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Ахмет Байтұрсынұлы
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Aouezov Moukhtar «Les ombres du passé»

23.11.2013 1592

Aouezov Moukhtar «Les ombres du passé»

Негізгі тіл: «Les ombres du passé»

Бастапқы авторы: Aouezov Moukhtar

Аударма авторы: not specified

Дата: 23.11.2013

1

C’est une nuit d’été rêveuse. La lune déverse une tristesse séculaire sur le sol. Le ciel est clair, il n’y a aucun nuage même tout petit comme une pièce de monnaie. Les étoiles rougeâtres, vertes, jaunes font des clins d’oeil l’un à l’autre. Le ciel semble scruter et attendre :  d'un instant à l'autre la terre va commencer une de ses histoires vraies.

Les étoiles regardent la rivière qui s’est endormie à l’ombre de la forêt. Elle se disperse par Karadal tantôt serpantant tantôt se mettant à la file. Karadjal est beau, il n’y a pas de meilleur place sur le jailow. Probablement c’est pourquoi les aouls placent leurs camps ici, sur les rives de la rivière.

Le rivière somnole, respire la fraîcheur. Les pierres enfouies dans le sol sommeillent. Les étoiles regardent...

Mais voilà du bloc qui ressemble au mufle de la bête endormie deux cavaliers apparurent.   Ils descendaient rapidement. Leurs chevaux – ventre-de-biche à la crinière blanche et blanc – allaient côte à côte. Les compagnons n’ étaient pas occupés de la conversation, ils allaient en silence. Les cavaliers retenaient leurs chevaux renâclants, en serrant les brides, et les orientaient vers une prairie douce. Les chevaux soignés en secouant leurs têtes allaient au trot brusquement à la fraîcheur de la nuit, allaient sans fouet. Il semblait que d'un instant à l'autre ils pussent sortir de leurs cavaliers.

Le cavalier à cheval alezan dépassa l’ombre de la pierre rocheuse.

Karadjal qui fut devenu bleu de la lumière de la lune s’ouvrit devant lui.  Il mit son chapeau à son oreille, puis il fit le tomber du tout. Il soupira quelques fois et  prit une profonde inspiration à pleine poitrine. La vive lumière de la lune tomba sur son visage pensif émacié. Les mèches embrouillées de longs cheveux noirs proches cachaient le front pâle. Du son tchapan noir ouvert on pouvait voir une chemise blanche et un gilet noir. Ce jour-là ce jeune homme sur un coursier alezan  se sentait comme un héros. L’amour le menait.

Les jeunes partirent du village supérieur gauche et allaient vers l’aul de Jakipe. Kabych était à cheval alezan. Il avait fini l’école secondaire et vint chez lui pour l’été. Kabych avait la réputation d’un garçon d’esprit dans le volost Moyyldinskaya, tous les gens là-bas étaient intellos, beaucoup de savantasses étaient venus de là. Joumatay était a côté de Kabych, il leva sa barbe pointue, en admirant la vallée bleue dans la lumière de la lune. Joumatay était un compagnon inséparable de Kabych dans les errances d’été.

Kabych avait  un mystère dans son cœur, et c’était elle qui fit le rentrer chez lui.

Le jeune homme étudiait dans une ville éloignée, mais il ne pouvait pas oublier les yeux noirs de la belle Jamèche. Jamèche mince et souple était son vieux rêve et son chagrin secret.

Quand il avait vécu loin de sa maison natale, cette jeune fille l’avait charmé comme un mirage. Les années passaient, mais le sentiment de  Kabych ne se refroidissait pas comme une goutte de sang tombée dans la neige ne se refroidissait pas. Pendant ces années il avait écrit de nombreuses lettres, mais il ne reçut pas de réponse : Jamèche était silencieuse bien qu’elle sût aussi écrire. Alors il vivait à la  rêverie. L’été dernier était sans joie. Seulement le jour du départ il reçut de nouvelles de Jamèche. Non, il n’écrivit pas elle seulement donna quelques mots de bienvenue par l'intermédiaire de Joumatay. « L’avenir nous dira » - promit-t-elle vaguement.

