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Ахмет Байтұрсынұлы
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Mousrepov Gabite «Appel de la vie»

20.06.2014 1527

Mousrepov Gabite «Appel de la vie»

Негізгі тіл: «Appel de la vie»

Бастапқы авторы: Mousrepov Gabite

Аударма авторы: not specified

Дата: 20.06.2014



De sombres nuages  rampent sur la mer, les mèches humides de brouillard cherchent des vagues mousseuses. Elles sont infinies, leur mouvement ne s’arrête pas. Mais d’un coup, le vent brusque et chaud vient de la terre. Il les bouscule, écarte les nuages et le ciel vernal regarde la mer furieuse et austère avec ses yeux bleus. 

Gris – Ardent – un mâle de la race de poissons Azat-Maya – frissonne, contorsionne son corps fort comme une tige d’acier, et, avec son épée d’argent, émerge à la mer agitée vers le soleil et le bleu printanier.   

Dans la vie quotidienne, ordinaire, Gris – Ardent est morne, comme une algue de la mer hivernal, mais maintenant ...

Il est l’heure de brûler le pavé. C’est pourquoi ses yeux brillent et tout son corps est perlé de sueur. Comme une étoile tombante perce le noir du ciel, Gris – Ardent perce le bleu obscur du gouffre marin. 

Aujourd’hui, il nage large. Il oublia la prudence et la précaution, oublia pour toujours les emplacements habituels pour le dépistage et l'attente. Il est fier, il est têtu, il saute haut, en essayant d'être visible par tous. Le vent chaud de la terre lui découvrit un grand secret, les yeux bleus du ciel printanier regardèrent dans ses yeux.

Que tout le monde sous-marin me regarde - dit son apparence. Il n’a plus de timidité ni de peur de prédateurs avec leurs gossiers larges et dentus.
Gris–Ardent fuit vers de grands espaces ouverts, ou il n’a jamais été avant. Il chasse, pousse vers la côte, excite, presse des poissons femelles de race Azat-Maya, qui vivent paisiblement sous la glace épaisse. Comme un aigle planant librement dans le haut du ciel, il entreprit un grand vol.
Combien de fois le monde sous-marin le fuyait dans la terreur, en affligeant et en déplorant les victimes. Combien de fois il échappait à des plus forts. Aucune pitié des plus faibles dans les jungles sous-marins. 

Mais aujourd’hui, sa mâchoire endentée et courbée est serrée. Les plus faibles ne le regardent plus, les plus forts ne lui font plus peur. Méprisant tout comme s’il était pris par le feu et entraîné par une force miraculeuse, il quitta le silence et l'obscurité du fond, entra en vaste mer. Il se précipite sans relâche.

Et tout à coup Gris–Ardent remarqua qu’il n’était pas le seul à percer le gouffre marin. Tous les mâles de la même race Azat-Maya se déchainèrent en agitant et en troublant les profondeurs sous-marines. Ils se précipitaient aussi, ils brillaient, ils bramaient une chanson de marche. 
Il y a de plus en plus de foudres argentées sur la mer, plus de brillance et d'éclat. 
Ces foudres appellent, captivent des poissons femelles, indiquent le chemin de la grande expédition. Ils invitent vers le grand fleuve qui se jette dans la mer loin au sud. 

Seulement des mâles paresseux, stupides et indifférents sont calmes, en attente de rejoindre la grande fête en route. Ils paissent au fond, en bougeant à peine leurs nageoires, et se serrent aux gris-ardents blancs de vieillesse, qui n'ont rien à voir avec de telles expéditions.

Tous ne sont pas encore prêts pour la grande expédition : il y a des impuissants et des faibles. Tout cela n’a aucune importance pour les mâles-crétins. Ils ne se soucient que de leurs ventres. Ils ne sont même pas prêts à l’expédition, ils sont mornes et faibles, ils n'ont pas pris la couleur.

Gris - Ardent ne les appela pas pour l’expédition. Il passa en coup de vent - fort et fier, plein de mépris.

