comment ils se soucient. Et moi, mon père n'a pas voulu me prendre dans ses bras, ou tape sur la tête ... "
Bizhik vu la première fois Eseni, caché en permanence derrière le rideau, quand elle avait quatre ans. Maman pensait que la fille pourrait être effrayé, et Yesenia il ne lui a pas permis de mener Bizhiken. Mais qui peut veiller sur cela? Bizhik, laissé sans surveillance, a ouvert la porte de sa chambre, se glissa sa tête, a ouvert le rideau et se figea d'effroi. Comme sa mère une fois, Bizhiken ne savait pas qu'il y avait ces grosses têtes - à la tête de l'ancien borax couvert avec beaucoup de gel! Le visage était comme un grand comme un bol, mais un bol craqué dans de nombreuses rides et les taches ... Les mains tremblaient - et les deux personnes qui tremblaient qui le tenait par les bras.
Bizhik crié, se précipita dans la salle et s'installe seul dans les bras de sa mère qui est déjà allé à sa recherche. "Apa ... apa, apa ... ...» - c'était tout ce qu'elle pouvait prononcer. Ulpan se souvient combien de travail qu'il a fallu pour la calmer. "N'ayez pas peur, n'ayez pas peur - elle répétait à voix basse, il ne vous fera pas de mal, c'est ton père, il est gravement malade, mais il va bientôt être en bonne santé." - "Et pourquoi ces deux-là .. saisit les mains de mon père et ne voulait pas se laisser aller?" - ".. Il secoue entièrement, telle est la maladie Si nous ne tenons pas ses mains, il ne peut pas s'endormir Une personne ne peut pas lui tenir votre père est un guerrier ...».
La première crainte est parti, et les quatre ans Bizhik s'habitua à l'apparence du père. Elle regarda ses yeux, et ses yeux étaient gentils. Elle joue maintenant avec les garçons, les filles de pairs, tout à fait différente - elle, comme eux, a maintenant un père! Et quand elle avait sept ans, à chaque fois Bizhiken, avant d'aller au madrassas a amené son père a kumys berçant, il était de son devoir.
Sa main a été tenu et les jambes ont été constamment cloué au sol par de fortes ensaché des couvertures et des oreillers. Bizhiken parfois assis sur lui et a essayé de jouer avec Eseni, mais il tremblait comme un être vivant, et pendant longtemps elle ne put résister, elle roula sur le sol et lui dit: «Papa, je vais le mollah à l'étude - Alip-bi-ti ... Et tu dorme, bien.?" - "Eh bien, mon petit, tu vas, et je vais dormir." En sa présence, il ne permet pas à se détendre, mais la porte se referma, et il a sorti un gémissement: «Oh mon Dieu! Pour quoi? .." Combien de fois mentalement, il la prit dans ses bras, mis sur son épaule ... Combien de fois il se sentait Bizhiken monter sur son dos quand il prie, et envelopper ses bras autour de son cou ... "Oh mon Dieu ..."
C'était ainsi, et Ulpan le savait - un père, mais se limite à un lit, pas comme les autres, était nécessaire, nécessaire pour Bizhiken! Mais que pouvez-vous faire? .. Et encore un autre reproche a été fait dans les mots mélodieux de sa fille, qui ont continué à lire des prières à Mazar, la pierre, par cette pierre, ils ont été toujours séparés de Yeseni!
"Apa ... Et pourquoi je suis seul avec vous? Et papa? ... Où sont mes frères? Mes sœurs? Sauf pour toi, je n'ai personne. Tu es seul et que je suis seul ... Quand je me réveille la nuit, j'entends tes soupirs. Allez-vous jamais cesser soupirant, apa? Pardonne-moi, mais les jeux les plus fun, ils ne m'amusent .. quand je vois, est tombé gamin nommé Seytek et sa sœur Aïcha, elle a mon âge, met son frère sur ses épaules. Et quand Bagila tombé, Sansyzbay le prit dans ses bras, le frère aîné. Je tiens aussi à quelqu'un de porter sur mon dos. Et moi, quand j'étais petit, comme eux, quelqu'un porte moi sur ses épaules? "
Non, Bizhiken n'a pas dit tout cela.
Bizhiken, les yeux mi-clos, entonna;
- ... Il donne la vie et la mort, et à Lui vous sera retourné ... Ceux qui ont cru et étaient pieux, pour eux, les bonnes nouvelles, à la vie courte et à l'avenir ...
Elle a lu sans comprendre les paroles. Ulpan peiné pour elle sans essuyer les larmes et a investi dans ces mots son sens, sa douleur lancinante. «Mon Bizhiken grandit" - pensait-elle.
Trente personnes se sont rassemblées pour la aul dirigé par Baydaly-biy et Kuzembaev, l'intendant municipal. Ils se sont assis et ont discuté de la prochaine funérailles, lorsque trois cavaliers s'arrêtèrent près d'eux et accueillis.
- Bienvenue ... - a répondu Mousrepov.
Le remercia l’imberbe, dont le cheval se tenait en face:
-Merci ... Nous sommes arrivés pour un affaire. À partir de Kozhyk Batyr. En son nom, nous devons voir Oulpan-baybishe. Elle est à la maison maintenant?
-Vous auriez pu enlever vos chevaux ... - Suite Mousrepov qui n'aimait pas les coureurs et l'entretien de la barbe trop. - Vous auriez pu nous dire ce que vous êtes arrivé avec. Et puis nous verrons, si l'oulpan-baybishe est à la maison ou non.
- Non, - dit obstinément la imberbe. - Ce que nous sommes venus avec nous dirons Ulpan elle-même, et puis nous allons tourner les chevaux de retour.
- Alors vous pouvez revenir en arrière. Elle ne veut pas vous recevoir, en particulier les personnes envoyées par Kozhykom.
- Quelle les Sibals...Viens de l'enterrer Eseneya et déjà vous gardez sa femme dans une tente noire, qu'on ne vienne pas à elle! Vous voulez piller sa horde?
Mousrepov regarda Shondygula et Shondygul revella, facilement retiré du cheval le imberbe, bourré à la fin de la câble dans sa main et le tira sur les épaules au sol devant Baydaly-biy.
-Parle ... - Ordonné le Bii.
Celui-ci ne s'est pas embarrassé et a commencé;
- Eh bien, je vais le dire! Peut-être vous atteint les nouvelles, que les aouls de Kozhyk, l'ensemble de ses vingt-quatre aouls ont frappé la variole? Pourquoi n'était pas le batyr invités à la suite de Eseney?
Tout en écoutant quelqu'un le bii n'entrera pas en conflit avec lui, il va juste prendre la décision finale, et bien Baydaly était prêt pour la réponse, il hocha la tête à Mousrepov.
Pendant sa vie Yeseni jamais appelé Kozhyka, a déclaré Mousrepov. -Et mourant, il lègue qu'aucun bandits de grand chemin se moque de ses cendres. Kozhyk ne serait pas appelé là-bas.
-Quoi d'autre direz-vous? - Baydaly-Bii se tourna vers le messager.
Je dirai - Kozhykwill apporter vingt-quatre sous-marins avec le lait de jument, une centaine de moutons, juments cinquante engraissés pour les deux slaughter.The séminaires seront chargés de cadeaux pour Ulpan-baybishe. Vingt-quatre chevaux sont prêts pour baige après Eseneya.
Baydaly encore destiné à écouter.
- Kerey-Waki connaît tous ... - Suite Musrep. Cet automne Yeseni à peine sorti de l‘eau glacée, il gelait sur la route. Mais quand il est arrivé à la cabane de Kozhyka, Yeseni n'a pas réchauffé près du feu et ne pas toucher les aliments. Kozhyk n'est pas un homme, mais un cochon, si vous pensez que nous allons laisser son pied désagréable de marcher sur le sol, où le repas funéraire ...
- Que pouvez-vous dire? - demandé Baydaly.
-Je vais vous dire, Sibaos, vous n'auriez pas dû faire cela. Yeseni est mort, et une souris vivante n'a pas peur d'un lion mort! Yeseni est mort - qui aura peur de vous, Sibals? Kozhyk - il est Kozhyk ... Kenesary aujourd'hui - c'est lui. Deux kbnei sont toujours en laisse, deux cents zhigits dormir la nuit sans se déshabiller, mettre une selle sous sa tête. Vous ne devriez pas faire cela, Kozhyk visera une Sibal! Ensuite, nous verrons ... J'ai dit tout.
C'était au tour de Musrep regarder Baydaly bii. Bii condamné:
- Pour l'arrogance, pour outrage au village deuil, qui se prépare pour les funérailles, donner cette quarante coups de fouet imberbe ... Pour les menaces proférées par lui, prendre le cheval, et de l'envoyer à pied!
Si la peine est trop sévère, un de ceux qui est proche, peut par la coutume demander: «Pardonnez-Biek ..." Bii peut réduire de moitié la peine pour une telle demande, mais on croit que le coupable a été puni pleinement. Cette fois, personne ne se leva, et Shondygul avec quelques zhigits dirigé l'imberbe.
Dans la soirée, à la maison de Ulpan recueillies Baydaly, Kuzema-bye, Musrep et très jeune, mais déjà montré son courage, un zhigit nommé Kuniyaz.
Ulpan écoutait, et demanda:
- Comment comprendre Kozhyk? Le fait qu'il envoya des messagers pour nous, est-ce la fin de ses excès, ou at-il quelque chose de nouveau à l'esprit?
Le Kuzembaev paroisse de la famille kereyski koshebe répondu Ulpan:
- Si notre Eseke était vivant, je dirais - la fin des atrocités. Mais Eseke n'est pas vivant ... Le imberbe dit que Kozhyk a obtenu deux cents zhigits, ils volent constamment villages de l'autre côté de l'Ichim. Maintenant, comme dans son ancien mémoire Kozhyk décrit la terre kereyski.
Baydaly a donné son opinion:
- Ce chien sanguinaire avait peur de s'approcher de vivre Yesenia ... Kozhyk veut obtenir, même avec une Eseni mort!
Ils ont tous exprimé leurs hypothèses, mais on ne parlait pas quoi faire. Apparemment, ils ont décidé de laisser Ulpan décider elle-même.
Une fois Kenesar donné Kozhyka sa sœur cadette, est devenu un ami pour Kozhyk et Chingir Valikhanov. Dès son jeune âge, il avait à peine dix-sept ans, Kozhyk est devenu connu pour son tempérament vicieux, plus avec son caractère impitoyable. Initialement, les villages de la steppe étaient du côté de Kenesar, et deux ou trois ans plus tard réalisé qu'ils n'ont pas une façon de bien, et a commencé à revenir ... Kozhyk avec ses gorges - il avait trois cents d'entre eux à cette époque-chassé les fuyards sur les ordres de Kenesar, il a emporté le bétail, les filles détournés et les jeunes femmes, et a eu sa part dans la production totale. Quand Kenesary réussi à capturer la forteresse Turgay, Kozhyk a été le premier dans le massacre de civils. Kozhyk de Kenesar allait jusqu'au bout, et ne serait pas laissé derrière lui, s'il n'était pas mort quand il est attaqué par les Kirghiz ... Ana Kozhyk fui vers le nord à la Betpak Dala, le détournement de quatre mille chevaux. Puis il s'installe dans le tractus Menza, dans le cours inférieur de la Ichim. Son autorité s'étend à cent fifty miles de chaque côté de la rivière. Atygai et les gardes qui ont vécu sur ces terres, et se sont enfuis à partir de son quartier. Fui le Waki, si Kozhyk lui-même venait de la Waki. Depuis les neuf épouses qu'il avait vingt-quatre fils et chacun possédait un poinçon. Et dans les villages réunis ceux qui est allé en randonnée avec Kenesar. Kozhyk probablement décidé qu'il était de son temps, et voulait faire peur à mort à l'enterrement et apporter keres à genoux.
Ulpan remarqué l'hésitation des Baydaly-bii et Kuzembay, mais ce n'était pas la première fois qu'elle a pris la responsabilité sur elle, a mis le lourd Korzun sur les épaules .
- Nous allons procéder à des funérailles avec l'aide de Dieu, mes cousins, - dit-elle. - Voyons ..: Peut-être que si Kozhyk ne cône à son sens, que nous appellerons une centaine de le kazakh de Stap. Mais comment allons-nous vivre? Il s'avère que Yeseni est mort, et personne n'est en mesure de faire face aux Kozhyk? Mais ne Yesenia aller seul contre l'ennemi? Non, il jeta un cri de bataille commun pour la Kere ... Convention des uaks par leur Zhaubasar Uran ... Et tous ensemble ils chassèrent de nos terres pas certain Kozhyk, mais Kenesar quand il était en pleine force! Et Kozhyk ... Il est des uaks, mais sa tribu indigène ne veut pas de lui pour le savoir. Il a réussi à éviter la punition par les mains de Eseney, mais n'a pas Yeseni vous a dit avant de mourir: "Kerey aussi longtemps que vous n'avez pas sortir avec Kozhyk, vous ne saurez pas la paix." Il ne se soucie pas de lui-même - Eseney n'a pas eu inimitié personnelle avec Kozhyk. Ce voleur, ce tueur est maudit par le tout atygayami et toutes les sentinelles, tous Keres, tous uakamns! Sa place est dans une maison sombre, où les fenêtres sont barrées. Si tous les autres se cachent dans les forêts, Sibals à elles seules venir à bout de la Kozhyk ... Mais ils n'ont plus Eseney, mais les hommes, gloire à Allah, il ya!
Jeune Kuniyaz raidit à ses paroles qui sont les hommes à sibans, obtiendrait désormais sur un cheval et faire de la randonnée.
- Ulpan parle correct ... - A commencé Musrep -. Elle dit que les hommes auraient dit il ya longtemps. Nous avons fouetté le coureur de Kozhyk ... Pris le cheval de lui pour le sien. Alors Sibals décidait de tout. Mais Kozhyk n'est pas seulement leur ennemi. Nous avons hérité de nos ancêtres l'usage d'un tel ennemi commun. Un méchant incorrigible est jeté des pierres, une pierre de chaque trie ... Sibals, je pense, ne resteront pas seuls. Et la place pour Kozhyk est en prison. Baydeke, qui, si elle n'est pas vous, devriez commencer cette entreprise, et pour couronner le tout ...
Baydaly-bii aimait quand son nom a été appelé en premier. Il a dit:
- La meilleure façon de tuer un voleur, c'est que Dieu fit le signe de l'unité de Keres et uaks.
- Et qui suivra les gens si pas vous qui? -Musrep dit respectueusement. - Baydaly-Bii est connu non seulement parmi les Kazakhs, mais aussi parmi les Russes. Qui peut prendre plus que vous?
Baydaly fièrement relevé la tête.
- Kuzembaev! - Il a dit au chef de la cavité - Préparer prigauar de nos cinq communes ... Nous enverrons les chiens de traîneau au bord qu'il ne pourra jamais revenir. Toujours ...
-Autres biies, comté intendants nous attendent - rappelé Kuzembaev - Appelez-les ici?
Kuniyaz amèrement s'écria:
-C'est un peu dommage! Et je pensais vraiment que c'était le jour, quand on peut s'asseoir sur la selle, donner un sihnal, crier le cri de guerre! Mais je vois que cette affaire sera limitée tant que document sera souillé à nouveau!
Dans les années qui ont suivi, Kenesary si quelques escarmouches se sont produites, il s'appelait encore un moment paisible. Sibal a bétail, moins que dans le passé, les enfants mouraient, zhigits dans les villages a augmenté. Si les premiers habitants de ces territoires ont été examinées par des personnes en raison de Yesenia et son nom, maintenant, ils ne représentent quelque chose d'eux-mêmes.
Ils se sont tous réunis et tout le monde attendait la parole de Baydaly. Il leva les mains au ciel:
- Seller les chevaux, Sibals! - Il a dit solennellement, - Selle les chevaux, jeter le cri de bataille Nous allons sol le papier aussi, mais avec le papier que nous n'apportera pas Kozhyk bas!. Rappelez-vous, si l'on compte tous, il ya plus de trois cents zhigits là! Rappelez-vous aussi que notre campagne sera une campagne SIBAN.
- Donc, la campagne aura lieu quand même? - Heureusement demandé Kuniyaz;. -
- Oui ... Un grand ...
Ils se préparaient pour la campagne rapide et décisive.
Il était difficile de trouver au moins une aul, qui n'avait pas de trouver des affaires avec Kozhyk, et tous les cinq cantons envoyées contre lui leurs zhigits. Mais il doit y avoir eu de bons chevaux, de la nourriture ... Baydaly sciemment laissé entendre que la campagne sera un SIBAN.
- Dieu vous aide, les hommes! - Ulpan dit. - L'esprit de Eseney ne prendra pas à cause de moi si je vais tourner son bétail pour une si noble cause ...
Les gens l'appelaient Kozhyk un voleur et c’est vrai. Un voleur, qui est également vrai. Un tueur ... Dans la steppe, de nombreux Kazakhs gisaient toujours après sa rencontre avec lui ou son peuple. Encore et encore, ils ont rappelé comment, durant le temps de Kenesary Kozhyk organisé un massacre parmi les Russes dans Tourgaï et Mokrasybae. On dit de lui, qu'il écoutait avec un visage impassible aux cris des enfants dans les maisons incendiées. Comme il était dans sa jeunesse, alors il est resté toute sa vie. Pourtant personne ne peut traverser ses terres sans se faire voler. La crainte qui a inspiré son nom, a été un plaisir pour Kozhyk. Il était un parent de la famille de Khan. Et ce n'est pas tous les fils ont été rompues, qui a soutenu l'espoir de rétablir le trône de Khan, et beaucoup de ces discussions Kozhyk tenait dans ses mains.
Ses Sarbazs avaient grandi à long vieux, certains coul pas monter à cheval et n'étaient plus en mesure de s'asseoir. Mais les fils ont grandi, beaucoup d'entre eux ont appris l'odeur du sang, le lait maternel à peine goûté. Donc, si quelqu'un va concevoir pour diffuser un feutre blanc mat pour ramasser le nouveau Khan, Kozhyk a toujours des forces prêtes à se battre!