L’hiver finit. De nouveau Kabych vola à la poursuite de son rêve. Il croyait : la jeune fille ne pouvait pas être toujours altière et inabordable. Il sera venu le temps pour elle de penser à son avenir. Joumatay soutenait ses espoirs. Mais le djiguite fut en retard. Jamèche fut devenue fiancée.

La fiancée du richard Kenjékhan ! Quand on le dit à Kabych, il ne crut pas, il pensais qu’ils voulaient lui faire une blague. Puis, ayant apprit toute la vérité, il lui fit mal doublement. La jeune fille se maria volontiers pour un vieil homme de cinquante ans. Elle n’avait pas voulu écouter les conseils de son frère et avait tourné le dos aux  persuasions de la belle-soeur. Sa vieille grand-mère était son unique conseiller, ce qu’elle disait était vrai. Et son père était avec sa grand-mère. Alors, elle décida d’entrer dans la maison de Kenjékhan pour devenir sa seconde épouse.

Cinq ans avant Kenjékhan a déjà pris la femme de ce village. Kadicha,  sœur de Jamèche, fille aînée du khodja Jakipe, alors fut devenue la seconde épouse du richard. Mais ce printemps-là Kadicha mourut et laissa un fils et une fille. Kadicha fut capricieuse et volontaire, elle eut géré elle-même les affaires de toute l’économie riche. Et, en mourant, elle exprima la ferme volonté : « Je ne veux pas donner mon lit à l’étranger, parce que je laisse les petits enfants. Respectez-moi, - elle fit appel à son mari et sa famille, - donnez ma place à ma sœur Jamèche ».

Alors soudainement Jamèche devint fiancée.

On s’entendit rapidement à propos de la demande en mariage même avant de passer l’aoul  au camp d’été. Récemment, les parents de Jamèche annoncèrent que le mariage aura été là dans Karadjal. Kenjékhan  fut déjà venu pour prendre la fiancée. Et alors, cette nuit-là de pleine lune, Kabych accourut là pour regarder pour la dernière fois Jamèche.

Kabych était gravement blessé, comme si son âme avait été écrasée par une pierre noire. Mais son amour pour la jeune fille était encore forte. Que Jamèche toute la vie ait été debout loin, inabordable, froide, comme un sommet lointain, Kabych encore aurait volé pour elle. Une force incompréhensible le tirait vers cette belle déjà d’un autre homme.

Quels rêves les jeunes filles de Moyyldy avaient-elles ? Bien sûr, elles rêvaient à rencontrer un mec jeune, beau, et, bien sûr, instruit. Ces jeunes filles appréciaient la politesse et l’habitude d’être toujours bien habillé. Mais tout d’abord c’était l’instruction. Elles étaient prêtes à oublier et la bénédiction des parents, et le fiancé et le rançon – elles étaient prêtes à quitter tout à cause de l’ami cher au cœur et égal selon l’âge. Mais Jamèche n’était pas comme ça. Elle renonça à ces dons précieux offerts par Kabych et s’enfuit. Etant libre elle se tuait et allait au vieillard. Et encore comme la seconde épouse.  Le comportement de Jamèche était considéré comme un appel pour les jeunes de ce temps-là, à leurs aspirations, leurs rêves, leurs pensées pures.

Que fut-il arrivé à Jamèche, pourquoi le vieux Kenjékhan était  plus souhaitable et mieux pour elle  que Kabych ?

Il se cassait la tête à cause de ce mystère non résolu. L’amour, la jalousie et la colère bouillonnaient en lui. Mais l’espoir ne le quitta pas.

Joumatay avait pitié de l’ami et alla ce matin-là au village de Jakipe, sans plus, juste au cas où. Il rencontra  Bibiche, fille-mère de la jeune fiancée. Bibiche dit : « Ce soir attendez dans les bois au delà de l’aoul, et bonne chance. Je ne veux pas donner un grand espoir, mais au moins vous pouvez voir la jeune fille encore une fois. Elle pourra être en tête-à-tête avec Kabych - peut-être elle va réfléchir à son destin. Quoi qu’il arrive, restez en place, je vais l’amener sitôt que les gens s’endormiront ». C’était pourquoi deux compagnons se rendaient cette nuit-là vers l’aoul de Jakipe.