Ressemblants à des barbues, des phoques sa cachaient au fond dans les lis, en guettant la proie, avec leurs poinçons en os toxiques. Des milliers de gloutons carnivores réjouissent la fête. Dans la confusion, ils remplissent leurs ventres sans peine, couvrent leurs bords de graisse.

Gris - Ardent n’eut pas peur d’eux, passa à travers cette bande féroce. Qui pourra, qui osera saisir un éclair ?

Même les lamproies préparent un piège. Des poissons, mais comme des sangsues, elles sont minces, méchantes et perfides. Elles faufilent, se ventousent aux branchies de telle sorte qu’il est impossible de les arracher, de s’en débarrasser, et suivent comme un intestin grêle vers l'eau douce, vers les frayères, et dévorent des œufs frais. Mais aujourd'hui les lamproies ne sont pas dangereuses pour Gris - Ardent. 

Dans la jungle dense sous l'eau  la paix et le calme mystérieux règnent. Des astéries roses, jaunes, brunes, remuent légèrement leurs tentacules. Et entre eux les femelles Azat-Maya endormies flottent, plongés dans leurs soucis.

Elles ne sont pas encore prises par le feu. Elles ne réalisent pas encore que la grande expédition les attend. Elles sont prêtes à éclater sous le poids des œufs, elles sont calmes et indifférentes. Ne sont elles pas, ces femelles ventrues, la beauté d’expédition imminente, de cette joie frénétique, de ce plaisir étincelants?! Elles gardent la prochaine génération d’Azat-Maya. Plus tard, quand elles atteignent l'eau douce, l’endroit tellement désirable, regrettera-t-on une douzaine de beaux gris - ardents morts pour une des ces ventrues ?

Mais les poissons ne s'enflammèrent pas encore, ne commencèrent pas leur chanson, leur danse. Elles sont toujours calmes, elles comptent sur des mâles omniscients, omniprésents...

Et Gris - Ardent réalisa que cela prendrait beaucoup de temps de contaminer les femelles par cette soif d’expédition, par son vol incontrôlé, par son jeu et sa brillance.

Oh, cette chanson venait du haut ! Cette chanson sans paroles agita les âmes froides des poissons. C'était un feu, qui brulait dans l'eau, c’était un sacrement, un miracle,  qui animait même les morts.

Gris - Ardent se précipitait, en brisant l'eau en morceaux, en touchant à peine les femelles avec son corps couvert de perles rouges. Et elles, en ce moment, éclataient en arc en ciel, comme enflammées.

La mer brilla, bouillonna. Rien ne pouvait arrêter Azat-Maya maintenant. Tous les mâles et toutes les femelles se précipitèrent par des bancs vers les frayères – le fleuve. La grande mer tressaillit à cause de la grande expédition. Des méduses  peureuses se balancèrent, prirent de la couleur ardente. Saumon Chinook et Nerka, Saumon Coho et Sina – les races proches à Azat-Maya – les suivirent.

Des jeunes femelles avec des côtés creux, sans un seul œuf, se lancèrent après tout le monde. Par contre,  nul ne les invita avec eux. Mais à quel point elles voulaient participer à la grande expédition, se délecter de la joie commune ! Le banc montera la rivière, atteindra les eaux peu profondes. Et les femelles frayeront, les mâles verseront leur lait blanc. Et combien d'amusement il y aura dans ce voyage de plusieurs jours. Gris – ardents entourons les femelles, brilleront leurs lames, les protégeront.

Gris - Ardent sait à quoi pensent les jeunes femelles. Il les chasse dans les buissons du fond, les bat. Tout le monde n’a pas le droit de regarder cette joie.

Essayant de prier, d’adoucir Gris - Ardent  avec leur charme, les jeunes tournent autour, mais apeurées par son air crénelé et féroce, elles fuient dans des fourrés marins. Elles ne peuvent pas enfreindre la loi de la nature.