Comment pouvait-il résister si longtemps? .. Les responsables russes n'ont pas confiance dans les plaintes, accusant Kozhyk de vol, et ne tiennent pas compte des peines qui sont prononcées contre lui par le Bii et du canton stewards.To les plaintes Kozhyk lui-même ont porté plainte ... En réponse à leurs peines, il a mis en place son propre. Cette réponse réclamations souvent rencontré dans les Kazakhs, et donc le cas s'est empêtré dans l'extrême. En outre, un Kozhyk de temps insisté pour que ses villages ont été attribuées à une paroisse distincte. Il a écrit qu'il avait cinq yourtes. Lorsqu'elle est cochée, tout cela était de purs mensonges. Certes, il y avait plus de trois cents zhigits, mais villages étaient tout juste vingt-quatre ans, cinq cents yourtes n'ont pas pu être atteints. Et en fait, il est un voleur, et beaucoup de choses sont répertoriés pour lui ... Mais qui, je le demande, de Kazakh biys a les mains propres? Y at-il une règle de la paroisse kazakh qui n'a pas été déclaré au moins une plainte par jour? Ils sont tous les maîtres de la calomnie sur l'autre et ces détracteurs sont si habile qu'il est trop difficile de déterminer qui a raison et qui a tort. Laissez-les se débrouiller - les responsables russes ont convenu de cette pensée, et Kozhyk n'a pas été soumis à un harcèlement ..
Mais cette fois, la patience est épuisée, les Bies de Kerey-uaksk, comté intendants ont persévéré. Par le courrier les documents ont été envoyés non seulement à la Kyzyl-Jar, mais à Omsk, par le gouverneur général, et tandis que le papier est lu, alors qu'ils pensent sur ce qu'il faut faire - cent cinquante zhigits de chaque paroisse se sont réunis pour aller pour la randonnée. Ils étaient dirigés par Boca guerrier de shagalak et de Tozeur-koshebe-Mustafa, qui n'a pas seulement hérité de son père Segiz Seri la possibilité de composer des chansons, mais était considéré comme un des hommes courageux, qui ne tolèrent pas l'injustice. De la sibans était Kuniyaz, de la famille des Etats baltes, Kushikbay-guerrier, né Balta petite, mais très respecté par tous Kere. Comté est allé avec eux intendants Biya - Kuzembaev, Baydaly ... N'a pas rester à la maison aussi les personnes influentes dans les villages, comme Musrep et Kenzhetay.
Ulpan a donné les sibanski zhigits soixante chevaux, sans regarder l'article, pour costume, Shondygul choisi le meilleur. Elle a dit qu'elle demanderait pas leur retour. Quarante juments stériles gras destinés à l'abattage afin que zhigits besoin de rien, les bergers conduisaient derrière les unités.
La rive nord du Ichim était complètement envahi par la forêt, il y avait de nombreux lacs, où dans les roseaux étaient des oies et des canards nicheurs. Eux et d'autres oiseaux migrateurs - grues, bécassines, vanneaux, en ces jours-là n'ont pas atteint le nord-est de la Sibérie, ils ont passé l'été dans l'ouest, la postérité éclos, et avec eux, laissés en hiver. Seulement canard gris avec des anneaux noirs autour de son cou a volé plus au nord.
Essayant de ne pas effrayer les oiseaux sensibles, et ne pas attirer l'attention de quiconque, les troupes contourné le lac, silencieusement allés plus loin dans la forêt. Les scouts detarmind à l'avance, ne s'en aperçoive, où quelques-uns des vingt-quatre villages de Kozhyk étaient situés. Ceux qui n'ont pas été très protégées, ont été utilisés, que tous avaient peur d'eux. A l'aube de chaque theaul était entouré individuellement, de sorte qu'ils ne pouvaient pas s'unir, et ne pouvait pas offrir de résistance. Plier humblement les bras sur la poitrine, et non pas ce qu'ils faisaient pour être vu dans le désert, les zhigits de kozhyk devraient décision de leur sort.
Mustafa a pris sur lui la capture du Kozhyk.
Avec ses quarante zhigits Il couvrit la tente twelvesided, qui lui-même Kozhyk, avec ses fanfarons habitudes de Khan, a appelé la horde blanc.
Lorsque l'anneau est fermé, Mustafa cria d'une voix forte;
- Kozhyk! .. Sortez!
Par la porte ouverte a claqué un coup de feu et l'un des chevaux sont tombés.
- Vous fils de pute! Si vous voulez vivre, de sortir de la yourte! Encore une fois, le coup était une réponse à ses paroles, gémissant commencé renversement de la selle d'un zhigit.
- Déchirer son shanrak ... - Commandé Mustafa. Cette méthode est venu former leurs ancêtres, les zhigits au grand galop allés autour de la tente, et la moitié de la hausse dans les étriers, frappés par shokpars lourds à l'épine dorsale de la yourte, faire le bruit de la rupture uyki. Le Shanyrak s'est effondré en tirant le capot supérieur. Il y avait un cri perçant d'une femme:
-Vous avez englouti et nous, Kozhyk tué! S'écria l'enfant.
- Au feu! -Commandé Mustafa.
Comme toujours dans la yourte, de l'autre côté de la porte a été rempli avec des troncs, où gisait la literie pour les clients et d'autres articles ménagers qui ne sont pas utilisés tous les jours. Les Zhigits apporté pas charbons de bouleau brûlées, les charbons ont été enterrés dans les cendres de la tente de la cuisine, dans la fosse de feu et ont brûlé le squelette sur trois côtés.
Sans cesse pleurait une femme. À bout de souffle dans la fumée, une voix rauque toussé un enfant.
- Sortez! ..
À la porte, la crosse en avant, a sauté sur une arme à feu, avec le pouvoir d'une main invisible jeté. Puis, se penchant, est sorti Kozhyk. Dans ses sous-vêtements. A cette époque, il était léger, il se tenait juste en face d'eux, aux cheveux gris, avec inhabituel pour Kazakhs barbe rousse. Derrière lui apeared sa femme, le jeune avec l'enfant dans ses bras, qui vient encore de la toux.
Les zhigits, ceux qui étaient avec Mustafa, mènent un des fils de Kozhyk, Bekezhan, il a été capturé dans le quartier de la otau-tente avec sa femme, elle était la fille de Genghis, son nom était Rahiya.
- Vous coquin ... coquin ... - Kozhyk serrait entre ses dents. - Je vous ai envoyé pour observer la nuit, et vous, il s'est avéré, atteint sous l'ourlet de votre femme, ne pouvait pas attendre ...
Bekezhan se tenait silencieusement la tête baissée.
Dans la yourte d'hôtes les zhigits de Mustafa soulevées Yakup, le fils aîné de Gengis Khan, et avec lui des trois autres.
Le vent chassa le feu, et la yourte blanche de Kozhyk brûlé déjà au complet, enveloppant chaleur. Ils devaient s'en aller.
Mustafa a ordonné de mener tous les prisonniers pour les voies de Uyenkili dans la Poplar Grove, où l'attendaient le Biys et le comté intendants. Et il est resté jusqu'à l'aul de Kozhyk burnd bas, non seulement le blanc, mais aussi les tentes noires. Si ce n'est pas burnd une des zhigits peut se sont infiltrés retour au pillage et au cas où un début de pillage, il ne restera pas de soldats, mais plus de pillards ... Et jusqu'à ce que les flammes sont morts dans les cendres, Mustafa n'a pas pris le cheval pour aller aux dirigeants de la campagne qui l'attendaient.
C'était une coutume ancienne amoung Kere et uak mettre le feu à un endroit qui a été associée à une catastrophe noir, avec des souvenirs de souffrance et de douleur expérimenté ... Ils apportent également de tirer les endroits où ont eu lieu la variole et le choléra, ou la perte du bétail, et puis ne pas s'approcher pendant quelques années.
Az-Tauke a enseigné: «De la place qui a été visité par la matière noire, même une buldyrg pour vous-même vous ne pouvez pas prendre ..." Et dans le village de Kozhyk outre une buldyrg, boucle en cuir brut sur la poignée de Kamcha, il y avait beaucoup de biens, mais aucun des zhigits n'ont pas les mains souillez, ne touchez à rien. Si le camp d'été est burnd, puis son hibernation est brûlé.
Parmi les personnes de Kozhyk nombreux étaient ceux qui avaient été contraints à la position de renégats, certains prédateurs des prairies. Certains des jeunes gens pensaient que c'était beaucoup mieux d'avoir du plaisir dans le alti-Bakanov de parcourir les steppes à la recherche de la prochaine victime! Ils étaient fatigués de guerriers et de paluans, ceux Kenesar encore en service étaient fatigués de la gourmandise et la paresse, fatigué des souvenirs moralisateur fanfarons de batailles passées. Il y avait dans les villages aussi beaucoup de femmes piégées à différents moments dans différents raids, certains surtout récemment. Ils se réjouissaient de la liberté, en espérant qu'au moins theywill être mis en liberté, et tout le chemin furieusement maudits voleurs détestés de Kozhyk.
Et ceux-ci, si courageux avec la défense, n'étaient même pas en mesure d'offrir une résistance, un matin, une vague a déferlé sur eux et ont emporté! Tout cela canaille, plus de deux cents personnes, avec Kozhyk, avec ses vingt-quatre fils, ont été envoyés sous bonne garde à Kyzyl Zhar. Seuls les clients ont été libérés dans la tête de Yakup, les concubines femmes ont été envoyés à leur domicile, et d'autres éleveurs et les bergers âgés. La famille de Kozhyk avec leurs maris vivants, ne revint jamais à eux de Berezov, soixante deux femmes, mais ils n'ont pas été expulsé lors.
Et ce matin, sur les rives de l'Ichim, dans le bosquet de peupliers, zhigits célébré la victoire. Ils ont massacré les vingt juments restants et festoyaient après le coucher du soleil, uraza mois wss pas encore terminée, à la lumière des feux. Par zhigits du matin a commencé à se disperser sur leurs aouls. Par la mise en place des biys et chefs de canton des troupeaux de Kozhyk a été donnée à chacun.
Seuls les zhigits sibanian n'ont pas pris un seul.
- Pourquoi refusez-vous? - Question Baydaly-Bii à Musrep.
Il a répondu:
- Baydeke, c'est un shamefor les sibans à encaisser au cours de la campagne, que vous appelez sibanian. Sibans eux-mêmes devraient accorder gens d'autres villages. Nous avions donné un mot d'assumer la charge de cette campagne et ne pas penser à la production.
- Eh bien, si c'est le cas ... - Bii dit.
Ni lui ni Musrep ne négocie pas à travers.
«Nous allons à une campagne sibanian ..." - A dit le zhigits de Kere, laissant leurs yourtes. "De la randonnée Ulpanian nous revenons avec une victoire et avec des chevaux!" Ils ont loué le nom de la baybishe revenir. Ils ont réussi à découvrir que le dernier mot, qu'il est temps d'en finir avec le gang de Kozhyk lui appartenait.
Sur le chemin, Bii et du comté se sont tournés vers le village de Kuzembay pour fabriquer le papier pour le gouverneur, et dans le document, entre autres, ont été écrits: sept mille têtes de chevaux, deux mille chameaux appartenant à Kozhyk, ils ont été transférés à le trésor ...
Leur humeur était optimiste. Il n'est plus une menace qui ne cesse suspendue au-dessus de leurs aouls, comme lorsque Kozhyk se promenait en toute liberté ...
Zhigits roulaient dans les systèmes, et il était difficile de croire qu'il ya à peine quelques jours, ils avaient tendance troupeaux dans le désert, marchaient derrière la charrue, se sont réunis pacifiquement errent sur dzhaylyau ... Tout d'abord, en tant que leader de l'équipe, a été conduite Kuniyaz mettre un pic en position verticale. Droit à lui était Musrep, et sur sa main gauche était Toganas-paluan. Les Zhigits qui ont également des crêtes de leur suscita, en accueillant leurs femmes. Et derrière eux, a conduit ceux qui étaient armés de shokpars, des arcs, d'autres ont soulevé l'oeil-Balta, axes. Dans le fourreau reposé les Selebe-pyshaks, de longs couteaux, comme un poignard.
Les femmes ont cherches de leurs hommes, et heureusement éclaté le visage de Biken quand elle vit dans l'une des premières lignes Kenzhetay sains et sains et saufs, et elle pensait que, dans leur village, tout comme cette rencontre Mustafa son ami Gauhar ...
Lorsque les zhigits approchés, Ushan fut le premier à tomber à un genou, puis toutes les femmes aussi, et ils se démonté et s'est approché jusqu'à Kuniyaz, Musrep, Toganas-paluan et autres zhigits. Ils ont été aidés à descendre la selle par certains aînés vénérables.
Trois majors sont venus à l'oulpan-à-dire comment la campagne a pris fin, et alors seulement redressé les femmes et les filles à genoux.
- Quarante-vieilles femmes ... - Oulpan dit - et moi-la quarante et unième, cinq jours et cinq nuits priaient pour vous, nos têtes ne touche pas les patins ... Quand les hommes sont pas dans la maison, il semble que les villages sont tout simplement vide. Que cette campagne militaire sera le dernier pour les fils du Cibao, sera condamné ce qui nous sépare! Et maintenant venu pour nous, profitez de la viande de bétail qui a été présentée comme un sacrifice en l'honneur de la victoire.
Pour ces zhigits qui étaient encore en selle, a couru les filles, de les soutenir à l'étrier, et a conduit les chevaux de guerre et les ont attachés à des yourtes blanches de Eseney. Et bêches, des arcs et des haches ornées l'entrée, donnant l'apparence militant et austère aul.
Tout à l'heure, assis sur les chevaux du zhigit sentait hommes fiers et indépendants, et là encore, ils se transformèrent en paisibles bergers et des éleveurs, des motoculteurs, tondeuses ... Ont-ils aidé à descendre par les femmes et les filles? Et le fait que les chevaux étaient attachés à la ceinture des yourtes esenian, n'a pas que cela signifie que l'oulpan a décidé de les prendre après une campagne réussie? ..
A l'entrée auvents vient d'être pivoté jusqu'à quatre yourtes blanches. Qui a été plus modeste, a cherché à l'extrême, il n'a pas été autorisé. Ils ont dû aller dans le plus grand, où semble toujours être vital de l'esprit de Eseney. Les zhigits audacieux et sans enlever leurs bottes, disposés sur des couvertures de soie posées sur le haut du tapis moelleux. Ulpan pouvait se rappeler comment elle était trop timide pour enlever ses bottes dans la boutique du marchand Tobolskan dans le premier voyage, et donc elle se comporta de telle sorte que personne ne soit gêné par sa pauvreté ..
Elle a été remuant jusqu'à la mare, et les filles, et Bizhiken parmi eux, a servi les coupes pleines zhigits. Près Astana, dans des boîtes de bois profonds, étaient assis par huit zhigits, et chaque plat était le chef, fémurs. Tout ce qui a été honoré pour les invités ... Et la nappe pour le thé a été servi généreusement, il y avait des collations, des épices. Et c'est ainsi dans tous les yourtes, qui ont été greatting les revenants de la randonnée. Oulpan comme s'il était prouvé la validité de l'édification Kazakh: "Respectez le vôtre de telle manière, alors que les autres personnes ont perdu leur paix avec envie."
Après une longue fête les zhigits commencé à se disperser, il était temps de rentrer dans leurs villages. Près des yourtes attendaient leurs épouses, mères, sœurs, et chacune des femmes tenait un cheval par la bride. Les femmes se sourirent et comme si cela était une sorte de secret chuchoté à leur.
- Ulpan apa laissé le cheval, le cheval est désormais le nôtre ....
Le pauvre homme est fier, il doit se lever à l'kryvdu de sa cabane ... Et maintenant, ils sont revenus avec la victoire de la campagne! Nous étions invités dans la tente de Eseney! Reçu le cheval de genre comme un cadeau! Une telle fierté suffirait pour chaque aul pour beaucoup d'années ...
- Les Zhigits sentaient hommes themself qui étaient capable de protégé leurs parents ... Avec eux était Ulpan heureux. En fait, après la mort de Eseney elle était consterné et énervé par le même avis parmi les sibans. Et soudain le vieux ressentiments de les tribus hostiles stired à eux? Yesenia n'était pas aussi innocent. Il y avait des villages entiers, il y avait certaines personnes influentes, qu'il avait une fois douloureusement blessé, qui se souvenait de la force de sa puissance continue.
Chaque tribu doit avoir guerriers non moins que ses ennemis ont. Yeseni les a laissés ... Mais, après toutes les Sibans mené la campagne de Kere, et Kere représentent cinq cantons! Et qui a donné l'oulpan espoir pour l'avenir, cela signifie qu'il n'ya pas de peur que les ennemis seraient Réussir. Les ennemis auraient à les laisser seuls. Il n'a pas été considéré comme le chef de ses troupeaux ... Elle n'a pas commencé à prendre les chevaux de retour de leur afin que personne ne puisse dire: «Cette femme a beaucoup promis avant la campagne ... et quand nous sommes rentrés, elle a regretté ..."
Kozhyk ne pouvait plus menacer. Ulpan a commencé à se préparer pour les funérailles.
Il y avait un Bayga et le premier ne pouvait venir que d'un cheval. La seconde pourrait également venir seul. Et le troisième aussi .. Et si le Bayga a été considéré comme neuf, et alors ne regarde pas plus ... Il y avait neuf dons. Les hôtes perdants, il accumulé 291 d'entre eux, et chacun d'eux assurés que leur cheval est venu le dixième par un malheureux malentendu .. Et même, quand il est devenu clair que dix-sept chevaux étaient coincés quelque part à mi-chemin, ils n'ont pas eu assez de force plus, ensuite, par l'approbation de leurs propriétaires, ils sont venus également le dixième.
Mais pour les lutteurs de paluan Tout s'est passé devant le public: qui ont combattu et qui a été pressé au sol. Le funereral a eu lieu pacifiquement - il n'y avait personne pour briser la célébration, pour insulter l'honneur du défunt. Le aul de Ulpan calmée, les clients dispersés à tous les aouls sibanian pour visiter des parents et amis. Quitté le Biis et le comté intendants, ceux qui ont été impliqués dans le revenu sibanian.
Au bord du lac de Kozhabai est devenu vide. La banque est devenue la possession de vautours et les corbeaux, aigles, vautours, hiboux, - tout ce qui nourrit par charogne. Toute la journée, ils ont été attirés ici par l'odeur du sang. Ils ont afflué de loin, mais la seule chose qu'ils pouvaient faire de grands cercles dans le ciel. Les gens s'arrêtaient eux. Toutefois, si les gens rejeter, une fête des oiseaux commencerait, le résidu de viande coincé par la chaleur du soleil était assez pour eux tous.
Quand le soleil, les oiseaux ont commencé à s'envoler à leurs arbres, leurs succursales, à leurs nids. Il commençait à faire sombre, et puis vint le moment où les biies et le comté stewards ont décidé d'aller à ses affaires ...
Ils se sont rassemblés près du village - ils étaient tous tellement concentrée et sombre, comme si elles n'étaient pas de se rappeler quelqu'un mais destinés à enterrer. Les messagers ont été envoyés aux représentants des peuples des sibans.