Encore un tournant du sentier de montagne - et les amis virent l’aoul, endormi sur les rives de la rivière. Le cœur de Kabych se serra. Sa bien-aimée altière l’attendait là, il aura été en tête-à-tête avec elle pour la première fois. Et si cela avait été une tromperie, une moquerie ? La froide belle sera venue et aura commencé à combler d’éloges son vieux. Eh, bien. Quand même Kabych l’aura vu  cette nuit-là de pleine lune. Même voir, parler – et c’était pour lui un rêve pendant de nombreuses années.

- Joumatay, c’est vrai que nous allons voir Jamèche ? – ayant jeté un regard son compagnon, dit-il. – Est-ce que Bibiche ne nous a pas trompé ? Comment Jamèche peut changer si rapidement ? Est-ce qu’elle veut venir chez nous dans la nuit ? Elle est maintenant tout à fait autre, et cet aoul est devenu froid, autre. Aide-moi, Joumatay, à y croire, chasse mes doutes !

Joumatay était un gars débrouillard. Il pouvait comprendre le courrier du coeur en moins de deux. Ce n’était pas la première fois. Il savait depuis longtemps la tristesse de Kabych comme pas un. Joumatay aura réconforté son jeune ami, ce n’était pas pour rien qu’il souriait dans sa moustache.

- Ne t’inquiète pas, Kabych. Aujourd’hui nous allons attraper la fille par la jupe à moins qu’elle soit une telle Jamèche que je connais. La belle capricieuse ayant du vent dans la tête. Hier elle allée chez Kenjékhan, aujourd’hui elle viendra chez nous. Maintenant tout ne tient qu’à toi, regade, ne boite pas. Sois plus brave. Aujourd’hui nous l’en ferons se repentir. Elle va comprendre ce qu’est l’amour d’un jeune djiguite - et puis qu’elle fuie comme une chèvre sauvage blessée.

Kabych devint gai.

- Peut-être, tu as raison, - dit-il.  - Peut-être aujourd’hui Jamèche va se repentir pour des choses qu’elle avait fait hier.

- Comment donc ! - Joumatay dit avec confiance. - Je l’ai compris encore ce matin, quand j’ai parlé à Bibiche. Crois-moi, la jeune fille est déjà à la hâte pour le rendez-vous. Eh bien, maintenant tais-toi, nous nous approchons vers la place.  Allons penser où mettre les chevaux.

Les jeunes gens vinrent sur le côté gauche de la rivière. Pour que personne ne les vît de l’aoul, ils tournèrent immédiatement vers le jeune bois et s'arrêtèrent entre les troncs minces. Prenant refuge dans les ombres noires, ils regardaient l’aoul à travers la forêt rare.

L’heure calme du rendez-vous vint. La nuit gardait le silence en priant à la lune claire dans ce long calme. Comme si elle s’excusait pour les paroles amères de reproche, prêts à s’envoler des lèvres de Kabych. Il aimait toujours Jamèche. Comment il l’aimait !

Il était calme. La voix de la garde n’était pas entendue. Les chiens de l’aoul n’aboiaient pas. Le feu dans les âtres ne clignait pas des yeux rouges. Les gens s'endormirent. Kabych oublia ses doutes, la musique d’amour bouillonnait en lui, et tout autour devint calme, comme si tout écoutait, que se sera-t-il passé plus loin ?

Joumatay était un compagnon sûr. Son cœur était libre, les beautés n’avaient aucun contrôle sur lui. Il était calme, alerte, écoutant des bruits de la nuit, et réflichissant où il était mieux de mettre les chevaux et où on pouvait se cacher. Les premières yourtes du bey blanchissaient très proche. Il était impossible de se rapprocher aux chevaux.