Les mâles, bruns à cause de l'âge, le savent parfaitement. Ils ne se mettent pas en route, n’empêchent pas les autres, ils suivent juste du regard le départ du banc. Combien de fois, dans leur jeunesse, ils faisaient la même route, combien de fois dirigeaient l’expédition! Maintenant ils ne sont même pas au courant de ce qui ce passe autour, mais des fois leurs yeux brillent, comme si un lointain éclair de chaleur s’y reflète, et éteignent immédiatement sous la pression de l'âge, comme si quelque chose d’oublié surgit soudainement dans l’âme des poissons. Le monde ne leur est plus compréhensible. Ils ont tout oublié. C’est pourquoi ils sont attirés par broussailles, par l'obscurité, par les rochers moussus, où se cachent les étoiles qui ne savent pas nager. 

Plusieurs fois le soleil bas et faible du Nord se leva sur la mer, plusieurs fois tomba derrière le bord de celle-ci en allumant le ciel de l’arc-en-ciel printanier de sept couleurs, plusieurs fois  des ténèbres tombèrent sur le monde, avant que le mâles et les femelles atteignirent l'embouchure du fleuve profond, qui se jette dans la mer. 

Le malheur attendait la grande expédition dans les canaux étroits du fleuve. Des carnivores y arrivèrent de toute la mer.

Ils ne se donnaient pas la peine de chasser, mais comme des chiens ils attaquèrent  le banc de  l'embuscade.   

L’amertume de l'impuissance saisit tous les mâles de race Azat-Maya, tous les gris-ardents. Ils sont effrayants que par apparence, mais ils n'ont pas d'autre arme que leur vitesse, brillante comme un coup de  foudre.

Et alors, s’agitant à droite et à gauche, ils rassemblèrent le banc largement dispersé et se lancèrent obstinément à contre-courant, après avoir entouré des femelles par un anneau dense. 

Maintenant les carnivores saisissaient des gris-ardents, mais la caravane obstinément montait plus haut en laissant les prédateurs derrière dans la mer. Et des dizaines de milliers d’Azat-Maya roulaient à l'unisson, sans s’écarter de côté.

L’expédition passionna tous, les réunit et autoritairement poussa en avant. Gris-Ardent guide, dirige le banc. 

Tout à coup des corps forts des poissons se heurtèrent contre des pièges mis par des braconniers voleurs. Mais est-ce qu’il existe dans ce monde un obstacle,  qui peut retenir un cours de vie ? Il roule, emportant tout sur son passage. Certains meurent, d'autres continuent.

Existe-t-il dans ce monde une chanson meilleure que celle chantée par un contre-courant d’un fleuve puissant?! Est-ce qu’il peut exister quelque chose de plus puissant qu’un simple élan à un grand but? Comprenant cela, le banc s’aligna et se jeta par des ombres impétueux dans les courants rapides. 

Le lendemain, avant le lever du soleil, Gris-Ardent sentit une cascade. Une lourdeur de l'eau pressait la poitrine, la course des courants s’accélérait et le fracas s’entendait.

Gris-Ardent s’agita autour du banc, en pressant les faibles et les incompétents, il sauta au-dessus de l'eau et vit un mur de mousse blanche de trois mètres. L'eau tombait du haut des falaises, des nuages des embruns brillants montaient vers le ciel. 

Le banc s’inquiéta. Gris-Ardent s'élança de nouveau, les entrainant à suivre son exemple. L’eau s’écarta, l'avala. Fier, Gris-Ardent naga jusqu'à la rive ombragée et attendit son banc.

Les mâles qui nageaient en avant avec Gris-Ardent étaient les premiers à le suivre. A un moment donné, il sembla même que quelqu'un s'amusait près de la cascade, en jetant des poignards argentés. Une lame monte vers le haut, brille au soleil et disparaît, plongée dans l'eau. 

Les femelles ont le plus de mal. L'eau rapide balance leurs ventres pendants. Ils montent en haut et, sans atteindre la crête, tombent sur les rochers et de précieux œufs sortent d’elles.

Ceux qui n’arrivent pas à surmonter la cascade la première fois, reculent,  pour monter de nouveau en air. 