D'abord parlé à Tokai-Bii:
- Un des plus grands ... Pas la plus grande horde de la tribu Kere reste dans les mains d'une veuve et un orphelin. Il ne faut pas parler de la jeune fille, elle est pour les autres, et elle est née pour d'autres familles ... Que signifient les sibans réfléchir à la jeune femme qui est devenue veuve? Est-ce que la veuve garder la richesse de Eseney? Et la richesse des sibans? Nous Lancé à vous dire notre opinion, de sorte qu'il n'y avait aucune infraction alors ... Le biies comté mangé entièrement la viande, bu kumys et à gauche, n'a même pas regarder en arrière ... Ils ne pensent pas à notre destin ... C'est pour le début, j'ai dit ...
Tokai s'arrêta, regarda Baydaly et Mousrepov dit lui-même, apparemment, ils avaient auparavant déterminé qui et ce qui sera dit ... Ecoutons ...
- Vous avez commencé, et je vais continuer ... Les Sibans sont de la famille pour nous, et nous sommes venus prise par la peur. Nous avons remarqué que de la fumée, et c'était la fumée d'un grand feu qui peut s'enflammer! Ce feu couvrira tous les Keres et tous uaks! La seule Eseny frère, son frère cadet Imanali porter plainte à l'héritage. Il apporte demandes de l'épouse de son frère, selon les lois de Amengers. C'est ce que j'ai à dire. Et qui va nous dire les Sibans?
Le Kuniyaz Irascible même pendant cometees s'est comporté comme s'il était prêt à entrer dans la lutte à chaque minute.
- Les Sibans ne dira rien - il a été le premier à répondre. - Que peuvent-ils dire? Je ne sais pas qui a eu l'idée d'inviter désastre sur nos têtes! Qui? .. Que leurs propres maisons sont brûlées, ceux qui attisent les flammes des autres! Soit la peine rattrapé eux, avant que ...
Kuniyaz soulevée et éleva la voix, et Baydaly-Bii l'interrompit:
- Kuniyaz-Myrza, il n'y a pas sourd parmi nous ... Nous sommes venus en famille, personne n'a été appelés à sortir du uaks à alien dans notre conversation. Et ne ce spectacle seul que nous nous soucions de votre propre destin? Et si toutes les générations apprennent au sujet des allégations de Imanali? Vont-ils tenir compte du fait que seuls les Sibans n'étaient pas d'accord avec le défunt frère? .. Et qui peut nier ses droits? Il en est ainsi depuis les temps theancient! Vous êtes un Siban, ne dites pas la première chose qui vient à vous la tête! Une femme sans mari, est comme un doigt de gant sans doigts. Vous portez garant de la veuve? .. Et si elle le seul propriétaire de la richesse de Eseney, a l'intention de prendre la totalité de ses bêtes à ses kurleuts? Après tout, sans qu'ils aient un groupe de chevaux esenian. Et les kurleuties déplacés aujourd'hui à la Kustanaisky comté et le comté est soumise à Orenburg .. Non, le sort de l'héritage et de la veuve doit décider nous-mêmes, jusqu'à ce que d'autres ne sont pas intervenus!
Musrep était Biis silent.The et les commissaires du comté se préparent pour une longue période, pendant une année entière. Ils ont beaucoup de comptes avec Ugpan. Ne sont pas eux qui elle a réfuté ignominieusement dans l'année où le tore visité Omsk? Elle a pris pour acquis, la gloire de la récente campagne contre la Kozhyka et sa bande. Comment une telle chose peut être pardonné pour les femmes? Ils sont capables d'oublier leurs querelles pour un certain temps et à mettre leurs propres poursuites s'opposer à elle. Ici, ils sont unis! La première étape va reconnaître Imanali comme l'héritier, et de reconnaître son droit à Ulpan.They laissé entendre qu'elle pourrait quitter les sibans et passer à la sienne ... Ceci est un autre coin qu'ils veulent marquer entre Ushan et les parents de son mari défunt.
Musrep était toujours silencieux, il voulait juste savoir quoi d'autre les biies ont conçu, et lui demanda:
- C'est tout ce que nous avions besoin de vous entendre?
- Non, - dit Baydaly. - Non ... N'avez-vous pas, le fils du sibans avez pas entendu parler? Imanali veut organiser les funérailles de Yeseni lorsque le mois uraza se termine. Esek a quitté ce monde mortel dans la dernière année. Sur le chemin de dzhaylya, près du lac de Sorel. Il Imanali l'intention de rassembler les gens. Que pouvons-nous dire contre? .. Et comment les leaders thesiban regardent ce?
Baydaly regardait droit dans les yeux de Musrep, il savait que beaucoup dépendait de lui ...
Ils poussent à l'abîme, pièges ... Si vous échappez un, vous obtiendrez en un autre ... Musrep entendu, si vous commencez à discuter avec les biys, de réfuter leurs arguments, puis tous les sibans, et oulpan premier, sera reconnu coupable. Le jugement porté par les représentants des cinq cantons sera aussi shuch, si on en arrive là. Il serait bon d'en faire de sorte qu'ils n'avaient aucune raison d'intervenir.
Musrep assiégée Kuniyazau par un regard sévère qui a encore du mal à dire quelque chose.
- Cher biies ... - Il a commencé. - Nous vous apportons merci, vous n'avez pas considéré comme difficile de venir à nous, pour avertir de l'imminence troze. Mais aussi garder à l'esprit que ... Que Tokai et Baydaly Bii parlaient, se heurte à de nombreux dangers ... Toutefois, ce ne sont que des questions familiales, qui sibans eux-mêmes sont en mesure de résoudre. De par leur discrétion. Qui est l'héritier, qui sera l'héritage de la veuve ... Le pire de tout, c'est que vous n'allez pas reconnaître comme un oulpan baybishe sibanian. Avez-vous peur qu'elle quittera son aul? Mais croyez-moi, si dans ce genre il ya deux personnes dignes d'être appelés sibans "l'un d'eux est Ulpan! Et si une seule personne, il est de nouveau Ulpan! Depuis quinze ans, nous appelons Eseni! Alors il ordonna, et qui pourrait lui désobéir? vous dites, oulpan est une veuve, l'oulpan est une veuve. Et les Sibans envisager d'elle la sainte oulpan. Celui qui vous demandera tout ira témoigner, même sous la crainte de querelle avec vous. Et pour vous, nous n'avons que deux demandes ... Pour l'amour d'Allah, laisse, et ne pas parler de ce sujet avec l'oulpan. Pourquoi ajouter à sa peine qu'elle est un étranger pour nous ... et en second lieu, il est assez pour aujourd'hui, que vous nous avez dit l'cause de vos ennuis, la raison du retour de la route. Donnez-nous du temps et de voir par vous-même si nous sommes en mesure de faire face à nos affaires ou non.
Baydaly et Tokai étaient les instigateurs, ils ne savaient pas quoi faire. Selon toute apparence, Sibans ne les laisserons pas interférer. S'ils sont pressés, ils peuvent même invoquer le droit de la protection russe. Et puis, comment savons-nous de quel côté aura toujours le reste de la sebans et le comté intendants? Au moins il y avait Kurshs biy. Il revint avec eux, et maintenant il est assis et silencieux, et vous ne comprendrez pas ce qu'il pense ... Et tous Keres et uaks écouter ses paroles. Si seulement il dit - changer vos esprits, Sibans, ne vous détournez pas aux alliances de nos ansistors ... Cela seul suffirait à être humble.
Ils le regardaient avec espoir, mais le vieux Bii prononcés qu'après une longue hésitation:
- Il se peut que mes vieilles oreilles n'ont pas entendu ce que j'avais besoin d'entendre. Et mes vieux yeux ne voient pas ce qu'il fallait pour être vu! C'est ma faute, c'est que je ne peux pas garder pour votre temps. Elle remue comme une queue de renard. Comme le vieux disaient, et je me suis souvenu - la tribu, qui est à la recherche d'un prétexte pour une querelle, finira par avoir beaucoup d'ennemis, et la tribu en paix avec tous, ne fera qu'ajouter à la force elle-même. C'est ce que j'ai collé ma longue, longue vie. Vous m'avez dit, - Bii laissez-nous aller apprendre s'il ya des parents de Eseney bouleversé sur nous, ou d'avoir une demande pour nous ... Après tout, sa propriété a été laissé sans un véritable propriétaire ... C'est pourquoi je suis avec vous. Assis, écoute ... J'ai bien compris - Sibans sont maintenant loin de toute détresse, car ils vivent en paix et en harmonie. Ce que j'en pense? Une chose - nous ne devrions pas intervenir, ne devrions pas déchiqueter leurs vies.
Musrep s'empressa de les inviter:
- Il est tard. Et le plaisir pour vous est prêt pour un long moment. Il avait peur que quelqu'un est devenu affaiblir l'impression des paroles du vieux bii.
Après le retour de la fête aucune des rapatriés n'ont pas fermer les yeux la nuit, Baydaly-Bii et Tokai Bii lançaient. A l'aube retournés les escrocs envoyés dans la soirée pour les aouls pour savoir comment le sibans penser à leurs baybishe. Les nouvelles de ces escrocs ne pouvait pas apporter réconfort pour eux non plus. Les adultes prier pour sa santé et son bien-être. Le jeune homme avait honte de l'appeler par le nom seul et a appelé son ulysen principalement.
La première a sauté Baydaly:
- Ce vieil homme lui-même nous a montré la voie! Nous avons également de visiter l'oulpan, et dire au revoir ... Comme on disait dans l'ancien temps, qui insiste sur Kurymsy-Bii, qui tourne autour de beaucoup, il se battra jusqu'à la fin de son adversaire. Combien sommes-nous? .. Ne pouvons-nous lui defead?
- Il est vrai Baydeke ... - Tokai a également augmenté. - Nous allons essayer de tourner jusqu'à ce qu'elle soit seule, sans ses conseillers.
Ceux qui étaient plus jeunes, sans objection le suivirent.
Dans la tente qu'ils ont trouvé Ulpan et vieux Biy, qui aurait dit tout ce qu'il voulait dire, et maintenant séparé avec elle:
- Aynalayyn, les gens dans les villages ne permettront pas votre point tacher votre honneur. J'ai entendu dire qu'ils vous la mère de la tribu appellent ... Saint ... Je souscris à leurs paroles. J'espère que Dieu a
Kurymsy Bii se leva. Également résisté Ulpan, a jeté le manteau sur ses épaules. Il est parti sans dire au revoir à personne d'autre que lui. A côté de l'oulpan avait deux femmes, mais Baydaly et Tokai n'a pas pris en compte.
Ils flottaient toute leur rhétorique. La nuit remplace toujours le plus beau jour ... Après l'été, les parents comes.The d'hiver envier quand vous avez beaucoup de bien. Mais ces mêmes parents ne vont pas vous nourrir si vous devenez subitement pauvres. C'est la façon dont la vie est, et il n'a pas commencé avec nous et ne finit pas avec nous des pratiques dures et procédures établies qui servent de point de ralliement pour le peuple. Les gens d'esprit comme le Oulpan ne doivent pas détruire, c'est comme détruire Shanyrak de votre propre maison. Qui sait? .. Aujourd'hui, vous avez tout ce en toute sécurité, et demain il vient la difficulté, la douleur, la souffrance. Parfois, vous avez besoin de l'aide de la très relative, qui hier vous avez offensé! Même le feu le plus mineur, obscurcit la fumée tout autour ...
Le temps est venu pour tous de penser à l'unité de notre tribu, et personne ne devrait remuer le fond transparent du lac ...
Stiring l'ordre eux-mêmes, déclenchant le brouillard, les biies se sont attelés à l'entreprise. L'héritage ... Les droits incontestables de Imanali à la veuve de son frère aîné ...
Ulpan écouté sans l'interrompre, ne décolle pas ses yeux. Et ses yeux avaient une telle force directe et simple qui Baydaly et Tokai, d'autres Bies et du comté gardiens ne pouvaient pas le supporter, et détourna les yeux. Ils ont eu les habitudes comme les loups: ils ont jeté leur proie dans un guet-apens, elle entourée d'un anneau, lorsque l'un d'eux a eu assez de chasse, de nouvelles forces sont venus dans le cadre.
Ulpan en silence secoué et agité le lait de jument dans un grand bol sombre devant elle. Il semblait qu'elle avait oublié que le lait de cette jument doit traiter les gens respectables qui sont venus à sa maison. Et il n'ya rien de pire, quand la coupe en face de vous, et l'hôtesse est en agitant cuillère ozhau, mais n'a pas l'intention de servir tout Kese rempli, ni retirer le bol ... Quelle est cette femme maudite tête? Le but? .. Yeseni également assis en silence pendant un long moment, et il était difficile de comprendre ce qu'il dit ou fait. Nous voyons quelque chose dans Ulpan, qu'elle a appris de lui!
Chrysostome ont déjà empêtré eux-mêmes dans leurs allusions et des arguments, ils ont commencé à répéter, puis Ulpan semblait penser kumys. De l'agitation incessante, il est devenu tarte, il a acquis une odeur alléchante spécial, et les invités ne pouvait pas trouver leur place, untill les keses remplis tombent entre leurs mains, jusqu'à ce qu'ils tremper les gorges arides du temps de parole.
Ulpan a commencé par leur dire des mots de gratitude, les funérailles de Eseny ont eu lieu décent, sans querelles, les affrontements qui surviennent souvent quand un grand nombre de personnes se rassemblent ... Les biies et les dirigeants du comté se participé à la campagne contre Kozhyk, ravagé et incendié le repaire de brigands, et a donné la gloire de la victoire de leur race ...
- Ce Sibals n'oublieront pas - dit-elle,
- E-gay!. Une bonne idée de nommer la campagne sibanian, - Baydeke heureusement mentionné ... - Mettre dans son mot Tokai-Bii, a jeté une nouvelle flèche à sa blessure non cicatrisée. Il savait bien que Baydaly ne peut pas se pardonner pour l'idée. Baydaly et Tokai pourraient construire conjointement complots contre Ulpan, mais la relation entre eux n'ont pas changé. Nous avons encore assez Baydaly extraits garder le silence.
Ulpan a continué:
- Le sentiment de gratitude que j'ai aussi le fait que vous êtes de retour - d'exprimer ouvertement les craintes ... Un jeune Siban, vous pourriez penser, dans son soin de nous, sans Eseney ne sera pas en mesure de contrôler son cheval et se briser ... N'est-ce pas la façon dont les personnes âgées Montre de la distance, que l'enfant est d'abord planté dans la selle? Et vous, je crois, sont ramena au village pour s'occuper de notre bien-être, .. Sibal sera pas l'oublier!
Après ses mots, il était difficile de continuer la façon dont ils a commencé. Il ya des gens qui peuvent être vilipendés derrière eux, et dans leur Présance il n'est pas possible d' répéter ce qu'ils ont dit dans le leur absence. Ulpan était une de ces personnes. Ses deux amis et ennemis savent qu'elle représente légitimement le sibans et Sibans toujours soutenir leur baybishe, Oulpan en ce moment a effectivement devenir un baybishe, elle est devenue genre, et on pouvait remarquer son second menton, mais aussi légèrement comme avant, elle a déménagé son corps gracieux, juvénile brillé ses yeux, qui pouvait voir à travers le parleur s'il est venu avec une bonne but ou un but sournois ...
Baydali Bii et Tokai Bii et tous leurs compagnons ont admis qu'ils n'ont pas réussi à menacer Ulpan, et forcer à faire ce qu'ils voulaient.
Et maintenant, ils buvaient kumis, une tasse après l'autre, comme si elles venaient étancher leur soif. Et s'ils considéraient fini, ils emplois pour aujourd'hui, que lUlpan allait leur dire quelque chose à la fin:
- Pas une seule fois aura recours à votre aide la famille qui se compose d'une veuve et un orphelin ... Et une demande que je veux maintenant ... Après trois ans, ma seule fille atteint l'âge où elle deviendra la maîtresse de la otautort, Bizhiken est mon seul enfant, Bizhiken est la dernière trace de Eseney ... Comment puis-je permettre qu'elle entra dans la tente dans une terre étrangère? Elle deviendrait une sorte d'étrange à la famille de son père? Si Kerey - Waks a accepté de donner un de leurs fils, égal à la dignité de ma fille, je lui prendrai comme beau-fils sur le côté droit de cette tente. Ils seraient devenus héritiers de Eseney, et je serais rompant entreprise. Vous savez, Sibans ne font pas de matchs entre eux. C'est le buisiness de tous Kerey - uaks, et n'oubliez pas de ma demande. - Elle savait qu'elle disait, et toujours exprimé son désir le plus profond.
Quoi qu'il en soit, sans eux, elle ne pouvait pas adopter dans la maison du jeune homme qui donnerait sa fille à découvrir le bonheur de la maternité. Ulpan imaginé: les enfants, beaucoup d'enfants .. Comme toujours, certains pleurent, il est nécessaire de les réconforter, d'autres caresse. ".. Maman, maman ..."-elle a entendu leurs voix appelant sa grand-mère. Elle a vu ses petits-enfants à cheval sur le crabe des neiges. Et l'un d'eux est entré dans la yourte avec le cri: «Maman, donne-moi kumys!" Il était son favori constant, elle se sentait même ses petits bras serrés autour de son cou, minable, les yeux comme un chameau ... Elle était heureuse de son retour et a pleuré quand il n'était pas là pour longtemps ...
- Ulpan baybishe, pour répondre à votre demande est notre premier devoir devant Dieu ,-dit Baydaly Bii sérieux. Je pense que cela devrait décider des keres, et ne pas intervenir quelqu'un d'autre. Si vous appelez les uaks, peuvent-ils rester dans la partie. Qui ne voudrait pas donner un fils à la maison?
Aucun d'entre eux dit rien de plus. Pour l'adieu qu'elle a mis robes sur les épaules de Baydaly et Tokay trop. S'ils après ce insistent toujours sur les droits des Imanaliev, les gens vont les condamner et ne soutiendront pas.
Sibans retardé le passage à dzhaylyau, et le lendemain, les Sibans démarré. Ils ont accompagné la caravane de leur baybishe et c'était un signe de respect pour l'oulpan.
Comme toujours, chaque année, les villages jalousement surveillés, qui et comment hiverné, le bétail de leurs voisins sont devenus plus ou moins ... Dans quelle mesure les jeunes habillés ... Et ne les adolescents ont poulains ou non ... Ont les enfants sont devenus plus long de l'hiver ... Tout cela ils ont examiné au cours de la façon de dzhaylyau, pendant quatre, cinq jours.