Mais Kabych ne remarquait rien. Il rêvait de Jamèche, devant lui il y avait le visage aimé... Il déserra la bride. Le cheval alezan sortit de l’ombre noire. L’homme amoureux se trouva dans une prairie ouverte. Apparemment, son cheval gâté était fatigué du silence – en secouant la tête, il choisissait avec bruit d’avoine dans le sac. Tout à coup, il plia le cou et renifla bruyamment en piaffant.

Kabych revint à soi, il serra la bride, frappa le cheval avec son fouet à la tête. Une autre gaffe – le cheval bien nourri, rétif, faisant tinter des harnais, se rejeta en arrière et se mit à ronfler avec frayeur. Tout se passa si vite que Joumatay eut à peine le temps de dire : « Petit, si tu ne comprends pas que l’aoul est tout près d’ice ». Reculant le cheval alezan cassa un jeune arbre mince. Le craquement réveilla le silence. Les chiens se mirent à aboyer. Le gardien réveillé se mit à lâcher les chien de ses cris habituels . L’aboiement devint plut fort, les chiens se jetèrent vers la rivière. Alors, l’aoul se sera réveillé, les gens se seront élancés dehors. En attendant qu’ils se calmassent, le jour se serra levé.

« Il faut tourner avant qu'il ne soit trop tard » - décida Kabych.

Mais Joumatay empoigna le cheval alezan par la bride.

- Reste là et ne bouge pas, - ordonna-t-il, et Kabych se retrouva dans l’ombre en un clin d’œil. – N’aie pas peur, les chiens ne pourrons pas y atteindre, l’eau leur arrêtera. Maintenant  ils doivent se calmer. Et regarde, à l’avenir sois plus prudent.

Kabych obéit silencieusement. Les chiens aboyèrent depuis longtemp, mais ils n’ accoururent pas au bord de la rivière où les amis se cachaient, les chiens ne s'approchèrent pas même de l’eau.  Un seul chien pie ne pouvait pas en aucune manière se calmer, il couru plus loin que les autres et écoutait le silence de la nuit. D’abord le garde cria avec peur, très fort. Puis sa voix devint plus douce. Il semblait que le vieillard traînait des mots chanson du sommeil, comme s’il se persuadait : « Il n’y a personne, il est temps de dormir ». Et voilà il se calma du tout.

Tout était calme. Seulement le garde pie ne croyait pas le silence et aboyait. Il gardait la richesse du bey. « Ne t’inquiète pas, mon maître, - comme s’il disait, - dors, un étranger ne pourra pas trouver dans notre aoul du bon, qui se trouve sans garde.

Probablement Kenjékhan et Jakipe adjoignirent spécialement ce chien à Jamèche pour empêcher le rendez-vous.

Il semblait que tous les obstacles et les épreuves étant entre Kabych et Jamèche s'incarnèrent dans cette noire créature méchante. Si la belle sera venue ici alors, n’aura pas eu peur de la colère du chien, le garçon n’aura jamais dit un mot à lui reprocher.

 

Kabych s'attrista du tout en appelant revenir.

- Oh, Joumatay! De nouveau l’aoul me semble lointain, hostile. Comme si on l’a apporté à une haute montagne de neige où personne n’atteindra. Ce chien noir ressemble à un esprit malin. Il prophétise : « Il n’y a pas de bonheur pour toi, Kabych, reviens chez toi ».

- Tu es trop timide ! – rit Joumatay. Attends un peu et ce chien va arrêter de gueuler.

Encore une demi-heure passa. En effet, le chien pie se calma. Joumatay mena les chevaux bien loin dans le bocage, serra les rênes sur le pommeau, attacha les chevaux bien solidement - tête à tête. Alors, il fallait s’approcher à la place convenue. Ils  se courbèrent et en tapinois du bord de la forêt atteignirent la clairière en face de  la yourte de Kasim du frère de Jamèche. Bibiche devait y ramener la jeune fille. Chut, Kabych, ne bouge pas, reste immobile, maintenant, elle sera ici.

 

2

 

Qu’est-ce qui se passa réellement avec Jamèche ? Pourquoi donna-t-elle sa jeunesse à Kenjékhan ?