Les poissons aux branchies desquels des lamproies lâches s’accrochèrent  ont encore plus de mal. Ils sont impuissants, comme des chevaux, 
 empêtrés dans les rênes. Des lamproies prirent dessus non seulement des femelles mais aussi des mâles paresseux et sédentaires. Ils s’écrasent contre des pierres pointues, perdent leurs forces.

Gris-Ardent est calme. Il ne les regrette pas. Ce n’est pas sa première année d’expédition, il sait : ceux  qui ne surmonteront pas les obstacles, ne rentreront pas à la mer. Pourquoi les regretter. Ceux qui mouraient se traînaient au bout du banc, ils étaient toujours les derniers. Ils nageaient en se bousculant, en s’agitant et leurs mouvements n’étaient pas gracieux. 

Tout le banc se réunit autour du Gris-Ardent. Les femelles, fatiguées, se serrent contre le fond.

- Ont est arrivé, probablement ... reposons-nous... – semblaient-elles dire. 

Maintenant de rares poissons volaient à travers la cascade. Gris-Ardent s’agita de nouveau et, en braillant, guida son armée en avant.
Deux jours et deux nuits le banc suivait le fleuve. Le poids de l’eau, qui pressait la poitrine et serrait des flancs, disparut. L'aube pâle montait au-dessus de la mer. 

Gris-Ardent, à la tête, comme s’il se persuadait de quelque chose de connu à  lui seul, sauta et, heureux, brisa la surface calme du fleuve par son corps lourd. Il reconnut les endroits familiers. Ici, chaque année, toutes les femelles de race Azat-Maya frayaient,  lui, il a été né ici.

Et puis, plein de joie, de bonheur et de force, Gris-Ardent se précipita vers le fond du banc, détruit l’ordre, comme s’il voulait dire aux femelles: «Nous sommes arrivés ... arrêtez-vous, au travail ... ". Tous les mâles jouèrent, dansèrent. C’était le royaume caché de la paix et du calme. Une petite rivière tombait dans un grand fleuve, couvrant le fond de sable jaune et de petites pierres. Le banc fatigué y entra et se dispersa dans l'eau peu profonde.

Mais aucune femelle ne cherchait ni du repos, ni de la nourriture, l'éclat de fête n’atteignit pas dans les yeux des gris-ardents.

Les têtes à contre-courant, au milieu du sable mou et des pierres multicolores, ils creusèrent des trous, ronds comme des soucoupes.

Azat-Maya vinrent de la mer froide, fuirent des carnivores, déchirèrent des rets et se débattirent contre des rochers pointus à la cascade pour verser les œufs dans ces fosses, dans l’embouchure de ce fleuve lointain et tranquille où ils ont été nés eux-mêmes, où ils pouvaient donner la vie à leur progéniture. C'est pourquoi ils se précipitent  de terminer la préparation à ce grand mystère, c’est pourquoi ils oublièrent la famine et la fatigue.
Des gris-ardents mâles, fiers et beaux, tournent à coté, protègent des femelles contre le danger. Et si quelqu'un est épuisé, ils se précipitent au secours. 

Deux jours et deux nuits les poissons maigres, fatigués à cause de la route, accomplissaient leur tâche compliqué, et quand le temps arriva ...
Des œufs dorés et rouges tombèrent dans les trous comme des étoiles brillantes. Gris-ardents qui les observaient devinrent fous. Ils se battaient les uns avec les autres, en essayant d’arroser les œufs uniquement par leur lait. 

Des aigles entament une bataille féroce dans le ciel, les gens – sur la terre, et des poissons le font dans le royaume sous-marin.  Gris-ardents devinrent ivres. Leurs yeux ne voyaient pas, leurs oreilles n’entendaient plus. La grande bataille dura dix jours et dix nuits.

Les gris-ardents intelligents et sages oublièrent tout. Tous les jours de l’expédition ils pensaient à la postérité, protégeaient le banc, mais maintenant ... ils se battent au-dessus des trous pleins de tendres œufs, en jaillissant  de leur lait, en démontrant l'agilité et le courage. Mais la fatigue se sent toujours dans leurs mouvements – ils donnèrent tout pour l'avenir. Les mâles, qui attendaient patiemment, sans participer  à la grande bataille de l'amour en laissant aux autres de participer s’éloignent de la rive ténébreuse. 