Les vieilles Sibals kazakhs, qui ont été utilisées pour le transport du grain et du foin, maintenant préféraient la chaise avec le corps. De temps en temps - pour le spectacle, bien sûr - le long de la route conduisaient les bancs de chevaux. Surfant sur le crabe des neiges d'une caravane à l'autre aul, les enfants couraient, et lequel d'entre eux a pu rattraper d'abord avec quelqu'un, et il s'informa auprès de la Baiga un cadeau. Les femmes ayant brichek leur jetaient baursaks, Kurt ... De cette façon, il continoued jusqu'à ce qu'ils arrivent à dzhaylyau, et cela ne pouvait être plus amusant pour les enfants, pour ceux qui ont eu leurs chevaux ou les Colts. Mais combien de larmes ont versé ceux dont les parents n'ont pas pu leur fournir un tanneur!
Les enfants n'ont pas pris en compte, dont la chaise, ils rattrapèrent - une famille riche ou un pauvre kedey.They de famille a demandé traiter de tous. Quelques fois ushan bonbons distribués. Plusieurs fois Bizhiken apporté ses baursaks qu'elle a réussi à obtenir.
Dans la soirée, les coureurs, qui voyageaient à l'avant, près du lac, ce qui n'est généralement pas passés sans hébergement. Mais les anciens doivent convenir à l'avance, juste montré du bout des cils à la suite, de ne pas s'arrêter et aller plus loin. Au printemps de l'année dernière, le lac est devenu connu comme le "Lake, où est mort Bii." Maintenant, ici, sur les rives mettre son yourtes Imanaliev, et ici allait organiser le sillage de Yeseni.
Si cela arrive, cela semble confirmer le droit de succession et les droits de l'oulpan sera largement expirer.
Imanali lui-même, peut-être, ne pas y penser, mais il ne manque pas de conseiller.
Sibal a passé, et personne ne sera refusé à l'aul de Imanali, et bien qu'il était impossible de montrer l'attitude de son entreprise. Les coureurs assis silencieusement dans leurs selles, les femmes se taisent, même les enfants, sentant l'humeur des adultes arrêté de sauter de haut en bas.
Les femmes des familles les plus riches de la voiture, tirée par une paire, suivies de la poussette de Ulpan.
- Vous allez sur - elle a tourné - et je vais vous rattraper ...
Son équipe s'est tournée vers les yourtes sur le lac. Ulpan deciceivly entré à Imanali, accompagné par Dameli. Aitolkyn ne s'attendait pas à elle et a été confondu par la surprise ... Leurs fils, qui devenus adultes, ont fait un bond ...
Imanali, sans se lever, leur dit:
- Allez-vous ...
Ulpan, sans invitation, a tenu une place d'honneur.
- Il a eu raison de les envoyer ... - Dit-elle. - Nous devons parler à des adultes comme privés. Je ne suis pas venu avec de nouvelles félicitations à domicile. Je suis venu pour dire, allez tous ensemble. C'est une honte que le seul frère de Eseney est coincé dans la solitude, comme un lépreux! Dites-moi, est-ce au moins un Syban tourné vers vous, en passant par? Le Sibans vous déclarer coupable pour votre frère, à sa mémoire. Ne pas froisser votre visage, vous écoutez! Vous pensiez être impliqué dans la mort de Eseney! Le gourdin, qui l'a frappé, a été Fould tenez dans vos mains ... Yeseni plus sortir du lit. Vous vous étiez plus de soixante ans ... Si vous avez vécu par votre propre esprit, vous souhaitez maintenant défendre l'honneur de son frère défunt, afin que personne n'osait toucher son lit. Et vous? .. Vous voulez vous entrer dans ce lit, devenez un amenger pour sa femme! Vous allez poursuivre le tribunal de biys que vous êtes l'héritier de Eseney. Vous devez bétail? Combien? .. Veuillez envoyer demain, vos fils à prendre tous? Je n'ai pas besoin bétail. Vous avez dit à tout le monde que vous voulez célébrer l'enterrement ... Essayez et vous verrez si tout Sibans viendra à vous? Comprenez-vous que c'est une honte que vous apportez à votre nom? . La famille de Eseney vient d'organiser les funérailles. Et l'année prochaine que vous occupiez vous-même des funérailles. Je ne vais pas vous écouter, n'osent pas ouvrir la bouche ... Afin de démanteler les yourtes. Vous allez aux dzhaylyau tous ensemble....
Tremblant de rage, Aitolkyn crié.
- Et où allez-vous régler?
- Tais-toi! - Couper son Imanali.
- Vivre où vous voulez, - a dit l'oulpan. - Appelez vos fils ... Préparez-vous. Pour désactiver à l'aube de l'endroit.
Imanali n'a pas répondu directement, mais éleva la voix,
- E-hey! Dites-leur, à démanteler les tentes! Nous déménageons!
Thier fils s'ennuient à mort par les frasques de leur père.
Lorsque l'oulpan est sorti, ils ont fui heureux de yourtes voisins ... et personne n'a été laissé qui pourrait dire comment tout cela est arrivé.
Comme dit le proverbe, il ya des gens qui sont bons pour envoyer après leur mort et ils seront long trajet, untill leur retour.
Trois ans les Biis et stewards canton de keres ne pouvaient pas tenir les promesses qu'ils ont donné Ulpan, wich ils équivalaient à la première redevable à Dieu. Il numérotées cinq cantons de Kere avec environ cinq mille maisons, il est d'environ cinq mille pairs Bizhiken, mais probablement pas un de ces jeunes hommes était libre, tous ont été connectés aux promesses faites par leurs parents, et encore pour cette famille qu'ils n'avaient pas à payer le prix de la mariée. Venez vous baigner dans la richesse ... Et quelle fille a grandi! .. Et la mère ne voulait pas laisser le jeune sans soins! Mais même avec toutes ces conditions il n'y avait pas trouvé un palefrenier pour Bizhiken.
Le Bii et le comté stewars pas résolus à perturber l'équilibre. Dans un premier temps, chacun d'entre eux était désireux de donner à la maison de l'oulpan un de leurs fils ... Mais ils ont tous été vivement à regarder un après l'autre, de sorte que cela ne se produise pas. Puis va sûrement être violés qui varient équilibre! Qui est devenu parents avec Ulpan, il deviendra deux fois plus riche, deux fois plus puissant! Pourquoi avec vos propres mains tourner un cadeau associé à l'ennemi de demain?
Après avoir estimé à l'avance tous les avantages qui en résulteront pour le rival possible, Bii et les commissaires du comté ne pouvait hésiter. Le plus simple serait de déclarer Imanali comme l'héritier, écraser la propriété de Eseney, mais un tel discours n'a pas reçu de soutien et a été bloqué longtemps ... Ils ont pensé à se marier Bizhiken pour une petite famille de zhigit, mais cette solution dissimulé ses dangers. Aujourd'hui, une petite, mais dans deux ans, avec le soutien de l'oulpan, il va se transformer en un nouveau Eseney, un jeune ... Celui qui devient la paroisse ou biy, tout sera résolu dans leur maison!
Donc, ils ont continué à rester en embuscade, montrant ni leurs intentions ni leurs soupçons. Les élections des dirigeants du canton et approchait. Pourquoi à un moment commencer à parler d'une affaire aussi glissante que de la glace couverte de neige, et aussi chaud comme la braise couverts de cendres ...
Les élections devaient avoir lieu à la mi-Mars, juste avant la Nauruzom, et environ deux mois et demi avant dans une soirée glaciale de la maison de l'oulpan visité invités inattendus - une vingtaine de uaks, Biis, les anciens aul, aksakals. Ils ont passé la nuit dans une maison d'hôtes, et le lendemain matin sont venus à l'oulpan et après beaucoup de salutations et les souhaits finalement adopté à l'affaire dans l'intérêt de qui ils sont venus ici.
En leur nom, a parlé de la vieille Utemisov Bii:
- Ulpan - baybishe, mère de sibans, nous n'avons rien à vous hidefrom, nous sommes de ceux qui les Keres fortes gardent de côté ... Ils ont dit que Kozhyk vient de uaks, c'est pourquoi nous Wer pas appelés pour la campagne sibanian. Si ce n'est pas vous et Tokai Baydaly nous, Shayk - uaks, ne serait pas invité aussi pour les funérailles de Yeseni. Que pouvons-nous faire? .. Les petites familles comme la nôtre, sont utilisés pour une telle humiliation. Shaykoz - Waks vivent avec une limite naturelle d'un côté avec Karshygaly, qui abrite une famille de vos parents kurleuts. De l'autre côté, nous avons frontière avec le Stan. Sibas sont également genre de pas très grande, la population n'a même pas de vous un conseil aul. Mais grâce à Yesenia, grâce à vous, baybishe il est devenu une famille qui ne va pas céder à leur fierté! Et shaykoz - uaks n'a jamais eu comme Chrysostome Baydaly, comme Tokai. Je ne suis même pas sûr que nous serons en mesure d'exprimer couramment nos pensées. Nous sommes des gens simples, des éleveurs ... Nous vivons à côté les Russes, nous semons les paysans, faire du pain. Nos oreilles ont touché la demande faite par vous pour Shanyrak Eseney, pour donner l'un des fils de uaks Kerey. Kerey est capricieux, ne peut pas agreein aucune façon! Mais le fils, digne fille de Eseney, nous lui avons apporté ...
Ulpan dès le début remarqué parmi les invités le jeune Torsan, le fils de Tlemis, son tour, yeux exorbités presque Caucase, dont il a hérité par la volonté de sa grand-mère. Comment ne pas savoir Torsan ... Après la mort de ses Tlemis père, Oulpan envoyé Torsan aux foires lointaines, à Irbit, Tobol, Kyzyl-Jar ... Torsan terminé une école russe dans Stap, il ne pouvait être invoqué dans les grandes affaires. Comme elle n'a pas pensé à Torsane hersef ...
Utemis conclu:
- Vous savez Torsan, le fils de Tlemisa, qui avait été dans la maison depuis trente ans.
-Il est vrai Torsan est un zhigit, familier à nos yeux ... - Oulpan sourit presque.
Mais le vieux Utemis n'a pas encore fini:
-Je sais ... J'espère que vous ne dites pas: «Non, il n'est pas digne de ma fille ..." Nous, shaykoz-uaks, n'ont pas de secrets pour vous. Torsan a récemment voyagé à Kyzyl Zhar, le chef ... Il portait un papier. En Kyzyl-Jar ils nous ont permis de créer une paroisse distincte. Bientôt les élections. Nous pensons que cette élection zhigit en paroisse.
Ulpan a attendu un peu, d'autant qu'il ne dira rien d'autre, et elle a dit:
- Je ne suis pas de ceux qui ont besoin fortement une paroisse ou un bii dans sa maison ... Sibans ont eux-mêmes expérimenté qui mal c'est quand une famille l'emporte sur l'autre. Je ne vais pas vous cacher, je ne vais pas dire que je ne suis pas offensé ... Parmi les Kere, n'aimait pas un fils pour le Shanyrak de Eseney ... En temps utile. Si parmi les peu nombreux zhigit digne shaykoz-uaks été trouvé. Invité dans notre maison pendant deux ou trois jours. Et avant de partir, vous aurez la réponse.
Torsan ... Il s'est distingué parmi ses pairs. Dans les affaires Ulpan relayé sur lui plus que sur son père. Tlemis avait la mauvaise habitude, il lui faudra soit embrayage sa tête comme quelqu'un l'avait trompé, ou alors incontrôlable vanter la façon dont il a triché sur quelqu'un! Torsan n'avait pas cette habitude, et dans les affaires, il n'a pas concédé de Themis. On dirait qu'il va faire un homme qui lui-même ne tromper personne, ni se laisser quiconque de le tromper. Ulpan a été légèrement cogné par sa volonté, à ses yeux, elle a lu, par tous les moyens de prendre le poste de steward paroisse ... Mais elle se redressa. Lui-même n'a pas Yeseni depuis de nombreuses années cherchent à obtenir le aha-sultanat? Les hommes sont les hommes ... Probablement Wakis avait raison, ils cherchent municipalité indépendante, de ne pas être dépendant de Kere. Torsan? .. Meteo Uak ou Kere, quelle est la différence? Pas étonnant qu'ils disent, si quelqu'un se hisse dans les gens, ne lui demandez pas son pedigree. Mais ne serait-Bizhiken d'accord ? ...
Bizhiken était déjà quatorze ans. Dans une longue robe à volants, un bonnet de fourrure de loutre, décoré de plumes de hibou, elle semblait plus grand que sa mère. Et elle regardait dans le miroir plus souvent maintenant. Bizhiken quelque peu perdu la candeur de bébé, et dans ses yeux Ulpan lire la question muette, quelque chose que sa mère savait et ce qu'elle a à partager avec sa fille. Cette heure ne vient pas plus tôt et plus tard il devrait venir.
Mais même Ulpan, qui semblait tout savoir sur sa fille, ne pouvait même pas deviner que Bizhiken était désolé pour elle. Elle a vu les contemporains de sa mère - les femmes de trente-cinq, quarante ans ... Chacun ayant cinq ou six enfants, pas moins. Et peut-être plus. A Bizhiken est son seul. Et elle est une fille! Quelqu'un va courtiser, et lui retirer. Qui va elle être laissée avec ensuite?
Ils dormaient dans la même chambre.
Ulpan prévue après avoir parlé avec le uakovs aîné et Bizhiken souffla la lampe et est arrivé à un camp dans un autre angle et dit plaintivement:
- Maman. Maman ... J'ai froid ...
Oui ... Soit elle gèle, ou dit qu'elle a peur de quelque chose ... Et chaque soir, juste pour trouver une raison de monter au lit de la mère, de se baigner, de caresser ...
- Vous gelez? Venez à moi, mon chameau ...
Bizhiken immédiatement se trouvait sous sa couverture, mumured et la serra contre lui ...
- Bizhiken ... - A dit Ulpan,
- O - ho-o ... - Dit-elle, tient sur l'épaule chaude de sa mère.
- Bizhiken, tu es comme une petite... Écoute attentivement. Il y a une affaire importante.
- E-eh-eh ...
- Qui d'autre que je dois prendre soin, sinon toi? -Ugh-hu-hu ... Sais-tu Torsan?
- E-eh-eh ...
- Que pense-tu, est-il un bon zhigit?
- E-eh-eh ...
- Ou est-ce une mauvaise zhigit?
- Oh-oh-ho. - Ulpan sentit les épaules de Bizhiken, montaient et descendaient.
- Il veut devenir un fils adoptif dans notre maison.
- Oh-ho-oh ...
- Et pout-tu deviner ce fils qu'il pourrait devenir dans notre maison? E-eh-eh ...
- Pour moi, un fils et un gendre. Et pour toi ... Tu es d'accord? Bizhiken crispées sa mère, et a laissé aucune place unkissed sur les joues et le cou.
- Attende Bizhiken ... Il est un homme d'affaires, je sais. Serait-il pas faire tout ce que son propre facon dans notre maison?
-Maman! - Semble que la capacité de parler revient à Bizhken. -Et vous? Et moi? Après tout, je suis né de vous? S'il veut mettre tout à sa manière, il sera juste un imbécile!
Ulpan pensait ne plus partager ses vues avec Bizhiken. Shaykozs sont de ergenekty-uaks. Et ils ont obtenu leur nom générique d'une femme qui est venu une fois à eux de les ergenekty-gnaymans. Hrgyash Allah, tout ira bien!
Étroitement embrassé, ils pondent dans l'obscurité, en silence. Au matin Ulpan a déclaré à propos souscrit aux envoyés de uaks.
Les fêtes de mariage ont eu lieu dans les villages de la uaks et dans les villages des sibans, et quand ils ont fini, Torsan installés dans la maison de Eseney. Kush kuyeu est le fils-frère, adopté dans la maison, du mot Kush - force, sans laquelle il n'y a pas de famille.
Les biis, les dirigeants des keres résisté à la libération des uaks dans une paroisse indépendante, mais ne pouvaient rien faire. Torsan a été élu la municipalité de paroisse rurale.
Il n'avait pas trente ans, mais est rapidement devenu un homme distingué, les gendarmes se rendait souvent à lui, le policier lui-même, un autre cercle de têtes, et il a tout le monde doué. La maison qui a été une fois construit pour les clients, est devenu un espace de service pour le conseil de paroisse. Torsan savait ce qu'il faisait, il a donné les affaires aul pour les contremaîtres et biys, et il a maintenu une relation uniquement avec le comté et Omsk. Il n'a jamais manqué une occasion de montrer ses griffes pour les biys et Parishs de Kere, et se souvient comment ils sont opposés à la création d'une nouvelle paroisse, et son élection. Alors qu'il était en mesure de placer avec le soutien de la commune, de régler le paysan de la Russie n'est pas dans sa paroisse, mais dans les terres de Kere.
À la maison, il était différent. Ils buvaient du thé habituellement ensemble, Bizhiken était à la théière et le bol a été adoptée à Ulpan par Torsan. Au cours du dîner, il s'est effondré la viande soigneusement pour elle. On pouvait entendre:
- Mangez, maman ... Buvez maman ...
Il ne savait pas où siège quand son peuple importants - Musrep, Kuniyaz, est venu à Ulpan. Il a lui-même versé de l'eau de la carafe sur leurs mains et émietté la viande pour eux, est décédé bols de thé.
"Kuniyaz-aga, je suis désolé que vous n'étiez pas né un Uzk! .. Qui, sinon vous devenez une paroisse? Et notre petite famille allait s'épanouir avec votre aide!". Et il a trouvé les mots respectueux de la reconnaissance du Musrep âgé: «Que se plaindre de si sibans ont le plus sage des sages - Museke ..."
Ulpan observait la vie de Bizhiken et Torsan de près, et ne pouvait pas lui reprocher en droit à rien. Elle n'a pas oublié combien d'infractions et combien de trahisons qu'elle a pris des biys et le canton de Kere, et depuis Torsan s'installe dans sa maison, Ulpan semblait gagner son sang-froid. Dites ce que vous voulez, mais un homme dans la maison, est un homme dans la maison ... Dans ses affaires, liée à sibans, il n'est pas intervenu.
Plus de quatre mois se sont écoulés, les premiers troupeaux d'oies sauvages tirés du sud. Torsan retourné frustré, triste, en colère, comme Bizhken ne le connaissait pas, et Ulpan ne reconnaît pas. Il rentra chez lui à la sienne, et à partir de là transformé en Karshygaly, pour regarder, comme il le dit, comment les troupeaux de Ulpan paissaient. Shaykoz Waki bordée de ces pâturages. Il y rencontre les trois fils de Imanali, ils menaient par une corde trois chevaux. Le gris foncé, les pommes, les chevaux sont sortis d'hibernation en excellent état. Après la mue, ils brillaient avec de hauts garrot, la poitrine bien développée, long cou, les oreilles taillées vives, avec tous intentios, vous ne trouverez pas un défaut dans la structure de leurs pieds. Torsan immédiatement apprécié la façon dont ils auraient l'air dans une équipe, un ventilateur en été, et une oie dans l'hiver! Et ces bavards laissés sans autorisation, ils les poussent à la chasse! Il ya eagls sur leurs mains, les chiens qui courent après eux, et même toute une horde de dix coureurs. Et les chevaux, une était rembourrage, une autre est de retour a été abattu, et le troisième ...