Tout arriva soudainement. Elle n’avait pas songé au mariage. Et soudain les marieurs ! Kenjékhan, mari de sa sœur décédée, appela Jamèche pour épouse. Les parents le voulaient aussi. Eh bien, elle était d’accord. Comment la famille pouvait lui souhaiter du mal ?

Dans le volost de Moyyldy il n’y avait pas d’une jeune fille plus obéissante que Jamèche. Elle voyait tout par les yeux de sa grand-mère. Et ce n’était pas seulement elle. Tous dans l’aoul de Jakipe voyaient par les yeux de Makène, entandaient par ses oreilles et répétaient ses paroles. La grand-mère était la maîtresse principale de l’aoul, la baybiché autoritaire ayant la tournure d’esprit masculine. Même dans les aouls environnants ses paroles avaient du poids.

Elle avait pris Jamèche quand elle avait été bébé et modela la jeune fille à sa manière. Combien Jamèche se souvenait de soi, les belles-filles tremblaient toujours de la grand-mère. Elles allaient humblement, ayant peur de dire un mot. Voilà la mère de Jamèche eut le temps de vieillir, franchit le cap de la quarantaine, mais quand même, elle tremblait devant la belle-mère comme une jeune. Et pas seulement la mère, même le père – Jakipe - n’osait commencer aucune affaire sans en parler à Makène. Il ne devint jamais le chef de l’aoul. N’importe qui venait – un homme simple ou atkaminer, à la barbe d’argent ou à la barbe noire - tous allaient à Makène. Il n’était pas nécessaire de rencontrer avec Jakipe. Baybiché Makène exprimait franchement son opinion sans confusion : ce qui etait bon, ce qui était mauvais. L’aoul avait la réputation du village riche depuis longtemps, et tous s’habituèrent aux jugements hardis de la maîtresse volontariste : ils exécutaient sans discussion tout ce qu’elle disait. Makène devint arrogante et hautaine. Il ne tolérait pas quand quelqu'un louait l’autre à sa présence.

Seulement un homme de sa famille de son aoul pouvait être considéré comme un homme digne. Elle ne trouvait pas de bons traits dans les autres.

Sous l’aile d’une telle femme Jamèche avait grandi. Et elle devint la deuxième Makène. La différence entre les deux était la seule : l’une commençait la vie, l’autre la terminait. Dans le caractère jeune les traits de la grand-mère étaient plus brusques, plus manifestes. Jamèche ne pouvait plus tolérer la supériorité des autres, il lui était plus facile de blâmer que de louer. Il n’y avait personne égale pour elle, elle croyait seulement soi-même . Soi-même et sa grand-mère.

Après avoir visité des aouls voisins elle avec sa grand-mère désossaient tout ce qu’elle avait vu et tout ce qu’elle avait entendu : et l’accueil pas bon, le désordre dans la maison, des vêtements sales, les toilettes mauvaises. Baybichè gourmandait sa génération, et Jamèche blâmait les nouvelles belles-filles et jeunes filles de son âge.

Jamèche avait le seul exemple, c’était sa grand-mère : ce qu’elle disait, tout était vrai. Les conseils d’autres survolaient les oreilles, ne laissaient aucune trace.

Pendant les dernières années de plus en plus Moyyldy était ébranlé par les nouvelles : une jeune fille avait choisi son mari de son propre chef, le mari avait quitté sa femme et s’enfuit avec sa bien-aimée. « Qui fait ça ? – s’indigna avec colère Makène. – Les filles sont gâtées! Et pourquoi ? Tout vient des ancêtres, la mauvaise famille ».