Pâmés du sentiment doux, ils avalent avidement des grains dorés et, rassasiés, en secouant les queues, arrosent le reste des œufs de leur lait. Ils ne savent pas se battre. Ils viennent lorsque les autres sont fatigués. Ils sont contents, ils sont heureux. Et des salauds s’engraissent dans une bataille acharnée.

Et quand les grandes festivités prirent leur fin, lorsque la danse de l'amour affamé a été finie, tous les trous ont été recouverts de sable, Gris-Ardent vit que tous étaient  à bout de forces. Il en manquait beaucoup. Certaine moururent en route, autres après s’être donné jusqu'à la fin, balançaient avec les yeux vides. Mais leurs descendants - plusieurs millions - restaient dans le berceau de sable et l'eau propre les caressait. Six mois plus tard, les jeunes frémissants s’éclateront dans le fond lumineux et doré. Comme des écoliers, avec sacs jaunes de côté, ils flotteront sur l'eau transparente.

Au cours du mois de l’expédition Gris-Ardent considérablement amaigrit, affaiblit. Ses yeux ternirent, s’éteignirent, ses mouvements devinrent lents. Il nage à peine le long de la rive. Son apparence est peu attrayante. Même dans les eaux glacées de la mer du Nord, il était plein de feu et d’énergie, et maintenant, dans un fleuve doux et chaud, il tressaillit frileusement. Il engloutit beaucoup de nourriture, et le sommeil le gagne.

Mais la fatigue ne dure pas longtemps. Il sait que dans le fleuve il n’y a pas assez de nourriture pour nourrir tout le banc qui le suit. L’épouvantable peut arriver: les poissons seront affamés et les plus faibles fouilleront les nids précieux et dévoreront les œufs. Ce malheur, il l’avait vécu plusieurs fois. Maintenant, rien ne satisfera les femelles avec leurs estomacs vides, mais la mer immense, généreuse avec ses jungles ombragées peut les sauver.

Gris-Ardent sentit cela et navigua avec audace, en patrouillant de loin son banc. Cette fois ce n’était pas la chanson d’expédition qui était  dans ses mouvements, il chantait une autre chanson, pleine de grand amour et du souci pour la postérité. Sa nouvelle chanson était forte et passionnante. 

Le banc s’agita et les poissons de la race Azat-Maya se réunirent le long du fleuve, et de nouveau, en obéissant à l'appel du chef, ils le suivirent. D'autres mâles, sentirent se que Gris-Ardent avait conçu, chassèrent, précipitèrent le banc  vers la mer.

La lune bleue ondule les crêtes des vagues, mais les poissons n’y brillent plus. La profondeur fluviale est sombre, les ombres rapides, stimulés par le courant se précipitent ensemble vers la mer. Des mâles seulement de temps en temps font le tour du banc en le protégeant contre des ennemis.
La cascade faisait toujours des bruits  de ses rempares et des ses pierres. Gris-Ardent s’arrêta, en laissant le banc passer. Des poissons fatigués après avoir accompli une grande affaire, passaient et il les regardait avec tristesse. Quelqu’un d’autres les emmènera à la mer.

Il tourna la tête à contre  courant, et lentement, surmontant la fatigue, rentra vers les trous précieux. Le fleuve de nuit caressait, l'argent lunaire coulait à sa rencontre, en résonnant sur des rochers, et des jets agités apportaient l’inquiétude. Le silence éternel régnait partout dans le monde, comme s'il n’y avait pas récemment de festivités joyeuses et les profondeurs maritimes et fluviaux de s’agitaient pas à cause de la danse de l'amour.

Mais Gris-Ardent savait – sa chanson joyeuse n’était pas terminée. Il rentrait pour protéger, nourrir la progéniture, et quand le temps arrive, de faire venir des millions de nouveaux gris-ardents dans la mer profonde, pour que, obéissant à l'appel de la vie éternelle, nombreuse années après ils répètent la grande expédition, cette chanson merveilleuse…

1958

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