Après la courte salutations sobres Torsan n'a pas caché son mécontentement:
- Vous pensez sans doute que les troupeaux locaux n'ont pas maîtres, et les chevaux peuvent être prises sans nombre? .. Chaque fois que vous voulez? ..
- Regardez! - Réponse l'aîné Esenzhol. - Ne pas oublier que, Kush kuyeu, je viens d'être votre oncle, vous exprimer avec plus de respect.
- Oui, il est un Kush kuyeu! .. - Le second des frères, Resey se tourna vers Esenzhol. - Mais sa position dans la maison ne veut pas dire qu'il est le maître de tous les animaux, la propriété entière!
Le troisième fils s'est tourné vers Torsanu:
- Kush-kuyeu-Myrza! Comprendre ... L'héritier de Eseney n'est pas simplement une Kush kuyeu. Il ya trois d'entre nous! .. Attendez un peu ... Nous n'avons pas encore reçu notre part de l'héritage.
Torsan ne put s'empêcher de prêter attention qu'ils ont été délibérément avalé le mot «kurush-kuyeu", et quand il est prononcé comme un mot, il se transforme en kushuk - un soleil-frère, un fiston, un chiot, un enfant adopté. .. Il ne prétend pas avec eux, il tira son cheval et partit au galop sur le côté. Mais la conduite rapide n'a pas dispelle sa colère, dans ses oreilles sonnaient: «Kushuk-kuyeu ... kushuk-kuyeu ..." Il s'avère que les fils de Imanali n'ont pas cessé de penser à l'héritage et ne pense pas à quitter il ... Quand ce fut son mariage avec Bizhiken, Ulpan au Présance de tous dit que les seuls maîtres de la richesse de Eseney sera sa fille et son fils-frère. Imanali entendu de ses propres oreilles, ses fils ont également entendu, et aucun d'entre eux a dit quelque chose contre elle. Ils ne voulaient rien dire à la Présance de gens, mais ils ont caché la rancune, leurs intentions.
A propos de tout ce qui Torsan parlé à Ulpan directement:
- Mère, j'ai découvert que je ne suis pas le propriétaire de tes troupeaux et vos biens! Dans cette maison, il s'avère, je ne suis qu'un kushuk-kuyeu!
- Shyragym, ce qui ne va pas avec tu? - Ulpan interrompu - Tu n'as jamais levé la voix me parler.
- Je suis pris sur place les fils de Imanali ... Ils ont volé trois chevaux du troupeau qui broute dans Karshi-Gala. Je ne pouvais pas dire que les chevaux ont des maîtres ... Ils ont dit qu'ils sont les propriétaires, et je suis un kushuk-kuyeu!
- Shyragym, fils ... Devrions-nous être tristes à cause de trois chevaux? Nous avons un millier de plus, il est assez pour vous et Bizhiken. Il ya quelques années, les stewars de Kerey-uaks Biis et le comté a décidé: une veuve sans les fils, peut se séparer d'un tiers de tout le bétail et tous les biens de la famille de son mari. Je suis d'accord avec eux. J'ai parlé plusieurs fois avec Imanali de faire une partition. Vous pouvez dire de mauvaises choses sur lui, mais dans ce cas il était un homme et je ne voulais pas prendre rien. Ce sont ses fils dissolues ... Pardonne-leur ... Et je vais leur dire, et la prochaine fois ils n'oserais pas.
Mais Torsan insisté:
- Non, ma mère ... Cette question doit être mis un terme. Donnez-leur ce qu'ils doivent obtenir par l'héritage. S'ils supposent que vous leur devez, s'ils prennent tout ce qui leur œil est pris, nous nous arrêterons pour dormir la nuit. Suis-je le maître de la maison ou un kushukque kuyeu?
- Shyragym, vous êtes fatigué, c'est pourquoi je te pardonne tes paroles blessantes. Prenez un repos de la route ... Parlons le reste demain.
Torsan a quitté.
Ulpan après son départ n'a pas arrêter de penser à ce qui s'est passé. Qu'est-ce que ça veut dire? .. Est-ce que la position de la paroisse steward a changé Torsan? Après tout, avant il était poli à écoeurante, et vous ne pouviez entendreque maman, maman ... Peut-être aujourd'hui, il a ouvert son vrai visage? Mais Ulpan se retint, elle ne devrait pas être trop stricte. Il est jeune ... Et quell zhigit durera si les trois des meilleurs chevaux du troupeau sont détourné? Attendons les accusations. Les fils de Imanali sont comme leur père - aussi absurdes, aussi intimidateurs. Très probablement, ils ont commencé à se levé. Si elle a pris Torsan chez elle comme un fils, elle doit aussi le protéger contre la malveillance humaine, de ridicule ...
Le même jour, elle a appelé Imanali.
Le frère de son mari au cours des dernières années, a beaucoup cessé. Peut-être que les années lui ont changé, peut-être, il a été affecté de la maladie de Eseney, dont il pensait qu'il était impliqué dans, peut-être, il a commencé à penser à Dieu. Et tout n'est pas mauvais dans le mauvais homme, il est également bon.
- Ecoutez, mon frère-frère - lui dit-elle, - pendant de nombreuses années, vous n'avez pas voulu s'entendre avec moi. Maintenant, Dieu merci, quand vous venez, la place d'honneur dans la maison de Eseney est le vôtre. À bien des égards, nos pensées sont les mêmes. Donc écouter ce que je dis. Vos fils ont pris illégalement trois chevaux des troupeaux qui paissent dans Karshygaly. Mon fils-frère est venu en colère - ils ont dit autre chose, vous dites à vos enfants, s'ils le veulent, je vais leur donne pas trois, mais trente-trois chevaux! Mais seulement avec la permission ... Je suppose que je ne pouvais pas expliquer correctement la dernière fois, que le tiers de tout le bétail appartient à vous. Vous pouvez le prendre à tout moment. Croyez-vous à mes paroles?
- Je vous crois, Ulpan! Depuis que je suis arrivé à mieux vous connaître, je crois que tout ce que vous dites. Mais je ne veux pas que certains couverts de leurs querelles avec mon nom, et les autres dis que je veux voler la famille de Eseney ... Je ne prendrais pas même un agneau! Vous savez vous-même comment j'allais. Faut-il s'étonner que mes fils se comportent ainsi? Que ces fils de chien viennent à la maison, et je leur dirai ..
- Ne pas, Imanali! Ne pas les frapper. Sinon, il viendra un jour, et ils se lèveront leur bras sur vous. Et ces chevaux, ne leur reviennent pas, laissez vos enfants gardent pas la colère dans leurs âmes. Laisse mon fils pense pas que avec sa première mot, il sortit vainqueur ... Nous n'avons pas besoin ni gagnants, ni perdants. Les laisser pas en conflit avec une de l'autre ...
- J'ai dit que je vais vous donner les chevaux - et je vais leur rendre ...
- Et je dis que vous gardez et vous tiendrai. Dans vos troupeaux il ya maintenant plus de deux cents. Prenez votre part!
Imanali secoua la tête:
- Non ... Votre frère-frère Imanali a récemment commencé à sentir lui-même un homme dans son village natal. Je ne veux pas nouveau que les gens parlent de moi mal. Si mes fils vous demandent, vous pouvez offrir les chevaux de votre gentillesse, et je ne veux pas en entendre parler et je ne parlerai plus ... J'ai une autre chose dans ma tête, je ne me reposerai pas jusqu'à ce que je l'ai fait ...
- Qu'est-ce que c'est?
- Vous avez dit que je suis un homme pécheur, très coupable. Il ya de ma fautetant dans la maladie et la mort de mon frère.
Comment regardez-vous? .. Moi, en tant Bedel-Hadji – je vais à la
La Mecque au lieu de Eseney?
À La Mecque ... Cloué au lit Yesenia, que les médecins de Omsk, Tobolsk, Tyumen, Chelyabinsk ne pouvaient l’aider, pendant un certain temps s'est appuyé sur Dieu: «Ô Allah! Je livrerai l'oubli tous les soucis de ce monde, je te louerai, seulement me donne la force ..." mais Dieu était sourd à ses prières!
- Vous souvenez-vous - a dit Ulpan - les mots de Eseney peu avant sa mort? Quand nous sommes venus dire adieu? "Si Dieu pense qu'il doit plus rien à moi, alors je ne lui dois rien non plus." Et pourquoi at-il dit cela? Qui at-il dit cela? Vous souvenez-vous?
- Bien sûr que je fais ... Les gens qui sont venus lui dire adieu, a offert d'envoyer quelqu'un à la Mecque au lieu de lui.
-Je te regarde, Imanali, et je pense ... Tout ce que vous faites, vous ne savez pas contrainte de tout. Tu étais un tyran sans modération ... Maintenant, vous vous soumis à Dieu sans retenue, et ne laisserait pas les perles de prière hors de vos mains ... Si vous reconnaissez vos péchés, si vous condamnez vous-même - elle est appelée rachat. Et à La Mecque ... Vous ne pouvez même pas imaginer dans quel sens il est. Vous n'avez jamais été dans le Kyzyl-Jar. La Mecque ... Asseyez-vous à la maison!
Et une autre conversation qu'elle a eue avec Shondygul.
- Karanar ... Parviendrez-vous à conduire trois chevaux gris foncé, des pommes, du Proche troupeaux, jusqu'au soir?
Il n'y avait rien dans le monde qui Shondygul ne le ferait pas si Ushan appelait Karanar. Mais cette fois, il secoua la tête:
- Non, je ne vais pas gérer ... Vous que vous avez oublié que c'est mardi, le jour de l'échec, vous pouvez quitter la maison seulement après midi. Et si vous laissez dans l'après-midi, ne remontent qu'à l'aube.
- Eh bien, Karanar ... Revenez à l'aube, il ne sera pas trop tard. Choisissez trois, de sorte qu'ils ne se distinguent pas par le costume. Nous en avons besoin pour un traîneau.
- J'ai compris, compris ... Vous n'avez pas besoin d'expliquer quelque chose de plus, - a dit Shondygul et est allé à recueillir, à quitter peu après midi.
Pour le dîner Torsan n'est pas venu, il est resté dans le conseil. Et au petit déjeuner, mais il a passé le bol à Ulpan, mais sa mauvaise humeur ne s'est pas dissipée.
- Torsan, n'avez-vous pas encore vu? - Ulpan se tourna vers lui, essayant de ne rien remarquer. - J'ai dit à conduire le troupeau trois chevaux gris foncé, le tout dans les pommes. Vous allez à Kyzyl Zhar et Harnais eux.
- J'ai vu ma mère! Il semble que j'ai vu beaucoup de chevaux ... Mais pas aussi beaux ... Je ne savais même pas qu'il existe par exemple dans le monde! Bizhiken verse du thé pour Torsan.
Torsan sourit:
- Et pourquoi ne m'as-tu rien dit?
- Et pourquoi avez-vous dormi toute la nuit, se détournant de moi? En outre, je souhaite recevoir korimdyk de vous!
Il n'y avait rien de plus important pour l'oulpan que le bonheur de Bizhiken, et la paix dans sa maison ...
- Avant votre départ, vous devez leur enseigner pour une équipe et aussi faire attention, les chevaux des steppes sont effrayés dans la ville, qu'ils peuvent encourir. Votre père, Bizhiken, a ordonné de paître ce troupeau séparément, et de ne pas les mélanger avec les autres. La dernière fois qu'il a chassé le loup, et, avec son cheval, il est tombé dans le glaçage. Alors Shondygulu ordonné de tirer d'abord de Bayshubar, puis lui. Et aussi votre père a dit ces chevaux, ils ont un tel caractère, ils ne donneront pas un poulain aux loups, et se précipitent tous pour la défense ...
Torsan pouvait à peine rester assis et juste après le thé est allé à regarder les chevaux.
Retour, il ressemblait à une renaissance dans le monde:.
- Maman! .. Sibans sciemment disent que tu es saint! Les chevaux volés sont pas la peine de les sacrifier pour le bien de ce trio! Maman ... Je suis désolé pour hier soir ... Votre fils se comportait comme un garçon ...
- E-eh .., aynalayn .... Dans chaque famille, il arrive quelque chose, mais je ne suis pas de ceux qui conserve mal. Il me suffit que vous vous compreniez ... Il n'y a pas d'homme plus fort qu'un homme qui sait reconnaître son erreur.
- Vous vous sentez désolé pour moi, ma mère, mais je jure devant Dieu, vous ne serez jamais entendre un seul mot superflu de moi!
-Ok, shyragym ... Mais qu'est-ce que vous avez dit hier, c'est vrai, il est nécessaire de résoudre cette question une fois pour toutes ... Je n'ai pas d'autres héritiers, à l'exception de deux d'entre vous - mon fils et ma fille ... Je peux ramener les gens et répéter mes mots. Dans la soirée, me dire ce que vous pensez de ...
Torsan avec Bizhiken toute la soirée ne pouvait pas accepter. Bizhiken répété que de commencer à parler de l'héritage de sa mère était mortelle.
Torsan esprit:
- Mais, ma mère a commencé elle-même ...
- Elle-meme? Non, ma chère, vous avez commencé quand vous êtes rentré de Karshygaly ...
- Que pouvais-je, si tes frères se moquent de mon visage et assur qu'ils sont héritiers.
- Vous êtes probablement le premier à réserver.
- Je ne les ai pas touché. Je viens de dire, les chevaux ne sont pas sans un hôte ... Donc, tout le monde pourrait prendre s'il veut.
- Et est-ce pas suffisant?
- Pour qui?
- Pour eux, ... Vous avez dit que vous êtes le maître des troupeaux!
- Et je devais dire que je ne suis pas le maître?
- Le vrai maître n'a pas besoin de dire quoi que ce soit! Je ne m'imagine ce éclairs dans les yeux ...
- Je ne veux pas y penser, Bizhiken. S'il vous plaît, arrêtez cette conversation ...
- Arrêtons-nous aussi sur l'héritage.
- Laissez-mère elle-même decide.Whatever dit-elle, je suis un esclave de ses préceptes ...
- Eh bien, - d'accord avec lui Bizhiken.
Pour le thé Ulpan ont dit qu'ils avaient assez de temps pour réfléchir et discuter, à quelle décision ils ont fait avec Bizhiken ...
- Nos deux têtes ne valent pas votre seule - a dit Torsan. - Notre solution est ce que vous pensez, ce que vous dites, nous sommes d'accord ...
Ulpan regarda Bizhiken, et Bizhken hocha la tête, ce qui confirme ce que dit son mari.
- Ensuite, nous ferons donc ... - A commencé Ulpan, elle aussi, pensait toute la journée comment faire mieux. - Allez dans le conseil ... Le greffier devrait être là, consulter quelqu'un d'autre et de composer un document en mon nom. Les maîtres sont maintenant mon fils et ma fille Torsan Bibizhihan ... Tous les bovins, tous les biens, je ne me laisse rien ... Imanali complètement refusé l'héritage, il doit également être souligné. Il devrait confirmer ses paroles sur ce papier ... Si il ya un quelconque des tores de visiteurs, qu'ils sighn également comme témoins. Allez ... Je vous attends pour vous.
L'acte de donation a été faite juste avant le minuit.
Torsan s'est avéré être à Son Altesse. La moitié de tous les biens et le bétail est resté pour Ulpan, l'autre moitié a été transféré en son nom et au nom de Bizhiken. Dans le cadre du document a été signé et tamponné par deux anciens aul, richement signés par l'agent de police russe qui a passé la nuit avec eux. L'empreinte de Imanali - grand, épais, comme une trace d'un chameau à côté d'un marais salant.
- Et pourquoi tout cela? - Question Ushan - N'ai-je pas vous dire - tout est pour toi? .. Est-ce vous, Bizhiken, qui a insisté?
- Je lui ai proposé de laisser un tiers, et il a ordonné d'écrire la moitié ... - Bizhiken regarda son mari.
- Mère ... - Torsan dit avec dignité. - Dans votre vie, vous n'avez pas appris à accepter des cadeaux, vous savez seulement comment leur donner. Qu'allez-vous faire si quelqu'un vient et demande un cheval ou une jument de trésorerie ou une vache? Est-ce que vous allez dire: ne me demandez pas, mais mes enfants? Non ... Le papier est un papier, mais la vraie maîtresse de tout bien, c'est vous.
Ulpan écoutait sans contester. Elle a estimé que Torsan justifie ses espérances. Pas tout le monde en fait trouvera la force de renoncer à ce qui flotte dans ses propres mains ... Dieu leur accorde le bonheur. Elle a mis son pouce sur le papier, aussi dense et lisse comme un certificat de mérite du gouverneur, mettre un timbre avec de grandes lettres: ". Yesenia Estemisov" Avec ce label, qui a été stocké par lui, Ulpan font toujours l'impression de ses doigts sous tous les journaux.
- Gardez avec vous ... - Dit-elle à Torsan.
Sur le dzhaylyau les villages situés le long des lacs, en pointillés, comme toujours à cette époque, par les troupeaux d'oiseaux. Il me semblait que c'était hier dans la neige noircie la première décongelé, et maintenant l'herbe était plein de couleurs vives, comme la steppe elle-même a pris soin de leur beauté et tout l'hiver caché leurs racines sous la couverture chaude de la neige, de sorte que, au printemps le soleil alléger eux, afin qu'ils brillaient d'innombrables gouttes de rosée de diamants. Et avant que le soleil risé a commencé le chant incessant de l'alouette grise, qui, ne connaissant pas la fatigue, a salué la steppe, et cette chanson accompagnée partout, si vous êtes assis dans la tente, ou vous rendre à pied au bord du lac, ou vous monter au galop à cheval.
Printemps régnait également dans la maison de Ulpan.
Le jeune ont été engagés pour l'autre, ils avaient leur propre
vie. Tendresse, blagues ... Toutefois, les blagues parfois
menaçait de se transformer en un trouble, mais tout finit
pacifiquement. Et parfois Torsan et Bizhiken comme par une force venus à la paix. «Ici, je suis ..." - Il commence, et puis elle lui interruped.
- «Non, pas vous, mais moi ... moi ..."
- Vous? .. - Lui demanda un Torsan du matin. - Que vous vous préviens mère, nous ...