Mais la racine du mal la grand-mère voyait dans l’éducation. L’éducation embrouillait. Ces « savants » étaient étourdis, inconscients, de sale types. Parmi eux il y avait le petit-fils de la baybiché, le frère de Jamèche. Revenu de ses études, il ne tarda pas à montrer son érudition. En parlant de lui Makène jetait le manche après la cognée et tiquait : « Je n’ai jamais vu un enfant amélioré par l’enseignement. Et celui-là – l’un des fils égarés de notre région. Il est perdu pour nous. Qu’il vit comme il le sait ! Qu’il décampe d’ici, je prie mon Dieu pour que l’engeance ne se propage pas à d’autres enfants ». Elle plaçait Jamèche à côté et mettait à parler de l’engeance terrible. Et Kabych recevait. Pas une seule fois des mots venimeux de Makène tombaieant sur sa tête. Il y avait le seul problème – il était humble. Allez donc chercher son vice. Mais la grand-mère n’était pas perdue, et changeait habilement de sujet à la famille du jeune homme. Elle faisait de l’esbrouffe et humiliait l’aoul voisin pauvre.

Ainsi Jamèche vivait au bas de la jupe de sa grand-mère sans s’absenter pour longtemps hors d’elle. Et il n’y avait personne qui pouvait lui dire : ta grand-mère te forme à tort, regarde autour, écoute les conseils des bonnes personnes...

Au contraire, la mère et le père indiquaient toujours : prête attention  aux sages paroles de ta grand-mère, et apprends, pendant qu’elle est encore en vie. Aucune fille n’a une telle instructeuse, sois digne d’elle.

La vieille instructeuse parlait à Jamèche du tout sauf des choses qui attendaient la jeune fille, elle gardait le silence de son avenir. Et Jamèche n’y prêtait pas attention. La grand-mère était silencieuse – alors c’était bien fait. Elle apprenait à diriger l’aoul. La fille  était sensée et comprenait les affaires économiques, les gens l’en louaient. Et c’était vrai : quand Jamèche parlait à n’importe qui – aux voisins, femmes, bergers – elle trouvait toujours un mot juste. On lui destinait – la maîtresse de l’aoul grandissait qui n’était pas ressemle aux autres.

Jamèche suivait le style ancien même dans les vêtements. Elle aimait les manches larges, le bas large, la robe lâche. Elle ne voulait pas s’habiller de la manière nouvelle, « c’est chic », dit-elle.

Quant le moment de migrations était venu, elle s'asseyait sur l’amblier, sur les tresses il y avait un bonnet fourré avec un gland de plumes, par-dessus le pourpoint à manches courtes il y avait cafetan sanglé. Ses admirateur le regardaient et admiraient en se rappelant de meilleures filles de l’ancien temps.

Jamèche n’aimait pas les jeunes filles de son age, elles étaient frivoles et prenaient la vie comme un jeu. Quelqu’un s'enfuyait soi-même, quelqu’un courait ayant capturé l’autre. La grand-mère avait raison – le dégât du peuple ! Et que ces amants pouvaient-t-ils atteindre? Pourquoi attirent-t-ils une malédiction des parents sur leurs têtes ? Après avoir enduré la honte, ils auront vécu ensemble - et alors ? Etait-il possible que leur vie était mieux que celle d’autres ? Jamèche ne voyait pas que la fille échappée ait levé la tête vers le ciel, le sort ne lui donnait pas  plus bonheur qu’aux épouses obéissantes. La femme mariée, comme toutes autres ! Une femme ordinaire, soumise, douce. Et si elle ne voulait pas être comme les autres – il aura été encore pire. Elle vivait comme une femme étrange, comme une étrangère à tous. Et elle parlait pas ainsi, et elle faisait pas ainsi, elle oublia ce que ses parent l’avaient apprise. Les échappées avec ces « savants » perdaient du tout leurs têtes, elles devenaient bêtes et impolies. De plus en plus, Jamèche s'affermissait en son opinion, elle ne voulait pas une nouvelle vie.

Il valait envier seulement sa sœur. Parfois, Jamèche et sa grand-mère ne pouvaient pas bavarder à satiété, en se souvenant comment tout avait été bien avec Kadicha.

La sœur était aînée de Jamèche seulement de quatre ans. Quand on l’avait mariée pour Kenjékhan, elle résistait et ne voulait pas aller au vieil homme. La seconde épouse ! Mais la grand-mère la persuada et chassa les peurs idiotes. Avant le mariage quand même Kadicha s’était cachée de Kenjékhan dans la maison familiale. Mais alors elle  s’installa dans le nouvel aoul, une année s’etait écoulée, et il était impossible de reconnaître la sœur.

Elle respectait Kenjékhan. Elle ne parlait que de ses mérites. D’habitude elle répétait les mots de son mari. Quand il se présentait lui-même, il faisait tout ce que son âme souhaitait.  Probablement c’était pourquoi Kenjékhan avait refusé de la volonté du maître. Il avait donné tout, et les biens, et sa propre tête, sous l’autorité de Kadicha. Voici un exemple pour Jamèche ! Makène ne se fatiguait de louer Kadicha.

La première épouse de Kenjékhan était  vieillie baybiché calme, qui n’osait pas dire un mot. Elle ne se mêlait à rien.

Kadicha devint maîtresse à part entière d’un grand aoul, propriétaire des immenses troupeaux. Tout ce qu’elle voulait dépendait d’elle.

Si elle s'ennuyait, elle invitait des hôtes des aouls nobles, les jeunes et les vieux, les jeunes filles et les femmes mariées, elle pouvait organiser une fête, des jeux amusants.

Sa vie semblait à Jamèche une fête continue.

Et Kenjékhan ne pouvait pas cesser d’admirer sa femme. A peine il quittait la maison, il se hâtait déja chez lui, il s’ennuya déja. 

Kadicha était toujours osée avec des invités, des grands hommes des aouls proches et lointains, elle ne donnait pas à Kenjékhan ouvrir la bouche : elle riait, plaisantait, régalait. Nulle part on  n’avait accueilli ainsi les invités. « Tu vis dans l'abondance, comme au paradis » - dit sa grand-mère.

Chaque année la grand-mère et Jamèche étaient en visite chez Kadicha pendant deux mois. Et chaque fois, que c’ait été en hiver ou en été, sa maison semblait à Jamèche joyeuse, chaleureuse. Chaque saison avait ses soucis et ses divertissements. Kenjékhan pouvait trouver du temps libre et proposait aux hôtes des chevaux de course, des chiens courants, des oiseaux de chasse. La chasse, les courses de chevaux, tout cela se transformait en une fête pour Kadicha. A son appel les domestiques couraient, les amis de Kenjékhan la divertissaient. « C’est le bonheur », - expliqua Makène.

Jamèche avait été pénétrée du respect pour le vieux beau-frère. Les hommes honorables baissaient la tête quand Kenjékhan entouré par une cinquantaine de coureurs entrait à cheval à l’aoul. Et dire que : la sœur avait été l’amie la plus aimée de l’atkaminère, noble, respecté par tous. Jamèche éprouvait de l'orguéil dans son cœur.

Et son beau-frère était encore beau, mince, et ce n’était pas  grave qu’il avait les cheveux gris dans sa barbe et qu’il avait trois brèche-dents. Cela l’embellissait même. La vieille Makène, incapable de se tenir, louait souvent à Kadicha la bonne stature de Kenjékhan et Jamèche, bien sûr, entendait tout.

Non, ma sœur avait été heureuse ! Au cours des cinq dernières années Jamèche ne l’avait jamais vue maussade, triste.

Alors, à quoi Jamèche pouvait-t-elle réflichir ? Kenjékhan lui demanda de se marier. En mourant la  sœur demanda la même chose. Jamèche était d’accord. La science de la grand-mère n’etait pas perdue. Elle y avait préparé la fille toute la vie. Et voilà en un instant Jamèche était vaincu, comme une chèvre de prairie blessée dans la poitrine. Le frère Kasim se révolta, protesta : « Assez, c’est assez le malheur de Kadicha, Jamèche n’ira pas ! » - « Quel malheur ? Qu’est-ce que Kasim sait ? – s’irrita Jamèche. Elle n’avait pas voulu même parler à son frère.