Bizhiken courut à sa mère, et Torsan est allé après lui. -Maman, tu ne va pas nous gronder si nous allons demain à la Kyzyl-Jar?
- Et pourquoi dois-je vous gronder?
- Mais Torsan offeres aller en trois jours, et je veux précoce . Pour voir la ville à voir ... Je n'ai jamais été ...
- Bien sûr, vous pourrez voir la ville ... Ira au marché ... Oui ... Et prendre le fauteuil du voyage .
- No.Torsan désaccord.
- Non, ma mère ! Dans votre poussette je n'irai pas - dit-il - Si vous ne voulez pas que les gens se moquaient de moi , ne pas en parler.
Le lendemain matin, le soleil n'était pas encore levé , les trois chevaux gris foncé ont été portées dans le piège . Torsan avec Bizhiken allé au Congrès du canton.
Les chevaux ont décollé avec collet . «Avec ce harnais n'est pas une honte d'aller aussi au roi blanc ... - Oulpan pensé , en regardant sa fille avec son mari - . Quant à la sélection ... Shondygul sait quels chevaux de choisir . "
Cet été sibanian retournés à leurs aires d'hivernage villages plus tard que d'habitude, ils étaient en retard sur un pâturage d'automne, et la raison de ce retard est frustrant.
Dans le milieu de l' oulpan d'été rejoint Karshygaly avec Torsan et Bizhiken . Nesibeli malgré leurs pénibles quatre-vingts ans était de bonne humeur , elle s'affairait à obtenir une meilleure prise pour la fille , sa petite-fille et son mari. Un seul regard suffisait, pas seulement grand-mère, mais bientôt elle deviendra une grand-mère ... Elle sourit , son sourire est resté jeune , et elle a dit : «Je n'ai pas besoin d'autres faveurs ... Juste pour survivre, pour embrasser l'enfant qui naîtra de ma petite-fille. Ce serait bien si c'est un garçon .. . je vais voir , puis laisser Dieu me ramener à lui-même " .
Mais Nesibeli ne pouvait pas attendre . Ils disent ses derniers mots ont été : " Artikbay m'appelle ... Il est mauvais sans moi ... " Torsan et Bizhiken étaient également à l'enterrement. Entré aussi
Imanali , il ne s'entendait pas avec Aitolkyn quand il était jeune , n'a pas été jugée et maintenant qu'au lieu d'un Shokpar lourde , il ne s'est pas laissé aller de perles.
Les morts couchés dans la terre, et la vie va vivre ... De Karshygaly Torsan avec sa jeune femme est allé à son pays de shaykoz - uaks bordées avec les populations de kurleuts . Bien Bizhiken attendait un enfant , Ulpan compris : il est nécessaire d' aller, après la Bizhiken de mariage n'a jamais visité la maison de son mari.
Et en été, après le Kyzyl-Jra, Bizhiken dit avec enthousiasme à sa mère ce qu'elle aimait le succès dans la ville. «Ce n'est pas moi qui parle, je dégage ce que les autres disent de moi ..." ils admiraient sa capacité d'agir, sa beauté ... Qui savait Ulpan, qu'il n'était pas surpris, la fille a pris après la mère. Le fait que Bizhiken n'exagérait pas, a confirmé les cadeaux qu'elle avait apporté avec elle. Épouse d 'un chef, il devait avoir lieu, dans la ville a appelé une balle, elle ressed jusqu'à Bizhiken dans une robe qu'elle-même ne pouvait pas recogmize dans le grand miroir, elle ne quitta Saukele sur sa tête ... Tout le monde voulait danser avec elle, et elle ne savait pas comment ...
La joyeuse, élévation de l'humeur n'a pas laissé Bizhiken également dans dzhaylyau et Oulpan a rappelé ses premiers mois avec Eseni. Les filles et les jeunes femmes, pour ne pas mentionner les zhigits, ont été attirés par otau - ger ... Comme le soleil allait se coucher, ils se sont réunis autour de Alty-pot, mettre le swing fois, et jamais l'emporter. Ulpan était à l'écoute ... Jusqu'au jour où elle entendit des voix, qui chantaient la nouvelle, Gauhar adulte, Bikzhken ... Et doit se retourner rose bleue dans le ciel de nuit également la nouvelle Ulpan et le nouveau Shinéar, aussi près que sœurs, amies. Ulpan était triste, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être triste que son heure était venue, mais ce bonheur tranquille qu'elle n'avait jamais eu dans sa vie ... Elle a souhaité que c'était plus probablement un petit-fils, qu'elle avait si souvent donné à boire du lait de jument. Mais par tous les comptes sont restés trois mois à attendre.
Parmi les jeunes dans dzhaylyau la seule personne non impliquée dans le wasTorsan général de gaieté. «Le canton .. Il n'a pas descendre de la selle, il se trouvait que les aouls pondent souvent un harnais gris foncé dans le piège. - Il va Kyzyl-Jar ... Scribes sont plaints qu'ils n'avaient pas de repos ni jour . ou de la nuit Aul sergent murmura - Torsan était prêt à vendre le dernier cheval de sorte que pas un sou n'a été répertorié arriérés pour la municipalité aul.
En Bizhiken, non sans plaisir, Ulpan remarqué ses traits. Elle se sent bien, et elle veut que tout le monde était aussi très bien. Est-il mauvais? .. Elle va essayer de passer par lui seul. À l'automne Bizhken revint du village de Torsan seul et pas très heureux. Qu'est-ce qui ne va pas? Qu'at-elle appris? Ulpan n'a pas demandé, elle savait que c'était inutile. Peut-être qu'elle était fatiguée de la sorte? Alors qu'elle voulait réfléchir, et elle a essayé de distraire sa fille par une plaisanterie gaie, par des soins affectueux, gentillesse ...
Bizhiken répondu aux blagues:
- Motehr ... Dis ... Lorsque vous êtes enceinte de moi, où ai-je vous botte? Non, vous me dites ... - Et elle ne voulait pas la quitter.
- Eh, tu te faut se rappeler, vos pieds doivent se rappeler, demandez à vos pieds ...
- La nuit, je n'ai calmer?
- Comment pouvez-vous savoir que c'était le jour ou la nuit?
-Et vous at-il blessé?
- Non, pour l'amour de Dieu! J'étais heureux quand vous tourner et vous retourner. Je pensais que vous voulez jouer avec moi.
- Avez-vous pensé que j'étais un garçon? -Oui ...
- Moi aussi, apa.
Mais est-il possible de tromper une mère? Bizhiken cachait quelque chose. Après sa retraite quelque part, puis baguettes retour Ulpan remarqué les traces soigneusement cachés de larmes.
Torsan intervient deux jours après elle, il est venu pour une courte période, et encore recueilli le townshipin le Kyzyl-Jar et voulait consulter, les mesures à prendre afin de prévenir de nombreux cas de vol et de cambriolage. Bien avec Kozhyk il a été terminé après la randonnée sibanian, mais pas un seul Kozhyk seulement utilisé pour voyager de nuit sur la route.
Torsan précipitée. Seulement dans la soirée avait demandé Ulpan comment Eseni luttait avec des gens différents sombres. Avec Torsan il y avait deux biies des uaks, et deux employés ont été Mading le papier. A l'aube, il a quitté, Ulpan ne savait pas si il est allé à Bizhiken, et si il est allé, ensuite de quoi ils parlaient ...
Dans la soirée, après son départ Bizhiken avoué à sa mère qu'elle est mauvaise. Et elle a commencé à se sentir mal, même sur le chemin de la maison du village de Torsan.
- Mon ventre déborde ...
- Aynalayn ça arrive, ça tremblait dans la voiture ... Ne vous inquiétez pas, ça va passer. Mais peut-être pour ne pas vous inquiétez pas, nous allons inviter un médecin?
- Appel, mère ...
Elle parlait avec difficulté, faisant de grands espaces entre les mots.
Non pas un mais trois médecins ont été appelés par Ulpan de Stap, à partir de Kpitana. - Elle n'a pas les exprimer ses craintes d'une fausse couche? Mais, il ne semble pas ... Le ventre gonflé de Bizhiken plus, elle respirait lourdement et silencieusement regardé d'un médecin à l'autre. Elle ne comprenait pas de quoi ils parlaient, mais elle espérait deviner leurs visages ce qui l'attend.
Ulpan écouté, mais former les nombreux mots incompréhensibles comme - perforation, ulcères, abdomen aigu ... - Elle savait une chose, il était en retard ...
Ils ne voulaient pas quitter le lit. Ulpan, qui était aussi désespérément dans la salle de Bizhiken, ils semblaient ne font qu'ajouter à son tourment ...
Dans la matinée, alors qu'elle était vraiment mauvais, Bizhiken sans ouvrir les yeux, dit:
- Mère ... Torsan est une s-... Je ne connaissais pas avant, et maintenant je sais. Watch que sa main ne m'a jamais, mère ... touche
Ushan écouté - Le saviez-Bizhiken dire quelque chose. Ulpan regarda ... Et ils criaient ...
Elle n'était même pas une vieille femme, mais elle s'est transformée en la vieille femme.
Il me semblait qu'il y avait plus de larmes pour pleurer, tous ont été pleuré. Mais les larmes coulaient sur ses joues encore une fois, ça valait le coup, à l'aube, n'ayant pas fermé les yeux toute la nuit, elle Wnt loin de la maison au cimetière, la tombe de Bizhiken était encore fraîche, il n'avait pas de temps à régler. Il a passé toute la journée et le soir seulement Dameli a ramenée chez elle, et si elle ne l'ai pas pris à partir de là, elle s'asseyait sur toute la nuit.
Bizhiken a quitté sa mère seule. Personne ... Mais elle n'était pas seulement la mère de Bizhiken, elle a été considérée comme la mère de la famille. En soirée, les femmes se sont réunis dans sa tente, en essayant de distraire, et dit les nouvelles. Vendanges dans le village de bonne volonté, dans l'espoir de recueillir la dîme n'est pas moins de trente livres, et herbage est riche ... Ils croyaient que le chameau blanc, ce qui a donné une fois Shynar à Ulpan, a donné naissance à tout un troupeau d'une trentaine de têtes! Le borax blanc est devenu énorme comme un roc! Il n'admettait pas à personne, sauf Zhapek!
Ils voulaient sincèrement pour l'encourager , mais sans le savoir, ils ont demandé à ses nouvelles blessures :
- Eh ... Pourquoi avez-vous dit sur les chameaux, tu aurais dû lui dire sur le troupeau de gris foncé, dans les pommes . Eseke était fier de son troupeau, Bayshubara à partir de laquelle est allé progéniture , il a donné une vingtaine de juments enceintes ! Le cheval a justifié le prix! Personne ne peut remplacer Bayshubara sur une chasse d'hiver , il n'avait pas peur des loups !
L'autre a commencé :
- Les chevaux gris foncé également conduit notre maison Aynalayyn Bizhiken pour la dernière fois . Ils disent que , quand elle est allée au village pour uaks elle leur a ordonné d'exploiter les trois chevaux , et Torsana gauche, dit-elle - que vous vous serez en quelque sorte rentrer à la maison ...
Quand on prononce le nom de Bizhiken et le nom de Torsan , oulpan se remit à pleurer ... Les dernières wors de Bizhken n'ont pas donné son repos , parlé avant la fin Torsan qui était un coquin ... Qu'at-elle appris ? Bizhiken n'était pas une fille stupide qui pourrait être offensé par des bagatelles . Ce qu'elle ne pouvait pas pardonner Torsan ?
Lui-même, se doutant de rien , est venu au village après l'enterrement . Messagers ont été envoyés à lui à Kyzyl Zhar , dans son village natal et nulle part il n'a pu être trouvée . Et ils ne pouvaient pas attendre . Les nouvelles de la mort de Bizhiken frappé Torsan sur place . Il était hagard et pâle. Trois jours plus tard, il a failli ne pas aller au cimetière . Il montrait toucher concrn sur Oulpan , il était prêt à remplir l'une de ses souhaits , ses désirs , mais elle n'a pas eu lieu.
Que penser de Torsan , elle ne savait pas et ne pouvait penser à rien , sauf une: il n'y avait pas Bizhiken , il n'y avait pas Bizhiken , et donc personne ne saura jamais si un petit-fils serait né ou petite-fille ...
Torsan désespérément resté dans la maison jusqu'à ce que le quarantième jour passé . Et puis il a dû aller en voyage d'affaires . Bien que le conseil lui-même était à côté de la maison d'hiver , mais la paroisse de terre était situé loin de là, la plupart du temps qu'il a passé là-bas.
Au milieu de l'hiver Torsan arrêté sur le chemin de Kyzyl Zhar . Ulpan ne l'aimait pas . D'une certaine manière , il est devenu important , a déclaré un peu comme pesant chaque mot, pour lui donner la force et la puissance ... Il est allé à la tombe de Bizhiken seul, et quand il revint , à Ukpan il ne semble pas avoir un visage d'une personne qui a récemment perdu sa bien-aimée jeune femme .
Il n'eut pas le temps de s'attarder , et juste avant de quitter - le traîneau étaient debout sur le porche - dit-il avec bienveillance , épuisé par la douleur de Ulpan :
- Mère . .. Mère comment vivez-vous? Vous avez plus personne pour verser un bol de thé pour vous ...
Ulpan réalisé ce qu'il avait en tête , mais il n'y avait aucun effort ou le désir de répondre à Torsan . Bizhiken n'était pas là avec elle, et s'il n'y a pas Bizhiken , quelle différence cela fait -il ce qui va se passer maintenant ?
Après un mois et demi Torsan de son village envoyé à Ulpan bii Utemis.
Bii a donné ses mots: dans l'esprit de Torsan est une chose, il ne s'inquiète Ulpan. Si la mère le permettra, il aurait lui apporter un kelin, d'avoir quelqu'un pour lui jeter au lit, pour faire le thé, faire la cuisine ...
Ulpan a déclaré:
- Je n'ai pas besoin de ça. S'il veut se marier, c'est son droit. Qui peut demander que le jeune homme qu'il était seul toute sa vie?
Comme nous l'avons appris plus tard Torsan n'allait pas attendre le retour de Utemis-BIIe. Au moment même où il a eu une conversation avec Ulpan, dans le village de kurlets ils ont festoyé marieurs.
Torsan marié.
Il prit pour femme la fille de Rymbek, qui varient mari de la nièce Igamberdi et Igamberdi était le cousin de Kairgeld, dont le père était Karabai, né de Akbaypak, et elle était la plus jeune soeur de la mère de Tlepbay et le petit-fils de Tlepbay Tulen une fois faite compagnons pour Ulpan et pour son jeune Murzash fils.
Trahison de Rymbek, qui induit les fils de Tulen dans le aul de kurleut, n'a pas été découvert, il tendait les troupeaux, ce qui lui donnait Yeseni et Ulpan laissés à Karshygal. Il est devenu visiblement plus douce, et il a été appelé bayshik, mais un bayshikesh n'est pas un bii, mais cela signifie toujours qu'il est de devenir un bii ...
La terre des uaks shaykoz ont longtemps bordé de Karshygaly et Torsan avant son mariage s'est rendu fréquemment kurleuts. Dans leur village, et il a remarqué Zhauke, la flattait avec promesse de mariage, et la seule forêt pourrait dire dans quelle buissons le jeune zhigit et une jeune fille atteints. Mais la forêt était silencieuse. Torsan marié Bizhiken. Zhauke affligé, appelé Allah pour punir les tricheurs, mais finalement lui pardonna, avant même la mort de Bizhiken.
Torsan aimait Zhuake. Même si elle n'était pas très grand, cependant, elle était bien construit, avec de grands yeux noirs, le front clair ... Certes, elle avait un caractère odieux, mais il n'a pas pris la peine Torsan. Il débutera merde hors d'elle!
Il l'a amenée dans la maison de Ulpan en Mars.
- Voici un kelin, mère ... - Il introduit Zhauke. Maintenant, il ya quelqu'un pour prendre soin de vous. Et elle vient des kurleuts, si elle n'est pas un inconnu pour vous, une petite sœur ...
Ulpan a augmenté pour répondre à la jeune femme et l'embrassa;
- Laissez votre vistit, shyragym, le bonheur de notre maison.
Zhauke rapidement habitués. Elle a rangé la maison, la maison après la mort de Bizhinen était sans vie courante. Zhauke demandé Ulpan ce qui était nécessaire, comment il faut le faire ... Une chose pourrait reprocher sur elle: les femmes qui ont aidé aul Ulpan, Zhauke considéré comme esclaves, batrachs - et leur parlait avec dédain, et a crié si elle se sentait qu'ils ont fait quelque chose de mal.
Et cela a commencé avec Dameli whofirst a attiré mon attention.
- Hé, la vieille! Êtes-vous vraiment en visite à cette maison? Vous devez faire quelque chose, et vous savez qu'une seule chose, de s'asseoir près de la valeur de l'échelle. Il faut au moins gagner ce que vous mangez!
Dameli en larmes allé à Ulpan et elle a appelé Zhauke:
- Shyragym ... Vous ne touchez pas cette femme, elle est pour moi pas un inconnu. Elle est proche de moi.
- Puis laisser rester les bras croisés! - Said Zhauke, fait une embardée et a quitté l'ourlet et furieux.
Il a longtemps été le cas, la femme qui est venue pour aider Ulpan, chaque nuit est resté avec Ulpan de boire une tasse de thé et de parler. Mais Zhauke ne pas laisser cela se produire.
- Assez ... Vous pouvez tous partir ... - Ordonné elle.
Zhauke compté pour s'emparer du pouvoir dans la maison dès les premiers jours. Devenir hôtesse. Et la maîtresse n'est pas elle, mais cette femme, aknar. Eh, vous ... Dans une des chambres, vous ne pouvez pas aller juste parce qu'il ya dans l'immunité se dresse le lit de Bizhiken. Dans l'autre chambre, elle dort. Dans la grande salle, ils s'en tiennent toute la journée, les visiteurs viennent à elle avec leurs actes insensés et demandes. Zhauke et Torsan ont dû vivre dans une petite pièce sur theside, et sans Zhauke d'autorisation n'a pas pu toucher à rien!
La nuit, elle aurait piqué Torsan:
- Quel fils vous êtes dans cette maison? Qu'est-ce qu'un maître vous êtes? Vous avez menti! Il a été une fois tu m'as menti, a juré à Dieu de me marier. La deuxième fois, est maintenant ... Vous avez dit que tous les bestiaux, tous les biens appartiendront à nous. Et vous êtes courses runnin pour elle, cette femme vous envoie au bazar pour faire du shopping. Son ... Quel fils êtes-vous? Vous êtes dans cette maison un kushuk - kuyeu ... Bientôt, elle va nous envoyer pour vivre dans ce aul, où vivent ses serviteurs!
Quelle langue ... Pour en quelque sorte résoudre la question pacifiquement, Torsan persuadée:
- Il est nécessaire qu'au moins un an s'est écoulé depuis la mort de sa fille ... Ayez de la patience ...
- Je ne vais pas attendre! Emmenez-moi à ma maison. Et je reviendrai quand va souffler l'anniversaire de votre bien-aimé, que vous avez échangé pour moi!
- Vous voulez nous embarrasser devant le peuple. Comprenez-vous, soyez patient ...
- Combien puis-je tolérer? Tant que vous construisez une Mazar pour vous belover?
- Et sans cela, nous pouvons également pas loin ... Si nous ne construisons pas des Sibans seront offensés ...
- Et vous ne prenez pas à cause de moi si je suis impoli de votre vieille femme, la maîtresse de maison. Je n'ai pas la force de supporter!
Torsanu n'était pas lui-même. Il pensait qu'il n'écoute pour éviter scrupuleusement complications inutiles. Il va probablement avoir à voyager moins, il lui semblait si il reste à la maison, il pouvait garder Zhauke, sinon elle va faire mal.
- Zhauke, aynalayn ... Vous essayez de comprendre ce que je dis ... Une question délicate ...
- Je ne veux rien comprendre! Et vous ... Vous feriez mieux de tourner vers moi ...
Torsan tourné.
Il est, en fait, il a cessé d'aller et n'a pas pris les yeux de Zhauke. Ulpan s'est comporté exactement, elle ne montre pas ses sentiments. Mais bientôt, c'est tout le contraire qui a averti que pourrait causer rudesse sur le nom de Zhauke. Plusieurs balles de shopping tout l'hiver sont restés emballés; Ulpan les déballés, ont donné à Zhauke de nouveaux tapis, de nouvelles couvertures et oreillers. Commandé à se déplacer dans sa chambre le "boransuz - ayn" le miroir à trois faces. Après avoir appris que Zhauke attendait un enfant, Ulpan lui a donné des conseils sur comment elle doit se comporter. Mais avec Zhauke cela n'a pas fonctionné - en tous les jours, elle est devenue plus intolérante, plus méticuleux.
Si vous frottez au même endroit il protresh un trou. Si vous étirez wthout la fin, il va déchirer. Pour Ulpan, elle se fait pas au courant de - vint un jour une telle limite.
Mazar sur la tombe de Bizhiken a été installé. Comme il se doit, plus petit que celui de son père. Ulpan a observé que tout a été fait correctement, puis a commencé à se rassembler pour la route. Dans sa vie terminés les moments de joies, est venu le temps pour les douleurs, et il n'y avait pas de fin pour eux pourraient être trompeuses.
Elle allait Karshygaly pour la suite, une année s'est écoulée depuis la mort de son Nesibeli maternelle. Shondygul pour les arbres de la voiture roula et a mené les trois chevaux rouge foncé. Sur les chevaux gris foncé de la mort de Bizhiken Ulpan jamais monter. Près de la side-car était Shinéar - qui d'autre que lui, Ulpan pourrait partager sa solitude? Sur la chaise, tirée par une paire conduit jusqu'à Imanali.
Tout était prêt pour la route, puis de la otau - tente cria Zhauke à Shondygul:
- Eh - hey! .. Mettez la poussette à sa place! Exploiter chaise ... Elle ne fait pas de séduire!
Shondygul demanda sombrement:
- Baybishe ordonné elle-même?
- Baybishe? .. Je suis vous dire! Ce n'est pas assez? Ou pensez-vous pas entendu?
Au son de la voix de la otau sauté Torsan et méchamment pointant les yeux vers Zhauke, est allé à la grande tente où, avec l'apparition de la chaleur s'installe Ulpan. Il n'a apparemment pas se rappeler qui avait autrefois juré de ne pas s'asseoir dans le fauteuil roulant, afin que personne ne se moquait de lui ...
- Mère ... dit-il doucement. - Nous aimerions demain pour aller Kyzyl Zhar. Et vos pieds de votre kelin ont gonflé, en fauteuil roulant, il sera plus facile pour elle. Vous n'avez pas peur?
Ulpan a tout entendu, mais ce n'est pas nécessairement, comme Aitolkyn, comme Zhauke, à se joindre à la mêlée? ..
- Je n'aime pas - dit-elle. - Le panier aussi ne sera pas s'effondrer sur la route, dans la voiture, je devais aller à Karshygaly.
Dans le village au kurleuts Ulpan a été attendu. Ont placé une yourte pour Artykbay, mettre les choses comme elles pondent dans la vie de batyr et Nesibeli. Les funérailles ont assisté à toutes les quarante familles. Est également venu Rymbek, et très respectueusement parlé avec Ulpan.
Voici son âme repose un peu. A proximité, étaient des gens qui pendant de nombreuses années ont contribué à ses parents, réchauffé leur âge, leur paix. Elle a estimé de son devoir de les récompenser. Par quoi? .. Il ya vingt ans, quand elle a épousé Eseney, son père avait une douzaine de chevaux, troupeaux, en raison de laquelle elle a failli être enlevé par des frères Murzasha ... Or il y avait six douzaines de chevaux, les laisser monter ces chevaux, elle va les distribuer aux amis de Artykbay et Nesibeli.
La veille, elle a dit cela, elle a réitéré la demande dans la matinée, et personne ne s'y oppose. Mais le troupeau n'a pas été monté. A midi, quatre hommes âgés sont venus dans sa tente, un de ceux qui se souviennent de Ulpan une fille qui a grimpé sur le dos de Eseney, l'empêchant de prier.
- Ulpanzhan ... - A dit l'aîné d'entre eux. - Toutes vos commandes peuvent être effectuées, sauf un. Votre troupeau est impossible de conduire ...
- Pourquoi?
- Torsan a ordonné que tous les troupeaux, et les vôtres avec eux pour transférer de Karshygaly à l'terres shaykoz - uaks. Il ya deux semaines, il est venu et a ainsi ordonné.
Than également commencé à parler aux autres anciens:
- Oui, et avec eux tous qu'il conduisait le troupeau de Artek ...
- Il y avait dix zhigit, shaykozs, ils ont conduit les bergers et les troupeaux se sont tournés vers leurs terres ...
- Ils ont également saisi les chevaux de la bergers. Probablement qu'ils voulaient des nouvelles de ce pour atteindre le village de retard. Et nous ne pouvions pas vous laisser savoir Ulpanzhan, sachant ce que vous chagrin.
- Et certains l'ont pensé, peut-être êtes-vous dit cela. Mais ce n'était aîné a été interrompu par l'aîné:
- Quelle absurdité que vous dites? Qu'est-ce que cela veut dire - quelques-uns? Personne n'a eu aucune idée! Nous savions, la méchanceté, la méchanceté est derrière tout cela!
Ulpan ne pouvait pas partager son chagrin avec eux.
- Je ne sais pas ... Torsan allé à Kyzyl Zhar ... - Dit-elle. Et je n'ai pas eu le temps de le voir. Peut-être qu'il voulait garder le pâturage intact Karshygal pour l'hiver ...
Les aînés ne demandent pas de rien. Imanali était silencieux, il avait entendu toute la conversation. Shinéar était aussi silencieuse.
Ulpan n'avait plus rien à faire ici. Bien que le temps passait midi, Shondygul a commencé à exploiter dans le piège des chevaux rouge foncé ..
Doigté ses perles, Imanali les suivait.
Sur la route de Karshygaly il y avait de nombreux lacs. Les oies et les canards avec la progéniture augmenté de préparation pour les vols long-courriers. En été, ils ont enseigné les poussins à nager, et maintenant ils ont étiré les triangles dans les stocks d'oie du ciel, balayés troupeaux de canards. Les parents ont eu lieu en face en l'air, et les poussins consciencieusement les ont suivis, ils choisissent la direction de l'apprentissage, tenir la ligne, et sur le lac, aussi, ils n'ont pas à la traîne de leurs aînés, qui ont choisi la terre, riche en nourriture. Ils auraient la vie privée, villages migré vers dzhaylyau sur pâturages d'automne, et avec les oiseaux qui volent sur les lacs vient le silence complet, jusqu'au printemps suivant.
En passant par le grand lac, dont les bords ont augmenté de roseaux, qui a débuté à l'or, Ulpan a déclaré:
- Shinéar, et vous souvenez-vous - nous n'aurions pas manquer un tel lac sans avoir à pas nager. Peut-être sommes-nous vieillissons?
- Pourquoi est-il - de plus en plus vieux? - Réponse Shinéar, je pensais aussi que nous avons toujours pris le risque de s'allonger sur l'herbe ... Et puis passer la nuit sous le ciel ouvert.
- Peut-être que nous restons ici, au bord du lac? Et à l'aube pour aller sur? Surtout parce que nous avons commencé en retard, et le soleil est sur le déclin ...
- Allez, Ulpanzhan ... Qui peut nous arrêter? Sélection d'un endroit où mettre tarentass, Ulpan et Shinéar éloignés. L'eau était fraîche, c'est pourquoi ils ne nagent pas loin, et s'amuse dans l'eau, se frotta les uns les autres est le dos et bientôt sur le rivage, essuyé et habillé. Maintenant, il ya jusqu'à l'été prochain vous ne seriez pas entrer dans l'eau ...
Le feu de bouse, pourri par Shondygul, avec ses langues pourpres se sont démarqués dans le crépuscule. Il y avait de la viande, il y avait du lait de jument. Seuls les morceaux manquaient autour du feu de camp ... Mais qui va chanter? Imanali savait une chose, Guéter le chapelet et les compter, combien de fois par jour, il les rassembla, a traversé - l'un après l'autre, l'ambre - jointures ... Et Shondygul n'a pas lu namaz, quelles sont ses péchés, de sorte qu'il était nécessaire pour les expier?
Aussi une conversation mentale tranquille manquait le feu de camp, mais Ulpan savoir que les amis étaient déprimés par ce qui s'était passé, et si elle ne démarre pas, aucun ne prononcer un mot durant la soirée. Et c'était aussi difficile pour elle de commencer ... Son cœur tremblait quand dans Karshygaly les aînés a dit ... Elle n'est pas venue, mais je savais que si Torsan décidé que, s'il prenait les chevaux aussi des kurleuts cheval et les éleveurs qui faisaient paître leurs troupeaux pendant vingt ans, il a donc commencé à agir de façon imprudente ... Elle a voulu partager ces pensées avec eux, mais elle est venue à cette conversation à distance:
- Écoutez-moi, mon frère-frère ... - Dit-elle à Imanali. - Avant que je vous ai appelé frère-frère un tyran, despote frère-frère ... Et comment vous appelez maintenant, je ne sais pas! Un mot ne peut pas être entendu de vous, et vous seul murmure des prières. Et vos mains sont occupées chapelet.
- Quel est laissé pour moi dans ma vieillesse, Ulpanzhan? J'ai péché nombreux péchés ...
Ulpan poursuivi, ne prenant pas les yeux de la flamme:
- Et que dois-je faire? Lui-même un pécheur, tu veux que je tenais également un péché dans l'âme? Quel homme! .. Il a chaud pour obtenir de moi sa part de l'héritage, et il ne veut pas, il ne peut pas être convaincu! Donc, pour moi, il est un péché, car je n'ai toujours pas donné!
Shinéar la connais trop bien, et elle a réalisé que Ushan juste commencé, et elle veut leur dire quelque chose d'important ...
Et Shinéar ne se trompait pas.
- Toujours lors de Bizhiken était vivant - a dit Ulpan - J'ai commandé de faire un papier de certificat-cadeau ... Le fait que la moitié de l'héritage qui lui appartenait et Torsan. Maintenant, ce ... Cette moitié est devenu la proie des Torsan. Et l'autre est la moitié de la mienne. Mais j'espère que si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain Imanali, un ancien combattant, va le prendre ...
Elle ulcéré que la moitié de la propriété, qui peut être considéré sibanian patrimoine, est allé à la Shai-uaks, et elle-même blâmé pour cela, et s'est repenti ...
Au soir de la prochaine Ulpan de jour et ses compagnons se rendre à l'étang, où les villages sibanian passé l'automne. Mais son village n'était pas là. Les enfants qui ont entouré son attente pour les dons, happlily rapportés:
- Mère! Votre hier aul gauche!
- Ils ont dit qu'ils voulaient aller tôt pour leurs quartiers d'hiver!
- Et tu vas aussi, ma mère? ..
Ulpan leur a remis des bonbons, baursaks, tout ce qu'elle avait, et elle est allée à Shinéar pour y passer la nuit. Il est devenu chaud. Dans les prairies, sur les bords de la forêt ont été gazouillis la tondeuse, les dîmes de blé jaune couraient les moissonneurs. Quelle était la nécessité que Torsan si tôt retourné à Suat glycol, il était tout à fait possible de rester encore ici.
Sa chaise a conduit à travers les plantations de clôtures, arrêté à la grande véranda. Elle a été surprise que dans la cour, il y avait beaucoup de shaykozs inconnus zhigits, ils se sont comportés comme s'ils étaient chez eux, de parler, pas faire attention à elle. Près de la maison pour les invités personnes bondés, vêtus d'uniformes avec des cols blancs et des boutons en laiton poli, dans les nouvelles bottes grinçantes ... Probablement que c'était une sorte de réunion de leur paroisse, estimant Ulpan. Sur le porche, avec son ventre en avant était Zhauke, elle n'a pas salué Ulpan, n'en démord pas, elle semblait garder la porte. Dameli venu le tarentass.
- Ulpanzhan ... - dit-elle avec défi , et assez fort pour entendre tout - . Ulpanzhan , vous n'êtes pas dans votre maison, vous allez vivre dans une maison où les invités restent ..
Pour cela avait déjà été hâtait Torsan accompagné par un fonctionnaire, pas familier pour Ulpan .
- Apai ... - dit-il - . Dans une grande maison il y a pleine d'invités avaient accumulé , nulle part où aller ... Vous prenez acte , je sais, mais installés dans une maison d'hôtes ...
Cette fois, il n'a pas l’appelé apa, comme mère, comme sa sœur aînée . Il a dit Apai comment nous pouvons nous référer à une femme à l'extérieur .
Ulpan était silencieux, puis a explosé Zhauke , elle reste fermé la porte d'entrée de la grande maison .
- Que faites-vous .. ? - Elle a crié . - Que te flates en face d'elle ? Toi et moi nous pourrions s'entrechoquent dans une petite pièce ? Maintenant vous imaginez que une chambre pour elle - pour elle seule ne sera pas suffisant ?
Une fois Ushan avait à dire , et dit:
- Vous salope sournoise . Pensez-vous que vous avez fait le vôtre? Attendez une minute ! Toutes les humiliations que j'ai vécu de vous, vous vous sentez toujours à la dure ! Vous êtes la lumière ne disparaît pas jusqu'à ce que vous payez pour la monty ... Maudit sois-tu ! Les sibals vous venger de moi, pour Ulpan femme d’Eseneya !
Elle n’alait batter avec Zhauke et Ulpan allait dans la maison d'hôtes . Dans le couloir entre les deux pièces, situé korlsuna modélisé , parsemé de beaucoup de bottes , les chefs qu'ils avaient portés étriers.
Dans la grande salle une quinzaine de personnes jouaient aux cartes.
- Quand ils ont dix-sept points, le Russe n'a pas pris la carte ... Ils disent - Trésor ...
- Je ne suis pas un Russe, et maintenant?
- Vous n'êtes pas un russe et kazakh, mais un chien!
- Mais au moins, je n'étais pas un voleur comme vous, je n'ai pas manqué de prison!
- Êtes-vous? .. Vous vous êtes sale porc, un porc devrait pourrir en prison!
Ces invités de cette maison n'a jamais vu. Ceux qui ont vu Ulpan, a commencé à flirter, parler ...
- Oh, regardez! .. Nous ne vous ennuierez pas ...
- À Dieu ne plaise, à Dieu ne plaise ...
- Ne pas être parti ...
Dameli plomb Ulpan à une petite salle à côté il y avait un lit et il a été rejoint ainsi le lit de Bizhiken. Il y avait là le miroir moyenne, le plus grand miroir était cassé, il semble qu'un coup de pierre, il ne pouvait être rompu si pendant le transport. Le miroir il ya presque Ulpan d'année a Zhauke, elle s'est maintenant pour personne et aucune raison a dû regarder son reflet ... Maintenant, le miroir a été retourné à son ...
Elle s'assit lourdement et a mis le coussin sous son.
- Dameli avez-vous du thé?
- Il est Aynalayyn, comment ne pas être ... Ils buvaient le thé ensemble.
- Votre Zeynet, vit-elle bonne? - Question Ulpan - Êtes-vous heureux avec vous gendre?
- Très heureux, Ulpanzhan - a dit Dameli - Il est zhigit travailleur, attentionné. Il est obéissant et moissonner ... Et non seulement il sait les conduire ... Celui qui a éclaté, ils courent immédiatement à notre Tastambeku. Ils savent qu'il va résoudre le problème!
- Et vous, comment peut-il se comporter?
- Sourires ... Il dit: «Maman, j'ai pris cela de vous, autour de minutes, je ne peux pas rester." Et mes petits-enfants ... Si je prends un dans mes mains, les autres cris, si je caresse un, l'autre commence ...
- Et peut-il toujours ainsi, Dameli ... Après le thé, l'oulpan est allé à la tombe de Bizhiken et s'assit seul dans la région de Mazar. Bien sûr, il est maintenant clair - quand elle est allée au village de Torsanu, quelqu'un a dit à la jeune fille sur Zhauke, que son mari continue à rencontrer, même s'il n'a pas pris comme sa femme ... Mais pourquoi at-elle caché que de sa mère? Woul pas Oulpan être capable de la rassurer, consoler? .. Une fois qu'elle a l'ancienne Bizhken d'un an dans la salle à Yeseni. Et il ne pouvait même pas tenir dans ses bras. Il demanda: «aknar, l'emmener loin ...» Il ne pouvait commencer à compter combien elle était - un an, un mois et vieux un jour ... Deux ans, deux mois et deux jours ... Il écouta: Aujourd'hui Bizhiken pleuré deux fois et rit cinq fois ...
Ulpan venu à la maison, mais il était trop tôt, elle se mit au lit. Elle tremblait ... Elle a demandé Dameli qui l'a visité:
- Dameli, vous envoyez à quelqu'un après Shinéar. Qu'elle vienne à moi, venez tôt, avant le lever du soleil ...
- Eh bien, Aynalayyn, j'enverrai ...