Mais Kasim savait. Il lui avait envoyé un homme : « N’y consens pas, tu vas ruiner toi-même. Kadicha n’a pas vu de bonheur, tout est mensonge, tout a été pour le spectacle. La sœur s'est plaint, a parlé de son malheur. L’éclat des fêtes t’a aveuglé, tu n’as pas noté la tristesse dans le coeur de notre sœur. Elle a caché tout à la grand-mère. Songe, prend des conseils ».  Et Jamèche prit un conseil. A qui ? A sa grand-mère, bien sûr. Voilà la réponse : « Kasim, pense de soi, ne mets pas le nez dans mes affaires ».

Eh bien, après tout s’était bien passé : les marieurs, le rançon, les visites de Kenjékhan. Donc, deux mois s'écoulèrent. Et hier, on joua le mariage. On s’était amusé bien. Beaucoup de personnes s’étaient rassemblées. De tous les alentours. Tout avait été bruyant, amusant. Après avoir honorer la mariée et le marié, les gens s’en étaient allés. La nuit était tombée. Depuis longtemps Kenjékhan avait été beau-frère, aîné, respecté comme un oncle ou un père. Cette nuit-là les couvertures s’étaient tombées. Jamèche apprit dont son frère avait voulu la garder.

Qu’est-ce que Jamèche éprouva ce soir ? Quelle déception avait-t-elle eu ? Elle n’avait confié  son secret à personne. Elle ne s’était ouverte pas même à Bibiche qui était de son âge, une amie proche, la femme de Kasim.

Elle quitta la yourte de son mari tôt, à peine les gens se lévèrent. Elle vint chez sa grand-mère, s’allongea à côté d’elle. Elle ne pouvait pas s’endormir elle soupirait seulement, souffrait, comme si elle avait bu du poison. Après elle se leva, appela Bibiche et la mena derrière la colline. Elle ne raconta rien,  tout à coup elle éclata en sanglots et dit rapidement:

- Je veux voir Kabych.

Bibiche était étonnée. Comment comprendre ces paroles ? Jamèche, habituée à commander, coupa net :

- Ne pose pas des questions. Aujourd’hui, rien à dire. Je dois rencontrer avec Kabych, pendant tant d’années il m’avait demandé. Si je sors une fois, rien ne se passera. Trouve-le, fais-moi savoir.

Bibiche interpréta ces paroles à sa manière - il était clair qu’il y avait quelque chose entre la jeune fille et le jeune homme et elle décida de les aider.

Un jour se passa. Le soir on invita Kenjékhan à un riche aoul. Ce n’était pas bon d’être seulement époux, il était temps de se souvenir des gens. Il alla avec tous les invités. Il laissa Jamèche à la maison.

La nuit calme tomba. Kabych avec son compatriote se glissaient à l’aoul. Bibiche et la jeune épouse de Kenjékhan se trouvaient à ce moment-là dans la yourte de Kasim en parlant bas. L’aoul s’endormait. Bientôt, les djigites devaient venir. Les chiens se mirent à aboyer. Bibiche, en serrant la main de son amie lui chuchota :

- Ce sont eux ... Oh, pourquoi ils sont si négligents, peut-être, à la hâte. Si au moins les chiens ne les sentaient pas ...

- Cesse de t’inquiéter ! – murmura-t-elle avec irritation. – Est-ce que tu penses que c’est leur premier rendez-vous ?

Jamèche fronça les sourcils.

Jamèche n’était furieux contre Kabych. La franchise de sa belle-soeur était fâcheuse pour elle.  

Le bruit dans l’aoul cessa, tout se calma. Et Jamèche, tirant Bibiche par la manche, ordonna :

- Eh bien, mène-moi !..

Emballé avec sa tête dans son cafetan noir, elle suivait Bibiche.

Dans le silence de la nuit des pièces sur sa robe de Jamèche tintèrent de ses pas faciles. Mais son coeur battait plus fort que ces pièces. Le coeur battait et chantait comme si une maladie grave le quittait.

La porte de la yourte blanche était fermée. La lune salua la belle. Le visage de Jamèche avait les traits tirés et était pâle.

- Plus vite, plus vite !.. – soupira-t-elle, en serrant la main de Bibiche.

 

1925

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