La longue chaîne des sales tours de Torsan retiré ici, dans cette petite chambre, où elle a déménagé de sa maison, où elle est bonne ou mauvaise, a vécu sa vie. Il semble une bagatelle, une poussette du voyage à Kyzyl Zhar, mais il a commencé avec une poussette ... Et peut-être, avant, Torsan ne cacha son visage. Et maintenant, il a décidé, il n'ont pas besoin de plus. Des troupeaux de Karshygal ont été dépassés à shaykoz terre et le troupeau de ses parents avec eux. Il a également pris chaque cheval unique à partir des bergers! Il est également clair pourquoi lui et Zhauke étaient pressés d'aller à Suat glycol avec campements d'automne. Ils ont dû louer la maison, et oulpan, la relocalisation ici, transformé en un pathétique hanger-on qui n'a pas le droit de dire son woed!
Non, non, non, non ... Je suis Ulpan! Chaque fois que je crie dit, les zhigits sibanian vont sauter sur leurs chevaux! Torsan pour la vie aurait oublié le chemin de la succession de Eseney! Mais il n'est pas la méchanceté, et il ne reculera devant rien ... Il pilotera le meilleur des gens pourThe sibans le jour où il se réfère à la lisière de chiens de traîneau. Il a beaucoup d'amis parmi les fonctionnaires, ils sont ici, de sortir et dans, aujourd'hui la maison est pleine, ils mangent, boivent et repartir avec des cadeaux riches ...
Je voudrais, a poursuivi Ulpan ses amères réflexions, accepter de s'installer sur le bord du village, dans la plus noire tente patché ... Mais vraiment, je dois passer par leur maison avec les yeux fermés? Si je vais au cimetière ... Et même pas ce qui est important! Je ne peux pas supporter des regards de pitié ... regards de sympathie. Et ne serait-cœur survivre - à chaque fois qu'elle entend les cloches sous l'arc en passant par?
Ce pensées enchevêtrées ses enchevêtre liseron aussi indestructible de bouleau blanc mince. Mais pas seulement pensées tristes en face de lui passèrent les jours où elle était heureuse quand les parents de Eseney répétées à l'unanimité: laissez aknar être récompensé pour le bien qu'elle a fait pour nous. Rendez hommage ...
Comment libérer le supplice infligé à sa part? Maintenant, elle comprend Eseney plus que jamais. Sort alité de sa maladie, convaincu qu'il ne se relèverait, Yeseni une fois lui a dit: "aknar ... Combien de souffrances tu as vécu ... Et tout cela à cause de moi et pourquoi devrais-je attendre Tirez la vie de ce chien? ? Ouvrez le coffre. Il ya cercueil doré, obtenir une petite bouteille scellée. Donne-moi ... Mieux juste pour combler le trou dans lequel j'étais tourmenté par ma douleur ".
Ulpan prit la bouteille, comme une petite citrouille, qui s'est tenue dans ses mains, en tenant compte. "Poison" Elle a demandé. "Oui, je l'ai acheté dans le courant de Junggar marchand, a donné le cheval pour qu'il jugeait utile si il ya un danger dans la guerre d'entrer dans les mains des ennemis.». - «Mais il n'y a pas de danger," - dit l'oulpan et citrouille a pris avec eux.
Une autre fois, il a les yeux sur, une ceinture de cuir avec des glands qui pendaient au mur. "Aknar, tu ne me plains pas? Prenez le poignard là-bas avec une poignée dorée, donnez-le moi. J'ai encore la force, à faire moi-même ..."
Elle a également pris le poignard, et a gardé le poignard et citrouilles dans sa chambre. Maintenant je comprends bien, pensait-elle, je me rends compte que c'était impitoyable, car il peut arriver un moment où vous ne pouvez pas vivre.
Elle se leva, prit la boîte de la bouteille de citrouille et la dague de son fourreau, et se recouche. Que pouvait-elle regretter, qu'at-elle partir? Je n'ai pas oublié quelque chose. Le manche du poignard était frais contre sa paume, comme si elle a touché la pierre à Mazar de Eseney. Transparent, sur le cristal bleu, la bouteille de potiron chaud dans sa main, car une fois réchauffé la petite main de Bizhiken.
Oulpan a mis le poison loin, elle a de nouveau pris le poignard. Tenu il. Et elle a glissé en arrière sous l'oreiller. Doit-elle attendre Shinéar? Mais ils ont dit au revoir à la nuit de l'autre la dernière fois où ils se baignaient dans le lac automnale et ont passé la nuit dans la steppe. Shinéar parlera aussi ce qu'elle dit elle-même Yeseni ...
Quelques mots d'adieu
En automne 1928 Kyzyl-Orda m'attendait, alors capitale du Kazakhstan: j'ai été transféré à y travailler. Mais avant que je m'installe dans le nouveau lieu, j'ai visité ma maison. Ours ont passé l'été sur les rives du lac Kozhabay, mémorable pour moi depuis l'enfance, et c'était le meilleur à paresser, se baigner, boire kumys, acidulées, comme il arrive à la fin de l'été. Mais tout le monde arrive à sa fin et il est temps de rentrer. Mon frère aîné, un enseignant aul, Hamit m'a emmené à la gare de Lebyazhe.
La route conduit devant le cimetière, où Sibans a longtemps enterré leurs proches depuis les dix villages. - Regardez ... - A dit Hamit pour moi.
Nous sommes partis le vendredi, et ce jour-là les personnes âgées venus à vénérer les morts et honorer leur memory.The aveugle Isahmet, il a été appelé "curry", curry est une personne qui peut dire par cœur le Coran tout entier, ligne par ligne, sourate après sourate. Avec lui était forgeron Tayzhan, que tous nos enfants ont adoré pour sa bonté infinie et tous les temps readieness pour répondre à nos problèmes boyishs. Près de la tombe étaient assis les anciens Nargozha et Suleiman, le plus jeune fils de Imanali.
Lorsque nous sommes arrivés, Isahmet-kari lisait une prière. Et ils se sont assis près de la tombe, une grande pierre blanche a servi de tombeau, brillant nombreuses taches de lennye, doivent être les quartzs. Moi avec Hamit démonté, est allé jusqu'à - Je voulais grand et dire au revoir aux vieillards;
Kari Isahmet était un expert du Coran. Il était bien versé dans le pedigree des Kazakhs et parlé anciens événements comme si c'était hier ou la veille ... Mais il était aussi profondément sur ce qui se passe aujourd'hui, et ses opinions étaient bien destiné, et des conseils judicieux. Avec cela, il a été appelé Curry, il n'était pas une mante religieuse pieuse, comment, par exemple, a fini ses jours Imanali.
Quand il a fini la prière, Isahmet m'a demandé:
- Gabit ... Savez-vous qui tombe il cela?
- Je sais - je l'ai dit - Et si je n'ai pas fait, il aurait lu l'inscription sur la pierre. Oulpan, .. Il est de notre Oulpan mère commune.
- Droit ... - Il était heureux, peut-être, que le jeune, et j'ai été sans aucun doute liée à cette partie de la population, liée à l'égard de la femme depuis longtemps révolue et se souvient de son nom. - Ulpan remaines en mémoire et restera jusqu'à ce qu'il y est au moins un Sibal sur ce monde. Pour le horseless, elle a donné des chevaux, elle a nourri les affamés, elle fut la première à semer du grain dans notre région et a sauvé de nombreuses personnes de la famine. Toute personne pauvre pouvait toujours compter sur lui, il trouvera son soutien et son aide. Elle a fait beaucoup de bien, et elle est morte dans la douleur, dans la misère ...
Ses propos ont été confirmés par d'autres personnes âgées.
- Nous n'avons pas eu personne comme elle ... - Nargozha soupira. - Et par son courage, elle a dépassé tout homme. Cela admis Eseni lui-même.
- Yeseni savait que Ulpan ne pensera pas à quelque chose de mauvais, ne sera pas dire ou faire - se sont joints à la conversation smith Tayzhan. - Tout kereyski Biis, tout intendants comté la craignait. Ils savaient qu'aucun de leurs trucs ou des bassesses pourrait être caché aux yeux de l'oulpan, et sa parole ne pouvaient prospérer eux par percer ...
- La peur, ils feard ... - A dit Suleiman. - Mais après la mort de Eseney, ils ont décidé de Revange pour tout ... L'envie! Haine cachée ... En fin de compte, ce sont eux qui l'ont poussé à la tombe, à la Torsan vorace ...
L'enfer est ... Torsan un glouton ... C'est peut-être paru un peu prétentieux, mais c'est vrai. Le pire tourments de l'enfer, c'était de survivre oulpan au cours des dernières années, et surtout dans les derniers mois de sa vie. Je connaissais déjà beaucoup de choses sur elle, sur son temps. Mais rien ne dit. Ce que je sais ne va nulle part. Pour moi, il était important d'écouter les personnes âgées.
Tayzhan posa sa main sur la pierre blanche:
-Ils disent que les Saints ne se produisent pas maintenant ... Mais notre Oulpan? .. Sa tombe n'a jamais réglé ... Un saint. Comme si hier enterré ... Et la crête est toujours nette et claire! .
- Cela est compréhensible - pourquoi Tayzheke ... - A dit Isahmet. - Les femmes Sibanian dans les cinq premières années devaient s'occuper de la tombe de l'oulpan, en cas de pluie, et au printemps - après la fonte des neiges - femmes portant le voile blanc et porter ajouter des terres à sa tombe ... C'est pourquoi tant d'années la tombe est conservée.
J'ai demandé:
- Qui a mis la pierre blanche? Est-il Torsan?
- Torsan? .. - Question Isahmet, comme s'il n'avait pas entendu. - Bien sûr! Torsan deviendrait si généreux! .. Ce sont nos Sibals. Torsan mis un petit tombeau en pierre grise, quelquepart sur le marché pas cher. Nous sommes partis pendant deux ans, puis jeté loin. Ensemble, les villages, a décidé que aknar mérite une meilleure mémoire. Je ne sais pas où ils l'ont obtenu, où ils apportèrent ...
Ma connaissance de la minéralogie n'était pas assez pour déterminer où chaque pierre est extraite. Très probablement, ce fut le marbre, mais je n'avais jamais rencontré une telle pierre. Les étoiles lumineuses brillaient stries et des points, comme vraiment la lueur émanait de la tombe de la femme dont le nom signifie tellement de choses à la mémoire des villages environnants.
C'est peut-être l'éclat qui fait Tayzhan forgeron retour à la pensée de la sainteté de l'oulpan:
- S'il en était autrement, seraient ses paroles deviennent réalité? Avant sa mort, elle a choqué le Torsan de trahison noire, elle, lui et sa famille maudite: «Vous ne serez pas teindre aussi longtemps que vous payez en totalité pour toute ma douleur et l'humiliation" Donc, dit-elle.
- Notre père depuis de nombreuses années ne s'entendait pas avec Ulpan et ne la reconnaît pas - a dit Suleiman. - Et puis tout a changé, à partir de lui, nous n'avons entendu éloges quand on parle de lui. Et dans son namaz il toujours commémoré son nom.
Le sort de Torsan pourrait en effet servir de confirmation de la vieille sagesse populaire que le mal ne va jamais impunie. Pas toujours, malheureusement, mais ça arrive, mais pour Torsan c'est arrivé ... Quand il vieillit, l'administration paroissiale de uaks passa à son fils aîné, Shokan. Mais Torsan toujours intervenu et a créé quelque chose qui a travaillé toute ma vie, - l'injustice. Impossible de se tenir debout, Shokan s'est suicidé, il a lui-même poignardé dans le coeur avec un couteau aiguisé.
Torsan mourut lui-même beaucoup plus tard - en 1920, un très vieil homme. La famille s'est effondré. Un jour, après une violente querelle, ses fils dispersés dans toutes les directions. Les deux sont allés chercher fortune dans les villages proches de leurs épouses, le troisième est allé quelque part très loin. La maison soulevée par Ulpan déserte. Alors s'effondra le shanrak de Torsan. Les commissaires, qui dans sa paroisse éliminés comme si à la maison, comme si les propriétaires de la vie, taksyrs - les fils de Torsan ont terminé leur vie en pleine insignifiance et la pauvreté. J'ai eu plus tard la chance de voir de mes propres yeux.
Et ce jour-là au cimetière, après la mort de Torsan passé huit ans, mais il n'y avait personne qui viendrait à réciter une prière sur sa tombe . Il n'y avait pas un seul homme qui aurait jamais planté à la tête . La terre est retombée, coincé sur les rouleaux de la fosse de vieilles planches pourries . Ils disent que la fille est c'est bien un étranger, le fils va jeter la terre sur la tombe de son père ... Mais les fils de Torsan jamais revenir ici. Torsau lui-même , bien sûr, ne se souciait pas , mais tous les habitants des villages sibanian considéré cette action, la reult de la malédiction de Ulpa .
- Et pourquoi notre aknar mort? - Demandai-je. - Elle n'est pas si vieux ...
- Qu'est-il arrivé Gabit connaissait un Shinéar , votre grand-mère - a dit Tayzhan . - Mais ce mystère ne sont divulgués à qui que ce soit , elle l'a pris à sa mort.
- Elle est venue à la maison à l'aube - Suleimen partagé ce qu'il savait. - Elle vit d'abord ... Votre grand-mère lavé Ulpan , enveloppé dans un feutre blanc mat , lié à trois endroits ... Nous étions à l'enterrement, mais nous n'avions pas le droit d'aller près comme nous étions petits . Son visage nous n'avons jamais vu .
Isahmet - kari résumer comme dirions aujourd'hui :
- C'est ce qui est presereved ... - Dit-il - et les gens vont jamais faire une erreur. Les gens peuvent entendre à tort et à corriger cette inexactitude, quelque chose modifie . Donc , tout ce qui concerne l' oulpan est fiable , Gabit ... Cependant, il est possible que quelque chose a été exagérée , quelque chose a été oublié , quelque chose de discret . Mais c'était tellement ...
Nous avec Hamit , même si une route Loang nous attendait , nous nous sommes assis et avons écouté ... Nargozha rappelé :
- Votre grand-père, Musrep était un ami fidèle de aknar - baybishe ... Dans le village nous l'aimions tous . Quand nous étions garçons , nous avons utilisé à se battre, qui va conduire le cheval de Musep au lac pour boire . Et ses chevaux étaient les meilleurs des meilleurs chevaux , il savait beaucoup de choses sur eux. Et Shinéar wil rien donner aux enfants aul . Celui qui a recours à elle, personne ne reste les mains vides. Elle est morte jeune , et il était difficile pour Musrep dans sa vieillesse . Botpay , son fils cadet , se rendait plus à Toyama . A l'aîné ...
A propos du fils aîné Je savais parce qu'il était mon grand-père. Quelle que soit la personne, mais une forte maître n'aurait osé l'appeler.
Nous avec Hamit allés à la tombe de Musrep. A la tête, la fermeture par les branches du soleil, se tenaient deux vieux bouleau ridée. Personne ne les a plantés, ils ont eux-mêmes une fois augmenté, et cela a été considéré comme un bon sighn.
Ce ne serait pas complet. Mais il y avait un autre incident qui m'a ramené à l'oulpan.
À l'automne 1941, j'ai dû me rendre à mon aul, et à Petropavlovsk m'a donné une voiture pour s'y rendre.
Il pleuvait à verse. La route floue car il n'y avait pas d'asphalte, puis elle n'existait pas. Le vieux "pick-up" avec des pneus usés a commencé à trembler dès que nous sommes sortis de la ville. Le pick-up alors glissé vers la gauche, puis vers la droite, puis a accepté slip en place après quelques tentatives désespérées pour avancer. Donc, nous avons rampé. Le conducteur, qui a été blessé dans les premiers jours de la guerre et était maintenant en congé, n'a pas réussi à dompter la voiture, et il a remboursé le alambiquée, balustrade inégalée. Sur le chemin, il a parlé de tout ce qu'il pense sur la manière de les fascistes de Hitler, à cause de laquelle les pneus étaient chauves, et de nouveaux pneus n'étaient pas disponibles ailleurs.
C'était tout à fait la nuit où nous en quelque sorte rampé jusqu'à un certain village. Les maisons étaient sombres, et de nouveau le pilote maudit Hitler à cause de qui les gens n'ont pas de pétrole pour les lampes. Pourtant, une fenêtre brillait. Dans la grande maison de la place. Le conducteur est sorti et ballottement de l'eau sur ses bottes, il est allé demander pour la nuit.
A travers la porte la voix d'une femme lui répondit:
- Je suis le gardien ... Une vieille femme ... Dans le bureau kolkhoze, je ne sais rien - qui vous êtes, quel genre de personnes ... Je ne vais pas vous laisser. Je le crains.
Je couvert de honte le conducteur:
- Eh, vous ... Vous devriez avoir dit, nous avons du pain à manger, un peu de sucre et un thé. Saucisse. Une bouteille de vodka.
Il faut que une telle abondance impressionné. Vivait la femme de guetteur dans la pièce à côté, et la maison était perceptible dans l'obscurité, il se tenait là haut, fabriqué à partir de grumes de pin de bonne qualité. La maison appartenait autrefois à un man.The observateur femme thé bouilli riche. Nous avons bu un verre de vodka, et elle est devenue plus aimable.
- Peut-être vous voulez un bain? Ne doit pas devenir cool ...
Depuis l'époque de Ulpan notre famille a été utilisé pour salle de bain ... Le pilote éclaboussé un seau d'eau dans le four et le nous enveloppé de vapeur. Le pilote a d'abord grimpé sur les tablettes, et sa voix retentit:
- Nous devons succomber plus ... Ou bien nous n'avons pas eu chaud ... Le seau d'étain avec un long manche j'ai versé dans
Un baril d'eau et frappé sur les pierres chaudes dans le four. Sur l'un d'eux, je ne pouvais pas en croire mes yeux, il y avait une inscription. Incomplète ... Ulp ... .. J'ai éclaboussé. Non, tout de même - Ulp .. Et une fois que le nom a été lu soigneusement quand nous étions avec Hamit sur la route de Lebyazhe ...
Pour Isahmet que j'ai dit que le lendemain, dans son village a dit que ce n'était pas une surprise.
- Gabit ... - Dit-il amèrement, - Il ya des gens pour qui leur souffrance ne s'arrête pas avec la mort. La pierre blanche disparaisse. Longtemps. Il y avait une rumeur que certains zhigits vendus à un prix raisonnable ...
Je n'ai pas essayé de trouver quelque chose.
Pendant des années, je n'ai pas oublié la femme, elle est née avant son temps, et a quitté ce monde avec un poids de désirs inassouvis, des espoirs déçus. Tout cela a été et disparu - pour un jour et une nuit ... Mais Ulpan, comme une vision des temps infiniment lointains, depuis resté avec moi, et j'ai dû retourner, ce que j'ai fait, cependant, très en retard, comme d'habitude ...